> ris ont apporté fa nouvelle que Sa Maj. TrèsChrét. a accepté & approuvé la Constitution. Le premier defcendit, le 23 de ce mois au foir, chez le prince de Kaunitz, & après lui avoir remis un paquet à fon adreffe, il con tinua fa route pour remetre des dépêches à J'empereur. Le fecond arriva le 26 au foir chez le marquis de Noailles, & fut fuivi du troifieme Jequel étoit le courrier ordinaire, porteur des Jetires particulieres qui, prefque toutes, confirment cette grande nouvelle. Déj M. de Noailles a reparu dans les affemblées où il me le préfentoit plus depuis fon retour de Paris, où il avoit prêté le ferment civique. Ce miniftre ne fera donc plus regardé ici comme. un fimple particulier, mais comme l'ambaffadeur du roi de France; il fera confidéré en certe qualité comme avant la Révolution. C'eft le 12 de ce mois (& non le II, comme on l'a dit par erreur) que fe fit à Prague le couronnement de l'impératrice. L'archiducheffe Marie-Anne, fa fille, abbeffe du chapitre nob'e de Hrad chin, lui pofa la couronne fur la 1ête. Le 25, l'archiduc Jofeph a été élu à Mergentheim coadjuteur de la grande maîtrife de l'Ordre Teutonique en Franconie. Ce prince fera fa réfidence à Mergentheim ou à Ellingen.. FRANCFORT-fur-le-Mein (le dobre). Les comte de Romanzow, miniftre plénipotentiaire de l'impératrice de Ruffie près des électeurs du Rhin, arriva le 19 Septembre à Coblence. remit à Monfieur & à M. le comte d'Artois une lettre du cabinet, qui l'accrédire auprès de ces princes, de la part de fa fouveraine. Ce témoignage de bienveillance pour eux & pour la Nobleffe qui les environne, a donné lieu à une démarche mémorable. Tous les no: Bles émigrés fe font rendus le 22, en Corps, chez le comte de Romanzow, auquel le maréchal de Broglie, qui étoit à leur tête, a adreffé ce difcours : MONSIEUR, Votre augufte fouveraine avoit depuis longtems les droits les plus mérités au refped & à l'admiration des gentilshommes françois ; elle en acquiert aujourd'hui à leur reconnoiffance & à leur amour. Chargé par eux, en qualité d'un de leurs chefs, de l'honorable fondion d'en offrir l'hommage à cette illuftre impératrice Pai l'honneur de prier M. le comte de Ro manzow de le lui faire parvenir. Recevez vous-· même, Monfieur, les finceres remercimens que doit toute cette Nobleffe aux fentimens que vous avez manifeftés pour elle. Le comte de Romanzow a répondu en ces termes : MONSIEUR LE MARECHAL, ET MESSIEURS Tous les fouverains, puifqu'ils veillent à la profpérité de leurs fujets, toutes les nations jaloufes de leur bonheur n'ont apparemment que la même opinion fur les malheurs de la France; mais il étoit de la deflinée d'un regne marqué par tant de gloire, que l'impératrice fit la premiere à mériter, à obtenir le tribut de votre hommage. Les limites des empires tombent lorsque le coup d'œil d'un grand monarque confidere les vertus & les talens. L'impératrice ceffe de vous être étrangere ; elle contemple avec fatisfaction la Noblefje Françoife montrane ce que les vertus héréditaires donnent d'élévation, ce que la loyauté, l'attachement pour fes moltres, infpirent d'intérêt. 1 Il fembloit, Meffieurs, que rien ne manquoit à la gloire de l'impératrice; cependant votre démarche y ajoute; & moi, plein de vénéra sion pour vous, Meffieurs, & pour l'illuftre F SA guerrier qui eft à votre tête, je regarde ce jourcomme la plus belle époque de ma vie. Indépendamment de ces affurances fi agréa bles pour les princes françois, ils ont reçu, de la part de l'impératrice, le pouvoir de difpofer d'une fomme de deux millions de roubles pour l'ufage qu'ils jugeront le plus convenable. On peut en conclure que les follicitations: des princes françois • ou de ceux qui les confeillent, ont eu en Ruffie le même fuccès qu'à Pilmitz, c'est-à-dire, la perfpective d'un' appui futur, dans le cas que d'autres Puiffances l'accordaffent, & que ce fecours für réclamé pour tirer le roi de France de la fituation où il fe trouvoit alors. Mais la fitua tion de S. Maj, Très-Chrétienne ayant abfqlument changé par fon acceptation formelle & motivée d'une Conftitution que des Pui fances étrangeres ne font pas appellées à juger.,. on s'apperçoit dès à préfent que le fecours ne pourra pas être réclamé contre l'aveu de Louis XVI, & que, par conféquent, les difpofitions éventuellement énoncées à Pilnitz ne fe réalifant point, l'impératrice continuera d'être dans les mêmes fentimens que l'empereur: & le roi de Pruffe, c'eft à-dire,, de regarder fa déclaration comme non-avenue. L'empereur a fait notifier à la chambre impériale de Wetzlar la conceffion qu'il a faire au landgrave de Heffe Caffel, du privilegeillimité des non appellando, pour le comté de Hanau. Le motif de cette conceffion eft fondé fur la reconnoiffance que mérite le zele que le, landgrave a montré l'année derniere pour le fervice de l'Empire, en couvrant avec un Carpas de fes troupes te couronnement des Tempereur à Francfort, 21: ROME (le 20 Septembre ). Dans la congrégation tenue fur les affaires de France, le St, Pere a déclaré qu'il ne vouloit point encore le départir du fyftême de modération, de patience & de charité chrétienne dont il s'étoit fait un devoir, & qu'avant de prononcer les fu prêmes fentences de rigueur, il étoit d'avis qu'on effayat encore les voies de la perfuafion. La congrégation du St. Office a condamné à mort le fameux Attario Cappelli, ami & complice de Caglioftro. On croit que le pape commuera la peine de mort en une ré clufion, perpétuelle, comme il l'a fait pour Caglioftro. 432 LIVOURNE (le 24 Septembre ). Suivant les lettres d'Espagne, les François fe hâtent de quitter cette terre en proie aux horreurs du fanatifme. Ils ne peuvent fe réfoudre à prêter un ferment qui effaceroit ceroit en eux le caractere national. Un brigantin en a chargé 134 à Cas dix; 81 le font embarqués à Malaga, & plus de 12 cens ont déjà quitté Madrid & fes environs. 10 MADRID le 29 Septembre). Une cédule soyale, en date du 1o de ce mois, porte défenfe d'introduire aucun papier féditieux dans le royau me, ordonne de remettre aux juftices du pays ceux qu'on auroit pu recevoir de faire con noître les perfonnes de qui on les tiendroit pour qu'elles foient punies fuivant les peines établies par les loix, contre ceux qui cher chent à troubler l'Etat, & à caufer le mal heur du Peuple par des défordres & des calamités publiques. 9 Al 215 On fait monter à 100 mille hommes d'in fanterie & so mille de cavalerie les forces 2. * que le roi de Maroc a fait avancer contre Ceuxta. Cependant nous craignons peu pour le fort de cette place. Du 21. La Cour a rendu Oran aux Algériens dans Je même état où nous l'avions pris autrefois 9+ avec les anciennes fortifications des Maures & après avoir,, par conféquent, démoli celles que nous y avions ajoutées. Un événement imprévu a amené la conclufion d'une treve entre notre Cour & le roi de Maroc. Le frere de ce prince, que l'on croyoit en fuite & fans reffource, a reparu à la tête de 40 mille hommes; circonftance qui oblige le defpote marocain à retirer les troupes qui for moient le frege de Ceuta, pour les porter dans l'intérieur de fon royaume. A LISBONNE (le 3 Septembre) Les précau tions que notre Gouvernement a cru devoir prendre pour la tranquillité de la capitale & celle des tour le royaume, dans le tems que la France a bouleversé l'ordre politique & foeial, font des plus rigoureufes, & ont produit le meilleur effet. Il eft défendu expreffément de parler dans les lieux publics, des. affaires courantes de ce royaume, & furFour de prendre parti en faveur du roi & de l'Affemblée Nacionale. Déjà plufieurs individus, tant Portugais que François, convain dus de contravention, ont été incarcérés fans qu'on puiffe fçavoir le lieu de leur détention.. On ne remarque jufqu'ici aucun mouvement parmi nos troupes, & le Gouvernement fe borne à tenir tous nos régimens fur le pied du complet. On affure même que la Cour d'Efpagne ayant demandé à la nôtre un feCours de 12 mille hommes, celle ci lui a répondu que l'état actuel de fes affaires ne 1 |