EPITRE à un de mes Amis, auffi conftant que malheureux dans fes amours. T E voilà, nouveau Céladon, Y longes-tu? Né vif, charmant, Qui brille & meurt au même instanw Pour calmer les feux de l'Amour. Ah! pour plaire à Nymphe jolie, Qu'une Beauté déjà trahie. Te voilà donc tout réformé. Le refpect sampe aux pieds des Belles. Comme elles voudroient n'être pas. Julie auroit la fantaisie D'un cœur constant dans les amours; (Prenons Jupiter pour modele) Il fit mille fermens d'amour Qu'il oublia le même jour Aux genoux de quelque Mortelle. Hercule, dé grand fentiment, Se piqua-t-il auprès d'Omphale? Iole encor l'eut pour Amant. Phoebus garda tikson serment ? ́ Mars aiina Vénus tendrément ; Vénus eut plus d'une rivale. ~On peut, en imitant les Dieòx, Ne pas rougir d'être coupable. En amour, qui trompe le mieux, Fut de tout temps le plus aimable. Dès que ta conquête ne tient Qu'à quelque peu de perfidie, De plein droit elle te revient; Et l'afage t'acquiert Julie. Mais comment tromper les jaloux Qui, nuit & jour, en fentinelle, De douze clefs, de vingt verroux Arment une porte cruelle ? Sur les gouds, comment ébranler Sa mafle lourde & gémiflante ? L'Amour, que Julie y confente, D'un feul doigt la fera rouler. Argus, vos foins nous font utiles; Nous nous plaignons à tort de vous: Rendez les plaifirs difficiles, Vénus hait les cœurs fans courage; A Aix. Par M. d'Hermite de Maillanne. Bosi, Conte tiré d'un Auteur Turc. Bosi, né avec le caractère le plus beureux, l'âme la plus fenfible, les fentimens les plus diftingués, sembloit n'avoir rien à defirer. Il comptoit pour Ayeux plufieurs Mufulmans, qui, par leurs lumières, s'étoient illuftrés à Stamboul. Ce qui fur-tout lui faifoit beaucoup d'honneur, c'étoit d'être d'une famille dont aucun des membres, depuis un temps. immémorial, n'avoit eu la foibleffe de rire. Une aifance honnête le tenoit élevé au deffus des malheureux qui rampent dans la pouffière. Il vivoit retiré dans une terre éloignée du fracas de la ville & du fiége du defpotifme; &, pour le récompenfer de fa vertu, le divin Prophète verfoit fur lui la rofée de fes faveurs. Le deftin voulut l'éprouver par quelques tribulations. Un injufte voisin s'empara de fes biens, le maltraita & le chaffa de fa maison, Pénétré de douleur, il confulta des Sages qui lui donnèrent des avis dont l'exécution étoit impoflible. Il confulta fes amis, qui ne purent que mêler leurs larmes aux fiennes. Enfin il confulta fes parens. Ceux-ci lui avouèrent qu'un de leurs proches, nommé Mouffouw, étoit parvenu au rang de Bacha à trois queues, en achetant, par des baffeffes, l'amitié du petit Ali; que ce petit Ali étoit un compagnon de débauches de l'Empereur Bajazet II, fur l'efprit du quel il avoit un afcendant incroyable. On lui ajouta qu'il feroit bien de recourir à Mouffouw pour obtenir une prompte juftice. Bofi refufa d'abord d'employer à une auffi belle œuvre un homme parvenu à un degré de fortune auffi éminent, par des moyens auffi bas. Jeune homme, lui dit un vieillard, le fumier fait pouf » fer les rofes, & fouvent Dieu fe fert By |