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les crimes qui avaient souillé la révolution, ne devaient pas faire proscrire, et traiter comme une contagion politique, les idées libérales qui l'avaient préparée, et les principes sur lesquels la liberté du peuple anglais était elle-même fondée; enfin ils trouvaient que le temps était venu d'agir de bonne foi selon l'esprit du siècle et les progrès de la civilisation générale : ce parti n'avait point de chef, mais il était nombreux, et s'était récemment accru par l'adhésion de tous les hommes sages. Ceux-ci ne se laissaient point entraîner par.. les déclamations des mécontens, ni éblouir par le brillant tableau des ressources du crédit qu'on leur présentait comme devant être inépuisables.

Si cette esquisse des débats parlementaires et de la situation respective des partis a pu fixer l'attention de nos lecteurs, et leur faire sentir l'état de crise où se trouvait l'Angleterre après le traité de Lunéville, notre but cst suffisamment rempli. Toutefois ce n'est pas sans quelque peine que nous nous

défendons de nous étendre davantage sur ce sujet; car ici la matière abonde. La suite de cette session, les attaques réitérées de l'opposition, les harangues de M. Pitt pour défendre son système et ses opérations, offrent un résumé historique et politique, aussi intéressant qu'instructif de tous les événemens de cette mémorable époque. Nous aurions dû, peut-être, achever de le reproduire; nous aurions pu le compléter en y ajoutant les portraits des acteurs les plus remarquables mais pour ne pas sortir de notre cadre, nous renvoyons aux notes de ce Chapitre, cette espèce de biographie, et nous poursuivons notre narration.

:

CHAPITRE II.

Efforts et intrigues du premier Consul pour détacher le Portugal de l'Angleterre.Déclarations simultanées de l'Espagne et du Portugal.-Plan concerté entre l'Espagne et la France.-Hostilités. - Campagne du prince de la Paix.-Refus dis premier Consul d'accéder au traité de paix Marche d'une armée Franséparée.çaise sous les ordres du général Leclerc. .-Madère occupé par les Anglais.-Paix forcée entre la France et le Portugal.

CHARGÉE seule du poids de la guerre, l'Angleterre n'avait plus aucune chance pour en atteindre le but; elle avait perdu son influence dans les Conseils des puissances continentales, qui, toutes occupées de réparer leurs pertes, ou d'obtenir des dédommagemens, cédaient aux circonstances et abandonnaient la cause commune. Ainsi,

les deux nations rivales déployant l'une contre l'autre toutes les forces dont elles pouvaient disposer, également enorgueillies de leurs succès, l'une sur terre, l'autre sur mer, se menaçaient en vain; les moyens d'aggression étaient entre elles respectivement neutralisés, et la lutte devait bientôt finir, non faute de combattans, mais faute de champ de bataille où leurs forces pussent

se rencontrer.

Le gouvernement français poursuivait l'exécution du vaste projet d'interdire aux Anglais l'abord de toutes les côtes du continent européen, et de les isoler politiquement. Depuis que la Russie s'était détachée de la grande alliance, et que l'empereur Paul Ier était entré dans les intérêts de la France, le Portugal seul avait résisté à toutes les menaces. Tant que la guerre avait duré en Italie et en Allemagne, le premier Consul n'avait pu décider l'Espagne à exiger que tous les ports de la péninsule fussent fermés aux vaisseaux anglais, ni contraindre le Portugal par la force des armes, à rompre les liens qui

l'attachaient si étroitement à l'Angleterre ; mais après la défaite des armées autrichiennes, il tourna ses vues vers le midi de l'Europe, et d'abord contre le Portugal, qu'il considérait, avec raison, comme une colonie de l'Angleterre, et, après les Indes orientales, comme celle qu'il importait le plus de lui enlever.

Depuis le commencement de la révolution, le Portugal était resté constamment l'ennemi de la France, et n'avait pris aucune part aux transactions de l'Espagne avec la République; rassuré par son éloignement du théâtre de

la

guerre, il jouissait avec sécurité de tous les avantages de sa position géographique; ses ports et ses arsenaux étaient ouverts aux Anglais. Les succès des armées françaises sur le continent, étaient mêmes favorables aux Portugais, parce qu'ils devenaient les seuls commissionnaires du commerce de la Grande-Bretagne, à mesure que la conquête des états maritimes de l'italie, ou l'extension de la domination de la France fesaient refluer vers Lisbonne les pavillons anglais

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