Page images
PDF
EPUB

Cette lettre étoit à peine publiée, qu'elle a été fuivie d'une proclamation du roi, dont voici la teneur.

Du 14 Odobre 1791.

« Le roi, inftruit qu'un grand nombre de François quittent leur patrie & fe retirent fur les terres étrangeres, n'a pu voir fans en être vivement affecté une émigration auffi confidérable; & quoique la loi permette à tous les François la libre fortie du royaume, le roi, dont la tendreffe paternelle veille fans ceffe pour l'intérêt général, & pour tous les intérêts particuliers, doit éclairer ceux qui s'éloignent de leur patrie, fur leurs véritables devoirs, & fur les regrets qu'ils fe préparent. S'il en étoit parmi eux qui fuffent féduits par l'idée qu'ils donnent peut-être au roi une preuve de leur attachement, qu'ils foient détrompés, & qu'ils fcachent que le roi regardera comme fes vrais, fes feuls amis, ceux qui fe réuniffent à lui pour maintenir & faire respecter les loix rétablir l'ordre & la paix dans le royaume, & pour fixer tous les genres de profpérité auxquels la nature femble l'avoir deftiné ».

, pour

« Lorsque le roi a accepté la Conftitution. it a voulu faire ceffer les difcordes civiles rétablir l'autorité des loix, & affurer avec elles tous les droits de la liberté & de la propriété. 11 devoit fe flatter que tous les François feconderoient fes deffeins. Cependant c'eft à cette même époque que les émigrations ont femblé fe multiplier; une foule de citoyens abandonnent leur pays & leur ro, & vont porter chez des nations voifines des richeffes que follicitent les befoins de leurs concitoyens. Áinfi, torfque le roi cherche à rappeller la paix & le bonheur qui la fuit, c'eft alors qu'on croit pouvoir l'abandonner, & ui refufer les fecours qu'il a droit d'attendre de tous

Le roi n'ignore pas que plufieurs citoyens, des propriétaires furtout, n'ont quitté leur pays que parce qu'ils n'ont pas trouvé dans l'autorité des loix la protection qui leur étoit due; fon cœur a gémi de ces défordres; mais ne doit-on rien pardonner aux circonftances? Le roi lui-même n'a t-il pas eu fes chagrins? Et forfqu'il les oublie pour ne s'occuper que du bonheur commun, n'a-t il pas le droit d'at tendre qu'on fuive fon exemple? Comment l'empire des loix s'établira-t-il, fi tous les citoyens ne fe réuniffent pas auprès du chef de l'Etat?.. Comment un ordre stable & permanent peut il s'établir, & le ca me renaltre, fi, par un rapprochement fincere, chacun ne contribue pas à faire ceffer l'inquiétude générale? Comment enfin l'intérêt commun prendra-t-il la place des intérêts particuliers, fi, au lieu d'étouffer l'efprit de parti, chacun tient à fa propre opinion, & préfe e de s'exiler à céder à l'opinion commune » ?

« Quel fentiment vertueux, quel intérêt bien entendu peut donc motiver des émigrations? L'efprit de parti, qui a caufé tous nos malheurs, n'eft propre quà les prolonger. François qui avez abandonné votre patrie, revenez dans fon fein; c'est là qu'eft le pofte d'honneur, parce qu'il n'y a de véritable honneur qu'à fervir fon pays & à défendre les loix. Venez leur donner l'appui que tous les bons citoyens leur doivent elles vous rendront, à leur tour ce calme & ce bonheur que Vous chercheriez en vain fur une terre étrangere. Revenez donc, & que le cœur du roi ceffe d'être déchiré entre fes fentimens qui font les mêmes pour tous, & les devoirs de la royauté qui l'attachent principalement à ceux qui fuivent la loi. Tous doivent le feconder lorfqu'il travaille pour le bonheur du Peuple.

:

Le roi demandé cette réunion pour foutenir fes efforts, pour être fa confolation la plus chere; il la demande pour le bonheur de tous. Penfez aux chagrins qu'une conduite oppofée prépareroit à votre roi; metrez quelque prix à les lui épargner; ils feroient pour lui les plus pénibles de tous ».

« Fait à Paris, au Confeil d'Etat, bre 1791 ».

le 14

[ocr errors]

Signé, LOUIS.
Delessart.

Et plus bas, par le roi, Une troifieme lettre du roi aux officiers-généraux & aux commandans des troupes de terre eft datée auffi du 14, & ainfi conçue :

«En acceptant, Monfieur, la Constitution, j'ai promis de la maintenir au dedans, & de la défendre contre les ennemis du dehors. Cet acte folemnel de ma part doit bannir des efprits toute incertitude; il détermine en même tems, de la maniere la plus précise & la plus claire, la regle de vos devoirs & les motifs de votre fidélité. Mon intention est que vous annonciez aux troupes qui font fous vos ordres que ma détermination, que je crois effentielle au bonheur des François, eft invariable comme mon amour pour eux ».

[ocr errors]

« La loi & le roi déformais confondus > l'ennemi de la loi devient celui du roi. De quelque prétexte maintenant dont on veuille colorer la défobéiffance & l'indifcipline, j'annonce que je regarderai comme un délit con tre la Nation & contre moi tout attentat toute infraction à la loi »>.'

<< Il a pu être un tems où les officiers par attachement à ma perfonne, & dans le doute de mes véritables fentimens, ont cru devoir héfiter fur des obligations qui leur fembloient en oppofition avec leurs premiers, engagemens; mais après tout ce que j'ai fait! cette erreur ne doit plus fubfister ».

« Je ne puis regarder comme m'étant fin @erement dévoués ceux qui abandonnent leur patrie au moment cù elle réclame fortement leurs fervices. Ceux-là feuls me font fincerement attachés, qui fuivent les mêmes voies que moi, qui restent fermes à leur pofte, qui, loin de défefpérer du falus public, se conféderent avec moi pour l'opérer, & font réfolus de s'attacher inféparablement à la deftinée de l'Empire ».

«Dites donc à tous ceux qui font fous vos ordres, officiers & foldats, que le bonheur de leur pays dépend de leur union, de leur confiance réciproque, de leur entiere foumifsion aux loix, & de leur zele actif pour les faire exécuter. La patrie exige cette harmonie, qui fait fa force & fa puiffance. Les défors dres paffés, & les circonstances où nous fom❤ mes, donnant à ces vertus du guerrier, pen. dant la paix, une valeur fans prix, c'est à elles que feront dues les diftinctions, les récompenfes, & tous les témoignages de la reconnoiffance publique ».

Signé, LOUIS.

Et plus bas, DUPORTAIL.

Le Confeil-Général de la Commune a ar rêté, le 13 de ce mois, qu'il feroit frappé en l'honneur de M. La Fayette une médaille dont l'académie des infcriptions feroit priée de donner les emblêmes & les infcriptions françoifes; qu'une de ces médailles en feroit envoyée à M. La Fayette, au nom de la Commune de Paris; que la ftatue de M. Washington, en marbre, faite par M. Houdon, feroit donnée à M. La Fayette pour être placée dans celui de fes domaines qu'il habite le plus, afin qu'il ait toujours devant les yeux fon ami, & celui qui lui a appris à fervir fi glorieufement la liberté de sa patrie

[ocr errors]

1

[ocr errors]

enfin que l'arrêté contenant ces difpofitions feroit inferit fur un marbre placé sous le bufte de M. La Fayette, donné, il y a 12 ans, à la municipalité de Paris, par les Etats Unis de l'Amérique.

M. La Fayette a écrit à la Garde Nationale Parifienne une lettre par laquelle il lui fait les adieux les plus touchans.

[ocr errors]

Toutes les compagnies qui forment les 60
bataillons, ont député chacune un membre à
l'hôtel-de-ville pour fe concerter fur une
réponse à faire à cette lettre. Il a été arrêté
dans cette affemblée 1o. qu'il feroit fait une
réponse dans laquelle l'armée parifienne témoi-
gne oit au général fon affection & fes regrets;
2°. qu'en reconnoiffance de fon bon & loyal
commandement depuis la Révolution, on lui
offriroit en préfent une épée à garde d'or,
fur laquelle feroit gravée cette infcription:
A LA FAYETTE

L'ARMÉE PARISIENNE RECONNOISSANTE
L'AN IIIe. DE LA LIBERTÉ;

3°. qu'il feroit fait une pétition à l'Affemblée Na-
tionale Légiflative pour la fupplier de prendre en
confidération les facrifices de tout genre, faits
par M. La Fayette, & de lui accorder, en con-
féquence, une indemnité; 4°. que chaque chef
de divifion nommeroit un commiffaire pour la
rédaction de la réponse à faire à M. La Fayet
te, & de la pétition à l'Affemblée Nationale
Légiflative.

M. La Fayette eft parti pour une de fes terres, fituée dans la ci-devant province d'Auvergne.

LONDRES (le 13 Odobre). Leurs Majeftés font revenues à Wind or avec la famille royale, après un jour d'environ deux mois à Weymouth, où elles étoient allées prendre les bains de mer.

« PreviousContinue »