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>> Quant aux viateurs, si, par ce mot, Pierre Leroux entend les voyageurs, ils ne seront pas gênants, attendu qu'ils seront partout ailleurs que dans leur Chambre respective.

>> Dans le Corps exécutif, les trois Chambres sont composées de naturalistes, d'agriculteurs, de commerçants, de chimistes, de sculpteurs, et de gymnastes.

» Ces gymnastes, qui feront partie du Pouvoir exécutif, sont probablement les anciens actionnaires du Gymnase. Dam! ça leur était bien dû!

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Après ces détails, saint Pierre Leroux ajoute gravement: « Ainsi se trouve constitué l'Etat. »

UN MOT

DE

REPONSE AUX JOURNAUX.

Nous avons dit que nos idées avaient été, non pas examinées, non pas jugées par les journaux, mais dénigrées. Nous maintenons notre dire. La presse, en faveur de laquelle nous avons si justement réclamé à l'époque où l'on apporta à l'Assemblée Nationale la loi du cautionnement et les autres mesures préventives, la presse dont notre théorie fait avec raison un des pouvoirs de la Souveraineté nationale, n'a pas été généreuse à notre égard.

Nous la remercions néanmoins, et de bon cœur. Nous croyons avec tant d'ardeur à la puissance de la vérité, que tout ce qui la sème dans le monde nous paraît bienfaisant. Nous allons répondre en peu de mots aux diverses feuilles qui ont bien voulu s'occuper de notre Constitution, en suivant l'ordre dans lequel nous venons d'enregistrer leurs jugements.

En premier lieu, nous n'avons que des grâces à rendre au Constitutionnel. Son analyse est très bien faite. Nous soupçonnerions même le rédacteur d'être plus partisan de nos idées qu'il ne le donne à entendre. On ne met pas en lumière avec tant de soin ce que l'on considère comme nul et sans importance. Il est

vrai que c'est à titre de curieuse rêverie philosophique que le Constitutionnel cite notre Constitution démocratique et sociale. Mais de quoi est-on sûr aujourd'hui en fait de journalisme? Les journaux sont rédigés par des sceptiques: pourquoi un sceptique ne se plairaitil pas, au moyen de quelques plaisanteries lui servant de passeport, à introduire des idées novatrices dans la feuille la plus criminellement rétrograde et réactionnaire? Et les lecteurs de cette feuille, qui sont sceptiques comme elle, ne s'en fâcheraient point. C'est ainsi que les journaux les plus hostiles au progrès servent le progrès. A la fin de son analyse, le Constitutionnel nous reproche de ne pas dire un mot du fameux problème de l'organisation du travail et de la réforme sociale. Patience! N'est-ce donc rien que de vous avoir présenté un projet pour l'organisation de l'État et pour la réforme gouvernementale, projet que vous analysez, mais que vous ne réfutez pas ? La réforme sociale et l'organisation du travail dépendent de la possibilité d'organiser véritablement l'État. Vous voyez donc bien que nous sommes en route pour vous donner ce que vous demandez.

Nous n'avons rien à dire du petit article insignifiant que le journal du Commerce a consacré à notre Projet. On ne sait, en vérité, si le rédacteur a voulu nous louer ou nous blâmer.

Le Siècle est évidemment plus méchant: il veut nous mordre et nous égratigner; mais il ressemble à un bel enfant à moitié endormi qui, après quelques efforts, retomberait dans son sommeil sans avoir fait le mal qu'il voulait faire. Le Siècle nous reproche de n'avoir pas été modeste et d'avoir été contradictoire

en disant d'abord que la science politique n'existait point, et ensuite que nous la possédions. Si le Siècle voulait examiner de près nos paroles, il verrait qu'elles ne renferment aucune contradiction. Depuis que nous écrivons, nous ne nous sommes jamais contredit. Le Siècle, qui a autrefois accueilli quelques unes de nos idées, se contredit tous les jours.

Le National, qui est aussi de nos anciennes connaissances, n'a jamais été plus gracieux pour nous depuis longtemps qu'il ne l'est en cette circonstance. Il blâme l'Assemblée de n'avoir pas voulu nous entendre. Ce n'est point qu'il partage notre système. La notion de la trinité, dit-il, n'est pas absolument indispensable pour organiser le suffrage universel, le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif, etc. Il est vrai que le rapporteur du Projet de constitution qui se discute en ce moment à l'Assemblée Nationale n'a pas cru que la trinité fùt nécessaire, et ce rapporteur est un ancien publiciste du National. Mais cet argument même parle en faveur de la trinité; car, hélas! la Constitution à laquelle M. Marrast a attaché un charmant rapport, cette Constitution sans trinité et sans idées ne constituera rien. Le National dit aussi qu'il ne comprend pas comment le dogme trinitaire appliqué à la constitution, anéantirait dans leur germe les ambitions qui tendraient à la détruire. C'est avoir l'esprit peu ouvert, que de ne pas comprendre comment, en supprimant la présidence, nous supprimons les prétendants.

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Le Journal des Débats ne méprise pas les systèmes, mais il aime qu'ils soient à leur place. On voit que ce journal se rappelle son Horace: Non erat hic locus.

Il trouve que notre république n'est pas de ce monde, et que nous avons tort de la faire descendre à la tribune. Si elle n'est pas encore de ce monde, elle pourra en être un jour; et voilà pourquoi elle descend à la tribune, au risque d'y être lapidée.

Que dire de l'ancienne Quotidienne, journal éminemment clérical et catholique, qui, déguisé aujourd'hui sous le nom de l'Union, se rit de notre amendement, parce qu'il y était question de la foi, de la philosophie, et de la Trinité? Hélas! ce journal peut se mettre à couvert derrière les prélats de l'Assemblée! Nous ne pourrions pas affirmer qu'ils aient ri au nom de la Trinité, mais ils ont laissé rire sans protester.

L'Ère nouvelle, autre feuille religieuse, se tient dans une prudente réserve. Elle allègue le bruit. pour ne pas s'expliquer sur le fond des choses. Vrai-ment y a-t-il encore des théologiens catholiques? Voilà un journal fondé au nom d'un prédicateur célèbre; et ce journal n'a pas un avis quand il s'agit d'appliquer le dogme fondamental du Christianisme à la constitution des États!

J'ai déjà répondu au Bien public, fondé par M. de Lamartine, que ce peuple d'ouvriers et de prolétaires auquel il renvoie ma théorie mystagogique, comprendra la vérité avant que ses rédacteurs et ses patrons la comprennent L'Écriture dit: Celui qui s'élève sera abaissé, et celui qui s'humilie sera élevé. L'Évangile dit aussi, flétrissant les superbes : Bienheureux les humbles et les pauvres d'esprit!

L'Assemblée nationale, parlant de son Sosie, la véritable Assemblée nationale, raconte que cette der

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