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NOUVELLES POLITIQUES. CONSTANTINOPLE( le 15 Septembre. Y

LA pefte, qui regne encore en cette ca

pitale, a enlevé plufieurs perfonnes dans les environs de l'hôtel de l'ambaffadeur de Hollande; elle fait de fi terribles ravages en Egypte, que l'on évalué à 200 mille le nombre des perfonnes qui en font mortes parmi lesquelles fe trouvent 20 mille militaires & mamelucs, & 12 beys. Dans la Morée, la plupart des habitans ont pris la fuite pour fe fouftraire aux atteintes de ce cruel fléau.

Les lettres d'Alexandrie, du 26 Juillet, anmoncent qu'un courrier arrivé du Caire apporté la nouvelle que les deux beys révol tés, Ibrahim & Murat, fe font rendus maftres de cette capitale de l'Egypte fans aucune résistance de la part du pacha, ni de selle du Peuple, & qu'ils fe font entièrement emparés du gouvernement.

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Celles d'Alep portent qu'un gouverneur de la Cour Ottomane y étant arrivé avec deux mille hommes de troupes les habitans fe font révoltés contre lui, & qu'il a été obligé d'évacuer la ville après un combat de 3 jours. Les mêmes lettres ajoutent que la pefte s'eft manifestée à St.-Jean d'Acre.

On affure que le grand-feigneur a rétabli le prince Conftantin Maurocordato dans la digni té d'hofpodar de Moldavie.

PETERSBOURG (le 22 Odobre ). M. Ge net, chargé des affaires de France, a reçu

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le 9 de ce mois, un courrier de Paris. On fçait que M. d'Oftermann lui avoit infinuě de ne point paroître à la Cour, & que, malgré fes proteftations, M. Genet a été regardé dès ce moment comme n'ayant plus de caraçtere. Les dépêches qu'il vient de recevoir contiennent fans doute l'ordre, commun à tous les minifires de France dans les pays étrangers, de notifier formellement l'acceptation de la Constitution par S. M. Très-Chrét. Ainfi l'on eft très-impatient de voir comment il pourra s'acquitter de cette commiffion, & fi le Miniftere Ruffe lui donnera audience pour faire la communication, foit de bouche, foit par écrit. Quelque peu que notre Gouvernement femble avoir à craindre des principes françois, il a néanmoins fait fermer, ces jours-ci, tous les cafés où les étrangers avoient coutume de fe raffembler. On y parloit beaucoup de la Révolution Françoise: elle y avoit de chauds partifans de là des difputes, des .querelles fort vives, qui ont motivé de la part de la police cette mefure de précaution.

STOCKHOLM (le 20 Odobre). Quoique cette Cour fçache, à ne plus en douter, que le roi des François a accepté & folemnellement confirmé la Conftitution décrétée par l'Affemblée Nationale, il paroît qu'elle tient encore à des projets qui continuent de l'occuper fans diffraction, & les apparences indiquent même que l'on agit ici de concert avec la Ruf fie.

Ces apparences font les courriers qui font expédiés à Pétersbourg, & qui en reviennent avec des dépêches. C'est une longue confé- Fence que le roi a eué le 17 avec le comte de Stackelberg, ci-devant ambaffadeur de l'im

pératrice à Varfovie, & qui continue de réfi der ici de fa part, quoique n'ayant aucun caractere public, & il n'eft pas indifférent de fe rappeller que fon fils a accompagné le prince de Nalau-Siegen à Coblentz.

On remarque furtout qu'à l'iffue de cette conférence qui eut lieu à Drottningholm, des courriers furent expédiés plufieurs Cours & que le comte de Wachtmifter, fénéchal du royaume, eut une entrevue féparée avec cha cun des miniftres étrangers qui réfident ici, pour leur faire, comme on eft fondé à le croire une communication officielle. Tout cela fe combine avec l'arrivée de M. d'Escars, qui venant de Coblentz par Berlin & Stralfund, eft chargé d'une commiffion de M. le comte d'Artois. On pense qu'il féjournera ici jufqu'au retour du comte de St. Prieft, qui, de fon côté, a diplomatiquement manoeuvré à Péterf bourg.

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COPENHAGUE (le 26 Odobre ). La Coug vient de recevoir de Stockholm l'impor tante nouvelle , que les négociations en tamées entre la Ruffie & la Suede depuis le retour de S. Maj. Suédoife d'Aix-la-Chapelle viennent de fe terminer par une allian ce formelle en faveur des princes, freres de S. Maj. Très. Chrét., pour leur rétablissement & celui de la nombreufe nobleffe qui les a fuivis dans les pays étrangers. La conven tion en a été fignée à Stockholm le 19 de se mois. Les miniftres de ces deux Cours maintenant alliées, & celui d'Efpagne ont infifté de tems en tems près du de Bernstorff, miniftre des affaires étrangeres, pour que la nôtre s'expliquât pareillement fur fa façon de penfer par rapport à la fitua tion de S. Maj. Très-Chrét., & aux inftances des

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princes, fes freres ; mais M. de Bernstorffs'eft toujours contenté de leur répondre « qu'on devoit préalablement attendre quels feroient les fentimens de l'empereur à cet égard »; réponse d'où l'on peut conclure que le Danemarck, comme tel ne fe croit nullement autorifé à intervenir dans les troubles domeftiques d'une nation étrangere, & qu'en tant que, pour les poffeffions du Holftein, S. M. Danoife eft membre du Corps Germanique elle a jugé ne pas devoir embraffer d'autre fyftême que le chef de ce Corps & les membres de l'Empire. Notre Miniftere a donc ac cepté la communication qui lui a été faite ees jours-ci, par le fecrétaire de la légation de France. Celui-ci a remis à M. de Bernstorff une lettre de S. M. Très-Chrét. adreffée au roi & portant qu'Elle avoit accepté la nouvelle Confitution dans toutes fes parties, fans réserve, & de fon propre mouvement.

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VARSOVIE ( le 20 Odobre ). La réunion propofée des deux commiffaires du tréfor de Pologne & de Lithuanie fut l'objet des délibérations de la Diete aux féances des 14 & 17 de ce mois. Ce projet rencontra de fortes oppofitions de la part de plufieurs députés de Lithuanie, qui voudroit toujours fe fidérer comme un Etat diftin&t de la Pologne. Quoique la majeure partie de la Diete opinât pour cette réunion, le roi prit la parole pour inviter les Etats à ne pas prendre encore une résolution fur un objet qui trouvoit tant de réfiftance; afin de rapprocher les efprits, il confeilla de faire choix d'un nombre égal de miniftres de la province de Lithuanie & de La Couronne, pour l'administration d'un tréfor réuni. On parut goûter ce projet, & il fut

réfolu d'en délibérer plus particulierement dans les feffions provinciales.

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HAMBOURG le 30 Odobre ). Avant le départ de l'empereur pour Prague, il fur figné à Vienne , par le chancelier prince de Kaunitz & le général-major de Biffchofswerder, une convention qui devoit fervir de bafe à un traité d'amitié entre les Cours de Vienne & de Berlin; mais comme, depuis cette époque, l'opinion s'étoit généralement accréditée en Allemagne, que des liaisons fi peu attendues d'après les événemens des dernieres années fe fcelleroient par un confentement réciproque à certains échanges, notamment à elui de la Baviere, le baron de Jacobi, miniftre de Pruffe a remis dernierement au prince de Kaunitz une note « pour propofer de la part de Sa Majefté Pruffienne, que les deux Cours s'engageroient mutuellement à prendre la garantie de la Conftitution Germanique & des droits de l'Empire pour une des bafes de leur future alliance ». Cette propofition a d'abord été agréée par le miniftre autrichien, & une contre note que le prince de Kaunitz a remise à M. de Jacobi, en contient la déclaration. Les deux Cours font convenues en même tems d'informer de ces fentimens toutes les autres Cours de l'Empire, & de faire tomber ainfi les bruits d'après lefquels on auroit pu s'alarmer pour la liberté de l'Allemagne. Le Miniftere Pruffien s'eft empreffé furtout de défabufer la Baviere à cet égard; & de fa part, il a été formellement déclaré à Munich « que Sa Majefté Pruffienne a appris avec un fenfible déplaifir que le bruit d'un nouveau projet d'échanger la Baviere " comme le réfultar de la convention conc'ue à Pilnitz entre l'em→

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