I Louis Petit. de Bachaumont CONTENANT les Analyses des Pieces de Théâtre qui ont paru durant cet intervalle; les Relations des Asemblées Littéraires ; les Notices des Livres nou- veaux , clandestins , prohibés ; les Pieces fugitives, rares ou manuscrites, en prose ou en vers; les Vau- devilles sur la Cour; les Anecdotes & Bons Mors; . huc propiùs me, yos ordine adite. A LONDRES, M. DCC. LXXXIV. M É MOIRES Bates Champion $123 SECRETS 1-31.27 POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE LA LETTRES EN ANNÉE M. DCC. LXXII I. L E fieut la Borde ett fi atterré de l'abanI Juin. don de Mlle. Guimard , qu'il en a co tracté une mélancolie affreuse. Quand son service auprès du Roi feta fini, ce qui arrive au premice juillet , il va voyager pour difiper ces vapeurs & perdre le souvenir de l'infi lelle. La musique même lui est devenue odieufe , & i femble vouloir y renoncer aulli. Il écrit que cet art, dont il faisoit son amusement, lui a donné plus de chagrin , suscité plus de tracalleries que les affaires les plus uides & les plus épineules. A. de 4 Juin. On a joué hier Terée don Philomele. Ce sujet , tiré de la fable que tout - le monde connoît & qui occasionna , il y a douze ans , une chûte à M. le Mierre, n'a pas été plus favorable à M. Renour. La piece est absolument tombée, & ne s'est foutenue jusqu'à la fin de la premiere représentasion, qu'à la faveur du jeu* des acteurs, & grace à la bonhommie du parterre, dont la patience devient de plus en plus admirable. C'est lans doute déja une grande maladresle que choisir un traic ausli atroce & auffi ingrat. Le caractere de Terée est d'une horreur dégoûtante. Le reste eft à l'avenant. Nulle entente du théâtre dans cette tragédie, mortellement longue, & qui ne mérite aucune discussion, 7 Juin. On a parlé du procès fingulier que s'étoit suscité à Londres M. le comte de Lauraguais , en laissane marier sa maîtresse, qu'il avoit plaisamment qualifiée du titre de comtesse du Tooneau, avec son secrécaire, & en continuant de vivre avec elle. Celui-ci , après avoir paru re prêter sourdement à ce commerce infame, a accusé son maître d'adultere , & lui a fait un procés criminel, sans doute pour en cirer de l'argent. Le seigneur dont il est question , naturellement facétieux & qui aime à écrire, en a pris occafion de faire un mémoire intitulé : pour moi des par moi. Puis il détaille les noms & ses surnoms. Rien de plus original que ce pamphlet , où le livrant à la folie la plus extrême, il dit tour ce qui lui passe par là tête, avec cette tournure qui Jui est propre. Dáns 'le'galimacias où le plonge fon-imagination vagabonde, on trouve des faillies charmantes. Il a dédié ce burlesque ouvrage au duc son pere. 2 9 Juin. La politique naturelle, ou Discours sur les vrais principes du gouvernement , par un ancien magiftrat, dont on a annoncé le titre , acquiert la plus grande vogue & passe pour le livre le mieux fait en ce genre qu'on connoisse encore. L'auteur y est absolument dégagé de tous les préjugés, soit de religion, soit de gouvernement, soit foic méme de société , qui offusquent les idées & les empêchent de se produire dans toute leur net, teté. Le premier volume contient quatre discours : 1o. De la société : 29. du gouvernement : 3o. de la souveraineté : 4o. des sujets ; dans le second font renfermés les discours : 5°. des abus de la souveraineté, du despotisme & de la tyrannie : 60. de la liberté : 7o. de la politique en général : 80. de la politique extérieure : 90, de la diffolu.. tion des étars, Sans entrer dans la discussion de ces discours, trop longs & trop difficiles à analyser, il suffit d'observer que le but de l'écrivain est de faire voir que la politique, ou l'art de gouverner les hommes, ne peut être une science obscure, problématique , douteuse ; que pour ceux qui ne se sont donnés la peine de méditer fuffisamment la nature humaine & le but de la société : que les passions, les intérêrs imaginaires des princes, les idées métaphyfiques de la chéologie , les menées ténébreules des cours ont contribué à en faire un chaos impénétrable pour les esprits les plus exercés. Mais qu'en la faisant dériver de cette source indiquée, elle se réduit à deux prina cipes bien clairs : 1°. Que nul people ne peut être heureux , s'il n'est gouverné fuivant les loix de la qui conduisent toujours à la vertu : pas Dature |