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trature, & où il a choifi le domicile principal de fon exil. C'est un des ouvrages les plus adroi tement faits en fa faveur. On y a parfaitement pris la tournure de fon génie & de fon style. Il cherche à y prouver que tout ce qui fe fait aujourd'hui, n'eft que le réfultat de fes difpofitions éloignées ; & que fi l'autorité du Roi eft confolidée, malgré le retour du parlement, à lui qu'eft dû cet heureux accord. Il fe difculpe fur les maux paffagers qu'il a été obligé de faire, toujours inévitables dans les révolutions promptes & néceffaires. Il fait un portrait du feu Roi, malheureusement trop reffemblant à celui qu'en tracera l'hiftoire. Il rend justice aux excellentes qualités du jeune monarque. Il traite un peu leftement M. le comte de Maurepas, & rabaiffe tant qu'il peut la gloire de M. de Miroménil, qu'il appelle plaifamment, & avec ce ton de familiarité qui lui eft ordinaire, fon vicaire. On trouve beaucoup de fineffe, de légéreté, de vérité dans cet ouvrage, où les deux partis font prefqu'également maltraités. On ne doute pas qu'il ne foit imprimé inceffamment, va la multitude de copies & la curiofité géné rale du public pour cette facétie intéressante & amufante.

26 Décembre. On déplore le fort d'un jeune peintre en miniature, qui touché des rigueurs de fa maîtreffe, s'eft bleffé à fes yeux & en eft

mort.

26 Décembre. M. la Grange de Checieux, cenfeur royal, vient de mourir. C'étoit un homme de lettres très-obfcur, remarquable feulement par fa bizarrerie de mettre en vers l'Ecoffaife de M. de Voltaire, & de la faire jouer aux Italiens,

26 Décembre. M. de Malesherbes ne s'eft pas mis fur les rangs : c'eft par une admiration extraordinaire des hautes qualités de ce magiftrat, que l'académie, s'élevant au deffus des regles, a arrêté de le recevoir, & de l'inviter à venir prendre place dans fon fein.

27 Décembre. On a parlé de la chanfon des Revenants, de M. Collé. On parle d'une Réponse beaucoup mieux faite pour la partie technique, où il y a plus de caufticité.

27 Décembre. M. Quefnay, ducteur en médecine, mais plus connu par fes écrits fur les matieres d'agriculture & d'administration, le chef de la fecte des économistes, celui qu'ils appelloient par excellence le Maître, eft mort il y a quelque temps, & laiffe une dignité à remplir, à laquelle ces meffieurs n'ont point encore

nommé.

28 Décembre. On vient de faire un vaudeville fur l'air : Chanfons, chansons, &c. On feroit d'abord tenté de le croire fabriqué par quelque financier entagé contre M. Turgot, & qui voudroit donner une opinion défavorable de fes projets pour l'amélioration des revenus de l'état & le rétabliffement du crédit public, en faifant regarder comme des contes tout ce qu'on dit de confolant à cet égard; mais comme il y a beaucoup de gaieté, au fait cette chanfon eft plus maligne que méchante.

29 Décembre. On a fait depuis peu l'expérience qu'on avoit propofé de commencer fur la Marne pour arrêter les glaces & les empêcher de parvenir jufques dans Paris; mais le feul effort de l'eau a fait brifer une des poutres On fe propofe de recommencer inceffamment. Les

commiffaire de l'académie prépofés à l'examen de la machine, ont eftimé que cet accident ne provenoit que parce qu'on avoit choifi des bois d'un trop foible échantillon.

30 Décembre. On fait que plufieurs quartiers de Paris font placés au-deffas de fouterrains for més par des carrieres, qui, malgré les précautions prifes pour affurer le fol, menacent d'une raine, plus ou moins reculée, tous les édifices bâtis deflus. Une excavation confidérable, formée à la barriere de la rue d'Enfer, par un éboulement fubit, ne peut que confirmer ces craintes. Heureufement elle s'eft formée dans un lieu ifolé; une feule maifon voifine en a fouf fert. On eft occupé à réparer ce défordre & à prendre les précautions que la prudence & l'art pourront fournir.

31 Décembre. Il paroît que M. Targot, mécontent de la maniere dont Me. Linguet, toujours vif & ardent dans la difpute, a traité les économistes & leur fyftême dans fa derniere lettre à M, l'abbé Roubaud, a faifi ce prétexte pour l'empêcher d'écrire fur ces matieres, en paroiffant improuver feulement fes invectives & fes calomnies.

ANNÉE M. DCC. LXXV.

1 Janvier, ON attribue la parodie de la

I

chanfon des Revenants à l'aumônier de l'archevêque de Paris. Elle n'eft point auffi bien faite qu'on l'avoit dit, & n'eft remarquable que par une méchanceté, pas toujours bien appliquée.

2 Janvier 1775. M. Imbert, jeune auteur dif tingué par le talent d'une poéfie tiche, harmonieufe & correcte, vient de s'effayer dans l'art dramatique. On doit jouer après demain une pe tite piece de lui, intitulée: M. Petau, ou le Roi de la feve, comédie en un acte & en vers libres, précédée d'un prologue.

5 Janvier. Me. Joly, avocat, auteur de la traduction des ouvrages de Marc-Aurele, vient de mourir.

6 Janvier. On a réitéré l'expérience de l'efpece d'eftacade flottante fur la Maine, déja tentée une fois fans fuccès. Cette feconde fois, quoique le même accident arrivé d'abord n'ait pas eu lieu, on a reconnu aisément des inconvénients encore plus grands à cette machine imaginée Far M. de Parcieux, que tous ceux occafionnés par les glaces; & le rapport des commiffaires de l'académie doit faire profcrire abfolument une pareille invention,

7 Janvier. Voici la chanfon dont on a parlé, qu'on croit avoir été faite au fouper de quelque financier.

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Air Chanfon, Chanson.

Le digne miniftre de France,
Doué d'efprit, d'intelligence
Et de raifon;

En réformant notre finance,
Répandra par-tout l'abondance.
Chanfon, chanson.

Turgot, par fon économie,
Fera pleuvoir fur la patrie
L'or à foifon.

Il eft affuré de fon thême,

Et nous vivrons par fon fyftême. Chanfon, chanfon.

Tout va prendre nouvelle forme ; On ne parle que de réforme

De mœurs, de ton:

Ce n'eft plus le fiecle des belles;
On va déferter les ruelles.
Chanfon, chanfon.

Du luxe on va faire défense,
Et l'on va borner la dépense,
Nous promet-on.

Par-tout où régnoit la licence
Nous verrons régner l'abondance.
Chanfon, chanfon.

Quand du fénat de mince allure,
On apprit la déconfiture,

Chacun dit, bon !

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