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que de renverser continuellement des établissements élevés avec peine. »

« Il ne faudrait pas à chaque instant alarmer les écoles par des bruits de réforme et d'iustabilité qui découragent les professeurs et les élèves.

9o La religion, base de l'éducation.

« Les enfants ont été livrés à l'oisiveté la plus dangereuse, au vagabondage le plus alarmant; ils sont sans idées de la Divinité, sans notions du juste et de l'injuste'. De là des mœurs farouches et barbares. »

Point d'instruction sans éducation; point d'éducation sans morale, sans religion; celle-ci doit être la base d'un plan d'instruction nationale. »

« Joindre l'enseignement des dogmes à celui de la morale cette séparation a fait échouer en grande partie les pensionnats qu'on avait formés. »

Il est de la plus grande importance que l'enseignement religieux fasse partie de l'éducation, et que les parents puissent espérer que leurs enfants seront élevés dans les principes d'une religion dont la vérité leur est démontrée. »

«Suivre strictement dans les écoles les principes du christianisme; assurer à tous les professeurs la liberté du culte et de l'enseignement religieux; veiller en même temps à ce que les enfants soient préservés des poisons du fanatisme, de l'intolérance et de la superstition.

< La science sans les mœurs n'est qu'une arme dangereuse. »

Certes, le simple exposé que l'on vient de lire présente un ensemble remarquable d'idées justes et fécondes sur l'instruction publique; et il est facile d'y reconnaître des analogies nombreuses avec la constitution actuelle du corps enseignant.

L'Université de France prend donc son origine, et dans le vœu national constamment exprimé, et dans

'Les conseils généraux s'exprimaient ainsi en 1800, et les plaintes alors n'étaient que trop fondées.

le génie de l'homme immortel, à qui il fut donné de détrôner l'anarchie et de recréer l'ordre par sa haute intelligence et sa puissante volonté.

S'il est vrai que l'ordre public soit avec la liberté le premier besoin des sociétés humaines, ce fut une grande et salutaire pensée de constituer au dix-neuvième siècle une corporation civile chargée de l'instruction nationale, et de faire de ce corps, que la nature des choses veut tout à la fois savant, moral et religieux, une haute magistrature, fortement organisée pour agir dans l'intérêt de l'Etat qui l'a créée et qui la soutient, impuissante et vaine pour agir dans un sens contraire.

Nous croyons qu'on ne lira pas sans un vif intérêt ce que Napoléon disait à ce sujet dans les premières instructions qu'il avait données à l'illustre grand-maître auquel il venait de confier les destinées naissantes de l'Université '.

« S. M. a organisé l'Université en un corps, parce qu'un corps ne meurt jamais, et parce qu'il y a transmission d'organisation et d'esprit.

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« Des directeurs, des professeurs de lycées sont des magistrats importants; ils marchent le front levé avec les parents dont ils sont les égaux. Ils n'ont point devant eux une contenance de salariés; ils n'assujettissent point leurs principes aux caprices et à la mode, ils ne sont point obligés à de puériles et fâcheuses condescendances; ils peuvent faire tout le bien qu'ils sont appelés à produire. »

« S. M. a voulu réaliser, dans un Etat de quarante millions d'individus, ce qu'avaient fait Sparte et Athènes, ce que les ordres religieux avaient tenté de nos jours et n'avaient fait qu'imparfaitement, parce qu'ils n'étaient pas un. >>

S. M. veut un corps dont la doctrine soit à l'abri

1 M. de FONTANES, qui sut tout à la fois, comme président du corps législatif, maintenir contre Bonaparte même la dignité de ce corps, et, comme grand-maître, imprimer à l'Université une direction aussi relig gieuse que littéraire et savante.

des petites fièvres de la mode; qui marche toujours quand le gouvernement sommeille; dont l'administration et les statuts deviennent tellement nationaux, qu'on ne puisse jamais se déterminer légèrement à y porter la main.»

» Si ses espérances se réalisent, S. M. veut trouver dans ce corps même une garantie contre les théories pernicieuses et subversives de l'ordre social, dans un sens ou dans un autre. »

« Il y a toujours eu dans les Etats bien organisés un corps destiné à régler les principes de la morale et de la politique. Telles furent l'Université de Paris et la Sorbonne; les universités de Pavie, de Pise et de Padoue; en Allemagne, celles de Goettingue et de Iéna; en Espagne, celle de Salamanque; en Angleterre, celle d'Oxford; chez les Turcs, les corps des Ulemas. Ces corps étant les premiers défenseurs de la morale et des principes de l'Etat, donneront les premiers l'éveil, et seront toujours prêts à résister aux théories dangereuses des esprits qui cherchent à se singulariser et qui, de période en période, renouvellent ces vaines discussions qui, chez tous les peuples, ont si fréquemment tourmenté l'opinion publique. »

Nous n'ajouterons rien à de telles paroles descendues de si haut.

Que l'Université de France poursuive avec courage et persévérance sa noble tâche, qu'elle la remplisse tout entière par le double bienfait de ses doctrines et de ses exemples, elle aura fait assez pour sa gloire et pour le bonheur du pays.

Puisse l'ouvrage que nous publions en ce moment, n'être pas tout à fait inutile à l'accomplissement de ce vœu universitaire et français!

Nous aurons du moins contribué à faire mieux connaître une des plus grandes créations des temps modernes; et mieux connue, sans doute, elle sera mieux jugée, mieux appréciée, cette Université, dont nous n'avons pas craint de dire, il y a vingt-six ans, au milieu

des plus violentes contradictions, que, toujours attaquée, elle irait s'affermissant toujours.

Nous en avons donné les raisons; il nous semble que le temps les a singulièrement fortifiées.

Aujourd'hui que la liberté de l'enseignement, solennellement promise par la charte de 1830 pour tous les degrés de l'instruction publique, franchement et sagement donnée pour l'instruction primaire depuis 1833, semble enfin apparaître, et qu'on peut l'espérer également sage et franche pour l'instruction secondaire, nous le redisons avec plus d'assurance que jamais : ‹ L'Université ira s'affermissant toujours. » La liberté de l'enseignement sera un nouveau et puissant motif de maintenir une institution qui est tout ensemble une grande administration chargée de surveiller, au nom et dans l'intérêt de l'Etat, tous les établissements d'instruction publique, et une vaste corporation spécialement chargée de faire prospérer les établissements nationaux d'instruction et d'éducation.

Ne craignons pas de le dire cette concurrence du libre enseignement a manqué jusqu'ici au développement complet de l'institution universitaire.

Que cette condition essentielle de tout progrès durable soit enfin remplie, que toute satisfaction soit donnée aux familles et à la société, que des rivalités sérieuses et dignes viennent de toutes parts exciter les courages et redoubler les efforts, toute amélioration devient possible, tout perfectionnement est probable. L'Université de France remplira dans toute leur étendue les devoirs que lui imposent les lois du pays, ses statuts particuliers et l'esprit général du dix-neuvième siècle en tout ce qu'il a de fort, de vrai et d'élevé. C'est avec une telle perspective, c'est dans cet espoir que nous publions notre troisième édition du CODE UNIVERSITAIRE.

Ce Code se divise naturellement en deux parties principales:

L'une qui contient les lois, décrets et ordonnances; en un mot, les actes directs de la puissance publique.

L'autre qui renferme les statuts émanés du conseil de l'Université.

La première partie a paru seule au commencement de 1828; nous l'avons revue et complétée.

La seconde partie, conçue sur le même plan que la première, est plus étendue, et cela devait être. Le législateur pose les principes, ils sont précis et peu nombreux. Le pouvoir qui administre déduit les conséquences, les développe et les modifie, comme le demande l'infinie variété des faits et des incidents dont se composent les affaires humaines.

Une seule série de numéros et une seule table des matières par ordre alphabétique faciliteront la recherche des différentes dispositions relatives, soit à l'organisation générale, soit à chaque espèce d'écoles.

Nous avons en outre placé en tête de chaque partie une table chronologique, à l'aide de laquelle on trouvera sur les différentes branches de l'administration et sur les divers genres d'établissements, la série des lois, décrets, ordonnances et règlements qui les ont créés ou modifiés.

Toute cette organisation devant subir l'épreuve d'une discussion solennelle dans le sein des chambres, il nous a paru qu'il convenait d'autant mieux de rassembler avec quelque méthode ces divers éléments, qu'on aurait été peu disposé peut-être à les aller chercher dans les nombreux volumes où ils ont été successivement déposés depuis un demi-siècle, sans autre ordre que celui de leur date. On ne saurait trop éclairer toutes les parties de cette grande question sociale de l'instruction et de l'éducation publique.

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