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contre fes perfécuteurs, entr'autres, contreM. Laverdy, lequel (dit-il ) jouit paifiblement dans une de fes terres, de 30 millions qu'il a volés pendant le quinquennium de fon miniftere ».

La nouvelle adminiftration ne devroitelle pas elle-même venir au fecours des victimes de l'ancien defpotisme, des malheureux qui, dans leurs fers, ont perdu les beauxjours de leur jeuneffe, le fruit d'une éducation honnête, & dont la fortune a été gafpillée par les vils fuppôts de police?

Adreffe aux députés de la feconde Légiflature, par M. GRÉGOIRE, membre de la premiere, lue à la fociété des amis de la Conftitution, feante auxJacobins de Paris, & imprimée par Jon ordre, pour être diftribuée aux nouveaux députés, & envoyée aux fociétés affiliées. In-8°. A Paris, de l'imprimerie du PATRIOTE FRANÇOIS.. 1791.

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Left tems, félon M. Grégoire, que les fondateurs de la Conftitution, les créateurs de la France nouvelle, remettent à une autre Légiflature les rênes du pouvoir qui flottoient déjà dans leurs mains.

« Quelques uns d'entre nous ( dit-il ) Couroient encore dans la carriere; mais un

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grand nombre s'y traînpient, & des chûtes fréquentes ont annoncé leur épuisement, conftaté leur impéritie, ou fignalé leur corruption. La liberté inquiete & meurtrie vous tend les bras; vingt-cinq millions d'hom-. mes ont les yeux fixés fur vous; ils esperent que vous confoliderez notre ouvrage. Salut à nos fucceffeurs ».

«Si à l'éclat des talens vous joignez celui des vertus, fi vous apportez en tribut à la patrie la fierté des Spartiates & le courage des Romains; fi, également inac ceffibles aux terreurs & aux careffes, vous marchez invariablement fur la ligne.du bien, vous trouverez quelques modeles parmi vos devanciers ».

<< Puiffiez-vous, les uns juftifier, les autres démentir les récits de la renommée qui vous a précédés dans la capitale! A côté d'une impofante majorité qui consolera la patrie, on montre déjà ceux qui, admis par la loi dans fon fanctuaire, en font repouffés par la confiance publique, parce qu'ils ont fouillé la pureté des élections fait mouvoir les refforts de la cabale, foudoyé la baffeffe..

&

« Déjà l'on défigne ceux qui font fufceptibles d'être achetés ou féduits par le Miniftere car les Cours feront à jamais les ennemies irréconciliables de la liberté, & prefque toujours ceux qui les habitent ne le croiront heureux que par l'oppreffion

& le malheur des peuples. Hommes ver tueux, vous êtes dignes d'être calomniés; vous le ferez; mais la juftice arrachera vos noms à l'impofture, pour les préfenter à notre eftime. Hommes pervers, vous ferez jugés, & chacun aura droit d'imprimer fur votre front le fceau de l'ignominie, le fer rouge de la vérité

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« J'arrive à la fin de ma carriere politique. L'auteur écrivoit dans les derniers jours de Septembre.) Tout citoyen a miffion pour interroger ma conduite. Je defire cette épreuve; jufe de la même fa culté envers ceux qui figuroient à côté de moi fur la fcene. Décidé intrépidement à publier toutes les vérités que je croirai utiles au bonheur des hommes, réfolu à démafquer tous les traîtres, je vais tracer quelques tableaux hideux. Eft-ce ma faute, s'ils font d'après nature? Ceux qui oferoient s'en plaindre avoueroient par-là même leur turpitude, & cet aveu feroit inutile car je vais buriner leurs phyfionomies ».

M. G. obferve que les François arrivent des premiers à la puberté politique, & que cependant la plupart font encore dans les braffieres; que la Diete Conftituante offre quelques individus qui fe trouvent au niveau du fiecle; qu'un plus petit nombre font en avant que, reftés en arriere, les autres. n'ont en général que des idées, des fentimens d'emprunt, & que leur efprit date dia moyen âge

« L'Affemblée Nationale ajoute-t-il ) renferme plus d'efprit que de fcience, plus de fcience que de philofophie, plus de phi lofophie que de moeurs & de probité. J'y vois une foule d'hommes pufillanimes qui, tout étourdis d'une révolution dont l'hif toire n'offre pas d'exemple, craignent que chaque fe couffe n'entraîne la diffolution de l'Etat. L'agitation d'un peuple qui s'effaie à la liberté leur femble prélager une fubverfion totale, comme fi des mouvemens également éloignés de la convulfion & de la léthargie n'étoient pas néceffaires dans un Etat libre. Ils ne fçavent que chercher un abri à l'approche du danger; ce font des efclaves que la peur enchaîne toujours au parti, non le plus fage, mais le plus für & qu'il ne faut pas compter dans l'hiftoire Cependant, comme la lâcheté a pour com pagne inféparable la vanité, tous préténdent à la gloire d'avoir préparé, prédit & fait une révolution qui feroit avortée fi elle n'avoit eu que leur frêle appui ». 3

« A côté d'eux, on peut placer ces fourbes qui fréquentant fecretement les hom mes les plus diftans d'opinions, font toujours de l'avis de leur interlocuteur. Inutilement on les cherchoit dans nos féances au moment où devoit être décrétée une motion courageufe, & qui établiffoit une démarcation de parti fortement prononcée; mais en s'efquivant à l'appel nominal, ils

n'échappoient point à l'oeil vigilant du patriotisme. En tout tems, & furtout dans' les crifes d'une révolution, les hommes faux' font les plus dangereux, & mieux vant cent fois un Gazalès, dont la loyauté aristocratique fe montre à découvert, que ces êtres à double vifage, qui, voulant ménager tous les partis, finiffent pár obtenir ce qu'ils méritent, le mépris de tous les partis. (*) Même juftice eft due à ceux qui, d'après les combinaisons de leurs intérêts, ont tou-' jours courtifé le parti regnant: en vain' ils effaient de nous faire oublier qu'ils font' Patriotes de nouvelle date : la lifte des char latans nous rappelle qu'ils ne font venus à la Révolution que quand ils ont cru que toutes les probabilités en afluroient le fuc

cès ».

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«Dans cette majorité, qui paroît en arriere de la Révolution, on peut placer beaucoup de miniftres des autels pour qui' les décifions de quelques êtres avilis fur le trône, ou fur les degrés du trône font toujours facrées, & aux yeux defquels l'i

(*) Note du Journaliste. Dans le Mercure hif torique & politique, No. du famedi 1er. O&obre 1791, page 68, M. Mallet du Pan s'exprime ainfi au fujet de M. Cazalès: « Nul n'avoit plus de droits à l'eftime, à la reconnoiffance de fon parti. Eh bien! il a été déchiré pour avoir, dans les derniers tems, manifefté quelques ménagemens qu'il croyoit néceffaires au fuccès de fes opinions, & quelque penchant pour les bafes du Gouvernement Anglois. On affute que les portes de la plupart des émigrans françois lui ont été fermées à Bruxelles.

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