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ment par les plus éminents perfonnages de l'églife, il faudroit des délits, clairs, atroces, qui fuffent ceux du corps entier, & qu'il se fût montré incorrigible. On n'objecte, au contraire, que des imputations vraies ou fauffes contre quelques particuliers. On critique un inftitut brûlé en France, comme impie, & canonifé en Portugal, comme faint; que tous les fages, tous les faints & furtout les papes, les évêques & un concile univerfel ont regardé comme un chef-d'œuvre, & dont on n'a fait qu'un extrait frauduleux, fous le titre d'affertions.

2o. Comme le crime ne fe préfume pas contre 20000 religieux, & qu'il ne peut être conftaté légitimement que le prévenu n'ait fourni toutes les défenfes, il étoit également néceffaire & indifpenfable d'entendre les jéfuites auffi juridiquement, auffi pleinement, auffi folemnellement que l'exigeoient l'importance de la cause.

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3o. Les jéfuites n'ont point été entendus de la maniere qu'on vient de voir qu'il falloit les entendre. On ne voit pas qu'en aucun temps, en aucun lieu, une audience libre, pleine, publique ait été donnée à la fociété, à fon régime, à fes représentants. L'auteur prétend, au contraire, pouvoir nommer le temps & les lieux où l'on a rejeté chez nous, impitoyablement & fans pudeur, des requêtes en forme que préfentoient les jéfuites, aux fins d'être quis.

A ces vues générales, il croit pouvoir joindre des préjugés tirés des opérations dont on a été témoins, & c'est ce qu'il appelle les raifons particulieres,

19. Les jefuites ont été proferits uniquement

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Inr deux pieces; favoir fur les Extraits de l'inftitut, faits ou débutés par le feu abbé Chauvelin, & fur le recueil des Affertions, fabriqué aux Blancs-Manteaux, c'est-à-dire fur deux pieces qui contiennent au moins huit à neuf cents falfifications palbables. Ceux des tribunaux qui témoignerent long-temps une jufte horreur pour cette maniere de procéder, furent vaincus par les ordres, par les menaces & par d'autres me. nées encore plus indignes du miniftre ( le duc de Choifeul), qui étoit alors à la têté de la perfécurion anti-jéfuitique.

2°. Cette perfécution eft l'ouvrage des janféniftes, des philofophes encyclopédiftes, d'un flaim de magiftrats républicains, ennemis du catholicisme, de la religon, de l'autorité monarchique, Les jéfuites n'ont donc été profcrits que parce qu'ils tenoient invinciblement à l'église romaine, à Dieu & au Roi.

3°. Il est également avéré & indubitable que les conjurés de Paris ont donné le branle à tout ce qui a été fait ou tenté en Portugal, en Efpagne, à Rome & ailleurs. On n'ignore ni la députation, ni le nom des émiffaires, ni l'envoi des libelles, ni les fommes offertes ou données, de rout fous la protection du grand chef ( le duc de Choiseul), dont la puiffance étoit fi étendue.

Ici l'auteur entre dans une grande difcuffion de ce qui s'eft paffé en Espagne, & dans une profopopée touchante au roi de ce royaume, qu'il cherche à capter par un tour oratoire; il établit que tout prouve qu'il a été séduit; que tout refpire dans le complot en queftion, les noirceurs de la calomnie, le caractere des chefs de la

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bande, les moyens qu'ils ont employés, les pieces pour & contre qu'on a fur ce grand procès, Il difcute enfuite les procédures portugaifes, qu'il regarde comme un monftrueux affemblage d'iniquités palpables. On ne peut le fuivre dans le développement verbeux de cette partie de l'ouvrage.

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Après il propofe un Cas de confcience; savoir, fi des princes chrétiens & catholiques peuvent en confcience demander au fouverain pontife la deftruction d'un ordre fans avoir vu ni entendu les acufés, fur des accufations dont une partie n'eft pas articulée, dont l'autre eft fauffe, calomnieufe, abfurde, &c. ? Il foumet cette décifion au college des cardinaux & à tous les confultateurs romains au clergé de France, à la forbonne, aux univerfités d'Italie & d'Epagne, même aux univerfités proteftantes d'Oxford de Wittemberg & d'Upfal, enfin au mufti & à

ses imans.

Du refte, quand ? ou ? en quelle forme ferat-on la revifion du procès qui eft l'objet de cette requête ?

Ce ne feroit que trop tôt, répond-il; à Rome, à Madrid, à Paris ou à Versailles: on ne refu feroit pas aujourd'hui le parlement de Paris.

Suivant des objections & folutions, terminées par une obfervation décisive, fuivant l'écrivain, c'eit que fi l'on n'a pas égard à fa réclamation, il prend acte contre les ennemis de la fociété en préfence de l'univers, qu'ils font non-feulement atteints, mais même convaincus de tout ce qu'on leur impute d'atrocités.

Dans cet ouvrage, où il y a de très - bonnes chofes, des anecdotes très-précieuses, il regne

fous une apparence d'ordre & de méthode, uti défordre & une confufion qui en rendent la lecture pénible, par une répétition faftidieufe des mêmes raifons, & par une multitude de moiS accumulés, dans lefquels fe noient la chaleur de l'orateur.

19 Juillet. Le nouveau mémoire de Me. Linguet paroît, & eft enlevé avec un empretfement proportionné à la célébrité de l'orateur, [1 a pour titre Précis pour le feur Ménager, de Pacademie royale de chirurgie. Après un long détail des raifons qui obligent ce Ménager d'entrer en caufe, une grande difcuffion des motifs qu'il a de mécontentement contre les juges, des reproches graves qu'il articule à leur faire, enfin il établit deux propofitions inconteftables: l'une que fon client n'a jamais été dans le cas d'effuyer un décret; Pautre, que ce n'est qu'ta dénaturant la procédure par une manœuvré ciiminelle, qu'on eft parvenu à fe procurer une forte de prétexte pour le décréter. De ces deux principes il tire la conféquence, que le juge qui a décrété le chirurgien, & le procureur du Roi qui a provoqué le décret, ne peuvent le foultraire à la prife à partie.

20 Juillet. On prétend qu'il s'ek élevé une querelle entre la comtelle Dubarri, & le comte Jean ( le beau - frere) ; qu'elle a été fi vive que ce dernier, dans un de ces accès d'humeur violente dont on fe répent toujours, a exhalé fa bile, & a fait une chanfon, où il fe permet de rappeller, de la façon la plus piquante, des chofes qu'il auroit dû oublier. Peut-être auffi un plaifant a-t-il été bien aife de trouver cette

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occafion de décharger la fieane, en imputant au comte Jean une production licencieufe d'une plume très-fatirique. Telle qu'elle foit, voici cette chanson :

Sur un air: De la Rofiere.

Drôleffe!

Où prends - tu donc ta fierté?
Princeffe !

D'ou te vient ta dignité?

Si jamais ton teint fe fane ou fe pele,'
Au train

De Catin

Le cri du public te rappelle.
Drôleffe! &c.

Lorsque tu vivois de la messe

Da moine, ton pere Guimarð;
Que la Ramfon voloit la graiffe
Pour joindre à ton morceau de lard,
Tu n'étois pas fi fiere,
Er n'en valois que mieux :
Baiffe ta tête altiere >

Du moins devant mes yeux.
Ecoute-moi, rentre en toi-même,
Pour éviter de plus grands maux :
Permets à qui t'aime, qui t'aime,
De t'offrir encor des fabors!

Drôleffe!

Mon efprit eft-il baiffe?

Princeffe!

Te fouvient-il du pa

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