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Et que dans mes vergers, Priape, on te contemple
Parmi les oifeaux difperlés.

Vous, jadis les gardiens d'un plus riche héritage,
Mes Lares, agréez ce modique préfent:
Un agneau, de mes vœux fera l'unique gage;
Tribut d'un mortel indigent.

Exaucez-nous au bruit des chants de la jeunesse!
Nos vales font d'argile, ils font purs; l'âge d'or
Ignoroit, comme nous, l'éclat de la richesle :
Les dons du cœur fout un tréfor.

Pourfuivez les troupeaux qui vont courant la

plaine,

Loups cruels; épargnez mes agneaux peu nombreux.

Je ne regrette point un plus vaste domaine,
Ni l'or des lambris (omptueux.

Sous un ruftique toit, dans mon unique couche,
Que je repole en paix, pauvre fans embarras;
Que j'entende gronder la tempête farouche,
Serrant Délie entre mes bras!

Le calme eft dans mon cœur, & l'Aufter en furie
Fait tomber de la nue un déluge bruyant;
Soyez riche, infenfé qui perdez votre vie
A braver Neptune écumant.

Je lais vivre de peu: le temps m'a rendu sage.

Je pafferai mes jours fur le bord des ruifleaux,
A l'abri du foleil, fous un épais ombrage,"
Flatté du murmure des eaux.

Périffent les trésors que le Pactole donne,
Plutôt que mon départ afflige la Beauté !
Sois vainqueur, Meffala, fuis le char de Bellone:
L'Amour feul ne tient arrêté.

Que m'importe l'encens du ftupide vulgaire ?
Délie, auprès de toi je trouve l'Univers ;
Près de toi je ferai pafteur & folitaire,
Et j'oublierai tous mes revers.-

Sur le fimple gazon mon fommeil eft paifible;
L'Amour préfere-t-il les fuperbes tapis?

Délie eft avec moi! par un charme invincible
Ces afyles font embellis.

Quel eft le cœur de fer qui, délaiflant les Grâces;
Epris d'un fol efpoir, cherche de vains lauriers ?
Et de Mars en fureur ofant fuivre les traces,
S'élance à travers les guerriers ?

Délie, ô mes amours! quand la Mort effrayante
Viendra près de mon lit pour frapper ton Amant,
Puiflé-je te prefler de ma main défaillante,
Et mourir en te regardant!

Tes bailers & tes pleurs réveilleront ma cendre;

Tu pleureras. Le Ciel, qui voulut te former, N'a point couvert d'acier ton cœur fidele &

tendre;

Délie eft faite pour aimer.

Quand de jeunes Amans une foule éplorée
Gémira fur ma tombe en ce jour douloureux;
Garde-toi de porter ta main désespérée
Sur ton front, fur tes beaux cheveux.

Mais, le Ciel le permet, embraflons-nous encore ;
Le voile de la mort trop tôt vient nous couvrir.
Au déclin de mes jours qui rejoindra l'aurore?
Et pourrai-je aimer fans rougir?

Livrons-nous à Vénus, profitons du bel âge;
D'autres iront chercher de l'or & des exploits.
Charmé de tes attraits, content de mon partage,
Je vois à mes pieds tous les Rois.

Par M. Marteau.

LE SOCLE ET LA STATUL..

OSIS-TU

Fable.

SIS-TU t'égaler à moi,

Difoit au Socle une fiere Statue?

Je porte mon front dans la nue,

Et je pole le pied fur'toi;

Encore, trop heureux qu'un jour je ne t'écrafe,
Plus de douceur & moins d'èmphâfe:
Il te fied bien de m'infulter,
Etre foible, injufte & fuperbe!

Si je ceffois de te porter

Je te verrois bientôt fous l'herbe.

Par M. Feutry.

QUATRA IN

Pour être mis au bas d'un Portrait de

M. l'Archevêque Duc de C***, Prince du Saint-Empire.

D

'UN aimable Pasteur la douce piété,
La vertu, les talens, l'efprit & la bonté,
De nos derniers neveux ont mérité d'avance
L'amour, l'eftime & la reconnoiflance *.

*Plufieurs fervices rendus à la Province & aux Eglifes de la T**.

Par M. B. de R.:

EPITRE à une jeune femme qui exigeoit qu'on n'eut pour elle que de l'amitié.

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De me défendre de t'aimer.

Sans que la plus ardente flamme
T'infpire la moindre pitié,

Tu voudrois qu'on n'ouvrit fon âme
Qu'au feul plaifir de l'amitié;
C'eft pour une lexagénaire
Qu'eft fait un pareil fentiment:
D'une femme en âge de plaire,
L'Ami toujours devient l'Amant.
Ah! crois que tout ce qui refpire
Reconnoit les loix de l'Amour;
Crois que toi-même à son empire
Tu te foumettras à ton tour.
Rien ne peut égaler fes charmes:
Unique fource du bonheur,
Au fein même de fes alarmes
Il est encor quelque douceur.
Redoutes pourtant sa colere,
Crains les fordres qu'il peut lancer:
En vain on ressemble à sa mere
Si l'on ne craint de l'offenler.

Protecteur des Amans fideles,

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