Page images
PDF
EPUB

472

BER

L'UNIVERS.

conseil par un décret du 19 brumaire. A la restauration, il fut forcé de sortir de France; il se retira à Bruxelles, où il mourut en 1819.

BERTRAND DE MOLLEVILLE ( Antoine-François, marquis de), né à Toulouse en 1744, vint à Paris, et y entra de bonne heure dans la carrière de l'administration, sous le ministère du chancelier Maupeou. Il fut d'abord nommé maître des requêtes, puis intendant de la Bretagne; il défendit, en 1775, la mémoire du chancelier Bertrand, attaquée par Condorcet dans son Eloge du chancelier de l'Hôpital, et prit une part active dans les événements politiques, lors de la division qui éclata entre le parlement et le ministère. Chargé, en 1778, comme commissaire du roi, de dissoudre le parle ment de Rennes, il faillit perdre la vie dans une émeute où toute la jeunesse de la ville s'arma pour la défense de ses magistrats. Appelé au ministère de la marine le 4 octobre 1791, il présenta, le 31 du même mois, à l'Assemblée nationale un état des forces navales de la France, et un projet d'améliorations à introduire dans le service des ports et des arsenaux ; mais ses plans ne furent pas adoptés par le comité de marine. Au mois de décembre, le département du Finistère le dénonça à l'Assemblée comme ayant donné des renseignements mensongers sur le nombre des officiers de marine présents, et comme employant des hommes dont les opinions étaient contraires à celle de l'Assemblée dans l'expédition destinée pour Saint-Domingue. Il répondit à ces accusations en calomniant les amis des noirs. Une seconde dénonciation du comité de marine fut pour Bertrand de Molleville le sujet d'une nouvelle défense qui ne parut pas satisfaisante à l'Assemblée il s'agissait des congés accordés aux officiers de marine, qui en profitaient pour émigrer. Bertrand de Molleville fut, par décret de l'Assemblée, dénoncé au roi, qui ne tint aucun compte de cet avertissement. Mais bientôt, sur la prière de ses collègues, le ministre de la marine donna sa dé

BER

mission, et devint le directeur d'une
police secrète chargée de surveiller le
parti républicain, et d'influencer la
garde nationale et les sections. Ces
intrigues furent bientôt découvertes,
et l'ex-ministre fut accusé aux jaco-
bins, par Carra (*), d'être un des
membres du comité autrichien; il porta
plainte devant un juge de paix, et cette
affaire n'eut pas de suite pour lui.
Dans le courant de juin, il présenta à
Louis XVI un plan conçu par un de
ses agents secrets pour accaparer les
tribunes de l'Assemblée. Après la jour-
née du 20 juin, il lui en soumit un
autre pour assurer sa sortie de Paris;
mais une indiscrétion en empêcha l'exé-
cution. Cinq jours après le 10 août.
Bertrand de Molleville fut décrété
d'accusation; il parvint à s'échapper,
et se réfugia en Angleterre, après avoir
couru de grands dangers. Il resta dans
ce pays jusqu'à la restauration, époque
où il rentra en France. Il mourut en
1817. Il avait publié, de 1801 à 1803,
une Histoire de la révolution de
France, en 10 vol. in-8°; et, en 1816,
des Mémoires particuliers pour servir
à l'histoire de la fin du règne de
Louis XVI, en 2 vol. in-8°. Ces deux
ouvrages ne sont remarquables que
d'un bout à l'autre.
par l'esprit de partialité qui y règne

BERTRAND (Edme-Victor), général,
né, le 21 juillet 1769, à Gérédot, dé-
partement de l'Aube, fut nommé ca-
département, fit les campagnes de
pitaine au troisième bataillon de ce
1792 et de 1793 aux armées du Nord:
entra, comme chef de bataillon, dans
la 74° demi-brigade, et se distingua
par une belle défense de la ville du
Cap, à Saint-Domingue. Après son re-
tour en Europe, il assista au siége de
Dantzig, y fut blessé, et y reçut la
décoration de la Légion d'honneur.
Ses services furent alors récompensés
par le grade de major, et par une do-
tation de deux mille francs en West-
phalie. Nommé colonel en 1813, il
commandait, aux batailles de Lutzen
et Bautzen, le 139 régiment; et,

(*) Voir ce nom.

quoique blessé de quatre coups de feu, il s'empara lui-même, à la première affaire, d'une aigle ennemie, et enleva trois fois, à la tête de son régiment, une position défendue par des forces supérieures aux siennes et par une formidable artillerie. Tant de bravoure fut dignement récompensée : le colonel Bertrand reçut, sur le champ de bataille, les éloges des maréchaux qui environnaient l'empereur, et qui l'embrassèrent en lui disant : Colonel, vous avez sauvé l'armée. » Élevé, en 1813, au grade de général de brigade, il assista, en cette qualité, à la bataille de Leipzig, où il fut frappé d'un coup de feu, qui d'abord ne parut pas mortel, mais qui le devint par la fatigue d'une retraite précipitée. Ce brave mourut à Vermandovillers, le 15 janvier 1814, au milieu de sa famille. BERTRAND (Étienne), jurisconsulte dauphinois, alla s'établir à Carpentras, dans le comtat Venaissin. Il a laissé six volumes in-folio de Conseils (1532). Dumoulin faisait grand cas de cet ouvrage, et l'a même enrichi de notes de sa façon. On doit y reconnaître, suivant le célebre jurisconsulte, l'œuvre d'un homme qui réunissait, à une grande pratique du barreau, des connaissances très-étendues en jurisprudence.

BERTRAND (François-Séraphique), célèbre avocat du barreau de Nantes, vivait dans la première moitié du dixhuitième siècle. Il sc fit connaître au Conseil d'État par un mémoire en faveur du commerce de Nantes contre la place de Saint-Malo, qui sollicitait la franchise de son port. Sa santé l'ayant ensuite éloigné du barreau, il s'occupa de littérature, et fut l'éditeur du Ruris delicia, collection de vers latins et français composés par divers auteurs, et dont le mérite est fort inégal.

BERTRAND (Henri-Gratien, comte) naquit à Châteauroux, département de l'Indre. Il étudia d'abord les mathématiques, dans le dessein de suivre la carrière du génie civil, pour lequel il montrait un talent distingué; mais les événements changèrent ses disposi

tions. Il servait comme garde national dans la journée du 10 août 1792, et fit partie d'un bataillon qui se porta volontairement à la défense des Tuileries. I servit ensuite dans l'arme du génie, parcourut rapidement tous les grades militaires, fit l'expédition d'Égypte, où il fortifia plusieurs places; mérita la confiance du général en chef Bonaparte, et reçut, presque à la fois, les brevets de lieutenantcolonel, de colonel et de général de brigade. Après la bataille d'Austerlitz, où il se distingua particulièrement, Napoléon l'admit au nombre de ses aides de camp. Il se distingua égaleinent à Spandau, à Friedland, et surtout à la construction des ponts jetés sur le Danube pour faciliter le passage de l'armée française qui se portait sur Wagram. Cette campagne et celle de Russic mirent tellement en évidence ses talents et sa bravoure, que Napoléon lui donna la charge de grand maréchal du palais, vacante depuis la mort du maréchal Duroc. Ses succès furent les mêmes à Lutzen, à Bautzen et à Leipzig; et s'il éprouva quelques désavantages au passage de l'Elbe, contre le maréchal Blücher, il faut en accuser la fortune de nos armes qui commençait à chanceler. Ce fut lui qui protégea notre retraite après la sanglante bataille de Leipzig, en s'emparant de Weissenfeld et du pont sur la Saale. Ses services ne furent pas moins utiles après la bataille de Hanau. Dans ces deux circonstances, et dans celles qui suivirent le départ de l'empereur pour Paris, Bertrand ne pensa plus qu'à sauver les débris de l'armée, et presque toujours ses combinaisons et ses efforts furent couronnés du succès qu'il était possible d'en attendre dans les circonstances difficiles où l'on se trouvait. De retour à Paris en 1814, il fut nommé aide-major-général de la garde nationale, fit cette campagne de France si étonnante par ses succès et par ses revers, et suivit Napoléon à l'île d'Elbe. Il rentra avec lui en France, pendant les cent jours, combattit à Waterloo, et suivit encore l'empereur à l'île

Sainte-Hélène. Depuis ce moment, fidèle à la mauvaise comme à la bonne fortune de Napoléon, il ne le quitta plus, partagea et adoucit ses infortunes, et ne songea à revenir en Franee qu'après avoir recueilli son dernier soupir. Il avait été condamné à mort par contumace, le 7 mai 1816; mais à son retour, en 1821, Louis XVIII annula par ordonnance le jugement prononcé contre lui, et le réintégra dans tous ses grades militaires. Appelé peu de temps après à la chambre des députés, le général Bertrand a constainment siégé parmi les défenseurs des libertés publiques. Le courage et la persévérance de ses attaques contre les entraves apportées par le gouvernement à la liberté de la presse, méritent une mention particulière. Le général Bertrand vient de recevoir dans ces derniers temps une mission honorable que personne n'était plus digne que lui de remplir. Chargé de présider à la translation des cendres de l'empereur, il est parti pour l'île Sainte-Hélène avec l'escadre qui doit les ramener en France. Précédemment, il avait remis entre les mains du roi les armes léguées par Napoléon à la France, et qui doivent être déposées sur le tombeau que l'on élève à ce grand homme sous le dôme des Invalides.

BERTRAND (Jean-Baptiste), médecin, et membre de l'académie de Marseille, se distingua par son zèle et son dévouement pendant la peste qui désola cette ville en 1720. If était né à Martigues, le 12 juillet 1670. Il mourut à Marseille, le 10 septembre 1752. Outre quelques ouvrages sur les différentes parties des sciences médica les, on a de lui une Relation historique de la peste de Marseille, où l'on trouve de bonnes observations et de curieux détails.

BERTRAND (Jean-Baptiste), grammairien, né en 1764, à Cernay-lezReims, entra fort jeune chez les oratoriens. Quand la révolution éclata, il vint chercher à Paris des moyens d'existence, fut quelque temps employé à la bibliothèque du Louvre, puis travailla comme correcteur d'é

preuves dans plusieurs imprimeries. On le retrouve plus tard professeur à l'école centrale de Limoges, et en 1803 au lycée de Rennes. Il exerça en même temps dans cette ville la profession de libraire; mais son caractère plein d'aigreur lui fit des ennemis, surtout parmi les membres de la societé académique. Il revint à Paris, où il s'occupa à surveiller la publication de nombreux ouvrages. Il composa diverses dissertations, tant grammaticales qu'archeologiques, une entre autres qu'il fut à l'Institut en 1797, et dans laquelle il cherche à établir ce point, bien peu important quant au fond, qu'il y a des cas dans toutes les langues, et que c'est une erreur de croire qu'il n'y en ait pas dans les noms français. Il mourut en 1830, à Sainte-Périne de Chaillot.

BERTRAND (l'abbé) membre de l'académie de Dijon, professeur de physique et d'astronomie dans cette ville, est auteur de plusieurs mémoires sur les sciences naturelles. Il demanda à faire partie de l'expédition envoyée à la recherche de la Peyrouse; mais il mourut du scorbut trop promptement pour avoir pu rendre son Voyage utile à la science. Il avait été l'ami de Buffon, de Daubenton, et des plus célèbres naturalistes de son temps.

BERTRAND (Pierre), naquit à Annonay. Il professa d'abord avec une grande réputation le droit civil et canonique à Avignon, à Montpellier, à Orleans et à Paris. Étant ensuite entré dans les ordres, il fut successivement chanoine et doven du Puy-enVelay, conseiller-clerc au parlement de Paris, chancelier de la reine Jeanne de Bourgogne, évêque de Nevers, et ensuite d'Autun. Il est surtout celebre par le rôle qu'il joua dans les conterences qui eurent lieu à Vincennes et à Paris, en 1329, entre le clergé et les membres de la magistrature civile. L'objet de ces conferences était de déterminer les limites précises des deux juridictions. Le clergé y fut vivement attaqué par Pierre de Cugnieres, avocat du roi, et défendu avec

chaleur par Pierre Roger, alors archevêque de Sens, et depuis pape, sous le nom de Clément VI. Ce dernier fut puissamment secondé par Bertrand, qui, en 1331, reçut de Jean XXII le chapeau de cardinal, en récompense du zèle qu'il avait déployé en cette circonstance. Pierre de Bertrand avait écrit une relation des conférences de Vincennes; elle fut plusieurs fois imprimée; mais la meilleure édition est celle qu'en a donnée Brunet, en 1731, sous ce titre : Libellus D. Bertrandi adversus Petrum de Cugneriis, purgatus à mendis. On a encore de lui un ouvrage intitulé Tractatus de origine jurisdictionum, sive de duabus potestatibus, etc., Paris, 1551, in-8°. Il en avait composé plusieurs autres, mais tous sont restés manuscrits. Il mourut à Avignon, le 24 juin 1349. Il avait fondé à Paris le collége d'Autun, autrement nommé le collége du cardinal Bertrand.

BERTRAND (Philippe), géologue et ingénieur, naquit vers 1730, au château de la commanderie de Launay, près de Sens. Il entra de bonne heure dans le génie civil, et y avança rapi dement. En 1769, il était ingénieur en chef de la province de FrancheComté, lorsque Labiche, officier du génie militaire, présenta au gouvernement un projet de jonction du Rhône au Rhin, par la Saône et le Doubs. Bertrand, chargé d'examiner ce projet, y trouva des difficultés insurmontables, et le fit rejeter. Cependant luimême, quelques années après, présenta le plan d'un canal de jonction du Doubs à la Saône, qui n'était que la reproduction d'une partie du projet de Labiche, et fut, malgré les réclamations de ce dernier, autorisé, par arrêt du conseil du 25 septembre 1783, à faire exécuter ce plan. Mais sa nomination à la place d'inspecteur général des ponts et chaussées, en 1787, l'empêcha de surveiller lui-même l'exécution de ce canal: il laissa ce soin à son successeur. En 1790, il présenta à l'Assemblée nationale un plan de jonction du Rhin au Rhône. Cette fois

c'était la reproduction du projet entier de Labiche. Cependant Bertrand n'accordait pas même, dans son mémoire, une simple mention aux travaux de cet ingénieur; mais n'osant s'attribuer l'idée première du plan qu'il présentait, il soutenait que les Romains l'avaient eue, et en avaient projeté l'exécution. Labiche réclama; sa réclamation fut admise; on lui accorda une indemnité pour ses plans; mais on ne voulut point lui en confier l'exécution, afin d'éviter un conflit d'attributions entre le génie civil et le génie militaire. Les travaux de jonction des deux fleuves, commencés, ainsi que nous l'avons vu, en 1783, furent terminés en 1832. Bertrand n'eut point la satisfaction de les voir entièrement achevés; il était mort en 1811. Outre quelques articles insérés dans le Journal des mines, il avait publié plusieurs ouvrages sur les travaux publics et sur la géologie. Sa Lettre à Buffon sur la théorie générale de la terre, Paris, 1780, in-12, eut du succès lors de son apparition; ses Nouveaux principes de géologie, Paris, 1798, in-8°, furent réimprimés en 1804. Mais ces ouvrages sont maintenant bien en arrière des progrès de la science.

BERTRAND (Philippe), sculpteur, né à Paris, en 1664, est auteur des basreliefs de la porte triomphale élevée par la ville de Montpellier à la gloire de Louis XIV; mais son œuvre la plus remarquable est celle pour la quelle il fut reçu à l'Académie : c'est un groupe en bronze représentant l'Enlèvement d'Hélène. Cet artiste estimable mourut à Paris, en 1724, à l'âge de soixante ans.

BERTRANDI, famille ancienne de Toulouse, a produit plusieurs hommes remarquables. Le plus célèbre est Bertrandi (Jean), qui, après avoir été capitoul, en 1519, fut nommé second président au parlement, puis premier président, en 1536. François Ier, à la prière d'Anne de Montmorency, le nomma, en 1538, troisième président au parlement de Paris, puis premier président trois ans après. Il fut nominé

garde des sceaux, en 1551, et conserva cette place jusqu'à la mort de Henri II, arrivee en 1559.Bertrandi, devenu veuf, avait embrassé l'état ecclésiastique; il fut nommé successivement évêque, archevêque, et enfin cardinal, en 1557. Il assista, en cette qualité, à l'élection du pape Pie IV, et mourut à Venise, le 4 décembre 1560, en revenant en France.

Bertrandi (Jean), sieur de Catourze, neveu du précédent, fut aussi premier président au parlement de Toulouse.

Bertrandi (François), son fils, est auteur d'un ouvrage souvent réimprimé, sous le titre de De vitis jurisperitorum.

Enfin, on doit à un autre membre de cette famille, Bertrandi (Nicolas), un ouvrage intitulé: De Tholosanorum gestis, 1515, in-fol., traduit ensuite en francais, sous le titre de Gestes des Tholosains, Toulouse, 1517, in-4°. BERTRANS CLERC, poëte du treizième siècle, est auteur du roman de Gérard de 1 iane ou de Vienne, dont M. Em. Bekker a donné un extrait de quatre mille soixante vers. Bertrans composa ce roman à Bar-sur-Aube; c'est tout ce qu'on sait de sa biographie.

BERTRUDE, reine de France, femme de Clotaire II. Elle était originaire de la Neustrie, et sœur de la reine Gomatrude, et de ce Brunulfe, qui fut tué, en 619, par ordre du roi Dagobert 1er. Elle eut pour fils ce même Dagobert, qui épousa sa tante Gomatrude, et Charibert, roi d'Aquitaine. Ses vertus la firent chérir du roi son époux; elle mourut en 610, et fut universellement regrettée. Ses restes furent déposés, suivant l'auteur de l'Histoire de Saint-Ouen, dans l'église de Saint-Pierre de Rouen, et suivant Adrien de Valois, dans l'abbaye de Saint-Germain des Prés. (Voyez Grégoire de Tours, liv. VII; Fredegaire, ch. 43; Valois, de Gest. Franc., t. III, p. 13.)

BERULLE (Pierre), cardinal, ministre d'Etat, instituteur et premier supérieur des carmélites en France, fonda

teur de la congrégation de l'Oratoire, naquit en février 1575, au château de Serilly, près de Troyes en Champagne, de parents dont la noblesse remontait assez haut. Son enfance fut, comme sa vieillesse, consacrée à l'étude. Après avoir suivi les cours des jésuites, il vint achever ses humanités dans l'université de Paris. Son zèle infatigable et la douceur de sou caractère lui concilièrent l'estime de ses maîtres et en particulier de Jean Morel, qui fit son éloge dans des vers latins que nous avons encore. Ainsi se révélait déjà le prélat studieux qui devait honorer l'Église. En effet, à cette époque où les querelles religieuses étaient si ardentes, il sut concilier, dans ses querelles contre les hérétiques, une foi vive et une controverse modéree. Il se distingua surtout dans la fameuse conférence de Fontainebleau, où le cardinal du Perron combattit du Plessis-Mornay, qu'on nommait le pape des huguenots. L'établissement en France de l'ordre des carmélites lui coûta de longs et pénibles embarras; il eut à surmonter l'égoïsme des carmes espagnols, qui refusèrent longtemps de laisser partir la petite colonie de religieuses qu'il avait été chercher dans leur pays, et la jalousie des carmes français, qui prétendaient avoir seuls la direction du nouvel ordre. Mais la fondation de la congrégation de l'Oratoire lui suscita des difficultés plus sérieuses encore. Les jésuites, furieux de voir s'élever un institut destiné à remplir les mêmes fonctions que le leur, firent tous leurs efforts pour empêcher l'exécution des projets de Berulle. Sa vertu, sa patience et son habileté triomphèrent de tous les obstacles, et la congrégation de l'Oratoire fut approuvée par une bulle de Paul V, en 1613. Urbain VIII recompensa, en 1627, le mérite de Berulle, en lui envoyant le chapeau de cardinal. Henri IV et Louis XIII lui offrirent inutilement des évêchés considérables. Il n'accepta que deux abbayes, dont les revenus furent jugés nécessaires pour soutenir sa dignité.

« PreviousContinue »