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ont été décrétées, nous détacherons feulement de cette partie un ou deux morceaux.

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Dans les premiers fiecles, quand les miniftres ne tenoient de la religion que leurs vertus, quand ils n'avoient pour hér ritage que J.-C., ils difoient Surge & ambula. « Alors les miracles éclatoient dans l'Eglife, alors le bras de Dieu défendoit lui feul fon Eglife, & toujours victorieufement, contre fes ennemis. Rome étoit pauvre, mais toujours triomphante,au lieu que l'efprit de fervitude & de domination tout ensemble paroît s'y être introduit avec les richeffes; les fauffes décrétales ont fuivi de près les dons immenses de Charlemagne & de fes auteurs, & dèslors Rome a fait, Rome a été obligée de faire de la politique humaine un appui pour fes poffeffions, pour les fouverainetés temporelles, & la gloire de notre religion, en a fouffert car fi la doctrine n'a point changé, fi elle a toujours été véritable & divine, fa morale a été moins bien accueillie, à caufe de ceux qui, en l'annonçant aux peuples par la parole, la dépar leurs œuvres, ».

mentoient

On répete tous les jours que l'Affemblée Nationale auroit prévenu bien des troubles, fi, pour la nouvelle conftitution du Clergé elle avoit demandé le concours de Rome. On oublie qu'elle l'a demandé formellement, par ce décret : Le roi fera fupplié de

prendre toutes les mesures qui feront néceffaires pour affurer la pleine & entiere exécution du préfent decret, & Oli va voir que le Clergé lui-même s'y eft oppofé par les manoeuvres hoftiles. « Cette difpofition fembloit tacitement avouer (dit l'auteur) l'incompétence de l'Affemblée, ou reconnoître le befoin qu'elle avoit dans fes formes eccléfiaftiques, de certaines mesures qu'on pouvoit prendre précisément pour les formes dont il s'agit. Cela n'a pas échappé aux foufcripteurs de l'Expofition (page 8), que nous allons réfuter; mais comme, à Pépoque de la difcuffion, dans les mois de Juin & de Juillet, les évêques avoient déjà témoigné, & fur le décret du 2 Novembre 1789, & fur ceux des 14 & 20 Avril, des fentimens ouvertement ennemis de tout ce que faifoit l'Affemblée, les Patriotes s'allarmerent de ce dernier article, qui fembloit en effet mettre la Nation comme à la merci du pape & des évêques; & très-certainement ceux-ci non-feulement n'auroient pas concouru à la régénération eccléfiaftique, telle qu'elle étoit propofce & ardemment defirée, mais ils l'auroient improuvée, & condamnée de maniere à rendre fans effet le décret du 2 Novembre 1789, qui, comme nous l'avons dit, & comme chacun en eft à cette heure convaincu, a fait lui feul le falut de l'Empire. J'ofe croire encore que, dans ce concile,

les évêques qui auroient été juges & parties) auroient, fous le rapport toujours impofant de la religion, condamné de plus tous nos principes de liberté, de fouveraineté nationale; ils n'auroient pas manqué d'y faire leur cour aux rois & aux grands pour le les attacher ».

La deuxieme partie eft confacrée à l'examen, à la réfutation d'un ouvrage souscrit par 30 évêques françois, & qui, felon le titre, renferme l'Expofition de leurs principes fur la conflitution du Clergé. Il a été fuivi d'adhéfions, de mandemens, de lettres paftorales, & autres actes répandus dans les anciens diocefes, enfin des brefs de Rome, lefquels, en d'autres tems, auroient fait ruiffeler le fang des François. Ces brefs eux-mêmes font combattus ici avec les armes de la vérité & des autorités de l'Eglife primitive, la feule à invoquer pour les matieres conteftées, vu la fimplicité, la pureté dans lesquelles elle s'eft maintenue pendant les premiers fiecles.

Cette controverfe doit être lue de fuite & avec beaucoup d'attention. L'on y verra, entr'autres, deux grandes vérités.

La premiere, c'eft que les évêques argumentent fans ceffe d'après la difcipline introduite dans les derniers tems, par les ufurpations & l'efprit de domination de la Cour de Rome, c'est-à-dire qu'ils s'appuient fur les abus qu'il faut corriger, &

qu'ils défendent le defpotifme pontifical, qui eft précisément la pierre de fcandale.

La feconde eft que, dans la vue de flatter ce defpotifne, ils abandonnent les libertés de l'Eglife Gallicane, dont leurs prédéceffeurs & eux-mêmes fe font fervis fi avantageufement pour mettre un frein aux entreprises de Rome. M. D.-M. tire un grand parti de ces deux points contre les adverfaires. Souvent même il les combat avec leurs propres armes.

Ils difent (page 21): C'est l'utilité de l'Eglife, c'eft la crainte des troubles c'eft furtout le defir de prévenir le fchifme qui doit diriger la conduite des miniflres de la religion,

«En vérité, répond notre auteur) ou l'Affemblée fe trompe bien lourdement, ou les ci-devant évêques font les plus aveugles des hommes. Comment peut-il fe faire que nous nous battions avec les mêmes armes, que nous prenions dans notre guerre la même route pour arriver au même but? L'Affemblée Nationale n'a eu très-certainement, dans tous les décrets d'autre vue que Putilité de l'Eglife, par la réforme des abus qui l'affligeoient. Cette réforme, que les évêques n'ont pas faite, ni voulu feulement concourir pour la faire la Nation l'a entreprife, parce qu'elle étoit plus que néceffaire, & cependant les évêques nous la reprochent tout en nous No. XXX. Tom. VIII. 30 Od. 1791. I

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dilant qu'ils ne font évêques que pour nous, qu'ils dépendent des befoins ou même des Scandales des peuples. Ils difent auffi ailleurs (page 2) que les évéques doivent étre prêts à fe dépofer eux-mêmes, pour éviter les fchifmes & pour maintenir l'unité. Il eft vrai qu'en cet endroit ils ajoutent que ce n'eft point une ceffion légitime, c'est une defertion que l'abandon d'un Siege Epifcopal fans les formes canoni

ques ».

« Ces formes font le refrain auquel nos ci-devant évêques reviennent fans ceffe, comme à un retranchement d'où ils cherchent à défendre leurs poffeffions, plutôt qu'à écarter les troubles & les fchifmes pour lefquels ils conviennent qu'un véritable pafteur doit quitter fon Siege. Les canons auffi leur en font un devoir, lors même qu'ils n'ont aucun tort dans leur conduite, comme nous l'avons déjà dit; & certainement, pour éviter un fi grand mal que les troubles que les fchifmes, que les fcandales, je ne penfe pas qu'aucune loi ait jamais voulu pour aucune forme, les faire naître, ou les fomenter. Cela eût été bon fous la fervitude hébraïque; mais les apôtres, mais J.C. ne nous ont enfeigné rien de pareil dans la fainte liberté de l'Evangile. On auroit pu peut-être encore fe défendre par ces formes dans d'autres circonstances que celles d'une révolution où l'on n'a ni dû,

pu

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