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›› son gouverneur a mise en un instant au pou» voir du peuple, dont la bravoure s'est irritée >> par une parole d'honneur trahie.

» Cet acte, qui est la meilleure preuve qu'une >> nation qui sait le mieux obéir est avide de sa >> juste liberté, a été suivi des traits que les mal>>heurs publics avaient pu présager.

>>

» C'est aux représentans de cette même nation » à dire à ce roi que le ciel a destiné à êtr » adoré de son peuple, que c'est par la douceu » qu'il doit régner, et qu'il est temps que cett >> belle nation cesse d'être traitée comme si ell >> était coupable. >>

On a appris que le régiment de Vintimille s'étai avancé jusqu'à la Chapelle; mais l'inquiétude ne s

pas d'abord, et on lexamina pour decouvrir n'était pas de ces porteurs de nouvelles pour tr

bler et agiter les esprits par la crainte ou l'espérance. On lui objecta que les passages étai fermés. Il dit que, s'étant jeté dans un cabriolet poste en sortant de l'Assemblée et du spectacle bonheur dont il avait été témoin, il était ven Sèvres où il avait été arrêté. Le passage lui a obstinément refusé. Enfin, il a trouvé le moyen traverser la rivière en batelet, et, toujours en co rant, il est venu à pied depuis le bord de la rivi jusqu'à l'Hôtel-de-Ville. Ce particulier se nomm Charles-Joseph Piquet, négociant; et comme il marqua lui-même les soupçons que sa nouve faisait naître, il demanda à rester en otage, et

effet il fut gardé à l'Hôtel-de-Ville; mais bientôt M. de Villette vint confirmer la nouvelle, et M. l'Avenue, député du Bazas à l'Assemblée nationale, en apportant une confirmation complète, vint annoncer l'arrivée de la députation. Il dit aux électeurs <<< qu'il avait désiré les prévenir autant » pour apporter la paix et le bonheur à Paris » quelques momens plus tôt, que pour donner à » l'Hôtel-de-Ville le temps de n'être pas surpris » par une députation nombreuse, inattendue, et >> la seule que l'Assemblée aura jamais envoyée à » une municipalité. »

Les électeurs étaient peu nombreux alors, et, dans le trouble qui avait régné jusqu'à ce moment, il était difficile de recevoir dignement la députation; on n'avait, pour ainsi dire, à lui offrir que ce qu'elle apportait elle-même, le spectacle de la paix nouvelle et de la joie inespérée. On ordonna de tirer le canon à l'arrivée de la députation. MM. du Veyrier, de Leutre, l'abbé Fauchet et Legrand de Saint-Réné ont été envoyés au-devant d'elle.

Nous avions traversé les Tuileries; les députés nous trouvèrent sous le vestibule du palais. M. du Veyrier, portant la parole, dit : « Messieurs, nous » sommes députés par l'assemblée des électeurs » pour recevoir les anges de paix que l'Assemblée >> nationale nous envoie ; qu'elle daigne excuser le >> petit nombre et l'extérieur négligé des députés. Le petit nombre prouvait que les autres électeurs étaient chacun à des postes et à des travaux

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plus de joie et de transport. Une foule immens dans les rues, toutes les fenêtres garnies, beaucou d'ordre, et partout un empressement naïf et frand partout des acclamations et des bénédictions su notre passage, des larmes, des cris: Vive la nation vive le roi! vivent les députés! On leur distribua des cocardes nationales rouges, bleues et blanches on se pressait autour d'eux; on leur prenait le mains; on les embrassait. Chacun les nommait ave

(1) La députation était composée de quatre-vingt-quatre membr de l'Assemblée. Parmi eux se trouvaient notamment MM. Bailly La Fayette, Mounier, de Lally-Tollendal, Clermont-Tonnerre Sieyes, La Rochefoucauld-Liancourt, et l'archevêque de Paris. (Note des nouv. édit.)

crois aussi que c'est lui qui est mentionné au Z cès-verbal des électeurs, tom. II, p. 40, non Dubois, et qui, le 16, a rapporté la croix de Sa Louis que le peuple lui avait donnée le mardi au moment de la prise de la Bastille. M. Mo de Saint-Méry lui a donné acte de son offre, r lui a dit qu'il n'avait pas le pouvoir de repren

cette croix.

Nous admirâmes partout cette milice parisien à peine naissante, et qui déjà était une milice servant l'ordre, non avec une contenance exer et de discipline, mais celle de la liberté, et a l'esprit de citoyens qui font la police pour eux. me rappelle qu'en approchant du Pont-Neuf

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