faux noble. Le brave Arthus, dit-il, fi fier de fa nobleffe; Qu'un roturier, par fa préfence, bleffe Qui fe fit comte, à ce rang parvenu Par un brevet de fa grace obtenu, Et fans qu'auffi l'on ne lui connût guere D'autres dieux que feu Monfieur fon pere, Bourgeois honnête, & qui, de fon vivant, De les grands airs fe moqua fi fouvent, Ayant pêtri cet orgueilleux atome Sans fe douter qu'il fit un gentilhomme, &c. Ce premier coup porté par l'auteur à la Nobleffe eût été trop foible, puifqu'en ne frappant que fur les fauffaires, il laiffoit intacts ceux qui, parés de vieux titres, fembloient du moins en regle; mais, l'édit de l'abolition de toute nobleffe à la main, voici comme il frappe l'Ordre entier. Tous nos Solon d'accord ont fait main baffe Et les voilà tous redevenus hommes Quand, d'une voix, l'Affemblée en décrete; Nobleffe crenfe, & dont on fut avide, On conçoit la foule d'ennemis que cette abolition d'un vieux préjugé qui, depuis longtems, s'ébranloit fur fa bale idéale & chimérique, a dû faire à nos légiflateurs conftituans. Ils ont, avec fermeté, avec courage, bravé leur courroux. Ils alloient s'expofer à bien d'autres fureurs, à celles qui, dans tous les tems, ont épouvanté les empires, à celles de l'aveugle fanatifme, à l'orgueil & à l'infatiable cupidité du Sacerdoce égaré des voies facrées de l'Evangile, que, chaque jour, il rendoit méconnoiffable & moins digne de nos respects & de nos foumiffions. Nos légiflateurs, dit le poëte, Mieux qu'un concile, ont réformé l'Eglife. Eut publié le falut qu'il opere En répandant les dons de fon efprit Leurs champs étoient ceux de la pénitence Leurs confeffeurs, Dom Bernard à leur tête M. R. paffe aux moyens dont, fe fervoient les cénobites pour attirer à eux le patrimoine des chrétiens idiots. Faux teftament, aux morts même dicté; Se défaifoit des fruits d'une province Saints tribunaux devenus des marchés, Châteaux conquis, dévorant chartrier Bref, tous ces tours que, felon Cerutti En bonne foi, doit-on être surpris La deftruction des financiers & des magiftrats font les derniers tableaux du premier chant ; &, comme nos lecteurs viennent de le voir, on trouve encore dans la maniere du poëte & l'abondance, & le farcalme, & la gaieté du bon chanoine de Tours, auquel il a fuccédé dans l'art des Contes Le morceau brillant du fecond chant eft celui où la Nation jure par les représen taris, Que de l'empire où nous régnons contens Jamais armé d'un injufte tonnerre, Le Peuple Franc ne portera la guerre Chez les voisins; que leurs champs respectés Ne feront plus de leur fang humectés. C'est dans ce chant que l'auteur, en dé→ taillant la gradation de notre ruine depuis les miniftres de Louis XIV jufqu'à nos der niers tems, met fur la fcene l'Artéfien miniftre • Que harce foit le hardi créancier, Homme fans frein, & dont le cœur d'acier Si Choifeul 'eût fait avorter fon crime. Des grands par lui forcés de nourriture, Que fur les fonds de la bourfe commune, Qu'on eût bien dû lui faire regorger, &c. L'heureufe & noble réfiftance de M. Bail-ly & celle du Tiers-Etat, les terribles dangers dont Paris eft menacé dans la nuit du 14 au 15 Juillet 1789, conduifent le poëte à la prife de la Baftille, & voici comment il débute à cette entreprise hardie prefqu'aufli tôt terminée que conçue. Près de la forge où nos rois, par Vulcain, Font exgaver leurs longs tubes d'airain |