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APPENDICE.

APPENDICE.

Lorsque M. de La Rochejaquelein nous appela une négation personnifiée, et nous somma d'apporter un principe d'organisation ou de nous taire, et que tous les journaux ennemis du progrès répétèrent à l'envi ses paroles en dénaturant son intention que nous reconnaissons bonne et loyale, nos idées étaient depuis longtemps mûres pour donner réponse à ce défi. En quelques jours notre Contre-Projet fut rédigé, imprimé, et distribué à l'Assemblée.

Nous avions fait notre devoir; l'Assemblée a-t-elle fait le sien? On en jugera par l'extrait de quelques unes de ses séances que va renfermer cet Appendice. Les journaux aussi, ceux qui nous avaient défié de produire une idée organique, ceux qui poursuivent les écoles socialistes de toutes sortes de calomnies et d'injures, ont-ils fait ce qu'ils devaient faire, examiner sérieusement ce que nous leur soumettions? Les citations que nous allons donner de leurs jugements mettront le public à même d'en décider.

Il est aussi intéressant qu'utile de voir comment une vérité est accueillie à son entrée dans le monde.

Ce Projet de Constitution n'est qu'une application du principe universel d'organisation que nous avons découvert, et que nous appelons Triade. Comment une idée qui doit affranchir les hommes de toute tyrannie n'aurait-elle pas provoqué les répulsions que toute vérité importante n'a jamais manqué de rencontrer?

Toutefois voici un spectacle bien étrange! C'est au nom de la tradition, c'est au nom du dogme fondamental du Christianisme que nous présentions. notre idée; et dans une. Assemblée où l'on parle à tout propos du Christianisme pour l'opposer comme un frein et comme une digue aux philosophes et aux novateurs, dans une Assemblée où siègent des prélats catholiques et des pasteurs protestants, il ne s'est pas trouvé une seule voix pour réclamer contre les rires et les murmures qui ont accueilli le grand nom de Trinité! Pas un orateur n'a relevé le défi que nous portions à notre tour à ces neuf cents représentants du peuple, soit comme chrétiens, soit comme. incrédules?

On n'a su qu'étouffer notre voix par des clameurs.; Or les clameurs d'une assemblée qui refuse d'écou-i ter sont une violence plus injuste que ne le seraient des coups et des blessures. Frappe, disait le grand. homme qui sauva la Grèce du joug des Perses à son fougueux adversaire qui aurait perdu la patrie, Frappe, mais écoute. La Grèce fut sauvée! Elle ne pas été, si Eurybiadé cùt refusé d'écouter.

l'eut

Quand, protestant contre cette violation de la liberté de la tribune, qui au fond est une violation de la Souveraineté du Peuple manifestée dans chacun de ses représentants, nous crùmes devoir rappeler que près de cent mille citoyens nous avaient investi de leur mandat, on nous renvoya avec dédain aux prolétaires qui nous avaient nommé. A entendre les journaux soutiens de l'aristocratie, notre théorie mystique ne saurait être comprise que de nos électeurs (1). Que ces Titans de l'intelligence qui n'ont encore construit qu'une tour de Babel sachent que ce peuple qu'ils traitent de barbare est capable en effet de renouveler le monde spirituel comme le monde matériel. Si les enfants d'Abraham répudient l'héritage de la vérité, Dieu saura, du sein des rochers, faire sortir des enfants à Abraham : ainsi parlait l'Évangile, et la restauration de l'esprit humain fut transportée à ceux que les docteurs de la Synagogue appelaient des Barbares.

Nous sommes triste assurément au milieu des maux sans nombre de l'Humanité, triste, mais plein d'espérance. Nous savons que quand le soleil se couche sur un horizon, sa lumière commence à poindre sur un autre.

Ce qui résulte de notre expérience au sein de l'Assemblée Nationale, c'est que la révolution sortie du dix-huitième siècle n'a pas encore, après soixante ans

(1) Voyez, parmi les jugements des journaux, celui du journal qui passe pour l'organe de M. de Lamartine.

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