Page images
PDF
EPUB

pour opérer le bien, fe traîner fur des pratiques qui n'étoient elles-mêmes que des abus, fans en excepter celles que les papes ont introduites dans les derniers fiecles, pour l'inftitution & la deftitution des évé ques ».

Après avoir touché en paffant, les manœuvres de ces derniers auprès des curés, auprès du roi & de fon augufte famille où pourtant il ne veut voir qu'un zele outré, l'auteur ajoute : « Mais ce que je

condamne dans eux, c'eft de nous calom nier ainfi fans fondement, de provoquer, de fufciter eux-mêmes, par leur conduite, ces troubles, ces fchifmes & ces fcandales dont ils dépendent, pour raifon defquels, difentils, un évêque doit être toujours prêt à dépofer fa mitre & fa croffe. Eh! c'eft ce qu'ils auroient fait, ce qu'ils voudroient faire; mais les formes, mais le défaut d'acceptation de leur démiffion, mais l'incom pétence de l'Affemblée! Oh! périffe plutôr la France, le monde entier ! Des évêques ne peuvent quitter leur Siege fans la for malité d'une démiffion duement acceptée ; ils tomberoient dans les cenfures prononcées par les conciles contre les évêques déferteurs de leurs diocefes (page 25 ); & pour les éviter, ils préferent d'é ever autel contre autel, de créer eux-mêmes un' fchifme pour faire condamner comme fchifmatiques ceux-là même qui le fuient, qui

le combattent, qui en gémiffent. Au furplus, je voudrois bien fçavoir fi les mots Démiffion, Acceptation, ont été connus dans l'Eglife avant les mots Bénéfices, Prélatures, qui s'y font introduits fort tard. Tout ce que je puis affurer, c'eft que, dans les principes mêmes du Droit Canonique, - la démiffion eft peu néceffaire à un bénéficier quelconque pour fe délier de fon titre ; que, par les loix mêmes des papes, par la décrétale Super hoc, derement, on admet, on exige la preuve par témoins, de la renonciation à un bénéfice, fur le fondement qu'elle opere par elle feule le dépouillement & la, privation du bénéficier, ce que Corras, l'un de nos canoniftes élémentaires, a réduit comme en maxime.. Rien de plus remarquable ici où l'on nous oppole les nouvelles formes».

M. D.-M. cite le paffage de Corras, & obferve en note qu'on n'oubliera point qu'il ne s'agit pas ici de la volonté du démettant, mais de la néceffité de l'acceptation de fa démiffion, inconnue des canons & des canoniftes.

Si nos évêques ne font pas fort conféquens dans leurs écrits, ils ne le font pas plus dans leur conduite, & furtout dans leur députation à l'Affemblée Nationale : «< car (dit l'auteur) ils s'obstinent à y refter pour

y

être fans ceffe en contradiction avec euxmêmes, puifque, repréfentant le Clergé &

la Nation, payés par elle pour affifter & cette Affemblée, ils y cooperent à tous fes décrets, en cédant par leur préfence, même paffive, en criant même: Point de voix! à la majorité des fuffrages dans toutes les délibérations qui s'y prennent. C'eft la peutêtre de toutes les circonftances, la plus frappante, & en même tems la plus repré henfible, dès que ces députés attaquent après & fe font même un mérite de combattre les mêmes décrets qui fe font par eux

ou avec eux ».

Ils fe contrarient encore eux-mêmes en difant dans leur Expofition des principes que leur premier devoir eft d'attendre avec confiance la réponse du fucceffeur de St. Pierre. « Et ils l'ont devancée, cette réponse, (obferve M. D.-M. ) par une expofition qui certainement n'exprime ni doute ni incertitude dans leurs fentimens ».

«Ils ajoutent que le pape, placé dans le centre de l'unité catholique & de la communion, doit étre l'interprete & l'organe du vou de l'Eglife univerfelle

[ocr errors]

« Il me femble que le pape pourroit être l'organe, fans être l'interprete du vœu de P'Eglife univerfelle, & il eft affez étonnant que, tandis que, fur la fin du dernier fiecle, les évêques françois ont feuls interprété, fans l'intervention du pape, le vœu de l'Eglife Gallicane fur des objets pour le moins auffi intéreffans que ceux

dont il s'agit aujourd'hui, car il n'en eft guere de plus graves que ceux qui font définis dans la Déclaration de 1682 (*), i ett, dis-je, étonnant qu'après cet exem ple on voie aujourd'hui nos ci-devant évêques renoncer ou feindre de renoncer à leur propre jugement fur les matieres de nos décrets ».

On auroit grand tort d'imaginer que ces. pasteurs n'ont pas eu quelques raifons d'être fi contraires à eux-mêmes, & ces raifons n'ont pas échappé à notre auteur. « Mais la chance (dit-il ) eft bien différente : alors (en 1682) il s'agiffoit de nos évê ques eux-mêmes contre le pape, & à' préfent il s'agit du pape & d'eux contre la Nation alors il s'agiffoit des droits du roi, de fon indépendance dans le temporel même de l'Eglife, dont les évêques avoient tous. les honneurs & tout le profit, & maintenant il s'agit d'une nation févere contre tous. les abus, & qui les a réduits à Thonnête néceffaire alors eux feuls faifoient ou obtenoient du roi les loix qu'ils defiroient, & maintenant ils n'ont plus qu'à fuivre, comme

) Boffuet, qui a fi bien défendu cette Déclaration, difoit, liv. 8, chap. 19: On lit partouk que les conciles généraux représentent l'Eglife univerfelle, c'eft-d-dire, qu'ils en poffedent la puif Lance & l'autorité, fuivant l'idée qu'on attache au mot Repréfenter; mais on ne lit dans aucun mo➡. nument eccléfiaftique, pas même dans les décrets des Papes, que ceux-ci repréfentent l'Eglife..

tous les citoyens, les loix que ceux-ci fe donnent alors ils rabaifloient le papé pour s'élever eux-mêmes; maintenant ils appellent le pape à leur fecours pour ne pas defcendre, non au rang des prêtres, mais à l'utile pratique de leurs confeils : enfin ils foumettoient alors le pape aux canons des conciles, & maintenant ils fe foumettent à la feule voix du pape; mais c'eft parce que fon langage eft le leur, & qu'ils s'entendent pour reprocher le fchifme qu'ils caufent eux-mêmes à un peuple religieux qui a rendu hommage à la religion catho lique, & même à l'autorité fpirituelle. de tous les miniftres & du pape, ce qui fera. à jamais la défenfe & la honte de fes calomniateurs ».

M. D.-M. juftifie complettement l'AGfemblée des fuppreffions des religieux, des chapitres des cathédrales & des collégiales, dont Charles IX demanda vivement mais inutilement, la fuppreffion au concile de Trente.

A l'égard de la fuppreffion totale des monafteres, elle s'eft faite contre le vœu de notre auteur, qui étoit d'avis que l'on confervât une de ces maifons de retraite dans chaque département, d'où il fe feroit

répandu ( dit-il en note) des hommes intérieurs pour aller, fur la demande des curés eux-mêmes, les aider dans leurs traa raniter la foi & le zele de leurs

[ocr errors]
« PreviousContinue »