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moyens les plus propres pour que ce facrifice contribue à la gloire de Dieu & à la fanctification de vos ames ».

« Ces moyens font entre vos mains, & dépendent de vous, puifqu'ils dépendent de l'intérêt que vous voudrez bien prendre à tout ce qui me regarde. Je vous en con jure donc, fouvenez-vous de moi, & ne m'oubliez jamais dans toutes vos prieres. Demandez & demandez fans ceffe à l'auteur de tout bien les fecours & les graces qui me font néceffaires dans le pofte dangereux où vous m'avez placé vous-mêmes. Et de quelles graces n'ai-je pas befoin, Mes trèschers Freres? J'ai besoin d'un esprit de force & de courage, pour triompher des obftacles multipliés que la malveillance & le fanatifme ne manqueront pas de me fuf citer >>.

« J'ai besoin de cet efprit de fageffe & de lumiere qui fçait le garantir de tous les extrêmes..., pour s'en tenir aux fages maximes de l'Evangile, qui ne peuvent jamais nous égarer, parce qu'elles font émanées de celui qui eft la vérité même. J'ai besoin de ce feu facré, de cette charité ardente, qui eft la fource de toutes les vertus, l'ame de la religion, le véritable caractere des juftes; cette charité fans laquelle, euffions-nous le langage des anges, nous ne pourrions.être qu'un arrain fonnant, qu'une cymbale retentiffante; cette charité fans laquelle la for

la plus vive, la plus grande, celle qui tranf porteroit les montagnes, n'eft comptée pour rien aux yeux de Dieu

« J'ai besoin de ce zele éclairé & perfuafif qui ramene le pécheur de fes égaremens, affermit les ames chancelantes dans les voies de la vertu, démontre à l'incrédule l'abfurdité de fes fyftêmes, fait aimer & respecter les vérités de la religion. Enfin j'ai besoin de ce caractere doux & conciliant qui fçait infpirer la confiance, & s'infinuer dans les efprits, pour les ramener à l'unité, & leur faire, fentir tous les charmes de la paix, toutes les horreurs du fchifme & des difputes de religion, ces déplorables difputes qui ont été fi longtems funeftes à l'Eglife & à l'Etat. J'ai tout lieu de croire que jamais ce diocese n'éprouvera de pareils malheurs ».

Les eccléfiaftiques réfractaires prétendent que l'antiquité n'offre aucun exemple de curés nommés par le Peuple.

« 1°. Quand cela feroit vrai, (dit le prélat) s'enfuivroit-il que l'Affemblée Nationale eut mal fait de donner au Peuple ce droit? Puifqu'il a joui fi longtems du pouvoir d'élire les évêques, pourquoi n'auroit-il pas celui d'élire les curés? N'eft-ce pas ici le cas de dire que celui qui peut le plus peut le moins »?

20. Depuis plufieurs fiecles, l'Eglife laiffoit à de fimples feigneurs, à des fem mes, le droit de patronage ».

J

« 30. Enfin il eft faux que, dans les beaux jours du Chriftianisme, le Peuple n'ait jamais nommé fes curés. Il eft certain que la circonfcription & la fixation des paroiffes font bien poftérieures à l'établiffement de la religion. Il eft certain encore qu'avant cette divifion chaque Eglife Diocéfaine étoit compofée de plufieurs prêtres, qui étoient les collegues & les coopérateurs de l'évêque dans les fonctions du miniftere. Or voilà en quoi confifte effentiellement le caractere de curé. Il n'eft pas néceffaire d'être attaché à un territoire & à un troupeau particulier; il fuffit d'être attaché à un évêque, & d'exercer fous fon inspection l'adminiftration des facremens & le miniftere de la parole ....

« Si donc le Peuple a toujours concouru à l'élection des prêtres, il s'enfuit qu'il a toujours concouru à l'élection des curés. Or tous les fçavans conviennent que, dans l'antiquité, on ne pouvoit devenir prêtre fans avoir le confentement & le fuffrage du Peuple. Ce n'étoit pas le particulier, dit l'abbé Fleury, (fecond difcours) qui fe préfentoit pour demander l'ordination; c'étoit le Peuple qui demandoit l'ordination de celui dont il connoifloit le mérite,, ou l'évêque qui le choififfoit du confentement du Peuple ».

Nous terminerons cet article en citant quelques-unes des réflexions très-juftes que fait

M. L. fur les annates & d'autres abus du même genre, fupprimés par l'Affemblée Na

tionale.

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« Ne fuffit-il pas de confulter les premiers principes, les notions communes de la religion & de l'Evangile * dit-il ) pour être bien perfuadé que les chef s faintes ne doivent jamais être une branche de commerce, un objet d'avarice? Les places eccléfiaftiques ne peuvent ni fe vendre ni s'acheter. On ne peut les accorder qu'au mérite & à la vertu. C'eft la feule mon❤ noie dont on puiffe fe fervir pour y par venir. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement: gratis accepiflis, gratis date. Cette loi de l'Evangile oblige tous les Chré tiens, & à plus forte raifon le pape, par ce que plus fa dignité eft grande & éminente, plus auffi eft-il obligé de donner Fexemple du défintéreffement, & de l'horreur qu'on doit avoir pour la fimonie, qui a toujours été en exécration dans l'Eglife ».

Hiftoire apologétique du comité ecclefiaf tique de l'Affemblée Nationale. Par M. Durand-Maillane, député du département des Bouches du Rhône. In-8°. de 900 pages, y compris l'avant-propos & la table, avec cette épigraphe: Optimis aufpicis ea gefta pro reip. falute. FAB. MAX. A Paris, chez Buiffon. 17912

Prix, 3 liv. 12 f. broché, & 4 liv, 4 C. franc de port par la pofte.

Es travaux de ce comité, les décrets

Luxquels ils ont donné lieu, ont été

vivement attaqués & non moins injuftement calomniés, tantôt par les croaffemens de l'ignorance tantôt par les déclamations de l'efprit prévenu, & plus fertile en fubterfuges qu'en preuves folides.

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Repouffer ces attaques, détruire ces ca. łomnies, eft le premier objet de notre autur. eLe fecond eft l'inftruction de ceux qui auroient pu fe laiffer féduire par les réclamations & les écrits du Clergé nonConformite, foit relativement au droit, foit fur les faits mutilés par l'intérêt, ou mal préfentés par l'efprit de parti. Enfin M. Durand-Maillane se propose de rendre compte de fa foi, de payer à la religion catholique, apoftolique & romaine fon tribut d'hommage & de refpect, tribut qui eft auffi pur & auffi entier qu'avant la Révolution.

Nous pafferons fur le refte de l'avantpropos, quelqu'intéreflant qu'il foit, pour nous occuper plutôt de l'ouvrage même, qui eft divifé en deux parties.

La premiere offre l'hiftoire des opérations du comité eccléfiaftique, & le tableau des principes qui leur ont fervi de base. Comme tous les papiers publics ont fait connoître ces opérations à mesure qu'elles

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