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NOUVELLES LITTÉRAIRES.

Du Miroir ardent d'Archimède; par M. L. Datens. Brochure in 8o: prix 1 liv. 4 fols. A Paris, chez Debure, fils aîné, Libraire, quai des Auguftins.

Le génie fécond d'Archimède s'est ma

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nifefté d'une manière éclatante, non-feu. lement dans les écrits qui nous ont été confervés de lui, mais auffi dans les defcriptions que les Auteurs, qui font venus peu de temps après lui, nous ont faites de fes découvertes dans les mathémati ques & la mécanique. Quelques-unes des inventions de ce grand homme ont paru même tellement au-deffus des efforts de l'efprit humain, que de célèbres Philofophes ont trouvé plus facile de les révoquer en doute, que d'imaginer comme elles avoient été mifes en exécution; & plufieurs d'eux ont été jufqu'à prétendre en démontrer l'impoffibilité. M, Durens ne s'arrête ici que fur les miroirs ardens que les anciens Hiftoriens nous rapportent avoir été employés par Archimède pour brûler la flotte des Romains. Kepler,

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Naudé, Fontenelle, Defcartes même ont traité ce fait de pure fable, quoique Diodore de Sicile, Lucien, Dion, Zonare, Galien, Euftathe, Anthemius Tzetzès & plufieurs autres en euflent fait mention. On voit ici, ajoute M. Dutens, un exemple bien frappant du défaut de raisonnement appelé énumération imparfaite on ne confidère pas affez tous les moyens par lefquels une chofe peut être; & l'on conclut témérairement qu'elle n'eft pas, parce qu'elle n'eft point d'une certaine manière, quoiqu'elle pût être d'une autre. Defcartes & Kepler prétendoient que pour avoir des miroirs ardens dont le foyer pût atteindre la flotte des Romains, il eût été néceffaire d'avoir des miroirs ou convexes ou concaves, d'une relle grandeur, que l'exécution en auroit été abfolument impraticable. Mais ils ne confidéroient pas qu'Archimède avoit pu fe fervir d'un autre moyen; favoir, de celui de plufieurs miroirs plans, réunis & dirigés vers un même foyer, dont la longueur n'étoit point par conféquent limitée. M. Durens fait voir par les détails que les anciens Ecrivains nous ont tranfmis là-deffus, que c'étoit en effet fur ce dernier principe qu'Archimède avoit

conftruit foa miroir. Diodore de Sicile Dion Callias & pludeurs autres Hilto riens, qui pouvoient avoir écrit d'apres les mémoires des Contemporains d'Archimède, fe contentent de raconter le fait de l'embrâfement de la flotte des Romains par ce grand homme, fans entrer dans aucun détail. Tzetzès, qui vivoit au douzième siècle, non-feulement rapporte le fait, mais il explique la conftruction du miroir. Il dit clairement que lorfque » les vaiffeaux de Marcellus fe trouvè»rent à la portée d'un trait d'arbalète » Archimède fit apporter le miroir qu'il » avoit fait, compofé de petits miroirs quadrangulaires, lequel il plaça dans » une dittance proportionnée, & qu'il fit » mouvoir en tous fens, à l'aide de leurs » charnières & de certaines lames; & que » recevant fur ces miroirs les rayons du » foleil, & les dirigeant enfuite vers les » vaiffeaux des Romains, il réduifit en » cendres toute la flotte, quoiqu'elle fûc éloignée de la portée d'un trait ».

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Les Savans verront encore avec plaifir la defeription qu'Anthemius, de Tralles en Lydie, nous donne d'un miroir qu'il avoit fait à l'imitation de celui d'Archimède. Anthemius vivoit du temps de

l'Empereur Juftinien, avoit cultivé avec fuccès les mathématiques, la fculpture & l'architecture. Le manufcrit grec où ce Savant parle de fon miroir ardent, se trouve à la Bibliothèque du Roi; & M. Dutens nous donne une traduction fidèle du paflage qui a rapport à ce miroir. Anthemius commence par fe propofer la queftion: «Comment dans un lieu don»né, qui feroit à la diftance d'un trait » d'arbalète, on pourroit produire un em» brâfement par le moyen des rayons » du foleil? Il pofe pour principe:

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qu'un tel embrâfement ne pourroit » être caufé que par la réflexion des rayons » du foleil, qui fe feroit dans une direc » tion inclinée & opposée à cet astre ». Il ajoute que la distance requise étant » fort confidérable, il paroîtroit d'abord impoffible que les rayons puffent pro» duire un embrâfement; mais que cependant perfonne ne pouvant contefter » à Archimède la gloire d'avoir brûlé la » flotte des Romains par la réflexion des » rayons du foleil, ce dont on convenoit » unanimement, il jugeoit raisonnable » de croire ce problême poffible fur le principe qu'il avoit avancé ». Il approfondit enfuite la queftion, & établit

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premièrement

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premièrement quelques propofitions néceffaires pour la bien comprendre. « Il propofe de trouver avec un miroir plan, une pofition quelconque qui réfléchiffe » les rayons du foleil à un point donné; il fait voir que l'angle de réflexion » eft égal à celui d'incidence; &, après » avoir démontré que dans cette pofition » d'un point donné, relativement au foleil, les rayons lui peuvent être réflé» chís par un miroir plan, il soutient que » l'embrâfement requis peut être produit » par l'aflemblage de ces rayons du fo» leil, dirigés à un même foyer, parce

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qu'alors, de la chaleur réunie & con» centrée de ces différens rayons fur un » même point, il en devra réfulter un »embrâfement; & de même que quand » un corps eft échauffé par le feu, il communique fa chaleur à l'air qui l'envi»ronne, ainfi tous les rayons du foleil étant raffemblés vers un même point, » doivent contribuer réciproquement à » augmenter la puiffance de la chaleur:

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d'où il eft néceffaire, continue t-il, » de conclure qu'avec plufieurs miroirs » plans, on peur réfléchir vers un foyer » donné & à la diftance d'un trait d'arbalête, une telle quantité de rayons du 1.Vol.

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