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Appelons éducation le droit de vivre que son union avec sa femme confère aux enfants provenant de cette union, droit qu'on ne peut d'ailleurs leur refuser, à moins de nier toute Divinité:

Il s'ensuivra trois droits de l'homme et du citoyen, sans lesquels il n'y a ni homme ni citoyen :

1o La propriété;

2° La famille;

5° L'éducation.

Mais l'homme ne se met pas seulement en rapport avec son espèce par la famille. Les familles humaines sont par la volonté et la bonté divine, une grande famille, uné espèce. La famille ne peut pas plus vivre seule et isolément que l'individu lui-même. L'homme ne peut donc exercer son droit à la famille sans exercer son droit de communier avec ses semblables, dans le milieu qui réunit toutes les familles, la Patrie.

Or il ne peut pas communiquer directement avec tous, pour peu que la nation soit nombreuse. Il a d'ailleurs droit et pouvoir de communiquer avec un nombre restreint, et choisi par lui, de ses semblables.

Il se met donc en rapport avec plusieurs de ses semblables.

Si c'est comme connaissance, cela donne lieu à un droit, liberté de conscience, liberté religieuse;

Si c'est comme sentiment, cela donne lieu à un droit, liberté d'association.

Si c'est comme activité, cela donne lieu à un droit, li

berté de travailler ensemble, liberté d'industrie, liberté professionnelle.

Donc trois nouveaux droits de l'homme et du citoyen, sans lesquels il n'y a ni homme ni citoyen :

1 Liberté de conscience, 2° Liberté d'association, 5° Liberté d'industrie.

Mais des agglomérations de citoyens ou de familles de citoyens ont nécessairement besoin du concours de tous. Un groupe ne peut exister sans relation avec la nation tout entière.

L'homme donc se met en rapport avec le plus possible de ses semblables formant avec lui une nation, et hypothétiquement avec tous:

Si c'est par la connaissance, cela donne lieu pour lui et pour tous à un droit, liberté de communiquer ensemble par la pensée exprimée par la parole, liberté de la parole parlée et écrite, liberté de la presse;

Si c'est par le sentiment, cela donne lieu pour lui, et pour tous par conséquent, à un droit, liberté de s'acclamer les uns les autres, de se donner leurs suffrages, liberté électorale, ou en général liberté des assemblées populaires;

Si enfin c'est sans se communiquer comme intelligence ou sentiment, mais seulement en demandant secours et respect au nom de la nature humaine manifestée par son corps, que l'homme entre en rapport avec

la nation tout entière, cela donne lieu à un droit, la liberté du corps pour ainsi dire, que les Anglais appellent avec raison de ce nom, et que nos pères, dans leurs constitutions, ont appelée sûreté.

Donc trois nouveaux droits de l'homme et du citoyen, sans lesquels il n'y a ni homme ni citoyen

1o Liberté de la presse, 2o Liberté de réunion, 5o Sûreté personnelle.

Il y a donc neuf droits ou libertés de l'homme, et par conséquent de chaque homme.

En conséquence nous déclarons que voici les droits de l'homme et du citoyen :

1o Le droit de vivre ou la propriété,

2° La famille,

3° L'éducation,

4° La liberté de conscience,

5o La liberté d'association, 6o La liberté d'industrie,

7° La liberté de la presse, 8° La liberté des suffrages, 9. La sûreté personnelle.

CHAPITRE VI.

Les neuf devoirs généraux corrélatifs aux neuf droits du citoyen.

Ces trois beaux monuments de l'âme de nos pères qu'on appelle les trois Déclarations des droits se résument donc en ceci, que chaque homme ou, ce qui revient au même, chaque citoyen (car, dans la république, homme et citoyen sont identifiés) a les neuf droits que nous venons de désigner. Et comme le devoir de chaque citoyen est corrélatif à son droit, ou plutôt n'est que son droit tourné vers les autres, au lieu d'être tourné vers luimême, il s'ensuit qu'en même temps qu'il a neuf droits, le citoyen a neuf devoirs, qui sont :

1o Le respect de la propriété; d'où suit pour le citoyen l'éloignement de toutes les cupidités et de toutes les intempérances qui nous excitent à violer chez les

autres le droit à l'existence.

2o Le respect de la famille; d'où suit pour le citoyen le culte du véritable amour et le respect de la femnie, la compagne et l'égale de l'homme.

30 La protection de l'enfance et de tous les êtres faibles, qui, généralisée, donne lieu à une grande mansuétude pour les défauts des autres, et nous engage, non pas à flatter ces défauts, mais à respecter la nature humaine même dans l'homme ignorant et vicieux, nous éloignant ainsi de tout esprit de supériorité aristocratique qui n'est qu'un misérable orgueil.

4o La tolérance, c'est-à-dire le respect de la liberté de

conscience dans les autres, afin que cette même liberté soit respectée en nous.

5o Le respect de la liberté d'association, afin qu'on la respecte en nous; d'où suit pour le citoyen la nécessité de développer en lui-même toutes les qualités aimables qui rendent possible l'association des hommes dans un but déterminé quelconque.

6o Le respect de la liberté d'industrie; d'où suit pour le citoyen le devoir de ne pas être, par rapport aux autres, un exploitateur, ce que d'ailleurs les autres ne toléreraient pas, et par conséquent la nécessité de développer en luimême les dons qu'il a reçus de Dieu par la méditation, l'étude et le travail, de façon à bien remplir sa fonction dans l'atelier scientifique, artistique, ou industriel.

7o Le respect de la parole, soit parlée, soit écrite; d'où résulte pour le citoyen le respect de la vérité, et l'éloignement du mensonge, par la certitude que, la parole étant libre, soit dans les réunions civiques, soit dans la presse, la vérité triomphera toujours du mensonge; d'où résulte encore le besoin pour le citoyen d'être pur et moral, afin que sa parole, mise dans la balance avec celle des autres, qui est libre au même titre que la sienne, ait de la valeur et du poids.

80 Le respect de la liberté des suffrages; d'où résulte pour le citoyen la nécessité de pratiquer toute les vertus et de remplir exactement les neuf devoirs corrélatifs aux neuf droits, puisqu'il est évident que, la liberté des suffrages étant respectée, les hommes, par intérêt même, s'attacheront à choisir les plus vertueux.

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