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Bérulle s'occupa aussi des affaires de l'Etat, et la part qu'il y prit fut honorable pour lui et utile à la France. C'est à lui que l'on dut la première reconciliation de Louis XIII avec sa mère. Nommé, peu de temps après, ambassadeur en Espagne, il y négocia la paix de Mouçon, dont les résultats furent avantageux pour sa patrie. Il fut ensuite envoyé à Rome avec la mission d'obtenir du pape les dispenses nécessaires pour le mariage de Henriette de France avec le prince de Galles. La fermeté qu'il montra dans ses relations avec le saint-siége, son habileté à déjouer les intrigues de l'ambassadeur d'Espagne, intéressé à empêcher le succès de ses démarches, lui firent obtenir, en moins de deux mois, ce qu'on n'espérait avoir qu'après un long délai. Bérulle suivit ensuite la princesse en Angleterre, et fut chargé de rédiger les avis que la reine mère donna à sa fille au moment de son départ. Peu de temps après, Bérulle, alors cardinal, fut promu au rang de ministre d'Etat. Son élévation fit ombrage à Richelieu, qui ne lui pardonna jamais d'avoir conservé, dans les grandeurs, les vertus les plus opposées aux vices dont lui-même faisait parade. Aussi parvint-il bientôt, en l'abreuvant de dégoûts, à le forcer de quitter les affaires. Le cardinal de Bérulle se retira alors au milieu de ses disciples, et y vécut dans la pratique de la vertu la plus austère. Il mourut subitement, le 2 octobre 1629, en célébrant la messe. Le bruit courut que le poison n'était pas étranger à sa mort, et les soupçons se portèrent sur Richelieu. Plusieurs ouvrages contemporains articulent formellement contre le premier ministre cette horrible accusation; mais il y a loin de la haine au crime, et peut-être ne faut-il voir dans ces assertions si odieuses que l'exagération ordinaire de l'esprit de parti. Quoi qu'il en soit, la mort de Bérulle fut une grande perte pour l'Église, et, disons-le, pour la litterature. Car, avec Bérulle, commence cette éloquence de la chaire, passionnée et

modérée tout à la fois, que Bossuet devait porter si haut. Le cardinal du Perron dit quelque part: «S'agit-il de « convertir les bérétiques, amenez mon« sieur de Genève (François de Sales); « mais si vous voulez les convaincre et « les convertir, adressez-vous à M. de « Bérulle. » C'est qu'en effet, à des convictions profondes il savait allier un langage onctueux et mesuré. Ses sermons méritent encore aujourd'hui d'être étudiés. Sans doute le style en est parfois d'une subtilité poussée souvent jusqu'à l'excès, d'une abstraction, d'une mysticité d'expressions qui répond à celle des pensées; sans doute, le plus souvent les divisions y sont surabondantes et superflues; mais, à côté de ces défauts reels, on remarque une certaine abondance dans les pensées, une grande clarté dans la phrase, une certaine force dans les raisonnements, et de l'énergie dans les termes. Ajoutons que le cardinal de Bérulle se montra constamment le protecteur des gens de lettres et des savants. C'est lui qui engagea Legay à entreprendre sa célèbre Bible polyglotte, et qui y fit insérer le Pentateuque samaritain, d'après le manuscrit du P. de Sancy. Descartes trouva aussi en lui un protecteur et l'un des premiers appréciateurs de sa philosophie.

Les ouvrages du cardinal de Bérulle ont été plusieurs fois réimprimés pendant sa vie. Après sa mort, ses disciples les réunirent et les publièrent en 2 vol. in-fol., en 1644, et en 1 vol., en 1657. Nous nous contenterons de citer, parmi les auteurs qui ont écrit sa vie, l'abbé de Cerisi, de l'Académie française; Dani d'Attichy, depuis évêque d'Autun; l'abbé Gouget, dont le livre fut supprimé par la censure; et enfin le cardinal de Richelieu lui-même, dont l'ouvrage, resté manuscrit, laisse percer, à chaque instant, l'animosité et la haine. Bossuet éprouvait, pour le vénérable fondateur de l'Oratoire, des sentiments bien différents. On trouve en effet, dans son Oraison funèbre du P. Bourgoing, une juste et noble appréciation des vertus et du caractère de Bérulle.

BERVIC (Jean Guillaume Balvay, dit), célèbre graveur, naquit à Paris, le 23 mai 1756. Il étudia les principes de son art sous George Wille, dont le talent sévère se faisait remarquer à cette époque de décadence. C'est aux leçons de cet habile maître que Bervic dut cette sévérité de goût, cette pureté de burin, qui firent sa réputation. Le goût des peintres de l'époque était détestable; ils dessinaient sans modèle et s'abandonnaient à une manière fausse et affectée; les graveurs avaient jusqu'alors copié, en exagé rant leurs défauts, les œuvres de ces maîtres maniérés. Bervic s'attacha aux idées régénératrices de l'école de Vien et de David, et opéra, par la sévérité de son dessin, une véritable révolution dans l'art de la gravure. Le Portrait de Louis XVI, gravé en 1790, est une de ses planches s plus belles. Ses autres œuvres les plus remarquables sont un Saint Jean dans le désert, d'après Raphaël, gravé pour le musée de Florence; l'Education d'Achille, de Regnault; l'Enlèvement de Déjanire, du Guide, qui obtint, en 1810, le grand prix décennal; le Laocoon, etc. Cet artiste mourut le 23 mars 1822; il était membre de l'Institut, depuis 1803.

BERWICK (Jacques-Fitz-James, due de), était fils naturel de Jacques II, roi d'Angleterre. Sa mère, Arabelle Churchill, était sœur du duc de Marlborough. Il passa sa première jeunesse en France. Quand il fut en âge de porter les armes, il alla servir l'empereur contre les Turcs. Il fit ses premières campagnes en Hongrie sous Charles de Lorraine, général de Léopold Ier. Un an environ avant la révolution qui enleva la couronne à son père, il revint en Angleterre, où il reçut le titre de duc de Berwick. Il accompagna Jacques II dans son expédition contre Guillaume d'Orange, son compétiteur, qui avait été reconnu comme roi d'Angleterre en 1688. En 1689, il fut grièvement blessé dans la guerre d'Irlande. Vers l'année 1692, il se mit au service de la France. Il fit les campagnes de Flandre, sous le maréchal de

Luxembourg, et il assista aux batailles de Steinkerque et de Neerwinden. Il suivit ensuite le maréchal de Villeroi. Ce fut en 1703 qu'il se fit naturaliser Français. En 1704, il commanda pour la première fois l'armée française en Espagne. De là il partit pour met tre un terme à la guerre religieuse qui déchirait alors les provinces du midi de la France. On l'accuse d'avoir montré trop de cruauté dans l'exécu tion des ordres qu'il recevait de Versailles, et de n'avoir point agi avec assez de modération à l'égard des camisards. En 1706, il retourna en Espagne, où il gagna, l'année suivante, la fameuse bataille d'Almanza. Cette victoire rétablit la fortune de Philippe V. En 1708, le maréchal de Berwick commanda tour à tour les armées françaises en Espagne, en Flandre, sur le Rhin et sur la Moselle. Puis, il fut chargé de défendre le Dauphiné. Là, pendant les années 1709, 1710, 1711 et 1712, il sut égaler Catinat et Villars. En 1713, il repartit pour la Catalogne, et pendant cette campagne il prit Barcelone. En 1716, il fut nommé gouverneur militaire de la province de Guienne. En 1718 et 1719, on le vit encore en Espagne faire la guerre à ce même Philippe V qu'il avait défendu autrefois avec tant d'habileté et de courage, et qu'il avait affermi sur le trône. Un fils du maréchal, qui portait le nom de duc de Liria, s'etait attaché à la fortune de Philippe V; Berwick lui écrivit pour l'engager à rester fidèle à un prince qui l'avait comblé de bienfaits. On ne voit reparaître le duc de Berwick à la tête des armées qu'en 1733. Ce fut alors qu'il fut tué par un boulet de canon au siége de Philipsbourg. On dit que Villars s'écria en apprenant cette nouvelle : « J'ai toujours eu raison de dire que cet homme-là était plus heureux que moi. » Le maréchal de Berwick était né le 21 août 1760. Il était froid, impassible, et il se distingua entre tous les généraux de son temps par une extrême prudence. Toutefois, dans l'occasion, il montrait de la vivacité et de l'ardeur, et

il ne manquait ni d'audace ni de promptitude. Parmi les enfants du maréchal, l'un fut la souche des dues de Liria, en Espagne. En France, les héritiers du duc de Berwick portèrent le nom de Fitz-James.

BERVILLE (Saint-Albin), avocat gé néral à la cour royale de Paris, naquit à Amiens, en 1788. Inscrit, en 1816, au tableau des avocats du barreau de Paris, il s'y fit bientôt une grande réputation d'éloquence et de patriotisme; il se distingua surtout par le talent et la chaleur avec lesquels il défendit les patriotes, en butte aux persécutions du pouvoir. C'est lui qui fut chargé de la défense de Courier, en 1821, et de celle de Béranger, en 1822. Les plaidoyers les plus remarquables de M. Berville ont été insérés dans la Collection du barreau français, publiée par M. Pankoucke, et dans les Annales du barreau français de Warrée. Après la révolution de juillet, M. Berville fut nommé avocat général à la cour royale de Paris. Depuis, il a fait partie de la chambre des députés, et s'y est toujours fait remarquer par la modération de ses opinions. M. Berville a contribué à la redaction de plusieurs journaux politiques, et d'un grand nombre de recueils littéraires ou juridiques, tels que la Revue encyclopédique, le Journal de législation et de jurisprudence, le Constitutionnel, etc....Il a publié un éloge de Delille, couronné par l'Académie d'Amiens, en 1817, et un Éloge de Rollin, qui a obtenu, en 1818, le prix d'éloquence à l'Académie française.

BERZE OU BERZIL (Hugues de), poëte français du treizième siècle, est auteur d'un poëme satirique en vers de huit syllabes auquel il donna le ti tre de Bible, à l'exemple de Guyot de Provins, son contemporain, auteur aussi d'un poëme satirique dans le même genre. Berze prit part à l'expédition des Latins contre l'empire grec, et assista à la prise de Constantinople, en 1204. Il revint ensuite en France, et c'est à son retour qu'il composa son poëme. On ne connaît

pas d'autres détails sur sa vie. La Bi ble de Berze, qui se compose de huit cent trente-huit vers, est un tableau plein de verve des mœurs du temps; on y trouve de la vigueur et du nerf, qualités qui ne sont pas communes dans les ouvrages de ce temps. Caylus en a donné l'analyse dans les Mémoires de l'Académie des inscriptions, tome XXI, pag. 191; et Legrand d'Aussy en a fait mention dans les Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque du roi, tom. V, pag. 279.

BESANCON, Vesontio, ville forte de la Franche-Comté, chef-lieu du département du Doubs. L'origine de cette ville est très-ancienne. C'était l'une des cités les plus considérables de la Gaule, lorsque César y fut appelé par les habitants pour repousser les barbares. Sous Auguste, Vesontio devint la capitale de la grande Séquanaise. Aurélien l'embellit de plusieurs monuments dont il reste encore des traces. Pendant tout le temps de la domination romaine, cette ville fut célèbre par ses écoles, qui étaient en grande réputation. Depuis l'époque de l'invasion des barbares, elle suivit les destinées de la Franche-Comté, c'està-dire qu'elle tomba d'abord au pouvoir des Bourguignons; puis, au moyen âge, elle obtint de l'empereur Henri I le titre de ville libre et impériale. Elle passa ensuite successivement sous la domination de l'Empire, de l'Espagne, à la paix de Munster, et enfin de la France, depuis 1678, époque où Louis XIV abolit la forme particulière de son gouvernement. Cette ville fut assiégée, sous le règne de Julien, par les Alemans; en 406, par les Vandales; en 413, par les Bourguignons; en 451, par les Huns; en 1288, par les Impériaux ; en 1335, par le duc de Bourgogne; en 1362 et 1364, par les Anglais; en 1575, par les protestants; en 1668 et en 1674, par Louis XIV, qui la prit; enfin, en 1814 et en 1815, par les alliés, qui ne purent s'en emparer. Des synodes ont été tenus à Besançon en 1495, 1573, 1648. Cette ville est la patrie

des historiens Jean-Jacques et Jules Chifflet, du peintre Courtois, du jurisconsulte et historien Dunod, du jésuite Nonotte, du cardinal Granvelle, de l'académicien Suard, du maréchal Moncey, du général Pajol, de MM. Droz, Ch. Nodier et Victor Hugo.

BESANÇON (prise de), 15 mai 1674. Louis XIV avant résolu de faire la conquête de la Franche-Comté, y fit entrer une armée sous la conduite du duc de Navailles. Après la prise de Gray, Vesoul se rendit à la première sommation. Le général français s'empara ensuite de Lons-le-Saulnier. Dôle et Besançon n'auraient pas tardé à tomber en son pouvoir, si le roi d'Espagne n'eût envoyé le prince de Vaudemont avec des pleins pouvoirs. Ce général fit tous ses efforts pour mettre les deux places dans le meilleur état de défense possible. Louis XVI alors fit partir le duc d'Enghien par la Bourgogne, sous prétexte de régler quelques affaires dans cette province. «Le duc ayant joint, avec une augmentation de troupes, M. de Navailles, marcha à Besançon, qu'il investit le 25 avril. Le roi, qui voulait faire cette conquête en personne, étant parti de Saint-Germain, le 20 de ce mois, avec la reine et toute la cour, arriva le 2 du mois de mai. A son arrivée, il visita tous les dehors de la place, et en ayant examiné les fortifications, il régla avec M. de Vauban, ingénieur en chef, l'attaque de la ville, qui est divisée en haute et basse. La citadelle est située sur un rocher fort escarpé et fort haut, où l'on ne peut aborder que du côté de la ville. La face qui la regarde avait deux bastions environnés d'un bon fossé taillé dans le roc, avec une demi-lune sur la droite et une tour à l'antique sur la gauche. Quoique la citadelle parût imprenable, par sa situation avantageuse, le roi, en l'examinant, reconnut qu'on pouvait la battre par une montagne qui lui était opposée. La difficulte était d'y faire conduire du canon à bras. On en chargea les Suisses, qui en vinrent à bout.

par les soins infatigables de Sa Majesté, qui fit faire ce pénible ouvrag pendant la nuit, à la lueur des fl mbeaux. Le baron de Soye, gouverneur de Besançon, était secondé par le prince de Vaudemont, qui s'y était jeté avec une garnison de trois mille hommes (*). » La tranchée fut ouverte dans la nuit du 6 au 7 mai.

« Les pluies et les neiges continuelles incommodèrent extrêmement les troupes, et retardèrent beaucoup les travaux. Ils se trouvèrent encore fort pénibles, tant par le grand feu des assiégés qu'il fallait essuyer, que par le terrain pierreux et difficile à creuser. D'ailleurs, les assiégés faisaient tous les jours des sorties qui étaient autant de rudes combats. Mais enfin les troupes du roi s'étant logées sur la contrescarpe, la ville se rendit en peu de temps. Les bourgeois furent confirmés dans leurs priviléges, mais la garnison demeura prisonnière de guerre. Le prince de Vaudemont se retira dans la citadelle, qui passait pour imprenable. Les ennemis en avaient achevé les fortifications sur les fondements jetés en 1668. Elle est presque entièrement environnée par la rivière du Doubs, et bâtie sur un roc escarpé. On l'attaqua en plein midi: les soldats, à la faveur du canon qu'on avait mis en batterie sur deux hauteurs plus élevées encore que la citadelle, gagnèrent le haut du rocher en gravissant, et y plantèrent leurs drapeaux. Cette action, des plus hardies qu'on ait jamais vues, intimida tellement les assiégés, qu'ils battirent la chamade sept jours après la reddition de la ville. La garnison sortit avec armes et bagage, et le roi donna des passe - ports au prince de Vaudemont pour aller à Bruxelles (**). »

BESANT, Bysantinus, Bysantium, Bysanteum, Besantum. On appelait ainsi, dans le moyen âge, une espèce

(*) Histoire militaire de Louis XIV, par Quincy, t. I, p. 375.

(**) Histoire de Louis XIV, par Liemiers, t. II, p. 256.

de monnaie qui fut fort usitée, nonseulement en France, mais encore dans toutes les parties de l'ancien monde, pendant les douzième et treizième siècles. Les chartes et les chroniques ne commencent à parler de cette monnaie qu'à la fin du onzième siècle; et son usage ayant à peu près disparu au commencement du quatorzième, on doit en conclure que son origine était orientale; et ce qui confirme cette conclusion, c'est la ressemblance du nom de cette nonnaie avec l'ancien nom de Constantinople, Byzantium. Les besants sont donc des monnaies de Byzance. Si l'on avait besoin d'une autre preuve, on la trouverait dans cette affirmation de Baudry, évêque de Dol (voyez l'art. Balderic ou Baudry): Direxerunt legationem Constantinopolim quæ vocabulo antiquiori Byzantium dicta fuit, unde et adhuc moneta civitatis illius, denarios Byzantinos vocamus. Ainsi l'hypothèse de Budée, qui croyait voir dans le mot besant une corruption du mot pesant, et qui prétendait que ces monnaies avaient emprunté leur nom à leur poids, est inadmissible. Il y avait en Orient des besants d'or et des besants d'argent. Ces derniers, Bysantii albi, furent en circulation dans l'île de Chypre, pendant le treizième siècle; du Cange cite plusieurs chartes qui le prouvent. Mais il ne paraît pas qu'elles aient circulé en Europe; et quoique le mot besant soit rarement employé seul, et qu'on le fasse ordinairement suivre de l'adjectif désignant le métal, by santius aureus, il n'en faut pas moins y voir, même lorsqu'il n'est pas accompagné de cet adjectif, le nom d'une monnaie d'or. On en trouve la preuve dans l'Histoire de Jérusalem de l'abbé Guibert, où on lit: Octo Bysanteorum pretio quos ibi purpuratos vocant. Ce passage est fort important, car il ne montre pas seulement que les besants connus des Occidentaux étaient d'or, mais il prouve encore que cette monnaie n'était autre que les υπέρπυροι des Grecs, nommés par les Latins purpurati ou perprés; que

c'étaient enfin les aurei, ou sous d'or des empereurs. Les besants, comme toutes les monnaies qui, au moyen âge, jouirent de quelque crédit, ne furent bientôt plus fabriqués seule ment par leurs inventeurs. Ils furent copiés par tous les peuples qui eurent quelques relations avec les Grecs. Ainsi, les Sarrasins frappèrent d'abord des besants que les Latins appelèrent besants saracinois. Les Latins suivirent cet exemple; ils rapportèrent d'abord en Europe des perprés des empereurs; et bientôt, encouragés par l'accueil que l'on fit partout à cette monnaie, ils en firent frapper de même nom et de même valeur. On connaît en effet des besants du treizième siècle, qui portent le nom de besants de Malines, Bisantii Melechini (*).

Si l'origine et la nature du besant sont faciles à déterminer, il n'en est pas de même de leur valeur intrinsèque. Tous les textes que nous connaissons semblent se contredire l'un l'autre. Joinville, par exemple, nous apprend que la rançon de saint Louis fut portée à deux cent mille besants, qui, dit-il, valaient bien cinq cent mille livres. A ce taux, un besant aurait valu, en monnaie actuelle, quarantecinq francs quatre-vingt-dix centimes. Maís d'autres textes nous apprennent que le besant était évalué, en 1228, à vingt sous, à huit sous en 1282, et à neuf sous en 1294; ce qui fait, en monnaie actuelle, dix-huit francs, cinq francs dix centimes et six francs. Cette grande différence dans le prix du besant, à des époques si rapprochées, a fait croire à Leblanc que sous le nom de besant on comprenait, au moyen âge, une pièce d'or quelconque. On trouve en effet à cette époque, et même dans l'antiquité, des exemples de confusions semblables. Ainsi nos pères, par le nom de denier, désignaient non-seulement la douzième partie d'un sou, mais quelquefois aussi une espèce indéterminée, et même tous les biens pécuniers d'un individu.

(*) Voyez du Cange, au mot BYSANTINUS.

T. II. 31° Livraison. (DICT. Encycl., etc.)

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