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Th Valletear de Chabrefy

MÉMOIRES

Bates Champion 1-31-24

9177

SECRETS

POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DES LETTRES EN FRANCE, DEPUIS M. DCC. LXII. JUSQU'A NOS JOURS.

ANNÉE M. DCC. LXXIII.

1 Juin. LE heur la Borde eft fi atterté de l'aban

don de Mlle. Guimard, qu'il en a contracté une mélancolie affreufe. Quand fon fervice auprès du Roi fera fini, ce qui arrive au premier juillet, il va voyager pour difliper ces vapeurs & perdre le fouvenir de l'infi lelle. La mufique même lui eft devenue odieufe, & i femble vouloir y renoncer auffi. Il écrit que cet art, dont il faifoit fon amufement, lui a donné plus de chagrin, fufcité plus de tracalleries que les affaires les plus triftes & les plus épineules.

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4 Juin. On a joué hier Terée Philomele. Ce fujet, tiré de la fable que tout le monde connoît & qui occafionna, il y a douze ans une chûte à M. le Mierre, n'a pas été plus favo rable à M. Renout. La piece eft abfolument tombée, & ne s'eft foutenue jufqu'à la fin de la premiere repréfentation, qu'à la faveur du jeu des acteurs, & à la bonhommie du parterre dont la patience devient de plus en plus admirable. C'eft fans doute déja une grande maladrefle de choisir un trait auffi atroce & auffi que ingrat. Le caractere de Terée est d'une horreur dégoûtante. Le refte eft à l'avenant. Nulle entente du théâtre dans cette tragédie, mortellement longue, & qui ne mérite aucune difcuffion.

grace

7 Juin. On a parlé du procès fingulier que s'étoit fufcité à Londres M. le comte de Lauraguais, en laiffant marier la maîtresse, qu'il avoit plaifamment qualifiée du titre de comteffe du Tonneau, avec fon fecrétaire, & en continuant de vivre avec elle. Celui-ci, après avoir paru fe -prêter fourdement à ce commerce infame, a accusé fon maître d'adultere, & lui a fait un procès criminel, fans doute pour en tirer de l'argent. Le feigneur dont il eft queftion, naturellement facétieux & qui aime à écrire, en a pris occasion de faire un mémoire intitulé: Pour moi & par moi. Puis il détaille fes noms & fes furnoms. Rien de plus original que ce pamphlet, où fe livrant à la folie la plus extrême, il dit tout ce qui lui paffe par la tête, avec cette tournure qui lui eft propre. Dans 'le' galimatias où le plonge fon imagination vagabonde, on trouve des faillies charmantes. Il a dédié ce burlefque ouvrage au * duc fon père.

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9 Juin. La politique naturelle, ou Difcours fur les vrais principes du gouvernement, par un ancien magiftrat, dont on a annoncé le titre, acquiert la plus grande vogue & paffe pour le livré le mieux fait en ce genre qu'on connoiffe encore. L'auteur y eft abfolument dégagé de tous les préjugés, foit de religion, foit de gouvernement, foit même de fociété, qui offufquent les idées & les empêchent de fe produire dans toute leur net

teté.

Le premier volume contient quatre difcours : 1o. De la fociété: 2o. du gouvernement: 3°. de la fouveraineté : 4°. des fujets; dans le fecond font renfermés les difcours : 5°. des abus de la fouveraineté, du defpotifme & de la tyrannie: 60. de la liberté: 70. de la politique en général : 80. de la politique extérieure: 90. de la diffolu tion des états,

Sans entrer dans la difcuffion de ces difcours trop longs & trop difficiles à analyfer, il fuffit d'obferver que le but de l'écrivain eft de faire voir que la politique, où l'art de gouverner les hommes, ne peut être une fcience obfcure, problématique, douteufe, que pour ceux qui ne fe font pas donnés la peine de méditer fuffifamment la nature humaine & le but de la fociété que les paffions, les intérêts imaginaires des princes, les idées métaphyfiques de la théologie, les menées ténébreufes des cours ont contribué à en faire un chaos impénétrable pour les efprits les plus exercés. Mais qu'en la faisant dériver de cette fource indiquée, elle fe réduit à deux prin cipes bien clairs: 1°. Que nul people ne peut être heureux, s'il n'eft gouverné fuivant les loix de la nature qui conduifent toujours à la vertu :

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