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VERS à M. le Marquis de Miroménil, Garde-des-Sceaux de France, faifant les fonctions de Chancelier.

Du vaifleau de l'Etat bouffole invariable,
Sage Miroménil, ton génie équitable,

Par ton cœur dirigé vers le point de l'honneur,
Marque la route sûre au port du vrai bonheur.
Le favoir du Pilote éclate en fa prudence:
Affis au gouvernail, dont il fent l'importance,
Le choix de fa bouffole & de fes matelots,
Fait triompher fon art & des vents, & des flots.
Au milieu des écueils, au plus fort de l'orage,
Sous de tels conducteurs on craint peu le naufrage.

Par M. le Chevalier de Berainville, en luż
préfentant fon médaillon allégorique fur le
retour du Parlement, dans lequel la Ville
de Paris eft fous l'emblême d'un vaisseau au
milieu d'une mer agitée.

EPITRE à Madame

**, fur fon

mariage.

C2n eft fait, pour jamais, vertueufe Sophie,

A l'objet de tes vœux le ciel enfin te lie:

Un oui, ce mot fi court, & souvent fi fatal,
Ce port, ou cet écueil de l'amour conjugal,
Ce mot, pour toi fi doux, & que d'une voix sûre
Tu prononças; fans doute, a fcellé de ton cœur
Et les purs fentimens, & l'éternel bonheur.
Eh! qu'avois-tu befoin qu'un ennuyeux Notaire,
De ton engagement dreflât le formulaire?
Un luftre de conftance avoit fixé ton choix,
Uu luftre de foupirs le confirma cent fois.
L'Amour, dont le flambeau s'allume dans les lar-

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Eprouvant ton ardeur, ajoutoit à tes charmes:

Chaque jour ton Amant, bleflé de nouveau traits,
Trouvoit dans l'avenir de féduifans attraits ;
Et, jaloux de fes droits, de vos cœurs, Hymenée
Au livre des époux marqua la deftinée.
Déjà s'eft écoulé le plus beau de tes jours:
Déjà les Ris, les Jeux, les folâtres Amours,
Miniftres emprelés de ton ardente flamme,
D'une volupté pure ont pénétré ton âme.
Déjà le nom d'Epoux fuccede au nom d'Amant,

Et l'ardeur du defir fait place au fentiment.

Les Plaisirs, dont jadis l'honneur t'eût fait un

crime,

Sont pour toi déformais un devoir légitime,
Et le tribut d Hymen, dont tu chéris la loi,
De ton fidele Epoux t'aflurera la foi.
Ajoutant chaque jour aux délices d'un pere,
Tu doubleras le fil d'une trame fi chere;
Et le ciel béniflant tés vertus, tes trávaux,
Remplira ta maifon, de petits commençaux,
Qui t'offrant au printemps les doux fruits de Pe

mone,

Couronneront de fleurs les jours de ton automne.

Par le même.

Traduction de l'Ode d'Horace: Donec

QUA

gratus eram tibi,

HORAСЕ.

UAND des jeunes Amans qui te donnoient leur
foi

J'étois le plus chéri, trop aimable Lidie,
Hélas! difois-je, aux Rois je porte peu d'envie,
Tout fortunés qu'ils font, ils le font moins que
moi.

LIDI
ID I E.

Quand Lidie à tes yeux n'avoit point de rivale, Quand, reine de ton cœur, j'en allumois les feux, Fiere d'un don fi cher, je doutois qu'en ces lieux, Parmi tant de beautés, Lidie eût fon égale.

HORAC E..

Chloé fait m'engager dans de nouveaux liens. Son luth eft fi touchant & fa voix eft fì belle!.. Je ne demande aux Dieux que de mourir pour elle, Si du prix de mes jours je rachette les fiens.

LIDIE.

Je fens pour Calais une flamme éternelle.
Je fuis le feul objet de les tendres amours.
Je mourrois mille fois, fi la Parque cruelle
Confentoit à ce prix d'épargner les beaux jours.

HORAC E.

Mais, quoi! fi rappelant ma premiere tendreffe,
Dans d'éternels liens j'allois me réunir;
Si de mon cœur Chloé cefloit d'être maîtrefle,
Et qu'à Lidie encor il voulût fe rouvrir?

LIDIE.

Calais eft plus beau que le plus beau jour même,

Et toi plus agité que les flots en courroux;
Mais Lidie cût encor fait fon bonheur fuprême
De vivre & de mourrir en des liens fi doux.

A Aix. Par M. d'Hermite de

Maillanne.

LE BARBET & LE DOGUE.

Fable imitée de l'Allemand.

«Bon Dieu! comme en ce pays

ec ON

» Notre race dégénère !

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Que les chiens y font petits!
Les plus foibles ennemis.

~ Doivent braver leur colere.
Dans le pays des Hurons,

» (Je suivois mon maître Charle)
» J'en ai vu, moi qui vous parle,
» Se jouer à des Lions.
» A des Lions! quel courage!
» Je les ai vu ; c'est un fait ».
Ainfi parloit un Barbet,
Tout frais venu d'un voyage.
« Ce récit eft bel & bon,
"Dit un Dogue d'Angleterre ;
» Mais forcent-ils le Lion

» A mordre enfin la pouffiere?

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