Ingraham find__ Δ BP 340.1 (1791 Vol:8). Etat moral, phyfique & politique de la D ÉVOILER les intrigues, les ma- A 2 qui ne pouvant rien oppofer à la vérité Penfeveliffent dans des cachots. Notre auteur, qui écrit (dit-il ) pour. corriger le mat, & non pour avoir le plaifir d'en parler, s'attend à leurs perfécutions, à tous les efforts qu'ils feront pour rendre fon ouvrage fufpect, même pour en “empêcher la publication. « Cet injufte acharnement que le defpotifme met à tenir les elclaves dans l'ignorance ( continue-t-il ) prouve qu'il écoute rarement la loi; mais cette politique atroce doit engager une nation à franchir les bornes qu'on lui oppose. Il faut avoir le courage de s'inftruire. Epier & juger les valets d'un roi, ce n'eft pas manquer de respect au monarque.... Après avoir pourfuivi l'écrit, on ne manquera pas d'en chercher l'auteur; mais c'eft un homme libre. Sa demeure champêtre eft à l'abri des plus rufés inquifiteurs; placée fur la cime d'un rocher inacceffible, les ordres d'un miniftre cruel font fans effet fur lui ». L'anonyme a divifé cet ouvrage en deux parties, & celles-ci en chapitres & paragraphes. Dans la premiere, il dévoile les abus du gouvernement & des diverfes branches de l'adminiftration, & propofe des moyens d'y ramener, l'ordre. La feconde eft un >> compte rendu, ou l'inventaire des avoir tant pécuniaires que moraux. On y trouve le tableau de l'état militaire, des finances du miniftere, des tribunaux de juftice, 623 &c. De tels détails, (dit l'auteur) en Le Savoisien eft le plus maltraité, parce qu'il a les meilleurs foldats & qu'on les craint. Il ne paroît point avoir de bras dans fa patrie, & c'eft le plus induftrieux que Pon connoiffe dès qu'il fe trouve hors de chez lui. «< Avili depuis longtems fous le joug piémontois, il n'eft plus ce qu'il fut autre fois. Il femble qu'une longue fréquentation avec les Ultramontains lui ait fait perdre un peu de fa franchife & de fon courage; mais ce qui eft à remarquer, c'eft que ce peuple n'a rien perdu de fa douceur, ni de fa bonté car, voifin des Suiffes & des François, il a toujours le gouvernement de ces nations fous les yeux, & fe laiffe, malgré cela, dégrader par des châtimens humilians par des eftrapades, des feps & des coups de bâton ». 2 Le roi de Sardaigne eft maître abfolu ou fes miniftres, qui le font plus que lui, le lui font accroire. Il nomme à tous les emplois civils, militaires & religieux. On elt tout par fon bon plaifir; on n'eft plus rien dès que ce bon plaifir ceffe. Mais les honneurs du defpotisme abfolu ne lui font réfervés qu'autant que les feigneurs piémontois y trouvent leur intérêt. L'anonyme n'hélite pas à dire que les jours d'un fouverain integre ne feroient pas de longue durée fur ce trône. Le roi fe contente de figner, de payer une foule de fecrétaires, de choisir les premiers valets, & crée quelquefois dans une femaine vingt gentilshommes de la chambre. Le prince regnant, Victor-Amédée III, auroit de bonnes qualités pour un pere de famille. Il a été abandonné fort jeune à d'imbécilles qui s'étoient mis dans la têted'en faire un militaire. Une femme elpagnole en a fait un orgueilleux & un prodigue. Charles Emmanuel lui avoit laiffé des coffres pleins, & il doit aujourd'hui de l'argent à toutes les républiques & à la Nation. Son déficit eft énorme, quoiqu'il ait toujours été en paix. Il facrifie tout au militaire. Sur 20 millions qu'il a de revenu tout au plus, fon état de guerre lui en coûte 14, & il n'a pas plus de foldats que n'en avoit fon pere. Il paie un nombre de généraux & d'officiers fuffifant pour faire manoeuvrer une 1. LA 4 armée de 100 mille hommes, & la fienne n'eft que de 20 mille; il a des régimens où il n'exifte que les officiers. La légion à cheval eft compofée de 150 officiers, & il ne manqué plus pour la compléter, que les foldats & les chevaux. «Malgré le monftrueux déficit de la Cour de Turin, ajoute l'auteur) on y fait des traitemens aux officiers dès qu'ils ont 40 ans, ou dès qu'ils gênent quelques jeunes pages qu'on veut mener rapidement à la place de colonel. On donne de bonnes pen→ hions, pour ne pas révolter la Nation contre une telle manoeuvre; on diftribue des croix on invente des uniformes brillans; on triple les places de commandans, & l'on jette Jes honneurs & les penfions comme fi l'un ne coûtoit pas plus que l'autre ». Le bureau de la guerre emportant 14 millions, il n'en refte plus que fiz pour ceux des affaires étrangeres, des affaires internes & la dépenfe de la Cour: ils ne peu vent y fuffire; on emprunte, & le déficit s'accroît chaque jour dans un pays où, comme l'obferve l'anonyme, une politique & une administration vicieufes exigent qu'on falarie une immenfe quantité d'efpions. En parlant des nombreux tribunaux éta blis dans le Piémont, &c., il dit qu'ils font toujours d'accord pour faire le mal, mais fourds aux cris des opprimés. Il eft défendu de par le roi, au fénat, à la maison-de |