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cefe, fuivant les témoignages de St. Cyprien & de St. Jérôme, M. D.-M. ajoute: « On ne fçauroit avoir trop de refpect pour le St. Siege & pour les pontifes qui l'occupent, à caufe de celui qu'ils repréfentent; mais comme ils ne font point infaillibles, leurs jugemens ne font point aufli fans appel, & c'est encore ici un point très-effentiel de nos libertés, dont il n'eft: jamais fi bien permis de faire ufage que quand le pape prononce, d'accord & d'intelligence avec nos évêques, dans leur caufe commune, & pour leurs propres intérêts, pour leur autorité, leur domination, leurs poffeffions, leurs revenus ».

On fent affez que ces réflexions tombent fur les brefs du pape, dont le ftyle est plus conforme aux préjugés de la grandeur mondaine qu'à la charité, qu'aux maximes de J.-C. en faveur des petits car on fçait avec quel mépris le St. Pere traite le Tiers-Etat François. Ut exarmare, dit-il, quantùm in nobis erat, remiffiorem reddere Tertii iftius quem appellant Status furorem poffumus.

On ne peut rien dire de plus fort contre les repréfentans d'une grande nation, obferve notre auteur contre la Nation elle-même car ce Tiers-Etat, que le pape fuppofe dans les écarts & l'aveu glement de la foreur, n'est autre chofe que le Peuple François, dont les députés fe font

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très-juftement & très à propos conftitués & Verfailles, en Affemblée Nationale, le 14 Juillet 1789, époque heureufe d'une liberté que le pape n'auroit pas dû traiter d'une licence effrénée: car fa conquête, fondée fur la juftice & la raifon, eft dans ce moment fichere aux François, que, de toutes les im→ prudences des ci-devant évêques & du pape, la plus grande, comme la plus conféquente, eft de ne pas la ménager, de ne pas la respecter, furtout quand les François eux-mêmes, dans la joie, dans l'enthou fiafme de cette nouvelle & riche poffeffion, ménagent & refpectent de leur côté tout ce qu'ils doivent respecter dans la religion & les miniftres. Or fi ceux-ci exigent quelque chofe de plus; fi, après les éclats de leur premiere furprife, ils n'ont pas la fageffe, la charité de fe radoucir de fe prêter au vou fi fortement, fi géné ralement prononcé dans tous les départe mens, où l'on ne voit que des mécon tens & les efprits ignorans & foibles qui chancelent, il faut qu'ils nous pardonnent de ne vouloir pas continuer d'être leurs efclaves, ou leur dupes, comme étoient les Gaulois envers les Druides & les Juifs envers les Pharifiens; exemples déplorables. dont nous n'étions peut-être pas bien loin dans l'état d'où la divine providence vient! de nous faire fortir ».

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De toutes les confidérations de M. D

M. fur les brefs de Rome, il réfulte, fuivant nos libertés, fuivant les canons des conciles de Bâle & de Conftance, que c'eft à une affemblée généra'e de toute l'Eglife affemblée, à laquelle feule la promeffe de l'infaillibilité a été faite, & non au pape, décider de la conteftation.

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En prouvant que cette affemblée même n'eft en aucune façon néceffaire, l'auteur montre que la juftice, la prudence, la charité, doivent lier les mains à Sa Sainteté.

Il indique enfin le parti que nos ci-devant évêques doivent prendre. « C'eft à ceux qui caufent les troubles en défobéifleur fant à la loi, (dit il) à les faire ceffer par foumiffion. Ceft auffi, à mon avis, le feul moyen de conciliation que l'état préfent des chofes exige, & qui eft en même tems conforme & à l'efprit de la charité chrétienne, & aux regles de la prudence, même religieufe, & enfin aux maximes & aux libertés de l'Eglife Gallicane ».'

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S'ils négligent d'embraffer ce moyen, ils fe rendent coupables & refponfables à la face du ciel & de la terre de tous les malheurs que peut entraîner un zele auffi avengle & aufli peu édifiant.. Væ illi per quem venient fcandala » !.

Il ne nous paroît guere, poffible de mieux juftifier & les travaux du comité ecclefiaf tique, & les décrets de l'Affemblée Natio male qui er ont été la fuite, qu'ils ne le font dans cet ouvrage

Les Ruines, ou Méditations fur les révolutions des empires. Par M. Volney député à l'Assemblée Nationale de 1789. In-8°. avec trois planches gravées. A Paris, chez Defenne, Volland & Plaffan. 1791. Prix, 5 livres.

L

E projet de cet ouvrage (dit l'auteur) remonte à près de dix ans, puifqu'on en voit des traces fenfibles dans la préface & la conclufion de fon Voyage en Syrie publié avec tant de fuccès en 1787. La rédaction s'avançoit lorfque les événemens de 1788 vinrent l'interrompre. M. Volney ne croyant pas que la théorie des vérités politiques acquittât un citoyen envers la fociété, voulut y joindre la pratique ; & dans nn tems où les bras fe comptoient à la défense de la liberté, il s'efforça de payer fa dette. Depuis ce tems, les mêmes motifs qui avoient fufpendu fon travail l'ont engagé à le reprendre. Il a penfé qu'alors qu'une foule de paffions nouvelles prenoient leur effor, & que ces paffions rendoient même aux opinions religieufes leur activité, il étoit important de publier des vérités morales faites pour de régulateur commun. Paffons à l'our

vrage même.

leur fervir de frein &

M. Volney se peint d'abord à fes lec

teurs en qualité de voyageur parcourantles provinces ottomanes qui furent jadis les royaumes d'Egypte & de Syrie. Attentif à tout ce qui compofe le bonheur focial, il entre dans les villes, il penetre dans les palais, il étudie les moeurs des habitans il obferve la conduite de ceux qui gouvernent, il s'écarte dans les campagnes, examine la condition des cultivateurs, & partout il ne voit que brigandage & dévaltation, que tyrannie & que mifere. A travers les champs abandonnés, les villages défertés, les villes en ruines, il rencontre fouvent d'antiques monumens des débris de temples, des colonnes, des aqueducs; des tombeaux. Il arrive à la ville de Hems, fur les bords de l'Orontes ; & là, fe trouvant rapproché de Palmyre, fituée dans le défert, il fe propofe de connoître par lui même ces monumens fi vantés. Après trois jours de marche dans cette vallée remplie

de

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grottes & de fépulcres, il apperçoit dans une vafte paine la fcene de ruines la plus étonnante: c'étoit une multitude innombrable de colonnes debout en longues files fymmétriques. Parmi ces colonnes étoient de grands édifices, les uns entiers, les autres à demi-écroulés. De toutes parts il voit la terre jonchée de débris de la plus fuperbe architecture. Il s'avance dans l'enceinte d'un vafte édifice qui fut jadis un temple du foleil, & il prend avec fes com

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