3 Les applaudiffements ont été rendus avec beaucoup d'intelligence par ceux que la police & les comédiens avoient répandus à cet effet dans le parterre. On a crié bis, & Mad. la Dauphine, en battant des mains elle-même a donné fon figne d'approbation à l'acteur, qui a recommencé. A cette fois le parterre a chanté en chorus vive le Roi ! Et ce concert affez difcordant à été répété par quelques loges. Le fieur Clairval, qui faifoit le rôle de Monte-au-Ciel, a jeté son bonnet en l'air, en criant à fon retour: vive le Roi ! & vivent fes chers enfants ! Et le public d'applaudir de nouveau, & de recommencer à chanter, vive le Roi ! 2 Juillet 1773. Le Journal Hiftorique & Politi que inftitué depuis peu par le fieur Martin & conforts, fur lequel ils avoient fondé les plus grandes espérances de fortune, ne fe débite pas comme ils l'efpéroient. En conféquence ils ont imaginé de le réunir à celui de Bouillon, & de forcer le fieur Rouffeau à leur faire un fort. Celui-ci en butte à cette cabale puissante, a été obligé de recevoir la loi qu'ils ont voulu lui faire, & dorénavant doit prélever à leur profit une fomme de 51500 liv.: ce qui paroîrroit incroya ble, fi l'on ne tenoit le fait du fieur Rouffeau lui-même qui en outre elt obligé de payer une rançon de sooo liv. de rentes, pour exempter fon journal encyclopédique du fort fatal dont le menaçoit M. le chancelier. 3 Juillet. Les fpectacles avoient reçu défenfes, lorfque M. le Dauphin & Mad. la Dauphine y font venus, de faire aucun compliment. Malgré cela, les Italiens, comme on a dit > ont fu l'éluder, en inférant adroitement au divertisse ment du Déferteur, des couplets, qui, fans être directs, préfentoient une allégorie fenfible de ce qui fe paffoit & des fentiments analogues. Par le défaut naturel à la plupart des acteurs & actrices de ce théâtre, malheureusement perfonne ne les à entnodus: les voici; ce font cinq couplets ajoutés dans le choeur qui termine la piece. On les dit du fouffleur Anfeaume. 1. Couplet. Deux cœurs que l'amour enflamme, Ils partagent l'un & l'autre 3. Une Vieille. Mile. Defchamps. ] Ma carriere est presque faite, Le terme eft bien près pour moi ; Mais je mourrai fatisfaite D'avoir vu ce que je vois. Louife & Alexis, avec le chaur, Ne perdons jamais la trace 5 Juillet. On a enfin tiré au clair l'hiftoire de la déclaration de M. de Montclar, procu rent général au parlement d'Aix, qu'on avoit répandue comme fouferite par lui au lit de la mort, & qu'entr'autres le gazetier de Cologne, tout jéfaite, avoit adoptée comme authentique. C'eft dans une Lettre d'un gentilhomme du diocefe d'Apt à M.. que cette intrigue eft développée dans toutes fes parties. Il en réfulte que cette piece eft abfolument fauffe. Il faut lire dans l'ouvrage même le detail in croyable des menées de l'évêque d'Apt pour obtenir d'abord un pareil acte du moribon me l'ayant pu obtenir par fes émilaires pour faire accroire au public qu'il l'avoit obtenu On ne peut guere révoquer en doute l'hiftorique de cette intrigue, foutenu des lettres & pieces qui peuvent le fortifier. Cette brochure, furplus, eft écrite avec une fageffe & une modération qui difpofent aisément à ajouter foi à l'auteur. au 6 Juillet. Il nous est arrivé d'Angleterre un quatrieme volume des Efforts du Patriotisme, qui contient de nouvelles pieces, & promet la fuite jufqu'à ce que la collection foit complete. 7 Juillet. On n'a pas tardé à répliquer à la fuite des obfervations de Me. Linguer, & Me. la Croix fait paroître un nouveau Mémoire pour le fieur Dujonquay la dame Romain, contre le comte de Morangiés. On y lit dans une Note: Cette affaire eût été étouffée par la famille du comte de Morangiés, fi fon défenfeur ne fe fût wanté de la gagner. Voilà la caufe de fes emportements. On y résume de nouveau le fond de l'affaire, & l'on répond fur-tout aux critiques diverfes que Me. Linguet fait de la fentence. On lui prouve que les objections les plus fpécieuses ne devroient pas être faites par un avocat au fait des formes, de l'ordre & du ftyle judiciaire.. Enfin, d'après une confultation du 2 juillet, Me, la Croix rend compte des motifs qui ont déterminé à écrire. dans cette affaire, où l'on prétend qu'il n'avoit ni mission ni caractere, & il déclaré que c'est à la follicitation feule d'Aubourg & de Dujonquay > qu'il eft entré en lice. 8 Juillet. Il paroît une brochure clan deftine & curieufe intitulée Raifons invincibles qui doivent empêcher le Pape d'accorder, les Souverains de poursuivre l'abolition de la la compagnie de Jefus, tant que cette caufe fera dans l'état où elle eft. On voit par ce titre com bien la piece doit être originale & recherchée. Elle eft principalement dirigée contre le due de Choifeul, à l'inimitié duquel on attribue la diffolution de l'ordre dans une partie de l'Europe, & mérite une difcuffion très-ample, cette matiere étant aujourd'hui l'objet de l'attention des différents royaumes partagés pour ou contre un ordre fameux, qui femble tenir tête à une mul titude de potentats réunis contre lui. Le parlement ancien n'y eft pas épargné, & le nouveau tribunal y eft demandé comme juge impartial de la querelle. 12 Juillet. La Fricaffée eft une nouvelle brochure qui remplit à merveille, fon titre. C'est un potpourri où l'on parle de tout, & où l'on ne dit rien. Si elle parvient à la postérité, elle fera la torture des Saumaifes à venir plus encore que Rabelais & autres livres de cette *fpece. 13 Juillet. On a fait fur l'Erreur d'un moment comédie nouvelle du fieur Monvel, les quatre vers fuivants : Monvel, las de nous faire rire, Hélas ! fe livre au larmoyant. Faffe le ciel que ce délire Ne foit que l'Erreur d'un moment ! 16 Juillet. L'auteur des Raifons invincibles, &c. en a de générales & de particulieres. Les générales font: 18. que pour détruire un erdre ancien, approuvé, protégé, loué conftam Tome VII. |