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1706. Acquisition des manuscrits Bigot, au nombre de quatre cent cinquante.

1708. Envoi, par les missionnaires, de cent quatorze volumes tartares et chinois.

1712. Legs fait au roi par Clément, garde de la bibliothèque, de dix-huit mille portraits, recueillis et classés par ce savant, dans plus de cent portefeuilles.

1715. Acquisition du cabinet de Gaignières, qui produit deux mille huit cent quatre-vingt-seize articles nouveaux, sans compter les doubles.

1717. Acquisition des manuscrits d'Hozier.

18. Mort de l'abbé de Louvois; l'abbé Bignon lui succède, et fait, la même année, l'acquisition des manuscrits de la Marre, au nombre de six cents.

1720. Division de la bibliothèque en quatre départements, savoir : manuscrits, imprimés, titres et généalogies, planches gravées et estampes.

La bibliothèque ne possédait encore qu'un peu plus de sept cents volumes chinois, tartares et indiens. Lorsque l'abbé Bignon fut chargé de l'administration de cet établissement, il y joignit ceux qu'il avait lui-même recueillis, nombre de trois cent cinquante. En

au

1720, la bibliothèque acquit tous ceux qui se trouvaient au séminaire des missions étrangères, au nombre de huit cents; enfin la compagnie des Indes en envoya plus de dix-huit cents en 1723. La même année, les livres du cabinet du Louvre, et ceux qu'avait laissés le savant Dacier, bibliothécaire de ce cabinet, furent transportés à la bibliothèque.

1724. Translation de la bibliothèque à l'hôtel de Nevers, rue Richelieu.

1725. Don fait au roi, par le sieur Morel du Thoisy, d'une collection de pièces fugitives, reliées en six cents volumes.

1728. Acquisition de mille volumes imprimés, provenant du cabinet Col

bert.

La même année, l'abbé Sevin et Michel Fourmont sont envoyés en Orient pour y recueillir des manuscrits et copier des inscriptions. Ils rapportent, au bout de deux ans, six cents volumes, la plupart en langue arménienne.

1729-1737. Envoi de plus de trois cents manuscrits indiens par les missionnaires.

1730-1731. Acquisitions de deux cent quatre manuscrits du chapitre de Saint-Martial de Limoges; des manuscrits du président de Mesme, au nombre de six cents, et du cabinet d'estampes du marquis de Béringhen, consistant en cinq cent soixante-dixneuf volumes, et cent portefeuilles, en tout plus de quatre-vingt mille estampes.

1732. Cette année eut lieu la plus importante acquisition qu'ait jamais faite la bibliothèque royale; c'est celle des manuscrits du cabinet de Colbert, au nombre de près de dix mille, y compris six cent quarante-cinq manuscrits orientaux, et mille manuscrits grecs.

1733. Acquisition de la bibliothèque du sieur de Cangé, composée de six mille volumes, presque tous relatifs à l'histoire littéraire de France.

1734. Envoi, par le comte de Plelo, ambassadeur en Danemark, d'un

choix de sept cents volumes, publiés dans les langues des différents peuples du nord de l'Europe.

1741. Le cabinet des médailles est, conformément à un ordre du régent, en date du 27 mars 1720, réintegré à la bibliothèque royale, dont il forme le cinquième département. La même année, l'abbé Bignon cède sa place à son neveu, qui avait obtenu sa survivance, mais ils meurent tous deux en 1743. Un autre neveu de l'abbé Bignon leur succède.

1756. Acquisition des manuscrits de du Cange et de ceux de l'église de Paris, au nombre d'environ trois cents, la plupart des onzième et dou

zième siècles.

1762. Legs de onze mille volumes, fait par Falconnet.

1765. La bibliothèque léguée aux jésuites, en 1691, par le fameux Huet, évêque d'Avranches, et au roi, dans le cas où ces religieux viendraient à quitter le royaume, est, après l'abolition de leur ordre, réunie à la bibliothèque royale. La collection du savant évêque se composait de plus de huit mille volumes, la plupart enrichis par lui de notes manuscrites.

1766. Acquisition du cabinet Fontanieu, riche surtout en manuscrits, parmi lesquels on remarque plus de soixante mille pièces originales sur

l'histoire de France.

1772. Acquisitions du cabinet de médailles de Pellerin, des estampes de Mariette, de trois cents volumes en langue russe, de quatre cents manuscrits indiens, arabes et persans, et d'un grand nombre de livres chinois, envoyés par le P. Amiot.

D'autres acquisitions non moins importantes furent encore faites peu de temps avant la révolution. Citons seulement celle d'une grande partie des manuscrits et des livres précieux qui composaient la magnifique collection du duc de la Vallière. Le nombre des livres imprimés s'élevait, a la fin du règne de Louis XVI, à cent cinquante-deux mille huit cent soixantehuit.

La révolution, au lieu d'être fu

neste à la bibliothèque royale, fut au contraire pour elle une époque de prospérité (*). D'abord cet établissement, fondé et agrandi par les soins des rois, si l'on veut, mais avec l'argent de la nation et par les donations des citoyens, reçut

(*) « Cependant on lit souvent encore, dans des ouvrages nouveaux, de longues et fréquentes lamentations sur les barbares de cette époque, qui ordonnérent et effectuerent le brulement des titres et chartes, pas sèrent des marchés pour enlever l'écu de France, soit qu'il fût frappé sur les reliures des manuscrits, soit qu'il fût appliqué fois, quant à la bibliothèque nationale, qu'elle ne perdit rien sous le regime des barbares, même lorsqu'elle avait un comédien pour conservateur. Des notes authentiques nous ont aussi appris qu'une réunion de gens de lettres et d'académiciens procéda, par ordre de l'assemblée constituante, au triage des titres qui formaient les différents dépôts nationaux, et que les pièces les plus intéressantes pour l'histoire de France, remplissant sept à huit mille cartons, furent envoyées à la bibliotheque, où elles existent encore. Le choix de cette commission ne fut pas aussi exclusif qu'on pouvait le présumer en raison des circonstances: en effet, elle n'hésita pas à y envoyer aussi plusieurs volumes de blasons, des livres de prieres et d'autres ouvrages dont l'histoire pouvait se passer, et que l'on admire aujourd'hui comme des monuments de la pein ture au moyen åge. La table générale du cabinet des titres et généalogies est la seule perte regrettable que fit la bibliothèque pendant ces temps d'orages politiques. Le comité d'instruction publique de la Convention fit déposer plusieurs pieces historiques ou manuscrits précieux. De ce nombre sont des lettres patentes de Charles IX et de François Ier, un manuscrit des campagnes de Louis XIV, les heures de ce roi, celles d'Anne de Bretagne, et d'autres chefsd'œuvre de peinture. Cet exemple fut suivi daus les départements par les commissaires de la république, qui choisirent dans les monasteres, les monuments les plus précieux pour les envoyer à la bibliothèque nationale. » Extrait d'un article insére par M. A. Champollion-Figeac, dans le Dictionnaire de la conversation et de la lecture, t. VI, p. 103.

sur un feuillet du volume. La vérité est toute

le nom qui lui appartenait, et qu'on n'aurait pas dû lui ôter depuis, celui de BIBLIOTHÈQUE NATIONALE. Ensuite, tous les biens des corporations, tant ecclésiastiques que séculières, ayant été déclarés propriétés nationales, la bibliothèque put choisir dans les collections qui faisaient partie de ces biens, les livres, titres et objets d'arts qu'elle ne possédait pas encore, et qu'il était utile de réunir au centre commun de la science et des lumières. Les bibliothèques des émigrés confisquées, ainsi que leurs autres propriétés, par une mesure que nous n'avons pas besoin de justifier ici, vinrent aussi apporter leur tribut a la bibliothèque nationale. C'est ainsi que cet établissement s'enrichit, en l'an Iv et en l'an v, de près de dix mille manuscrits, provenant de l'abbaye de Saint-Germain des Prés (*), des livres et manuscrits chinois et tartares-mandchoux du cabinet Bertin, des médailles, au nombre de près de vingt mille, de l'abbaye de Sainte-Geneviève, enfin d'un choix des livres et manuscrits renfermés dans les dépôts littéraires, où avaient été transportées les bibliothèques des différents monastères de Paris.

On apporta du dépôt des jésuites cinq mille deux cent deux articles provenant des différentes bibliothèques, savoir:

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bibliothèques d'émigrés, et du dépôt de la rue de Lille, cinq cent soixante-sept articles qui avaient fait partie de la bibliothèque du prince de Condé. Tous ces articles étaient autant d'ouvrages et de collections différen tes, et se composaient d'un grand nombre de volumes.

Tandis que la bibliothèque nationale s'enrichissait ainsi de tout ce que contenaient de plus précieux les collections particulières, le principe de la publicité la plus étendue, appliqué à cet établissement, mettait à la portée de tous les citoyens des richesses jusqu'alors enfouies même pour les savants, ou du moins réservées à un petit nombre d'élus.

« Avant la révolution de 1789, la bibliothèque du roi était un établissement purement privé, mais que la munificence du propriétaire ouvrait, pendant de rares intervalles, à quelques lecteurs privilégiés (*). La révo

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(*) On pourra se faire une idée de la manière dont on comprenait la publicité des collections scientifiques avant la révolution, par le passage suivant d'un mémoire composé par l'abbé Barthélemy sur le cabinet des médailles, et destiné à être adressé à l'asde conservation pour le cabinet, suivant semblée constituante. Le meilleur moyen l'auteur de ce mémoire, « c'est de ne jamais songer à le rendre public. M. de Boze, << mon prédécesseur, ajoute-t-il, s'était fait « une règle très sage de ne montrer que rarement le cabinet, persuadé qu'il ne devait être ouvert que pour les savants qui voulaient y puiser des lumières, pour « des artistes qui venaient y chercher des modèles de goût, pour des étrangers <«< connus et des personnes à qui il était « convenable de donner une grande idée des beautés de la bibliotheque. Après sa « mort, je me laissai entrainer à un zèle de novice, mais je n'ai jamais montré le cabi<< net sans être pénétre de frayeur..... Ajoutons à cette citation curieuse une anecdote qui montrera comment l'abbé Barthelemy, guéri de son zèle de novice comprenait les devoirs d'un conservateur du cabinet des antiques. Pendant son voyage d'Italie, qui d'ailleurs ne fut pas improductif pour la collection dont la garde lui était confiée, l'abbé Barthélemy emporta la clef

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lution changea cet ordre de choses: la suppression des couvents, saisies faites sur les émigrés, cumulèrent dans la bibliothèque une foule de richesses; le dépôt légal de tous les ouvrages imprimés en France fut établi, et la publicité, une publicité sans autres limites que celles des précautions à prendre pour la conservation des objets, fut, pour la première fois, posée en principe et mise à exécution aussitôt qu'adoptée (*). »

C'est ici le lieu de citer la loi du 25 vendémiaire an IV, par laquelle la Convention a doté la bibliothèque de cette constitution qui en a fait, malgré les atteintes que le pouvoir n'a pas cessé depuis de porter à son organisation, le plus grand et le plus libéral des établissements scientifiques du monde.

Loi du 25 vendémiaire an IV (17 octobre 1795), relative à l'organisation de la bibliothèque nationale. « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité d'instruction publique, décrète :

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Art. 1. La place de bibliothécaire de la bibliothèque nationale, est supprimée.

2. Ledit établissement sera désormais administré par un conservatoire composé de huit membres, savoir :

1° Deux conservateurs pour les livres imprimés;

du cabinet, qui resta fermé pendant deux ans, de 1755 à 1757. Voyez l'Histoire du cabinet des médailles, par M. du Mersan, p. 161.

(*) e lettre des conservateurs de la bibliothèque au ministre de l'instruction publique, in-8°, p. 7. Ajoutons que le principe de la publicité, appliqué à la bibliothèque nationale, fut peut-être trop tôt mis en pratique; que cette précipitation, en absorbant les soins et le travail des conservateurs et des employés, ne leur permit pas de classer toutes les richesses que les événements venaient d'accumuler dans cet immense dépôt, et qu'il en est résulté, parmi toutes ces richesses, une confusion dont les suites déplorables se font encore sentir.

2o Trois pour les livres manuscrits; 3° Deux pour les antiques, les médailles et les pierres gravées; 4° Un pour les estampes.

3. Tous les conservateurs auront les mêmes droits et recevront le même traitement, qui sera de six mille livres.

4. Il sera nommé dans le sein du conservatoire, et par les conservateurs eux-mêmes, un directeur temporaire, dont les fonctions se borneront à surveiller l'exécution des règlements et délibérations du conservatoire, qu'il présidera; il correspondra, au nom de tous les conservateurs, avec le pouvoir exécutif, pour les affaires générales qui intéressent la bibliothèque nationale.

5. Le directeur sera renouvelé tous les ans; néanmoins, il pourra être continué, mais pour une année seule. ment.

6. Les attributions annuelles, décrétées pour l'établissement, seront remises en masse à un membre du conservatoire nommé par ses collègues, pour être réparties sous sa responsabilité.

7. L'administration des différents dépôts, et tous les détails relatifs à l'organisation particulière du conservatoire, seront l'objet d'un règlement que les conservateurs demeurent chargés de rédiger et de soumettre au pouvoir exécutif.

8. La première nomination des membres du conservatoire sera faite par la Convention nationale, sur la présentation du comité d'instruction publique (*).

9. En cas de vacance d'une place de conservateur par mort, démission ou autrement, le conservatoire nommera

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le savant ou homme de lettres qu'il jugera le plus propre à remplir la place

vacante.

10. Le conservatoire nommera aux autres places de l'établissement, sur la présentation du conservateur dans la partie duquel les places serout va

cantes.

11. Il sera affecté, sur les fonds de la trésorerie nationale, une somme de cent quatre-vingt-douze mille livres, tant pour le traitement des conservateurs et des employés, que pour les dépenses et augmentations de la bibliothèque.

Cependant la bibliothèque nationale ne s'enrichissait pas seulement des trésors épars sur le sol de la patrie. Nos généraux, partout victorieux, se faisaient payer en objets d'arts et en manuscrits précieux les victoires qu'ils remportaient sur les ennemis de la France et de la liberté des peuples. Ces objets, expédiés à Paris, venaient se classer dans nos grands dépôts; et la France rendait aussitôt au monde entier, par une publicité jusqu'alors inouïe dans les fastes de la science et des arts, ce qu'elle avait gagné sur quelques rois avec le sang de ses enfants. C'est ainsi que les manuscrits de la Belgique, un choix de ceux du Vatican, de la bibliothèque de SaintMarc, et de celles de Vienne, de Munich, et des autres villes de l'Allemagne les pierres gravées du pape; le trésor de Notre-Dame de Lorette, et une foule de monuments enfouis dans les différents dépôts de l'Italie, vinrent successivement compléter nos collections, fréquentées alors, comme aujourd'hui, par les savants et les artistes de toute l'Europe.

La plus grande partie de ces richesses nous furent ravies en 1815; mais leur séjour à Paris n'avait point été inutile à la science. Les savants avaient pu consulter librement des manuscrits précieux, tenus jusqu'alors sous le scellé de l'égoïsme et de la défiance, et publier des éditions plus complètes, et surtout plus correctes, des chefsd'oeuvre des littératures classiques. Et, lorsque les rois nous eurent repris

ces trophées dont nous faisions un si noble usage, ils furent forcés par l'opinion publique de suivre l'exemple que nous leur avions donné, et de les livrer, à leur tour, à la publicité.

De l'an vi à l'an x, les principales acquisitions que fit la bibliothèque nationale furent: une collection de pièces sur la jurisprudence de la chambre des comptes, donnée par Blavette; de nombreux volumes tirés des dépôts littéraires, et d'autres envoyés par la commission du triage des titres; vingt et un volumes provenant du savant Huet; les mémoires originaux de mademoiselle de Montpensier; les manuscrits autographes de Bossuet, Winkelmann, Pacott, Cointraux Dupuy, Sainte-Palaye, dom Poirier; des lettres de Voltaire; enfin des chartes, cartulaires, et autres pièces curieuses choisies dans les bibliothèques des départements.

En l'an VIII, la mort de Barthélemy de Courçay priva la bibliothèque de l'un de ses conservateurs les plus distingués. Ce savant fut remplacé par Gossellin.

En l'an IX, Dacier fut nommé conservateur des manuscrits en langues modernes, et Chezy fut employé aux manuscrits orientaux.

La bibliotheque fit, en l'an x1, plusieurs acquistions importantes. Nous devons citer entre autres les manuscrits de l'abbaye de Corbie; ceux de Sainte-Corneille, de Compiègne; la correspondance de l'abbé Bosquillon; et le recueil des chansons historiques depuis 1380 jusqu'en 1747, formé par le comte de Maurepas.

Un vol considérable priva, en l'an XII, le cabinet des médailles de plusieurs objets d'une grande valeur. La même année, Napoléon, aevenu empereur, voulut transporter au Louvre la bibliothèque; mais on fut forcé d'abandonner ce projet, après un examen attentif des localités. Des sommes considérables, allouées par le gouvernement, donnèrent alors les moyens d'acquérir les principaux ouvrages publiés depuis 1785, et qui n'avaient point été déposés. C'est aussi à la même

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