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J'ai dit en parlant de la matiere verte qui, pour la premiere fois, parut dans un de mes vafes, que je n'avois pas obfervé quelle fubftance avoit concouru à fa formation; devant, à cet effet, interroger de nouveau la nature

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paroiffent des effets très-naturels de la lumiere comme portion de la fubftance qui s'échappe du corps lumineux. Elle en eft affedée régulierement dans tous les tems, à moins que cette émanation de subftance lumineufe ne foit interrompue par quelqu'obftacle, par quelque corps qui produife ce qu'on appelle Ombre, ou, comme on a vu, par des v peurs élevées dans l'athmosphere, qui diminuent tellement la tranfparence de l'air, qu'il ne transmet que des émanations ou rayons foibles & languiffans. On conçoit aisément que dans tous les cas les émanations lumineufes ceffent d'agir, ou qu'el les agiffent de la même maniere que si l'aftre du jour touchoit à fon déclin.

Si, au contraire, on confidere notre matiere verte relativement à la lumière qu'on suppose être Peffer du mouvement donné par le foleil à un fluide immenfe qui remplit uniformément toute la fphe-te de notre univers, pourquoi, au moment & pendant que cet aftre eft obfcurci d'un nuage, notre matiere verte n'eft-elle que médiocrement ou point du tout affectée par la lumiere? D'où peut dépendre un événement fi peu conforme à l'effet phyfi que de cet aftre ? Pourquoi n'eft-il pas conftant comme tous les effets de la nature? S'il est vrai que le foleil, en comprimant un fluide intermédiaire, foit la caufe de l'activité donnée à la lumiere, ne doit-il pas en réfulter que, conformément aux loix des fluides, une preffion dans un point quelcon ¿que de leur maffe fe diftribuant uniformément en toutes fortes de fens, celle du foleil fur le fluide intermédiaire, doit fe tranfmettre de même, &, conféquemment, notre matiere verte, en quelqu'endroit qu'elle foit de la fphere d'activité ou de la Infniere en mouvement, doit en être affectée fans - interruption & indépendamment d'unɔnuage, quel Conque devant le foleil. On ne comprend pas com ment, fuivant cette feconde hypothefe, un effet ontraire peut avoir lieu.

j'enfermai, le 20 Mars 1788, dans plufieurs vafes avec de l'eau différentes fubftances de la même espece que celles de l'expérience du 16 Août 1787. Après qu'elles eurent resté en ma-cération expofées pendant près d'un mois à la lumiere folaire, je m'apperçus qu'il fe formoit de petites tâches vertes fur la parci d'un des vafes, celui qui contenoit de la foie crue de couleur jaune. Ces taches augmenterent de jour en jour, & avec elles une fuffifance provifion de matiere.

Le 28 Avril au foir, je la recueillis dans un afe de verre blanc, où je la mêlai avec de l'eau ordinaire; je vis avec plaifir qu'elle l'avoit teinte d'une couleur verte bien décidée,

Le 29, à 7 fept heures du matin, au lieu d'une eau toute colorée en vert, ou du moins en partie, comme j'avois lieu de l'efpérer, je ne trouvai qu'un dépôt vert au fond du vase: entre 11 heures & midi, & même à 3 heures du foir, cette matiere n'avoit encore donné aucun figne de mouvement; elle n'offroit toujours qu'un dépôt vert : je la mêlai derechef à toute l'eau de fon vase.

Le lendemain 30, étonné qu'après deux jours d'expofition à la clarté du jour, elle n'eût produit aucun des mouvemens d'élévation propres à celle du 10 Novembre 1787, ne fcachant à quoi attribuer fon inertie, je crus que, dans le cas qu'elle provint d'une infuffifante combinaifon de fes parties avec celles de la lumiere pendant le féjour qu'elle avoit fait avec la foie en macération, d'où pouvoit résulter quelqu'imperfection dans fon organifation, il étoit néceffaire de réitérer cette expérience en obfervant de ne recueillir la matiere verte qu'après une plus longue expofition aux influences foJaires, dont les propriétés nous font encore fi Peu connues,

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Le 2 Mai, ayant renoncé à tout espoir de mouvement de la part de cette feconde matiere verte, je mis d'autre foie en macération. Le 29 du même mois, j'observai quelques petites taches de matiere verte fur les parties de cette foie & de la paroi du vafe qui recevoient le plus abondamment & de la maniere la plus directe les rayons folaires. J'aurois pu recueillir dans les premiers jours du mois de Juin une quantité de cette troifieme matiere verte déjà formée, & la foumettre à l'expérience; mais ayant réfolu de prolonger la durée de fon expofition à la lumiere plus que celle de la précédente ce ne fut qu'au commencement de Juillet que, cherchant à connoître les progrès & l'état de cette matiere verte, j'en découvris une autre nouvellement préparée par la lumiere. C'étoit une quantité de petites taches rouges difféminées parmi les taches vertes déjà oblervées le 29 Mai. Cette feconde production, à laquelle je ne m'attendois pas, fut pour moi une fource nouvelle de curiofité, le defir de la connoître & d'en fuivre les progrès m'empêcha de rien extraire du vafe pour le moment, dans la crainte de déranger l'œuvre de la nature. J'obfervai quelques jours de fuite ces taches rouges; je les vis s'agrandir peu-à-peu, couvrir les taches vertes, les faire difparoître au point que toute la partie de foie expofée à la lumiere ou aux rayons directs du foleil n'étoit plus colorée qu'en rouge.

Le 16 Juiller, fans déranger la foie dans le vafe, j'en tirai une petite quantité de matiere rouge, je la mêlai avec de l'eau dans un vase de verre blanc, où, après quelques heures de repos, elle donna un précipité incomplet d'un rouge obfcur en laiffant à l'eau sune légere teinte en rouge. Je n'ai obtenu de cette matiere aucun figne de mouvement; après être ref

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rée deux jours immobile fous l'eau de fon vase & qu'elle y eut été mêlée pour la feconde fois elte fe précipita de nouveau en confervant fa même couleur. L'ayant tenue encore quelques jours exposée aux émanations folaires, & voyant qu'elle ne m'offroit aucun des réfultats particuliers à la matiere verte de l'automne derniere je ceffai de l'obferver..

(La fuite au Journal prochain. 】

Mémoire fur le tabac. Par M. Delamétherie..

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Rigine du tabac, fa préparation dans les manufactures & fon analyfe. Cette plante, fuivant Tournefort, eft dans la claffe des monopétales régulieres. I la homme la Nicotiane à feuilles larges, le Tabac mále, NICOTIANA MAJOR. Sa racine eft bianche fibreufe, d'un goût fort acre. Elle pouffe une tige haute de cinq a fix pieds, groffe comme le pouce, & même plus ronde velue remplie de moëlle blanche. Ses feuilles naiffent alternativement fur cette tige; elles font fort larges, légerement pointues, vifqueufes, d'un vert un peu pâle, d'une faveur âcre & brûlante. Le fommet de la tige fe divife en plufreurs rameaux ou rejettons qui foutienmentides fleurs faites en goders découpées en cing parties, de même que le ta lice, renversées ordinairement fur les bords de couleur purpurine, & les fommers des étamines font femés d'une petite pouffière cendrée. Lorfque les fleurs font paflées, il leur fuccede des fruits membraneux, oblongs,. partagés en deux loges par une cloison mi toyenne, lefquelles contiennent une infinité de femences menues très-petites eu égard à

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la grandeur de la plante, & roufsâtres. Toute la plante a une odeur forte. Parmi nous c'eft une plante d'été, au lieu que dans le Bréfil, où la terre eft bonne & l'air toujours tem péré, elle fleurit continuellement & vit dix ou douze ans. Sa graine fe peut conferver 6 années en fa fécondité, & fes feuilles près de 5 ans ex leur forme.

Quoique cette plante foit originairement venue d'Amérique, on peut malgré cela la mettre au rang des plantes indigenes, vu qu'el le eft devenue fi commune par la culture qu'elle s'est comme naturalisés dans toute l'Europe..

On a donné à cette plante bien des noms différens. Dans les Indes Occidentales, elle a toujours porté celui de Petun, furtout au Bréfil & dans la Floride, & elle le garde aujourd'hui dans l'un & dans l'autre monde.. Les Espagnols qui la connurent premierement: à Tabaco, province du royaume de Jucatan ou de la Nouvelle-Efpagne, lui donnerent le nom 'de Tabac, du lieu où ils l'avoient trouvée, & ce nom a prévalu fur tous les au-tres. Jean Nicot, maître des requêtes, am baffadeur de François II auprès de Sébastien. roi de Portugal en 1560, en ayant eu connoiffance par un Portugais, officier de la mai-fon royale, la préfenta au grand-prieur, à fon retour en France, à la reine Cathérine de: Médicis, & tous trois l'ayant mife en répu tation par les expériences qu'ils en firent fai re, elle. fut nommée Nicotiane, l'Herbe du grand-prieur. Le cardinal de Sainte-Croix nonce en Portugal, & Nicolas Tornabon, légat en France, l'ayant les premiers introduite: en Italie, lui acquirent les noms d'Herbe de Sainte Croix & de Fornabonne.. Au refte, The. ves. a. difputé: Nicot la gloire d'avoir donné

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