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autre grande affaire du même jour fut celle de diminution du prix du pain. M. Legrand de Sai Réné, membre du comité des subsistances, vint proposer à l'assemblée. Il exposa que le peup malheureux par l'interruption du travail, la mandait avec instance. Il annonça des mouveme des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau. observa que les grains du gouvernement venai de l'étranger, qu'on en avait à peu près pour de mois. Il observa que cette diminution ne pouv influer sur le prix des marchés, puisqu'on n'y p tait pas. Ce qu'il dit de plus raisonnable pour a toriser cette diminution, c'est que partie de grains et farines avaient été avariés, le pain qui résultait était très-médiocrement bon; le peu

livres; en le donnant à 14 sous et demi, le go nement perdait donc deux sous pour quatre 1 ce qui fait, relativement à la consommati Paris, environ 18,000 livres de perte par Ensuite on ne devait pas ignorer le compt M. Necker avait rendu à l'Assemblée national soins le roi et le ministre avaient pris pou que

venir, à grands frais, des grains et des farin l'étranger. M. Legrand de Saint-Réné ne se pas permis d'offrir cette incertitude et cette op s'il avait été instruit. Mais tous les esprits, m tens avec raison de l'ancien gouvernement, é portés à l'accuser sur tout. D'ailleurs les m despotisme et d'ancien régime ornaient alo discours, et par-là on était sûr de plaire au p

et de faire effet dans une assemblée. Ce moyen a été employé bien des fois depuis la révolution; il n'est pas usé et il dure encore.

Cette proposition était déplacée, en droit, parce que nous disposions de ce qui ne nous appartenait pas; en principe, parce qu'il ne suffit pas de considérer si les marchés sont vides, et le blé par conséquent sans prix; il faut voir que vous faites refluer chez vous tous vos voisins qui viennent acheter un pain qu'on leur vend plus cher ailleurs; il faut voir que vous éloignez le marchand, jusqu'à ce que l'effet du commerce et de l'abondance ait ramené la denrée au-dessous du prix que vous avez fixé. Vous vous exposez à la famine dont la cherté seule peut vous défendre. Cette proposition n'était pas meilleure dans la forme; elle avait été arrêtée dans le comité, en mon absence, et sans que ni moi, ni la totalité des membres, en eussions été prévenus. M. Boucher, un des membres du comité, vint faire l'observation et de mon absence et du défaut du vœu de tous les membres du comité.

On peut dire, avec vérité, que cette détermination était trop importante, pour que le projet n'en eût pas été communiqué au chef de la municipalité. On répondit que, loin de désapprouver cette proposition, M. le maire, qui avait déjà manifesté des intentions paternelles à l'égard de la diminution demandée, y applaudirait sans doute. On avait raison, j'aurais approuvé, et j'ai signé

traînent toujours de très-grands embarras. M.] cher fut le seul membre du comité qui ne signa Cette réduction d'un sou coûtait environ neuf livres par jour au gouvernement, ce qui, ajouté à la perte ordinaire, faisait vingt-cinq à tr mille livres. Voilà les sacrifices que faisaient le et M. Necker, pour ménager la tranquillité pu que et assurer la subsistance des habitans de Pa

Le curé de Saint-Eustache est venu averti

danger que courait l'abbesse de Montmartre et monastère; plus de vingt mille personnes s'y éta portées, demandaient les armes qui y étaient chées, et accusaient l'abbesse, madame de M morency-Laval, de trahison. On y a envoyé s le-champ M. de Leutre et deux gardes de la Vi

pour essayer de les ramener par la persuasion; on ne disposait pas alors d'une force obéissante et mobile que l'on pût porter, au besoin, où il y avait du désordre.

A la Comédie française, la toile levée, M. Dazincourt vint prévenir le public que le produit des deux premières représentations serait versé dans la caisse du bureau des subsistances ( c'est-à-dire pour les pauvres ouvriers); le produit de la troisième pour les gardes-françaises. Les gardes-françaises refusèrent et ils firent bien, ils prièrent les comédiens de disposer de la somme en faveur des infortunés.

Mercredi 22 juillet. - Ce jour fut une journée d'atrocité et de deuil. A cinq heures du matin on amena à l'Hôtel - de - Ville M. Foulon (1). Il

(1) « M. Foulon, qui devait remplir la place de directeur du département de la guerre, sous le ministère du maréchal de Broglie, avait disparu à l'époque de la retraite des nouveaux ministres ; on avait même fait courir le bruit de sa mort; et la pompe extraordinaire avec laquelle un de ses domestiques fut enterré, à cette même époque, avait accrédité ce bruit. Malheureusement pour lui, on découvrit qu'il s'était réfugié à Viry, terre appartenant à M. de Sartines, son ami, et située dans les environs de Paris. Les précautions qu'il prenait pour se cacher le rendirent suspect, et devinrent bientôt la nouvelle du village. Les paysans d'une de ses terres, peu éloignée de Viry, allèrent demander une escorte aux Parisiens, pour l'arrêter et le conduire dans la capitale. Ils arrivèrent en grand nombre à Viry, le 22 juillet, à quatre heures du matin, et trouvèrent M. Foulon déjà levé et se promenant seul dans le parc. Ils se précipitèrent sur lui avec fureur, et, après lui avoir fait éprouver toutes sortes d'outrages et de mauvais

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