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Dans une fi trifte fituation on n'avoit pas la liberté de choisir des moyens qui puffent feurement & promptement produire de l'argent neceffaire pour les dépenses; il falut prendre ceux dont on s'étoit fervi dans les années précedentes, quoique le fuccès en fût fort douteux. On crea de nouvelles rentes fur l'Hôtel de ville, & on crea pareillement des augmentations de gages, qui furent attribuez à differens Officiers; & on en fit des traitez particuliers, afin de s'affurer des fonds comptans pour le payement des dépenfes.

Les expediens ordinaires de finance aufquels d'abord on s'attacha, auroient été une foible reffource, fi par un bonheur auquel on ne s'attendoit pas, les vaiffeaux qui avoient été dans la mer du Sud, n'étoient heureufement arrivez dans les ports de France. Leur chargement étoit très riche, & ils avoient dans leurs bords pour plus de trente millions de matieres d'or & d'argent. On propofa aux intereffez dans leur chargement de porter aux Hôtels des monnoies toutes les matieres, & d'en prêter au Roi la moitié, pour laquelle on feur donna des affignations fur les recettes generales, & l'intérêt à dix pour cent. L'autre moitié leur fut payée comptant pour le payement des équipages des vaiffeaux, & de ce qu'ils devoient aux Marchands, & autres qui leur avoient vendu les marchandifes dont ils avoient compofé le chargement de leurs vaiffeaux pour être débitées au Perou. Les

Les billets de monnoie fübfiftoient toujours & caufoient un grand defordre dans le commerce, il falloit travailler à les éteindre, ou fe refoudre à voir manquer entierement le payement des troupes, & toutes les depenfes neceffaires de l'Etat.

On a crû devoir profiter des matieres qui fe trouvoient en abondance dans les Hôtels des monnoies pour faire une refonte generale, & fabriquer de nouvelles efpeces differentes en poids des precedentes; & il fut ordonné par Edit du mois de May de la même année 1709, que les louis d'Or fabriquez en vertu de l'Edit du mois d'Avril precedent, auroient cours pour 20 livres, au lieu de r6 livres 10 fols, & les écus pour 5 livres au lieu de 4 livres 18 fols.

A la faveur de cette augmentation, on fe propofa de remedier au mal que caufoient les billets de monnoie.

Pour cet effet, il fut ordonné qu'il feroit reçû dans les Hôtels des monnoies cinq fixiémes en efpeces ou matières, & un fixiéme en billets de monnoie, pour être le tout payé comptant en nouvelles efpeces.

Quatre raifons principales déterminerent à faire la refonte generale.

La premiere étoit la facilité de pourvoir en efpeces nouvelles au payement comptant de celles qui y feroient portées, les matieres venues de la mer du Sud ayant fourni aux Hôtels des monnoies les fonds neceffaires.

La feconde, le retour qui fe feroit des efpeces de France qui avoient été portées dans les pays étrangers.

La troifiéme, le benefice qui s'y trouveroit pour le Roi.

Et la quatrième, l'application de ce benefice à l'extinction des billets de monnoje.

Ces differentes difpofitions eurent un fuccès heureux: elles procurerent des fonds pour le payement des armées, elles engagerent les porteurs des billets de monnoie à mettre tout en ufage pour fe procurer cinq fois autant d'efpeces & de matieres qu'ils avoient de billets de monnoie, enfin la refonte produifit l'extintion de 43. millions de billets de monnoie & d'autres papiers, & rétablit la circulation des efpeces.

On pourvût en même temps à faire convertir en nouvelles efpeces dans la monnoie de Strasbourg les anciennes efpeces, qui avoient été fabriquées en execution de l'Edit du mois d'Octobre 1704, pour avoir cours feulement dans les provinces d'Alface & de la Saare: on fit auffi quelques traitez pour le rachapt de la capitation, & quelques autres affaires extraordinaires jufqu'à la concurrence de 30 millions.

La plus importante affaire, & celle qui donna plus de peine, fut celle de pourvoir à l'exceffive cherté des grains, pour en fournir la quantité neceffaire pour la fubfiftance des armées.

On fit fur toutes les provinces une impo

fition de 557900 facs de grains, qui furent voiturez avec grande peine & beaucoup de rifques dans les dépots neceffaires pour les armées: le prix en fut depuis 30. jufqu'à 40 livres le fac, qui ont été rembourfez en plufieurs années fur les impofitions des provinces qui les avoient fournis, & la depenfe des vivres de cette année a paflé 45 millions.

Il falloit donner auffi attention à la Ville de Paris & aux Provinces qui fe reffentoient de la difette des grains: on fit pour cet effet des marchez avec plufieurs particuliers pour en faire venir des pays étran-. gers: il y en eut un pour faire venir de Barbarie & des Ifles de l'Archipel,dans les ports de Toulon, Marfeille & Cette, cent vingt mil quintaux de blé froment, pour être enfuite conduits à Paris on en fit un autre pour tirer des bleds du Nord par Dantzik.

Il y eut aufli divers traitez pour faire venir des bleds des pays etrangers; on peut dire avec confiance que ces attentions non feulement empêcherent l'exceffive augmentation du prix des grains; mais même qu'elles produifirent une diminu tion du prix auquel les grains avoient été portez auffi-tôt qu'on fçut que ces traitez avoient été faits.

Le malheureux état où étoit le Royaume pendant l'année 1709. ne doit pas facilement s'effacer de la memoire des hommes; il falloit bien d'autres attentions pour encourager les fujets & pour pourvoir à la fubfiftance de Paris. Le Roi fufpendit

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les

les exemptions des tailles accordées aux Officiers créez depuis le premier, Janvier 1689. dont la finance étoit au deffous de . 10000. livres.

Sa Majefté par arrêt du mois d'Octobre 1709. accorda à fes peuples fur le brevet de la taille de 1710, une diminution de 6oooooo. & peu de temps après, en fixant les impofitions de chaque generalité; elle accorda encore une autre diminution de près de 2000000.

Le Roi diminua pareillement les droits d'entrée fur les boeufs & moutons, & fur le vin.

Les ordonnances expediées pour les depenfes de l'année 1709. montant à la fomme de 221110547. Les fommes affignées montant à 199148926. Partant refte à affigner. 21961621. Pour payer ces dépenfes, les revenus ordinaires de 1709. n'ont produit que.. 38162827

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On a confommé par avance fur les revenus des années à venir jufques & compris 1717. par des affignations anticipées...

52701404.

90924231.

Pour fournir le furplus des fommes affignées, on demanda plufieurs avances tant aux fermiers des poftes & du tabac, qu'à d'autres particuliers, qui monterent à .. 7337195. Et on tira le refte des affignations des domaines & de la ferme du controlle des

actes,

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