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Saint-Antoine, entre Condé et Turenne. On sait que l'armée de Condé ne dut son salut qu'au canon de la Bastille, qui protégea sa retraite dans Paris.

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La Bastille fut assiégée, pour la dernière fois, le 14 juillet 1789. Le dernier article du cahier du tiers état de Paris aux états généraux était ainsi conçu: « Les états généraux s'as« sembleront désormais à Paris, dans « un édifice public, destiné à cet usage: « sur le frontispice il sera écrit: Pa« lais des états généraux; et sur le sol de la Bastille, détruite et rasée, << on établira une place publique, au « milieu de laquelle s'élèvera une «< colonne, avec cette inscription: « A Louis XVI, restaurateur de la « liberté publique. » Ce fut le peuple qui se chargea de faire droit à cette réclamation. Depuis la séance royale du 23 juin 1789, le bruit s'était répandu que les chefs du parti national de l'assemblée constituante devaient être enlevés et jetés à la Bastille. Chaque jour des groupes se formaient pour écouter les orateurs qui venaient haranguer le peuple. On savait que Louis XVI faisait approcher de Paris une armée qui devait y camper; un jeune homme, Camille Desmoulins, monte sur une table au Palais-Royal, enseigne au peuple le moyen de conquérir sa liberté, montre deux pistolets, et s'écrie que le salut de la France est dans une insurrection. La foule le suit; on court demander des armes au gouverneur de la Bastille, qui refuse d'en donner; une voix indique alors le magasin des Invalides; ce magasin est envahi et pillé en un instant. La vue de la Bastille avait rappelé au peuple le despotisme dont cette affreuse prison était l'auxiliaire. De tous côtés s'élèvent les cris de: A la Bastille. Des députations partent de l'hôtel de ville et des districts pour engager le gouverneur Delaunay à se rendre. Il promet de ne pas faire tirer le canon, et tout à coup une détonation terrible vient démontrer sa mauvaise foi. Alors on court à la forteresse, et le combat commence. Quelques hommes timides

engagent les citoyens à se retirer: Non, répondent-ils, nos cadavres serviront à combler le fossé; trois cents gardes-françaises viennent, avec leurs canons, se joindre aux insurgés; et, après quatre beures de combat, le pavillon blanc est abattu, et le drapeau de la liberté flotte sur les murs où avaient gémi tant de victimes du despotisme. Tous les districts demandent aussitôt que la Bastille soit démolie; chacun veut aider à la détruire; et, quelques jours après, Paris possède une place immense où le peuple se livre à la joie.

L'année suivante, les députés des départements vinrent visiter la place de la Bastille, et la municipalité concut le projet d'y donner une fête patriotique. Sur l'emplacement des tours, on avait planté des arbres qui portaient chacun le nom d'un département; ils étaient entourés d'une enceinte iluminée. Au milieu s'élevait une colonne également illuminée, aussi élevée que la Bastille, et au sommet de laquelle flottait un drapeau tricolore, avec cette devise: Liberté. Au pied de la colonne, on avait placé un nombreux orchestre. Au-dessus de chaque porte d'entrée, on lisait cette inscription: Ici l'on danse. Les citoyens qui combattirent au 14 juillet furent autorisés à porter le nom de vainqueurs de la Bastille. Les premiers qui pénétrèrent dans la forteresse furent les nommés Hullin et Maillard. L'Assemblée constituante avait décidé qu'un monument national serait construit sur la place de la Bastille. Cette décision ne fut point exécutée. Depuis la dernière révolution, on y a élevé une colonne à la mémoire des journées de juillet 1789 et de juillet 1830.

Parmi les nombreux prisonniers qui ont été enfermés à là Bastille, il en est dont l'histoire a conservé le souvenir. Nous citerons seulement les principaux sous Louis XI, le duc de Nemours y subit une longue captivité dans une cage de fer; le maréchal de Biron y fut décapité sous Henri IV. Bassompierre y passa treize ans sous Louis XIII.

Le masque de fer, le maréchal de Richelieu, Le Maistre de Sacy, de Renneville, Voltaire, Latude, Leprévost de Beaumont, Labourdonnais, Lally, le cardinal de Rohan, Linguet, La Chalotais, sont les personnages les plus célèbres qui aient été enfermés à la Bastille depuis le règne de Louis XIV' jusqu'à la fin de celui de Louis XVI.

Mais, à côté de ces prisonniers illustres, dont plusieurs s'étaient du moins rendus coupables de méfaits plus, ou moins graves, les cachots de la Bastille servirent de tombeaux à une, foule de victimes obscures dont l'histoire n'a point enregistré les noms. Ces noms eux-mêmes étaient défigurés à dessein sur les registres du gouverneur, ou inscrits sur des feuilles volantes, pour qu'il n'en restât pas de trace après la mort du prisonnier, qui disparaissait ainsi sans que sa famille pût jamais savoir ce qu'il était devenu. Tel fut, sous Louis XIV, le sort d'une foule de citoyens qui ne partageaient pas les idées religieuses du monarque, et, sous le règne honteux de Louis XV, celui des pères et des frères des malheureuses victimes du Parc-aux-Cerfs.

BASTION DE FRANCE, forteresse de la côte septentrionale de l'Afrique, à six milles de Bone, entre le cap Noir et le cap de Roses. L'origine de cet établissement remonte à l'année 1560. Deux marchands de Marseille avaient alors bâti, avec l'autorisation du gouvernement ottoman, à trois milles du fort actuel, un édifice qui portait le même nom, et qui servait de magasin et de retraite aux négociants français, attirés sur cette côte par le commerce, et surtout par la pêche du corail. Plusieurs années après, ce bâtiment ayant été démoli par les troupes du dey d'Alger, Louis XIII y fit construire un nouveau fort en 1628, par un ingénieur nommé d'Argencourt. Cet officier, ayant jeté les fondements du nouveau fort sur l'emplacement de la forteresse actuelle, c'est-à-dire, à trois milles de l'ancienne, fut attaqué par les Arabes, qui le forcèrent de renoncer à son entreprise et de se rembarquer. Le roi y envoya alors un gou

verneur, qui acheva la forteresse, et y fut assassiné en 1633. Depuis cette époque, nous n'avons cessé de posséder cet établissement, et de nous y maintenir jusque vers 1830. Les deux autres comptoirs établis par les Français sur la côte d'Alger, pour la pêche du corail, étaient à Bone et à la Calle. (Voy. CORAIL [pêche du]. )

BASTOGNE, ville du Luxembourg walon, à cinq myriamètres nord-ouest de Luxembourg. Les Français l'ont possédée de 1684 à 1697, et pendant tout le cours de la révolution; cette ville était alors un chef-lieu de canton du département des Forêts. Bastogne est la patrie de Jean Beck, qui sut s'élever d'une condition obscure au grade de mestre de camp général des troupes espagnoles, et de gouverneur du duché de Luxembourg. Un jour, un grand seigneur lui reprochait son origine : « Il est vrai que je fus mes« sager, répondit-il; mais si vous l'eus<< siez été comme moi, on ne vous eût jamais vu général. » Jean Beck fut tué à la bataille de Lens, en 1648.

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BASTON (l'abbé), docteur de Sorbonne, vicaire général de Rouen, né dans cette ville en 1741, mort à SaintLaurent en 1825, a publié un grand nombre d'ouvrages; nous ne citerons que les suivants: Antidote contre les erreurs et la réputation de l'Essai sur l'indifférence en matière de religion, in-8°, 1823; Réclamation, pour l'Eglise de France, et pour la vérité, contre l'ouvrage de M. le comte de Maistre, intitulé: Du pape et de l'Église gallicane, in-8°, 1821.

BASTOUL était sergent dans le régiment de Vivarais, en 1790. Ce régiment ayant été licencié pour cause d'insubordination, Bastoul fut choisi par le deuxième bataillon des volontaires du Pas-de-Calais pour son commandant en second. Il ne savait ni lire ni écrire. Malgré ses trente ans, seul, avec très-peu de ressources, il sut bientôt lire, écrire, et acquit même des connaissances assez variées. Bientôt il fut élevé au grade de général de brigade, et servit avec distinction aux armées du Nord et de Sambre-et

T. II. 13 Livraison. (DICT. ENCYCL., ETC.)

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Meuse. Il mourut en 1797, des suites d'une blessure reçue au combat de Hettersdorf.

BASTONNADE, supplice fort usité dans la discipline des armées russes et allemandes, et que le gouvernement essaya d'introduire en France sous le règne de Louis XVI, en substituant les coups de plat de sabre aux coups de bâton. En effet, une ordonnance royale, rendue en 1776, sous le ministère du comte de Saint-Germain, porte, titre VI, art. 20:

« L'intention de Sa Majesté est que les fautes légères qui, jusqu'à présent, ont été punies par la prison, ne le soient plus dorénavant que par des coups de plat de sabre.

Art. 22. Le grenadier, soldat, cavalier, chevau-léger, dragon, chasseur ou hussard, qui aura été condamné par le commandant du corps à recevoir des coups de plat de sabre, subira cette punition à la tète de la parade particulière du régiment; et ceux qui seront dans le cas d'être punis de coups, pour quelque faute contre l'ordre et la police établie dans la compagnie, les recevront à l'appel du matin, par ordre de celui qui

la commandera.

Le préambule de cette ordonnance est curieux, on y lit :

Si le châtiment des coups de plat de sabre, châtiment le plus efficace pour la promptitude, et d'autant plus militaire que les nations les plus célèbres, et chez les quelles l'honneur était le plus en recommandation, en employaient rarement d'autres, est redouté du soldat français, il sera un moyen d'autant plus sûr à employer pour le succès de la discipline. »

Dans la suite de ce préambule, cette innovation est présentée comme un adoucissement à la discipline militaire. Dans ce châtiment odieux, le ministre ne voyait qu'une correction paternelle. L'armée en jugea autrement un cri d'indignation s'éleva dans tous les rangs. Par cette mesure maladroite, l'ancien régime avait achevé de s'aliéner l'esprit des soldats. Aussi, quand arriva le grand mouvement de 89, acceptèrent-ils avec enthousiasme des réformes qui devaient les délivrer d'une avilissante discipline, et qui d'ailleurs ouvraient au mérite

l'accès à tous les grades, jusqu'alors exclusivement réservés à la noblesse.

BASVILLE, terre et seigneurie, située probablement dans le pays Chartrain, à vingt-six kilomètres sud-ouest de Paris; possédée dans le seizième siècle par la famille de Lamoignon.

BATAILLES.Voyez, pour les différentes batailles, les noms des lieux où elles ont été livrées..

BATAILLON. Depuis l'invention des armes à feu, vers l'an 1550, la constitution militaire des troupes a éprouvé une révolution complète. On a pu voir, dans l'article ARMEE DE TERRE, les changements successifs qui ont amené l'organisation de l'infanterie au point où elle se trouve aujourd'hui; nous n'avons donc à nous occuper en ce moment que de l'origine du bataillon. Après une longue série de tâtonnements et de variations, l'expérience et l'observation conduisiLouis XIII (1635), à imaginer un rent quelques habiles tacticiens, sous mode d'organisation simple, qui pût faire arriver promptement à la forma

tion d'une armée nationale et d'une armée particulière, et donner le moyen d'apprécier sur-le-champ la force d'un corps d'armée. Cette heureuse idée fut celle d'organiser toute l'infanterie avec une unité de force à laquelle on donna le nom de bataillon. Toutefois, ce nom ne date pas seulement de l'époque de cette réforme. Il existait auparavant dans notre langue militaire; mais il avait une acception plus générale, et ne désignait point seulement un corps plus ou moins nombreux, faisant partie d'un régiment. Suivant les écrivains du temps, tels que Montluc, Langeay, du Bellay, Brantôme, etc., on donnait, avant le seizième siècle, le nom de bataillon à des corps composés quelquefois de huit à dix mille fantassins. Lors de la bataille de Cerisoles, les Français et les Impériaux ne formaient que trois bataillons chacun. Le mot bataillon était donc un simple diminutif du mot bataille, qui signifiait alors ce que nous avons depuis désigné sous le nom de corps de bataille, et plus récemment sous celui

de corps d'armée. Mais sous le règne de Louis XIII, le mot bataillon reçut sa véritable acception; et depuis, le dénombrement de nos armées s'est toujours fait par bataillons. En effet, la force de ces corps, quoiqu'elle ait été très-variable, l'a cependant toujours été moins que celle des régiments. Maintenant le mot bataillon est en quelque sorte réglementaire dans l'armée française. Un bataillon est aujourd'hui une portion de régiment; cependant il y en a qui forment à eux seuls un corps séparé : tels sont, par exemple, les bataillons d'infanterie légère d'Afrique, le bataillon de pontonniers, le bataillon de tirailleurs, celui des ouvriers d'administration, etc.

La force des bataillons a éprouvé de nombreuses variations, mais ces variations ont toujours été contenues dans certaines limites; car, malgré ce vieux dicton qui est devenu un principe de guerre, la victoire appartient aux gros bataillons, il ne faut pas s'y tromper, le mot bataillon ne signifie pas, dans ce proverbe, les corps ou portions de corps que nous nommons ainsi aujourd'hui, mais ceux que l'on désignait par cette appellation dans le seizième siècle.

En 1775, les bataillons étaient composés de cinq cent vingt hommes; ils furent réduits quelque temps après à quatre cent quatre-vingt-six; en 1776, on les porta à huit cent six, en 1784 on les réduisit à cinq cent soixante et dix-sept. En 1791, ils étaient de cinq cent quatre hommes; en 1793, de huit cent un; en 1808, de huit cent quatre vingt quatorze; en 1814, de cinq cent quatre; en 1820, de sept cent trentesix; en 1821, de cinq cent vingt-huit; en 1823, de sept cent trente-six; et en 1831, de huit cent quatre-vingtquinze. On voit donc que ce nombre a varié depuis quatre cent quatre-vingtsix jusqu'à huit cent quatre-vingtquinze. Il y a même eu sous l'empire des bataillons de mille, douze cents et quelquefois quinze cents hommes. L'effectif des bataillons d'infanterie légère d'Afrique est de douze cent quatre-vingt-seize hommes.

Le bataillon se divise en fractions qui prennent le nom de compagnies. La force des compagnies et leur nombre par bataillon ont aussi éprouvé de grandes variations. En consultant les anciennes ordonnances de formation, on trouve des compagnies présentant en effectif, depuis vingt-cinq, trente, quarante, jusqu'à deux cents hommes. Le nombre des officiers et sous-officiers a également changé plusieurs fois. En 1784, il y avait dans chaque compagnie d'infanterie un capitaine en premier, un capitaine en second, deux lieutenants et deux sous-lieutenants, et quelquefois même un sous-lieutenant de remplacement. Aujourd'hui, les compagnies sont commandées par un capitaine, ayant sous ses ordres un lieutenant et un sous-lieutenant.

En 1791, les compagnies avaient un effectif de cinquante hommes, avec deux sergents et quatre caporaux; il y avait neuf compagnies, dont une de grenadiers et huit de fusiliers, par bataillon, et deux bataillons par régi

ment.

En 1793, les compagnies étaient de quatre-vingts hommes, avec trois sergents et six caporaux. On comptait neuf compagnies par bataillon, et trois bataillons par demi-brigade.

En 1808, il y avait cent trente-sept hommes par compagnie, avec quatre sergents et huit caporaux. Les bataillons étaient de six compagnies, dont deux d'élite (grenadiers dans l'infanterie de ligne, carabiniers dans l'infanterie légère, et voltigeurs dans les deux armes), et quatre du centre (fusiliers dans l'infanterie de ligne, chasseurs dans l'infanterie légère). Depuis cette époque, les bataillons d'infanterie de ligne et légère ont toujours eu deux compagnies d'élite. Les régiments avaient, en 1808, cinq bataillons sans compter le dépôt.

En 1814, les compagnies furent réduites à soixante et douze hommes, avec quatre sergents et huit caporaux; six compagnies par bataillon, et trois bataillons par régiment.

En 1820, quatre-vingts hommes par compagnie, avec quatre sergents et

huit caporaux; huit compagnies par bataillon; trois ou deux bataillons par régiment.

En 1831, les compagnies d'élite, y compris les sous-officiers, furent portées à cent treize hommes. Il y avait toujours huit compagnies par bataillon, mais les régiments d'infanterie de ligne avaient quatre bataillons et ceux d'infanterie légère n'en avaient que trois. Par suite de l'organisation de la réserve, les quatrièmes bataillons ont été supprimés à dater de 1834. Il n'y a donc plus aujourd'hui que trois bataillons dans les régiments, soit d'infanterie de ligne, soit d'infanterie légère.

Les bataillons d'infanterie légère d'Afrique, créés par les ordonnances des 3 juin 1832 et 20 juin 1833, et dont l'organisation a été modifiée par celle du 12 mai 1836, ne reçoivent, comme soldats, que des militaires qui ont été condamnés correctionnellement et à une peine plus grave que celle de trois mois de prison, et auxquels il reste encore, après l'expiration, ou la remise de leur peine, plus d'une année de service à faire, pour compléter le temps exigé par la loi. Ces bataillons, au nombre de trois, se composent de dix compagnies, toutes de chasseurs, qui ont chacune un effectif de cent vingt-cinq hommes, y compris les sous-officiers et caporaux.

Le bataillon est sous les ordres d'un officier supérieur, auquel on donne le titre de chef de bataillon. Ce grade est un des plus importants de la hiérarchie militaire. Les officiers qu'un trop long stage dans les emplois subalternes avait pour ainsi dire annihilés. trouvent dans ce grade les moyens de développer et de faire valoir les talents militaires dont ils peuvent être doués. C'est comme chefs de bataillon qu'ont commencé à se faire connaître la plupart de nos illustrations militaires.

L'état-major de chaque bataillon se compose en outre d'un adjudant-major, d'un chirurgien aide-major, d'un adjudant sous-officier, et d'un caporal-tambour ou clairon. Dans les bataillons d'in

fanterie légère d'Afrique, il y a de plus un capitaine-major, un trésorier et son adjoint, un officier d'habillement et d'armement, et un chirurgien-major.

BATAILLON CARRÉ. Par ces mots, les tacticiens désignent une masse d'infanterie formant un parallelogramme, ou un carré parfait de six hommes de profondeur, et dont les quatre faces présentent un obstacle redoutable à la cavalerie ennemie.

L'infanterie se forme en carrés, lorsqu'elle est trop vivement menacée par une cavalerie nombreuse. Soit que cette infanterie se trouve en colonne, soit qu'elle se trouve en bataille, il suffit d'un instant pour qu'elle puisse se former en carre, et opposer ainsi de toutes parts des feux et des baïonnettes à l'assaillant. Quelques auteurs font remonter l'origine du bataillon carré à la phalange grecque. L'idée primitive peut bien être venue de là; mais la formation de la phalange grecque, qui était un carré plein et très-peu mobile, n'a d'autre rapport avec nos carrés d'aujourd'hui que celui de la forme extérieure.

Dans les armées modernes, on voit pour la première fois le carré mis en usage à la bataille de Bouvines en 1214. A celle de Rocroy, en 1643, les Espagnols renouvelerent l'emploi des bataillons carrés, dont l'usage s'était perdu en France. Depuis cette époque, malgré les enseignements de Losteneau (*), l'un des tacticiens qui se sont le plus occupés des bataillons carrés, on a fort peu fait usage de cette tactique dans les guerres qui ont eu lieu au centre de l'Europe. Dans le dixseptième siècle, les Russes et les Autrichiens sont les seuls qui l'aient employée dans leurs guerres contre les Turcs. On trouve sur les occasions où ils en ont tiré le meilleur parti, des renseignements curieux dans les Mémoires du général de Manstein, sur la Russie.

Toutefois, ces carrés étaient beaucoup trop considérables; ils se composaient ordinairement de l'armée tout

(*) Auteur du Maréchal de bataille, 1647.

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