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pinion, & de vous dévouer à l'exécration de l'univers. La lutte, nous le fçavons, eft inégale. Outre les reffources intariffables du menfonge, vous avez la litte civile & la loi martiale: nous n'avons que la maffue de la vérité; mais tôt ou tard elle écrafe les méchans. Nous jurons de n'abandonner la caufe de la liberté qu'avec la vie. Ce ferment retentit dans tous les cœurs patriotes; il eft répété par tous nos freres épars fur la furface de la France : les tyrans ne peuvent rien fur nos ames; de nos corps ils ne peuvent tirer que de la douleur, & jamais ils n'auront d'empire que fur nos cadavres ».

L'auteur ne doute pas que le Peuple ne difcerne dans la premiere Légiflature fes vrais & fes faux amis. « Ceux-ci ( remarque-t-il n'ont pas fur le front le figne qui diftinguoit le meurtrier d'Abel; mais s'y tromperoit-on lorfque leur conduite a donné la clef de leur coeur ? Les connoiffez-vous enfin, ces Patriotes qui opinent à l'uniffon avec ceux que l'Ariftocratie revendique comme les coryphées, ces hommes dont l'éloge eft crayonné journellement dans les feuilles qui diftillent le venin contre la Révolution, ces hommes fi alarmés par la crainte que le prince royal ne manque de gouverneur, la Nation de légiflateurs, & le roi de miniftres ? Les places qui appellent l'ambition leur paroif

foient une proie; celles de légiflateurs, qu'ils vont ceffer de remplir, leur fembloient une propriété, rien ne les confterne comme de voir la puiffance échapper de leurs mains ».

« Si la Conftitution eft quelquefois contradictoire à la Déclaration des droits; fi tous les citoyens font par celle-ci & ne font pas par celle-là admiffibles à toutes les places;, en reftreignant aux riches la faculté d'être électeurs, les caprices de la fortune deviennent le régulateur de la liberté ; fi les miniftres fiégeant dans l'AsTemblée parviennent un jour à la gangre ner, ou fi jamais ils trouvent le fecret d'éluder une refponfabilité qui ne fera plus qu'un mot vuide de fens ; fi tant de places créées pour des individus, & non pour le bonheur national, ne fervent qu'a furcharger le Peuple, en compliquant l'adminiftration; fi la nomination à ces places eft attribuée au roi, c'eft-à-dire, à ceux qui méditent de regner fous fon nom; fi, fous prétexte d'unité dans le gouvernement, on a tout ramené fous la main du pouvoir exécutif, qui peut à volonté fufpendre les mouvemens de la machine, peut-être même en détraquer les rouages; enfin fi la Conftitution, livrée à la merci des pouvoirs conftitués, porte en foi un principe corrofif & deftru&eur, François, nous interpellons bardiment votre témoignage, n'avons-nous pas repouffé de toutes nos No. XXIX. Tom. VIII. 20 Od. 1792. C

I

forces ces altérations funeftes ? Sans ceffe nous nous fommes élancés far la breche. Que de fois la crainte ou la certitude d'un mauvais décret a troublé notre fommeil ! Depuis que l'Affemblée eft tombée dans la décrépitude, on a miné l'édifice de la liberté ; & quand, chaque jour, on arrachort une pierre des fondemens, chaque Jour on nous arrachoit le coeur. 2.

Le vaiffeau de l'Etat eft enfin conftruit gréé & lancé ; « mais (dit M. G.) il fait eau, l'approvifionnement eft incomplet le port eft encore loin; fans être abfurde, on peut encore craindre le naufrage; & quant à moi, je fais des fais des efforts pour croire

à la liberté ».

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«Les François feroient-ils plus capables de la conquérir que de la conferver? Cent fois j'ai douté s'ils étoicht mûrs pour la Révolution. L'ennemi le plus dangereux du Peuple, c'eft le Peuple lui-même ; c'est la facilité de fon caractere, la mobilité de fes idées, de fes affections; c'eft cette propenfion à l'engouement qui fait qu'à fes yeux une faute efface cinquante ans de vertus, & que le's torts d'un fiecle difparoiffent devant la feule promefle de les réparer. De quel oil peut-on confidérer des ceil hommes perfuades qu'un for leur fait grace en acceptant trente millions annuels, & les avantages exceflifs qui accompagnent la place de premier fonctionnaire public? Ec

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HISTO

pourquoi ne pas dire à ce Peuple que des puis longtems la Révolution feroit confome mée, fi Louis XVI avoit déployé une mâle énergie pour en feconder les mouvemens & en affurer le fuccès? Attendons pour louer, que l'expérience & l'avenir aient réparé les torts du paffé. Ceux qui n'ont pas cette franchise auftere à l'égard d'hommes entourés de tous les pièges de la féduc tion, font les ennemis des rois. Laiffez de vils courtisans difputer d'adulation & de baffeffe avec de vils hiftrions que nos crets ont tirés de la fange, & que le mé pris public doit y replonger; avec des hif trions qui ont représenté BRUTUS fous un roi humilié, & qui, dans les jours de fon triomphesofent, dit-on, reproduire fur la fcene des pieces où le defpotifme triomphe, & qui font trop fameufes par le fang qu'elles ont fait couler à Verlailles. Quoi l'on ofe prêcher l'idolâtrie, tandis qu'un fi grand nombre de nos concitoyens ne fentent pas encore la dignité de l'homme ! Voyez ces hordes d'efclaves toujours prêts à s'atteler au char du despotifme; voyez ce troupeau de ftupides idolâtres journellement profternés devant les murs des palais. Un peuple admirateur One fera jamais un peuple librez ember hab

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M. G. déclare que la cabale a fait jouer tous les refforts dans les élections, & notamment à Paris, où l'affemblée électorale Tại Đại J € 42 cmfacit,

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a éprouvé les malignes influences qui ont infefté l'Affemblée Nationale; que la perfidie a épuisé toutes les manoeuvres pour écarter les Patriotes que l'on a défignés fous le nom de Républicains, de Tétes exaltées, de Facieux, « L'emphase avec laquelle les jockeis ministériels débitent ces mots, eft continue-t-il) le talifman qui éblouit les imbécilles. Ceux-ci croient alors ne pouvoir mieux faire que de choisir ce qu'on nomme des Modérés, terme fynony me d'Impartiaux, d'Ariftocrates, en un mot, d'Ennemis de la patrie, De là font réfultées des nominations d'hommes que l'on croit prudens, & qui ne font que nuls ou fourbes, Déjà ils s'agitent pour capter les fuffrages, & s'inftaller au fauteuil qu'ils convoitent. Sans doute, dans cette feconde Législature, comme dans la premiere fouvent le mérite le plus éminent fera exclu de la préfidence, & fouvent la cabale y placera des chefs de bande dont l'aftuce fçaura fulpendre ou précipiter les délibérations, c'està-dire, faire languir la juftice ou l'étrangler. Déjà ils méditent de compofer à leur gré les comités, & ceux-ci étant dominés par des intrigans qui fçauront fe placer en même tems dans plufieurs & s'y perpétuer, deviendront des arfenaux d'iniquités où l'on étouffera les foupirs des malheureux, où les dénonciations contre les concuffionnaires iront s'enfevelir, où l'on blanchira les crimes des brigands en crédit, où l'on

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