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de la premiere rangée, ainfi de fuite, jufqu'à ce que les fix tables foient garnies.

Lorfque le tabac a été comprimé pendant 48 heures, on le retire des moules, & on le porte dans un autre attelier où il eft ficelé, cacheté & étiqueté. Le tabac en corde deftiné pour les fumeurs & pour ceux qui le mâchent, n'a pas befoin de ces dernieres préparations; il fuffit feulement de le filer en corde.

Le tabac ayant fermenté pendant 3 ou 4 jours, & ayant été filé en corde, n'a pas encore acquis toutes les propriétés, parce que la fermentation n'eft tour au plus qu'au quart de ce qu'elle doit être par la fuite. J'ai die plus haut qu'on le mettort en rouleau, qu'on Fenveloppoit de papier, & qu'on le laifoit 6 à 8 mois dans des magafins d'où on ne le tiroit que pour le fabriquer dans les moules. C'eft dans ces magafins qu'il acheve de fe perfectionner; la fermentation douce qu'il y fubit le conduit peu-à-peu à un état voifin de la pourriture, fans pour cela lui communiquer les qualités que donne la fermentation putride, parce que les progrès en ont été trèslents. Lorfqu'on vient à le comprimer dang ces moules, on en rapproche tellement les par ties, que la fermentation eft, pour ainfi dire, interrompue; c'eft pourquoi il fe conferve fi longtems dans cet état, fans avoir, pour ainfi dire, de montant; mais dès qu'on vient à le mettre en poudre, & qu'il prend en même tems un peu d'humidité, il fubit une nouvelle fermentation, & il reprend du mon

tant.

On voit par les préparations qu'on fait fubir au tabac, que l'on peut le regarder comme une matiere végétale à demi-pourrie. Le tabac de Virginie, forfqu'il arrive dans nos ma

nufactures, paroît n'avoir été que defféché, ce dont on peut juger par la couleur jaunâtre des feuilles, & par le peu d'odeur qu'elles laiffent exhaler. Il n'en est pas de même de celui de Hollande. Sa couleur eft brune & fon odeur eft plus forte; ce qui prouve qu'il a déjà fubi la fermentation. Les apprêts, que l'on fait à ces fortes de tabac avant que de les mettre en corde, non-feulement amolliffent les feuilles, mais en développent auffi, les principes. L'eau falée eft furtout très-propre à cela, à caufe du fel marin à base terreufe qu'elle contient : ce fel ayant la propriété d'attirer l'humidité de l'air, il entretient toujours hume&tées les feuilles de tabac qui, en ont été afpergées d'ailleurs, les fels diffous dans l'eau ayant la propriété de développer la matiere extractive des plantes, il fuit de là que la fermentation doit s'exciter dès que Pon met les feuilles de tabac en tas.

Si on pouvoit amener ainfi à une forte de demi-putréfaction un grand nombre de plantes, on parviendroit peut-être à nous procurer des poudres fternutatoires plus agréables & dont l'ufage feroit moins dangereux que le tabac on pourroit parvenir auffi par ce moyen à découvrir dans beaucoup de plantes des propriétés médicinales que nous ignorons, & peut-être que quelques-unes de ces plantes produiroient des couleurs précieufes néceffai

res aux arts.

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Les auteurs qui ont traité cette plante par l'analyse ne font nullement d'accord. Geoffroy rapporte y avoir trouvé un efprit, beaucoup d'huile & de fel fort acre volatil & fixe. Cartheufer, au contraire, dit que le tabac, outre les parties terreufes, contient une fub ftance réfino-gommeufe, un principe mobile, & quelques molécules falines nitreufes. Cette

variété de résultats m'a engagé à analyser de nouveau cette plante.

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Comme nous n'avons plus aujourd'hui de confiance dans l'analyse des végétaux à la cor nue, & qu'elle eft regardée comme une analyfe compliquée, faufle & trompeufe, je n'en préfenterai que le réfultat: une eau de végétation nauséabonde, fans action fur les couleurs bleues végétales, une huile empyreumatique d'une odeur forte, & un gaz qui par les propriétés que je lui ai reconnues peut être nommé Gaz hydrogene carbonife.

Le fuc dépuré de la nicotiane, mêlé avec les acides, les alkalis, le pruffiate ammopiacal & l'ammoniaque, n'a éprouvé aucun changement.

Avec le nitrate mercuriel, il s'eft formé un précipité très abondant, ce qui annonçoit la préfence de l'acide muriatique. Le fel que contient le fuc, obtenu très-pur par les procédés connus, & décomposé par l'acide fulfurique, a achevé de démontrer la présence de cet acide, qui s'eft dégagé avec une effervefcence affez confidérable. Après avoir fait diffoudre ce fel ainfi décomposé, & l'avoir fait cryftallifer, j'ai obtenu des cryftaux fem blables au fulfate de potaffe, & qui en avoient toutes les propriétés.

La plante ayant été exprimée, je l'ai fait brûler à l'air libre. Le tout bien calciné, j'ai retiré par la lixiviation & la cryftallifation un fel qui avoir toutes les propriétés du muriate de potaffe.

Le fuc de cette plante, évaporé au bainmarie jufqu'à ficcité, , a produit un extrait gommeux & de la couleur de la caffonade rouge, d'un goût très-piquant, laiffant une forte acreté fur la langue.

Cet extrait, foumis à l'action de l'alkool

ne l'a point coloré mais s'est parfaitement diffous dans l'eau ; d'où l'on peut conclure que l'âcreté que l'on trouve en mâchant le tabac, ne peut venir que de la partie gommeufe qui fe trouve intimement combinée avec le muriate de potaffe, & non pas de la réfine comme l'ont penfé différens auteurs.

Pour me convaincre davantage fi cette plante contenoit parfaitement ce produit, je me fuis procuré des feuilles de tabac de Virginie & de Hollande qui n'avoient encore fubi aucune préparation : les résultats ont été abfolument les mêmes.

Fin des Obfervations & Effais fur le MENAKANI. TE, efpece de fable attirable par l'aimant, trouvé dans la province de Cornouaille, par M. Guil laume GREGOR : communiqués par l'auteur à M. CRELL, & traduits des ANNALES CHYMIQUES de ce dernier fçavant.

I'

§. 18. TL nous reste encore quelques éclairciffemens à donner fur la chaux même. Je l'ai obtenue ou en faifant bouillir la diffclution de notre fable faite avec l'acide vitriolique, ou en faisant bouillir dans cette diffolution une plaque de fer, ou en la diffolvant dans l'acide marin; enfin j'ai obtenu cette chaux en inftillant l'alkali végétal, & en ceffant l'inf tillation auffi-tôt que la folution commençoit: à changer de couleur. Cette derniere méthode n'eft cependant pas exacte, puifqu'une por tion de la chaux ainfi précipitée contient tou jours un peu de fer, & qu'une autre portion de la chaux fe précipite en même tems avec le précipité martial vert. (A) Une petite portion de cette chaux n'eft point diffoute par le fel microfcomique, mais y refte fufpendue

fous la forme de flocons blancs; elle ne communique aucune efpece de couleur à cette matiere, foit qu'on l'expofe à l'intérieur ou au bord de la flamme du chalumeau. Le borax diffout cette chaux avec plus de facilité, & en extrait une couleur verte, qui difparoît cependant auffi-tôt que le mêlange eft refroidi. (B) Un perit globule de fel microfcomique, traité avec notre chaux, en fut teint en pourpre, couleur que la chaux noire de manganefe lui donne également. Un petit morceau de la chaux que j'avois obtenue en faifant bouillie. la folution vitriolique avec une plaque de fer, fut ajouté au mêlange précédent, & le globule expofé à la flamme extérieure du chalumeau. La couleur pourpre disparut aufli-tôr, & il ne me fut plus poffible de la faire revenir. Le même changement arrive un peu plus lentement lorsqu'au lieu du fel microfcomique on emploie le borax. (C) L'acide vitriolique aidé par une chaleur douce, diffout très-aifément cette chaux, principalement lorfqu'elle a été préparée felon le §. 7 ( A ), par l'ébullition de l'acide vitriolique, ou par le moyen de la diffolution martiale, ou de la diffolution de zinc, & cette chaux fe diffout encore plus aifément lorfqu'elle n'a point été rougie au feu; elle fe diffout avec la plus grande difficulté lorfqu'elle a été séparée par l'alkali (§. 7. C. D.), & rougie jufqu'à l'incandefcence. (D) L'alkali phlogiftiqué précipite cette chaux colorée en vert foncé; la teinture de noix de galle lui donne une couleur d'orange, & l'alkali fixe une blanche. L'eau qui a repofé fur cette chaux pendant quelques heures prend une couleur d'opale. (E) L'acide vitriolique abandonne cette chaux lorfqu'on la met en ébullition; mais elle ne fe cryftallife point. (F) Une plaque de fer, digérée dans cette No. XXIX. Tom. VIII. 20 Od. 1791. E

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