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mais observez qu'on a augmenté les traitemens des uns & des autres dès cette année. Cette augmentation les dédommage & au-delà du paiement par avance, & laisse plus de latitude à la nation pour le recouvrement des fonds nécessaires à ses paiemens. L'amendement, par avance, a été rejetté, & l'article décrété.

M. le rapporteur a fait lecture de plusieurs articles additionels: ce sont les articles 19 & suivans. Ils ont souffert beaucoup de résistance. Le rapporteur a expliqué les motifs de ces additions. Si un habitué dans les ordres, un laïc, un organiste, un musicien est parvenu à un grand âge, & qu'il soit dans l'impossibilité de faire autre chose, ce n'est pas certainement l'intention de l'assemblée de les abandonner; il faut leur procurer un sort quelconque. Nous avons cru en cela nous conformer aux principes reconnus de l'assemblée, à l'humanité & à la justice qui dictent tous ses décrets.

M. Lucas proposoit un amendement assez énergique; il tendoit à rien moins qu'à laisser à la décision & aux frais de district, le traitement à accorder à toutes les classes d'individus mentionnés dans l'article.

Les amendemens rejetés, l'article a été adopté. Sur l'article 20, M. Martineau a observé très-sensément que si on adoptoit l'article tel qu'il étoit proposé, on favorisoit la paresse. Je demande si un religieux à qui vous accordez par exemple, un traitement de 900 liv., sans rien faire, ira prendre un vicariat où il aura moins qu'en ne faisant rien.

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M. l'abbé Bourdon, après avoir fait observer, comme M. Martineau, que c'étoit favoriser la

paresse, a dit: Je demande qu'au cas où un régulier prendroit de l'emploi dans le ministere, il ne puisse avoir moins que sa pension. C'étoit être très-modeste, & supposer beaucoup de vertus dans les moines accoutumés à ne rien faire. des moines françois ne sont pas sans

Au reste,

vertu.

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M. Bouche étoit d'avis, comme M. Martineau, de conserver non la moitié de leur traitement mais un tiers. Quant à la seconde disposition de l'article second, où il est dit : & s'il se trouve de nouveau sans emploi, il reprendra la jouissance de son traitement. L'opinant observe que s'il arrive que cet homme soit un homme sans morale & sans mœurs, l'assemblée ne peut consentir à gager le vice & à le gager éternellement. Sur ce, M. le rapporteur a observé qu'un homme pareil seroit poursuivi en justice réglée, & déclaré déchu de tout traite

ment.

M. Gibert a fait sentir qu'aucun de ceux à qui l'assemblée a accordé un traitement, n'oseroit prendre de l'emploi, s'il couroit risque d'être privé d'une partie de son traitement.

Je crois comme M. Gibert : Nos clercs d'aujourd'hui sont comme les Israélites du tems de Josué. On sait combien peu il se trouva d'Israélites qui se contenterent de boire dans le creux de la main. Dans le dix-huitieme siecle on n'aime pas à se passer de, boire, quand on a un ruisseau commode à sa discrétion. On aime ses aises & point de travail: on la sentit, & la disposition a été décrétée.

M. Mureau a insisté pour que la derniere

disposition fût décrétée, & l'assemblée a fait droit sur sa demande. Cette disposition commence ainsi Et dans le cas où, &c.

Les deux articles subsequens ont été décrétés sans aucun débat. Le héros à douze cents têtes n'a pas encore fourni cette tâche pénible :.. Je comparerois volontiers ce travail à celui d'Hercule, lorsqu'il vuide les écuries d'Augias. Il est certain que les droits féodaux avoient bien dest branches, des rameaux, des racines; mais le chêne antique de la féodalité s'est présenté noblement à la coignée, & est mort noblement. Mais le clergé, c'est autre chose : les sinuosités, les ramifications, les racines semblent renaître sous la coignée. Ce qui rend ce travail-ci plus difficile, c'est que l'arbre clérical, planté dans: un sol dont la surface étoit la religion, se nour-> rissoit intérieurement de tout ce que l'astuce, fanatisme avoient pu amonceler d'ordure.

le

M. le rapporteur a annoncé qu'il restoit encore: à traiter tout ce qui a rapport au patronage laïc. On s'est déterminé à s'en occuper dans la séance> de demain.

Une députation du district de Versailles a été› admise à la barre. Elle s'est plaint, au nom du district, de la conduite de la municipalité. En rapprochant les faits des décrets de l'assemblée. nationale, tant sur l'autorité accordée constitution! nellement aux districts sur les municipalités, que sur l'organisation provisoire des gardes nationales, lorateur a fait toucher au doigt à tout homme qui n'est point animé par l'esprit de parti, quer la municipalité de Versailles n'est pas sans passion, & que si le choix de la garde nationale eût

tombé sur tout autre que celui désigné ('on dit que c'est M. Charles de Lameth), elle auroit dépouillé le scrutin.

Au reste, il y avoit un décret rendu ; ce décret est assez sage pour ne point compromettre la chose publique; voilà tout ce qu'il nous fauc essentiellement. Aussi quoiqu'ait pu dire M. de Robespierre, qu'on avoit trompé la religion de l'assemblée; qu'elle avoit prononcé ce matin sur le rapport d'une des parties, sans entendre l'autre, on s'est contenté de lire aux députés du district le décret de ce matin, & sans s'expliquer ultérieurement, on est passé à l'ordre du jour.

M. Dillon s'est présenté à la tribune. Il vouloit entrer en matière sur les désordres de Tabago; mais la majorité l'a prié de lire le projet de dé-cret; ce qu'il a fait. L'esprit de ce projet de décret est de supplier sa majesté de donner tous les ordres nécessaires pour qu'il soit porté des secours en armes & en vivres à cette malheureuse colonie; qu'elle prenne toutes les mesures pour qu'il soit présenté un tableau des malheurs & des dégats arrivés dans le Port-Louis, afin que l'assemblée puisse prendre en considération ceux de ces malheureux insulaires à qui elle doit accorder des secours. Les autres dispositions du projet tendent à laisser en vigueur dans la colonie les loix angloises, & à faire toutes les enquêtes nécessaires pour connoître les moteurs, instigateurs & auteurs de l'incendie qui a dévore le Port-Louis. On vouloit décréter sur ie. champ; mais M. de Robespierre, malgre les cris & les murmures, s'est roidi-: Dans la position où nous sommes, a-t-il dit, on ne doit pas laisser

au ministere la faculté d'armer indéfiniment. Il pourroit nous engager dans une guerre que nous voulons éviter. D'ailleurs nous ne sommes pas assez instruits des faits pour pouvoir prononcer avec connoissance de cause.

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Des lettres de Dunkerque, dont on a fait lecture à la tribune, ne prouvent que trop que les malheurs du Port-Louis sont certains. Cependant M. Desmeuniers est venu à l'appui de M. de Robespierre, exposant que l'assemblée ne devoit pas prononcer ici qu'avec la plus grande circonspection; parce qu'il s'agissoit de mettre à exécution le décret à jamais mémorable sur le droit de paix & de guerre; d'ailleurs parce qu'on demande (ce sont les colons) la réunion des volontaires aux milices nationales. Nous savons, a-t-il dit, combien, sous nos yeux même, cette disposition de nos décrets a souffert de résistance; je demande donc l'ajournement à demain, & sur ce, votre comité de constitution vous présentera ses vues. L'avis de M. Desmeuniers a prévalu, & la séance s'est levée à près de 4 heures.

LE HODE Y.

De l'Imprimerie du RÉDACTEUR, Place du Palais-Royal, au coin de la rae Fromenteau.

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