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vers M. de Beurnonville que lui-même ne l'avait été à l'égard de l'empereur. Le comte d'Artois, en sa qualité de lieutenant général du royaume, le nomma conseiller d'État; plus tard le roi le fit ministre d'État, pair de France, commandeur de l'ordre de saint Louis, et confirma son titre de grand-croix de la Légion d'honneur. Quand Napoléon revint de l'île d'Elbe, M. de Beurnonville ne se crut en sûreté ni à Paris, ni en France; il passa en Belgique, d'où il ne revint qu'après les désastres de l'armée française, à la suite des armées ennemies. De nouvelles faveurs attendaient M. de Beurnonville à son retour dans sa patrie. Il fut nommé membre du conseil privé du roi, puis président du collège électoral de la Moselle, puis encore président de la commission destinée par le duc de Feltre à épurer l'armée, et enfin maréchal de France. Il est mort le 23 avril 1821, comblé des faveurs de la restauration, à laquelle certes il ne songeait guère avant le 31 mars 1814.

BEURRIER (Louis), célestin, né à Chartres, mort le 8 avril 1645; a publié une Histoire des fondateurs et réformateurs des ordres religieux, Paris, 1638, in-4°, et une Histoire du monastère des Célestins de Paris, 1634, in-4°. Le premier de ces ouvrages est fort rare.

BEURRIER (Vincent-Toussaint), né à Vannes le 1er novembre 1715, tient une place distinguée parmi les missionnaires français du dix-huitième siècle. On a de lui des conférences ecclésiastiques, qui ont obtenu un grand succès à l'époque où elles ont paru. Toutefois, on lui reproche d'avoir combattu, dans cet ouvrage, la tolérance religieuse. Il est mort à Blois en 1782.

BEUVRON, terre et seigneurie de Normandie, à vingt kilomètres nord de Lizieux; érigée en marquisat en 1593. BEUZEVILLE-sur-le-Vay, terre et seigneurie de Normandie, à cinq kilomètres nord-est de Carentan; érigée en comté en 1719.

BEVY (Dom Charles-Joseph), bénédictin de la congrégation de SaintMaur, naquit, en 1738, à Saint-Hi

laire, près Orléans. Nommé historiographe du roi pour la Flandre et le Hainaut, il passa toute sa vie à faire des recherches sur la maison royale de France et sur la noblesse de l'Europe. Il a publié une Histoire curieuse et fort estimée des inaugurations des rois, des empereurs et des autres souverains de l'univers (Paris, 1776, in-8°). A l'époque de la révolution, il se retira en Angleterre, où il fit imprimer son Histoire de la noblesse héréditaire et successive des Gaulois, des Français et des autres peuples de Europe, 1791, in-4°. Cette histoire devait être complétée par un Dictionnaire alphabétique et chronologique composé de plus de cent vingt mille noms de nobles, tant français qu'étrangers, qui ont servi en France, depuis Philippe de Valois, en 1358, jusqu'en 1515, époque des anoblissements par argent. Bévy avait recueilli les matériaux de cet ouvrage dans les archives de la cour des comptes, dont il avait eu la garde pendant dix ans. Mais quatre cents exemplaires de son Histoire de la noblesse, qu'il avait expédiés en France en 1797, ayant été saisis et brûlés par ordre du gouvernement, cette perte le découragea, et il renonça à la publication de son dictionnaire. Pendant son séjour en Angleterre, il fut nommé membre de la Société royale, et chargé de mettre en ordre les papiers d'État. Il rentra en France en 1802; mais ses opinions politiques lui attirèrent quelques désagréments, et le forcèrent à s'exiler de nouveau. Toutefois il ne tarda pas à revenir, et fut nommé, à la restauration, aumônier et bibliothécaire du ministère de la guerre. Il mourut à Paris en 1830. Outre les ouvrages que nous avons cités, on a encore de lui un Mémoire sur huit grands chemins militaires construits par Marcus Vipsanius Agrippa, qui conduisaient de Baray, capitale des Nerviens, aux principales villes de la seconde Belgique, publié dans le recueil de l'académie de Bruxelles, et une dissertation intitulée: Unique origine des rois de France, tous issus d'une même

dynastie, etc., Paris, 1814, in-8°. BEXON (Gabriel - Léopold - CharlesAmé), grand chantre de la Sainte-Chapelle, naquit à Remiremont (Vosges) en 1748, et mourut à Paris en 1784. On a de lui, outre quelques ouvrages sur l'agriculture et l'histoire naturelle, une histoire de Lorraine, dont le premier volume, in-8°, 1777, a seul été publié. On trouve, dans le Conservateur, par François de Neufchâteau, vingt-cinq lettres adressées, par Buffon, à l'abbé Bexon, qui avait été l'un des collaborateurs de l'Histoire naturelle.

BEXON (Scipion-Jérôme), jurisconsulte, frère de l'abbé Bexon, naquit à Remiremont en 1753. Il fut, en 1787, un des commissaires élus pour rédiger les cahiers du bailliage de cette ville. Il vint ensuite à Paris, où il fut employé successivement dans diverses fonctions judiciaires. Elu président du tribunal criminel de la Seine en 1796, il se livra à des études dont les résultats publiés lui ont mérité une place distinguée parmi les criminalistes. A la réorganisation de l'ordre judiciaire en 1800, il fut nommé vice-président du tribunal de première instance de Paris. Il fit, à l'académie de législation, un cours de droit criminel, qui fut imprimé dans les annales de cette société. Sa constante opposition à tout acte arbitraire le fit destituer en mars 1808; depuis cette époque, il n'exerça plus de fonctions publiques; mais il se fit, comme avocat, la réputation la plus honorable. Il mourut à Chaillot, près Paris, en 1822. Savant jurisconsulte, il a publié, sur la législation, des ouvrages fort estimés, dont les principaux sont: Journal de la justice civile, criminelle, commerciale et militaire, 1796; Mémoire adressé au gouvernement français, sur la forme de la procédure par jurés, et sur l'utilité d'un tribunal de correction paternelle, 1799; Parallèle des lois pénales de l'Angleterre et de la France, et considérations sur les moyens de rendre celles-ci plus utiles, 1800; Développement de la théorie des lois criminelles. Ce dernier ouvrage, offert par l'auteur au Corps législatif, en

1802, lui mérita les suffrages les plus 'flatteurs. Il reçut la grande médaille d'or de l'académie de Berlin, et fut chargé, en 1806, par le roi de Bavière, de rédiger un code criminel pour ses États. On a encore de Bexon: Application de la théorie de la législation pénale, ou Code de la sûreté publique et particulière; Du pouvoir judiciaire en France, et de son inamovibilité; De la liberté de la presse, et des moyens d'en prévenir et d'en réprimer les abus.

BEYS (Charles de), poëte français, fort à la mode au commencement du dix-septième siècle, naquit à Paris en 1610, et y mourut en 1659. Outre quelques poésies, et, entre autres, un poëme à la louange de Louis XIII, de Beys avait composé des comédies, dont les principales sont : Céline, ou les frères rivaux; les Fous illustres; l'Hopital des fous; le Jaloux sans sujet, et l'Amour libéral. Scarron, qui avait été son éleve, lui a adressé une épître où il le compare à Malherbe. Cette pièce finit ainsi :.

Quant à moi, Beys, je te jure
Que mes yeux, de lire goulus,"
De tes vers déjà deux fois lus
Ne pouvoient quitter la lecture;
Et je ne te saurois cacher
(Ce n'est pas pour le reprocher)
Qu'aux dépens de mes deux prunelles,
Ton livre où l'on voit tant de feu,
Qui te coûte à faire si peu,'
Me coûte à lire six chandelles.
Je puis donc dire que le jeu,
En dépit du proverbe, autrement de l'adage,
Valait bien la chandelle et même davantage.

BEYS (Gilles), célèbre imprimeur de la fin du seizième siècle, est connu pour avoir, le premier, employé dans ses éditions les consonnes jet v, que Ramus, dans sa grammaire latine, dont la première édition parut en 1557, avait déjà distinguées des voyelles i et u. Beys mourut à Paris le 19 avril 1593.

BEYSSER (Jean-Michel), né à Ribauvillers, en Alsace, avait été employé dans les Indes orientales, comme chirurgien- major. Il entra plus tard au service de la Hollande, comme capitaine, et ne revint en France qu'à l'époque de la révolution. Son courage lui valut un avancement rapide; à la tête des dragons de Lorient, dont il

était major, il dissipa les premiers rassemblements d'insurgés en 1791. De venu général de brigade, il se distingua dans les guerres de la Vendée, repoussa les Vendéens sous les murs de Nantes, et remporta plusieurs autres avantages qui ne le sauvèrent pas de la proscription. Denoncé par Hérault-de-Séchelles, pour s'être prononcé contre le 31 mai 1791, il fut mis hors la loi. Rendu plus tard à ses fonctions, il donna de nouvelles preuves de courage et de patriotisme, et repoussa l'ennemi sur plusieurs points; mais, blessé lui-même dangereuse ment dans une affaire, il fut contraint à battre en retraite. On attribua cette défaite à la trahison, et cette affaire ayant été rattachée à celle d'Hébert et de Ronsin, il fut condamné à mort, et monta sur l'échafaud, en chantant des couplets qu'il avait composés dans sa prison. Il n'avait pas quarante ans.

BEYTZ (Joseph-François de) naquit à Bruges, et fut successivement substitut du procureur général du conseil de la Flandre autrichienne, puis conseiller-pensionnaire et greffier en chef du magistrat de la ville de Bruges. Après la reunion de la Belgique à la France, il fut élu, par le département de la Lys, membre du conseil des CinqCents. Le 3 juillet 1796, il fit un tableau mensonger des effets produits par la terreur dans le Haut et le Bas-Rhin, d'où trente mille individus, disait-il, étaient sortis pour se réfugier dans la forêt Noire, et n'avaient pu rentrer dans les délais prescrits; quelques jours après, il combattit le projet d'exclure les ci-devant nobles des fonctions publiques; il proposa ensuite de former une garde départementale pour le Corps législatif, et de mettre les grenadiers de la garde à la disposition du Directoire; il accusa aussi le ministre de la police, Duval, d'avoir fait arrêter un grand nombre de citoyens. Au 18 brumaire, Beytz, soupçonné d'avoir voulu s'opposer à l'usurpation militaire, fut d'abord proscrit; mais étant parvenu à se justifier de cette accusation de patriotisme, il fut relevé de sa mise en surveillance, nommé préfet de Loir-et-Cher, puis commis

saire du gouvernement auprès du tribunal d'appel de Bruxelles. En 1804, il obtint la croix de la Légion d'honneur et la place d'inspecteur général des écoles de droit de Bruxelles, de Strasbourg et de Coblentz. Il devint, en 1810, procureur géneral près la cour impériale de la Have; puis, six mois après, premier président de celle de Bruxelles. Il exerca cet emploi jusqu'en 1814, époque où il rentra dans la vie privée. Il mourut en 1832, après avoir pris, comme député au congrès de la Belgique, une part active aux événements qui suivirent la révolution de ce pays.

BEZARD (François-Simon), nommé, en 1792, député à la Convention nationale par le département de l'Oise, se rangea parmi les montagnards, et vota la mort de Louis XVI et l'exécution dans le plus bref délai. Le 11 février 1794, il fit une motion pour faire réhabiliter la mémoire de Calas. Nommé ensuite au comité de législation, il fit décréter au nom de ce comité que les jugements rendus contre les prêtres réfractaires seraient exécutables sans appel. Le 6 mars, il fut élu secrétaire et demanda la confiscation des biens des prêtres bannis ou déportés. Apres le 9 thermidor, envoyé en mission dans la Vendée, il s'y conduisit avec modération et justice. Passé au Conseil des Cinq-Cents, il demanda que le droit de remplacer les juges fût conféré au Directoire; il fit ensuite rayer les soixante-treize députés girondins de la liste des émigrés, et décreter l'impression et l'envoi aux départements du discours prononcé par le président Treilhard, à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Louis XVI. La même année, il vota contre le rétablissement de la loterie et contre la rentrée des émigrés. Sorti du Conseil vers cette époque, il fut nommé substitut du commissaire du Directoire près le tribunal de cassation. Reélu au Conseil des Cinq-Cents l'année suivante, il se montra partisan du coup d'Etat du 18 brumaire, et entra ensuite au Tribunat, dont il devint secrétaire en 1800. Il en sortit en 1802,

et fut nommé procureur impérial près le tribunal civil de Fontainebleau, et, en 1811, conseiller à la cour impériale d'Amiens, fonctions qu'il remplit jusqu'en 1814; à cette époque, il fut exilé par la loi portée contre les votants.

BÈZE (Théodore de), né à Vezeiai, le 24 juin 1519, est un des hommes les plus célèbres qu'ait produits le calvinisme. Il fut, à Genève, le successeur de Calvin, et, en France, l'un des principaux promoteurs de la réforme littéraire du seizième siècle; il se rattache, d'ailleurs, à notre histoire par le colloque de Poissy, par ses ambassades et par ses prédications, qui eurent la plus grande influence sur la propagation du calvinisme en France.

Théodore de Bèze montra de bonne heure les plus heureuses dispositions. A l'âge de neuf ans, il fut envoyé à l'université d'Orléans, puis il passa à celle de Bourges, afin de suivre les cours de Melchior Wolmar, savant hel léniste allemand, l'un des premiers qui eussent apporté en France les doctrines de Luther. Jusqu'à l'âge de dix-sept ans, de Bèze resta sous sa direction; et s'il dut aux leçons de ce maître une connaissance approfondie des littératures grecque et latine, il puisa aussi dans ses instructions l'amour de ces nouvelles doctrines, dont il devait être un jour l'un des apôtres les plus célèbres. Après avoir terminé, à Orléans, ses études de droit, il vint à Paris, en 1539, et s'y livra à la culture des lettres. C'est alors qu'il composa ces poésies latines qu'il réunit dans la suite et publia sous le titre de Juvenilia. Les plaisirs de la grande ville, la fréquentation des beaux-esprits et des poëtes, lui avaient fait oublier le luthé rianisme. Éloigné de ses coreligionnaires proscrits et persécutés, il s'abstenait de prendre part aux affaires religieuses. Entraîné par le mouvement qui se faisait alors dans la littérature, il ne s'occupait que des lettres. « Il faisoit partie, dit Pasquier, de cette grande compagnie qui mit la main à la plume sous le roi Henri II. Sève, Pelletier et lui, composèrent l'avant-garde de cette guerre que l'on

entreprit contre l'ignorance, et furent les avant-coureurs de Ronsard et des autres poëtes. » Mais, en 1548, une maladie serieuse ramena son esprit vers les idées religieuses, et lui rappela la promesse qu'il avait faite à Dieu d'abjurer les doctrines de la papauté; alors il se retira à Genève et y embrassa la religion réformée. Il fut aussitôt nommé professeur de langue grecque à l'académie de Lausanne. Il occupa cette chaire pendant dix ans. Ce fut pendant son séjour à Lausanne qu'il publia son traité De hæreticis à civili magistratu puniendis, composé dans le but de justifier le supplice de Servet, brûlé, en 1553, par le sénat de Genève. « Bèze, dit M. de Barante, plaide, dans ce livre, avec d'assez mauvais arguments la cause de l'intolérance; mais il est curieux de voir comment il établit et soutient cette doctrine. Il paraît qu'effrayés eux-mêmes du progrès que faisait l'esprit d'examen qu'ils avaient introduit dans les matières de religion, les réformateurs s'efforçaient, de tout leur pouvoir, de lui prescrire des bornes. Tout ce qu'ils n'avaient pas attaqué, ils voulurent qu'on le regardât comme inviolable. Elever une question nouvelle, c'était menacer l'Église et la religion d'une subversion totale; c'était détruire les choses indispensables au salut pour mettre la religion et l'Église à l'abri de ces dangers, les princes et les magistrats ne pouvaient déployer assez de sévérité et de supplices contre les novateurs (*), parce que aucune entreprise ne trouble autant le repos des sociétés que l'hérésie et l'irréligion. Les exemples tirés de l'Écriture, les textes de saint Paul, les constitutions de quelques empereurs romains, sont cités pour établir les pouvoirs des puissances civiles contre les hérétiques, et Bèze en tourmente le sens pour qu'ils ne signifient que ce qu'il veut. Du reste, en remet

(*) On sait combien les pays de la Souabe et les anabaptistes de Westphalie furent cruellement traités par les luthériens. Voy. Allemagne, t. II.

tant le glaive aux magistrats civils, en les pressant, au nom de Dieu et de la religion, de s'en servir contre les hérétiques et les amis des nouveautés, il fait de ces magistrats les instruments presque passifs des pasteurs et des théologiens. C'est à ceux-là qu'appartient le jugement de la doctrine, en sorte que l'autorité temporelle a bien le droit de mort contre les hérétiques, mais elle ne peut l'exercer qu'après le jugement. >>

Les opinions de Bèze étaient celles de tous les théologiens de son parti, et l'on ne peut en lire l'analyse sans éprouver un grand étonnement. C'est peut-être ici l'occasion de dire un mot sur le protestantisme que Bèze contribua si puissamment à propager et à maintenir parmi nous. Le protestantisme fut, comme toutes les hérésies, une manifestation philosophique, un effort tenté pour arriver à la vérité, par la raison humaine, obligée de revêtir une forme chrétienne, parce que l'esprit n'était point encore assez fort pour voler de ses propres ailes. Considéré sous ce point de vue (et c'est le seul véritable), le protestantisme fut éminemment incomplet, car il procédait de la liberté, et voulait étouffer le libre examen; il n'est pas moins condamnable, si on le considère comme fait religieux. L'homme, en effet, a bien le droit de réformer des abus dans la discipline de la religion, mais il n'a point celui de toucher aux dogmes que Dieu lui a révélés; si le protestantisme n'a voulu que subtiliser sur des mots, tous ses efforts étaient inutiles. A quoi bon savoir s'il y a infra ou suprapanatio dans la transsubstantiation? Ce qui a ruiné chez nous le protestantisme, c'est son indécision; c'est qu'il se posait à la fois comme doctrine philosophique et comme doctrine religieuse. Au premier titre, il se posait comme l'ami de la liberté et de la raison, tandis qu'au nom des principes religieux, il se montrait tyrannique et oppresseur. Aussi, le peuple ne s'y trompa-t-il point. Il laissa les princes et les nobles, les prêtres et les magistrats, les

savants et les gens de lettres accepter l'hérésie; il attendit patiemment. Mais il n'en fut point ainsi au dix-huitieme siècle : à peine lui eut-on montré les conséquences pratiques de la philosophie, qu'il les accepta avec empressement, et que l'on vit la nation se lever en masse pour réaliser les théories de la raison.

De Bèze publia, en 1556, sa version du Nouveau Testament, qui eut depuis un grand nombre d'éditions. En 1558, il se rendit auprès des princes protestants d'Allemagne, alliés de Henri II, afin de solliciter leur intercession auprès du roi de France, en faveur des huguenots qu'il persécutait. En 1559, il quitta Lausanne et vint se fixer à Genève, où Calvin lui fit obtenir le droit de bourgeoisie, et le fit nommer, peu de temps après, recteur et professeur de théologie à l'Académie. La même année, les calvinistes français le prièrent de se rendre auprès du roi de Navarre ils avaient besoin de la protection d'un seigneur puissant, et Théodore de Bèze réussit à convertir Antoine de Bourbon et sa femme, qui laissèrent prêcher librement le calvinisme à Nerac, y firent bâtir un temple, et, de plus, ordonnèrent la destruction de toutes les églises et de tous les monastères de cette ville. Dès lors, Théodore de Bèze se trouva occuper, dans le mouvement du seizième siècle, la place qui lui convenait : érudit par goût, sachant le monde par sa position, bel esprit par nature, théologien protestant un peu par hasard, mais inébranlable dans sa conviction, il devait être le diplomate de son parti. Il avait fait ses preuves dans ses ambassades d'Allemagne et de Navarre; il devint le négociateur des intérêts religieux et politiques des réformés. En 1561, il assista au colloque de Poissy (voyez ce mot), et vint prêcher à Paris, en 1562. C'est à cette époque qu'il exerça la plus grande influence sur la conduite politique du parti calviniste. Les catholiques l'accusèrent d'avoir été l'instigateur de la conjuration d'Amboise. Ce qui est plus certain, car il en convient lui-même, c'est qu'il cut

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