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appartient légitimement : 2°. parce qu'elles anéan, tiffent les difpofitions des fondateurs : 3°. parce qu'elles donnent les biens des monasteres à des gens qui n'ont aucun titre ni de l'église ni de l'état pour les pofféder.

En vain ces prétendus abbés invoqueroient en leur faveur le concordat. Le Roi s'oblige à ne nommer que des réguliers aux bénéfices réguliers, & des réguliers du même ordre. D'ail Teurs, ce concordat, par lequel François I accorda au pape le droit de prendre à chaque préfenta tion le revenu d'une année de chaque abbaye, à condition que le faint pere lui accorderoit le droit de préfenter à toutes les abbayes de fon royaume, n'est pas regardé comme une convention bien légitime. Mais on eft affez d'accord fur le vice & les a bus des abbayes en commende; on demande comment y remédier?

D'abord, comme le Roi même ne peut åter perfonne fa propriété, il faut rendre aux mo nafteres un bien qui leur revient légitime

ment.

En fecond lieu, par une conféquence du même principe, il faut entrer dans les vues des fondateurs, il faut remplir les charges & condi tions qu'ils ont appofées à leurs dons, qui four:

19. Qu'il y eût dans les monafteres le plus grand nombre de religieux poffible, relativement à leurs revenus, pour qu'il y eût un plus grand nombre de perfonnes uniquement occupées a prier Dieu pour l'églife, pour l'état & pour les fondateurs eux-mêmes.

2°. Que le fervice divin fe fît toujours dans les, monafteres avic la plus grande décence.

3. Qu'en fe dépouillant d'une partie de leurs biens en faveur des religieux, ceux-ci fatisfiffent mieux pour eux à l'obligation que Dieu impofe aux riches de foulager la mifere des pauvres. ·

En conféquence, l'écrivain propofe d'abolir les abbés commendataires, d'en réunir les revenus à la maffe totale de ceux des abbayes, & de charger les religieux d'en diftribuer une partie annuellement aux perfonnes auxquelles le Roi affigneroit des penfions fur le monaftere.

Ceux auxquels on accorderoit de ces penfions, feroient ou de pauvres eccléfiaftiques capables de fervir l'églife, mais n'ayant pas un bien de famille fuffifant pour fubfifter ou de pauvres militaires qui ont bien fervi l'état, ou des hôpitaux qui n'ont point affez de revenus pour

fournir aux befoins des malades & des pauvres que la mifere force de s'y retirer, ou des col leges qui n'ont pas fuffifamment de quoi ftipen dier les maîtres qui élevent la jeuneffe, ou en fin des féminaires, dont on voudroit que les penfions des eccléfiaftiques fuffent modiques & même gratuites en certaine quantité.

A la fin de l'ouvrage fe trouve un modele d'édit tout digéré, extrêmement fage, au bas duquel le fouverain n'auroit plus que fon nom à mettre, mais qu'il n'y mettra pas : toute la tête du clergé, revêtue de pareilles abbayes, eft trop intéreffée à les conferver, bien loin de les remettre ainfi gratuitement,

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Du refte, le mémoire eft très-fagement écrit, fans fiel fans amertume. L'auteur s'eft même abtenu de fes portraits fatiriques, très-propres à faire la fortune d'un écrit de ce genre, &

qui feuls peuvent attirer les regards des gens du monde fur de pareils ouvrages.

2 Septembre. On prétend que mademoiselle Raucoux, cette jeune actrice fi renommée par fes talents précoces & par fa fageffe antique, a vu enfin fa vertu échouer au voyage de Compiegne; que M. le duc d'Aiguillon, ce miniftre d'un tempérament fougueux & qui conferve encore tous les feux de la jeuneffe, a vaincu & les préjugés & la résistance de la comédienne.

14 Septembre. Les trois nouveaux écrits qui ont paru dans l'affaire du comte de Morangiés, en même temps du jugement, font:

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1o. Réplique aux derniers écrits du comte de Merangiés & de fes adhérents. Celui-ci eft le troifieme mémoire de Falconnet. Il porte la conviction jafques chez les plus incrédules. D'ailleurs comme oratoire, c'eft auffi une excellente piece. On y trouve plus de nerf que dans les deux premiers, & le farcafme y eft employé plus adroitement.

2o. Addition au résumé général, &c. C'est le dernier effort de Me. Linguet, où fa rage redouble contre tous ceux qui ofent écrire ou dire quelque chofe en faveur des Verons. Le notaire L'Héritier y eft fur-tour très-maltraité. C'est ce notaite qui a reçu le teftament de la grand'mere. Il annonce dans un poft-fcriptum qu'il attend juftice de la cour contre les écrivains adverfes qui l'ont trop bien réfuté, & il veut les attaquer perfonnellement fur les injures qu'ils dui ont dites, comme s'il avoit le privilege exclufif d'en dire seul.

3o.

3. La vérité géométriquement démontrée & juridiquement prouvée dans l'affaire des cent mille écus. Lettres d'un colonel étranger à un membre du parlement d'Angleterre, fur l'affaire du comte de Morangiés, dans lesquelles on rapporte tout ce qui a été plaidé & imprimé pour & contre les deux parties.

Ce pamphlet n'eft qu'une répétition faftidieuse de tout ce qui a été écrit dans les divers mémoires de Me. Linguet, & dénué de ces morceaux d'éloquence chaude qui pouvoient attacher le lec teur qui n'y cherchoit que les grands mouvements de l'orateur.

5 Septembre. L'académie royale de mufique se propofe de donner inceffamment au public un ballet nouveau en trois actes, dont le titre n'eft pas encore bien défigné. Il regne en général fur l'union de l'Amour & des Arts. Les paroles font du fieur le Monnier, la mufique eft du fieur Floquet. Les amateurs qui ont affifté aux répétitions, n'en paroiffent pas extrêmement contents: ils en trouvent la mufique très-médiocre & dans le genre antique.

7 Septembre. Les directeurs de l'académie royale de mufique ayant enfin fixé le titre du nouvel opéra il a été annoncé fous celui de l'Unien de l'Amour & des Arts, ballet héroïque en trois entrées, compofé des actes de Bathile

Chloé, de Théodore, & de la Cour d'Amour. Il a été exécuté avec un succès extraordi. naire. L'enthoufiafme du public a été porté au point, que dans le courant du spectacle on a obligé plufieurs fois l'orchestre de s'arrêter, pour donner cours aux applaudiffements & aux cris tumultuesx avec lesquels on de Teme VII.

C

on

demandoit l'auteur. Comme on ne s'eft pas trompé fur celui des deux qu'on defiroit voir, à la fin du fpectacle, & la toile tombée, a amené par un coin du théâtre le fieur Floquet, qui a joui d'un honneur que n'a jamais eu Rameau. C'est le premier qui ait été ainfi demandé fur la fcene lyrique, & qui ait paru. On a fu combien ce muficien, âgé d'environ 23 ans, avoit eu peine à faire recevoir fon ouvrage, quelles mortifications il avoit effuées pendant les répétitions, & les fpectateurs indignés ont été bien aifes de trouver cette occafion de le dédommager de tous ces dégoûts. Au refte, fon ouvrage eft charmant à bien des égards, mais ne méritoit pas cet excès de fanatifme. D'ailleurs les danfes variées, pittorefques & délicieuses, n'ont pas peu contribué à faire tourner les têtes.

8 Septembre. M- Caron de Beaumarchais fait paroître un Mémoire à confulter, & Confultation, dans fon affaire contre le fieur Goezman, confeiller du nouveau Tribunal. Il y entre dans le plus grand détail de toutes les démarches pour avoir audience de fon rapporteur & des difficultés qu'il a effuyées, ou plutôt de l'impoffibilité abfolue où il s'eft trouvé de parvenir à lui, avant de faire fournir à fa femme les cent louis en queftion pour la premiere fois. Après avoir auffi traité l'article de la montre qui lui a été rendue, & des 15 louis demandés pour le fecrétaire, & que celui-ci n'a pas reçus, quoiqu'ils fuffent exigés à cet effet; il se juftifie du projet de corruption qu'on lui fuppofe, & le fieur Malbête, avocat consultant, est

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