Page images
PDF
EPUB
[ocr errors]

» Je n'attends d'autre fuccès de cet Ouvrage que le plaifir de rendre hom »mage à la vérité, & de mettre fous les » yeux des Lecteurs des faits dont tous » les fiècles parleront, & dont ils feront » étonnés.

[ocr errors]
[ocr errors]

» L'histoire de notre temps doit nous » intéreffer beaucoup plus que celle des Grecs & des Romains; on n'est jamais plus affecté d'une Tragédie que lorfqu'on eft au parterre. La Pologne eft » maintenant un vafte Théâtre où l'on

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

"

» voit la fcène la plus touchante; & il n'y a point d'Européen qui ne doive fe regarder comme en étant le fpectateur. » Les Royaumes, à raison de la politi» que & du commerce, font devenus, depuis long-temps, une feule & même » famille.

"

"

» L'homme juste eft citoyen du mon. » de, il n'arrive point de révolution dans » l'étendue des Empires qu'il n'y prenne

» part.

[ocr errors]
[ocr errors]

J'ai fouvent interrogé un Auteur » moderne qui m'a beaucoup fervi, & j'ai placé dans ce petit Ouvrage tout » ce que la Pologne, dans fon principe, » dans fa fplendeur, dans fon déclin » offre de plus frappant; on n'y décou» vrira rien qui puiffe bleffer perfonne.

» La prudence doit toujours être compa "gne de la vérité ».

L'Ecrivain ne s'eft point écarté de ce principe. La première partie de fon Ouvrage nous préfente un tableau vrai de la Pologne, confidérée depuis fon origine jufqu'au temps préfent. Les traits rapprochés dans ce tableau, nous peignent les mœurs & le caractère des Polonois. Ils nous donnent une connoiffance fuffifante de leurs loix, de leur conftitution & de l'efprit de leur Gouvernement. Si la population eft une des règles les plus certaines pour juger de la bonté relative des Gouvernemens, le Lecteur gémira plus d'une fois fur celui de la Pologne. Il verra avec douleur un Etat long de quatre cents lieues & large de deux cents, n'avoir que fix millions d'habitans, & ne pouvoir conféquemment cultiver que les deux tiers de fon terrein, perte d'autant plus déplorable, que le fol de la Pologne eft excellent. Les villes ainfi que les villages appartiennent aux Grands en propriété; ils les engagent, ils les vendent; de forte qu'il fe rient des Seigneuries de Paroifles dont les principaux droits confiftent à recevoir avant tous les habitans. de l'eau bénite & de l'encens. Le Comte Branicki, Grand-Général de la Couron

ne, mort depuis peu, voyant le feu qui confumoit fa ville de Bialeftok, ordonna qu'on la laiffât brûler, & prit un crayon pour en deffiner une autre.

"

L'Ecrivain termine par cette réflexion la feconde partie de cet Ouvrage, où il nous décrit les troubles actuels qui déchirent la Pologne. « Tout Philofophe, » dit-il, qui pèfe attentivement ce que » nous venons d'expofer, & ce qui fe palla prefque fous nos yeux, a bien des fujets de méditer, foit fur l'instabilité >> des choses humaines, foit fur la ma» nière dont les Empires diminuent ou s'aggrandiffent. Il voit d'un côté tom» ber une République immenfe qui, depuis un temps immémorial, gouvernoit » en quelque forte fes Rois; & de l'au tre, s'élever, fur fes débris, des voifins puiffans, qui métamorphofent des Seigneurs dans des vaffaux, & des ferfs » dans des hommes libres: car voilà l'étrange révolution qui occupe main» tenant tous les efprits

"

"

[ocr errors]
[ocr errors]

L'Auteur, dans la troisième partie de cet écrit, après avoir analyfé les forces de la Pologne, & après avoir examiné le génie & la pofition des Puiffances qui environnent cet Etat infortuné, tire des inductions propres à faire croire la

que

[ocr errors]
[ocr errors]

République de Pologne n'attendra pas en vain l'heureux moment qui lui rendra fon patrimoine & fa liberté. « Si la Pologne, dit-il, a des chaînes, & fi » les Puiffances qui s'emparent de cet Etat fe maintiennent dans leur poffefGion, l'équilibre n'a plus lieu, & le » commerce eft gêné. Auffi plufieurs Po»litiques allurent-ils que la France P'Efpagne, le Portugal, la Suède, le "Dannemarck, l'Angleterre, la Hollan» de, la Sardaigne même, & bien en» tendu la Turquie, formeront une alliance pour s'oppofer à une pareille " entreprife, & que ces différens Royau» mes, felon leurs intérêts, ne peuvent » absolument s'en difpenfer » Sans doute, fi cela étoit, la Pologne feroit bientôt dégagée; mais elle n'a pas befoin de tous ces fecours, fuivant la remarque de l'Ecrivain politique, pour recouvrer fes terres & fa liberté. Qu'on examine en effet les Puiffances qui s'en emparent; qu'on fuppute en même temps les dépen fes énormes qu'il faudra faire de toutes manières, pour élever des forts & pour répandre dans ce vafte Royaume, qui n'eft nullement peuplé, des hommes & des foldats. Outre que ce ne peut être

qu'en s'appauvriffant elles mêmes que les Puiffances co-partageantes peupleroient la Pologne & la fortifieroient, elles ont toujours à redouter des Nationaux qui tiennent à leur liberté plus qu'à leur vie, & qui, dans la moindre querelle avec les Ruffes & les Autrichiens, renaîtront de leurs propres cendres, pour fe retrouver comme ils étoient. On les y excitera quand même ils n'y penferoient pas alors; & lorfqu'une guerre violente s'allumera fur les bords du Rhin, de l'Ef caut ou du Pô, fera t-il poffible que la Pruffe & l'Autriche fe répandent de toutes parts? & fur-tout fi la Turquie, qui aima toujours la Pologne, & qui eft intéreffée à la protéger, fe met de la partie. D'ailleurs les trois Puiffances copartageantes ne feront pas toujours unies. Si c'eft la Ruffie qui entre en guerre avec les Pruffiens & les Autrichiens, ele s'unira dès-lors à l'Empire Ottoman pour les déloger de la Pologne; & l'on peut préfumer qu'elle y réuffira. Le Lecteur ajoutera à ces réflexions que les trois Puif fances qui partagent aujourd'hui la Pologne, doivent leurs fuccès à la fupériorité de leur génie & à leur héroïfme, & qu'ils pourront avoir des fucceffeurs foi

« PreviousContinue »