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les fuivans, les titres des ouvrages afcétiques étoient ridicules. En voici quelques échantillons. La Pomme de grenade myflique. Le Jardin du plaifir de récréation Spirituelle. La Moëlle de la perle évangélique. - Le Paradis des prieres ».

« Le candidat qui afpiroit à la vertu de la pauvreté évangélique, abjuroit, en entrant en religion, l'idée & même le nom de toute poffeffion particuliere ou exclufive. Les mots mon livre, mon habit, mes fouliers, ne devoient fortir de la bouche d'aucun moine. Dans les couvens d'Occident, celui qui les auroit prononcés devoit être foumis à une punition de fix coups de fouet ».

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« Un abbé de Bénédictins difoit franchement à un de fes parens qui le blâmoit d'avoir embraflé l'état monaftique : Mon vœu de pauvreté me rapporte 200 mille livres de rente; mon vou d'obéiffance me rend plus puiffant qu'un prince fouverain. Il ne parloit pas des avantages qu'il retiroit de fon vou de chafteté ».

L'auteur entre dans des détails intéreffans fur la formation de la fociété des amis de la Conftitution, cette fociété dont l'influence a été fi grande & fi heureuse fur la Révolution, & qui, fe multipliant dans un nombre prodigieux de filles vraiment dignes d'elle, a fulcité dans tous les départemens tant de fentinelles vigilantes

de la liberté.

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Au deffus de la porte d'entrée de la bibliotheque où elle fe raffemble, on voit un tableau dont l'idée eft affez ori ginale.

Le peintre a placé au milieu une fontaine ornée d'architecture; au deffus eft SaintThomas d'Aquin, furnommé l'Ange de l'Ecole, & à qui, pour cette raifon, il a donné des ailes immenfes. Cette fontaine jette de l'eau par plufieurs tuyaux, & des moines de différens Ordres s'empreffent d'aller remplir leur taffe de cette liqueur angélique. Sur le devant du tableau, eft un Jéfuite qui tient une petite cruche, & qui, par-là, feroit croire qu'il defire de s'enivrer de la même eau; mais fon attitude eft d'ailleurs fi diftraite, qu'on voit bien qu'il n'en veut pas faire un grand ufage.

Après des recherches curieufes fur les réformateurs de Citeaux, & l'hiftorique de la maifon des Feuillans de Paris, M. Millin parcourt les principaux monumens qui font dans leur églife.

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procès & de la fin victime de la toute

Une notice rapide, mais intéressantes 1o. de l'élévation, du tragique de Marillac puiffance haineufe & vindicative de Ri chelieu, 20. des exploits du comte d'Harcourt, un des grands capitaines du fiec'e de Louis XIV, termine la cinquieme livraison.

Dans l'hiftoire des Feuillans, on voit No. XXX. Tom. VIII. 30 Od. 1791. H

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avec plaifir la defcription des peintures exécutées fur les vitraux de leur églife, qui repréfentent les détails de la vie du B. Jean de La Barriere. Ce font des chefs-d'oeuvre, Les religieux en avoient refufé 80 mille livres avant la Révolution. M. M, obferve judicieufement que ces vitraux précieux, qui commencent à s'altérer, & qui, journellement, font exposés à des dégradations nouvelles, devroient être dépofés dans un endroit fûr.

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Le B. Jean de La Barriere mérite que Phiftorien philofophe s'occupe de lui, parce que, dans le tems de la Ligue, il fut le feul de tous les moines de fon couvent qui ne fe montra pas ingrat envers le prince fondateur de ce couvent, parce qu'il s'employa utilement pour fon fervice, qu'il brava les perfécutions des Ligueurs, & interdit la chaire à ceux de fes religieux qui la déshonoroient par leur fanatisme.

Vincennes eft trop connu dans notre hiftoire pour n'avoir pas beaucoup fourni aux recherches de M. Millin, & le fameux donjon, cet enfer des vivans, ce lieu de foulas & d'esbattement pour nos anciens rois,& depuis les Valois, féjour d'an-goiffe & de douleur, ajoute encore à l'intérêt de cet article,

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Ces diverfes livraisons préfentent aussi des détails curieux fur la vie du célebre •Mignard & du maréchal de Créqui, fur

les réformateurs de Citeaux, fur le petit châtelet, le monument de la Pucelle à Orléans, l'abbaye de Royaumont, les tragédies de BÉRÉNICE & d'IPHIGÉNIE EN

AULIDE.

Rien n'a échappé à l'attention de l'auteur. Papier, caracteres, gravures, tout répond au mérite du texte.

Le prix de la foufcription pour l'année, compofée d'environ 96 feuilles in-4°., & de 120 eftampes, eft de 84 livres. On peut fe procurer dès à préfent le premier volume broché au prix de 42 livres.

LA FRANCE LIBRE, poëme. Par M. Robbé. In-8°. de 86 pages. A Paris chez Prault. 1791. Prix, 1 liv. 10 l

NOUS croyons devoir avant tout faire

connoître à nos lecteurs le court avertiffement qui précede l'ouvrage : en voici la fubftance.

La portion du poëme qu'on publie auroit dû paroître il y a fix mois, fi l'auteur s'étoit rendu aux follicitations de quelques citoyens de fes amis. Ce délai n'a rien fait pour l'achèvement de fon ouvrage, puifqu'une maladie grave & longue lui a lie les mains, & qu'il faut s'en tenir à l'e pérance de le voir revenir à fon pupitre, fi fa fanté fe confolide affez pour le lui

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mettre. Dans ce cas, l'imprimeur auquel M. Robbé a confié fon manufcrit prend l'engagement avec ceux qui auront acheté ces huit premiers chants, de leur fournir la fuite d'une production intéreffante pour bons françois, & qui, entreprise par un hom me de 77 ans, offre encore de cette énergie que l'on conferve bien difficilement à pareil âge, & qui a toujours fait le mérite particulier & rare des différens écrits de ce poëte, auquel on a appliqué un de ses propres vers pour le peindre:

Mufcles & nerfs lui tenoient lieu de graces. En confidérant les diverfes époques de notre révolution politique, on reconnoîtra la vérité des traits fous lefquels M. Robbe nous en offre l'image, & la fidélité des tableaux qu'il en a tirés.

L'abolition de la nobleffe & de la monftrueufe machine féodale, à la faveur de laquelle tous les défordres imaginables avoient atteint cet excès de vexations & d'abus qui les rend infupportables, & qui néceffite leur terme; les droits de l'homme; le décret fur le Clergé & fur fes biens reconnus pour être une propriété de la Nation; l'extinction des intendans & des fangfues de la Cour; l'anéantiffement des parlemens; l'éta bliffement des bureaux de paix, & l'amélior ration du code: telle eft la matiere du premier chant.

Le poëte y débute fans aucune prépara tion, fans aucun art, par le portrait d'ur

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