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quante ans; le roi ayant paru étonné, Sire, reprit-il, je retranche douze an« nées passées à la Bastille, parce que je ne les ai pas employées au service « de Votre Majesté. » Bassompierre mourut le 12 octobre 1646, à l'âge de soixante-cinq ans. Il avait beaucoup étudié dans sa jeunesse; pendant sa captivité, il mit ses études à profit, et composa plusieurs ouvrages fort curieux pour l'histoire de son temps. Les plus importants sont ses Mémoires, et l'histoire de ses Ambassades en Espagne, en Suisse et en Angleterre.

BASTAN (Combat dans la vallée de). Les succès des Français aux Aldudes ayant ouvert la vallée de Bastan, le général Muller fit, au mois de juillet 1794, toutes les dispositions nécessaires pour pénétrer de ce côté en Espagne. Entre Saint-Jean-de-Luz et Saint-Jean-Pied-de-Port, se trouvent plusieurs passages qui, sur une étendue de quatre-vingts kilomètres, ou vrent l'entrée du territoire espagnol. La vallée de Bastan, par laquelle de vait se faire l'invasion, a environ vingt-quatre kilomètres de long; elle est bordée de hautes montagnes. Ce plan d'attaque était semblable à celui qui avait été exécuté par l'amiral Bonivet et par le maréchal de Berwick; mais il était conçu d'après des vues plus vastes et mieux combinées. Des combats partiels, sur la gauche de l'armée, avaient rendu les Français maîtres de Berdaritz, d'Ispéguy, des cols de Maya et d'Harriet. Les divisions qui s'y établirent se trouvèrent avoir dépassé de beaucoup les défenses que les Espagnols avaient réunies sur la rive gauche de la Bidassoa pour en disputer le passage. Avant de tenter de le forcer, on crut devoir s'assurer du dernier poste occupé par l'ennemi à Arquinzu, vers la gauche de Berdaritz; il était situé sur une sommité qui couvrait encore les derrières de la vallée de Bastan. Deux colonnes françaises s'avancent, guidées par le brave la Tour d'Auvergne et par le général Digonnet; elles gravissent pendant soixante heures les montagnes, ren

versent tous les obstacles et emportent toutes les positions. La ligne espagnole, défendue par environ vingtcinq mille hommes, appuyait sa gauche à Fontarabie, et remontait la Bidassoa jusqu'à Saint-Estevan. L'occupation des cols d'Ispéguy, de Berdaritz et de Maya, rendait inutiles les moyens de défense multipliés sur ces points par les Espagnols. L'ordre des attaques avait retardé celle de la vallée de Bastan, qui était la plus difficile, jusqu'à ce que l'armée ennemie eût pu être prise à revers. Trois attaques successives furent disposées de manière que le succès des premières assurât la réussite des suivantes. Une colonne de huit mille hommes devait pénétrer, sur la gauche, dans la vallée de Bastan, sous la conduite du général Moncey, et cinq mille hommes commandés par le général Delaborde, attaquer, vers le centre, le passage de Bera et la montagne du Commissari, où les Espagnols avaient établi de nombreux moyens de défense. Ces deux corps devaient se réunir sur la rive gauche de la Bidassoa, au point le plus saillant formé par l'angle de cette rivière. Les retranchements qui couvraient Fontarabie et défendaient la Bidassoa se trouvaient alors dépassés et pris à revers. L'attaque sur ce point devait s'effectuer par la division de droite, commandée par le général Frégeville. Ce front d'attaques combinées occupait un espace d'environ quarante-huit kilomètres, dans un pays hérissé de montagnes élevées et coupé par de profonds défiles. Dès que les troupes furent établies dans leurs postes, la division du général Moncey fut répartie en quatre colonnes. Elles se mirent en mouvement le 24 juillet, par les débouchés de Berdaritz, d'Ispéguy, de l'Harriet et de Maya. La colonne dirigée par Ispéguy commença l'attaque. Les troupes assaillantes étant parvenues à transporter de l'artillerie, malgré la difficulté des chemins, les Espagnols abandonnèrent le poste après trois coups de canon. Ils furent successivement délogés, dans leur retraite, des postes où ils se ral

lièrent, à Errazu, et sur une hauteur d'où ils découvraient encore l'entrée de la gorge d'Arriscum et l'entrée de la vallée. Les Français furent d'abord repoussés, mais ils poussèrent ensuite les Espagnols jusqu'à Elizondo, et affaiblirent ainsi leur résistance sur tous les autres points. Les colonnes descendues par Berdaritz et Maya éprouvèrent peu de difficultés. Elizondo fut évacué les Espagnols se retirèrent sur Saint-Estevan, qu'ils abandonnèrent le lendemain. Toute leur droite se trouvait alors enlevée; c'était le signal pour la colonne du centre de se porter sur Bera, où de plus grandes difficultés restaient à vaincre. Quatre canons de fer, deux mille fusils, deux cents prisonniers tombèrent au pouvoir des Français. La route de l'Espagne ouverte ne présentait plus désormais aucun obstacle.

BASTARD D'ESTANG (DominiqueFrançois-Marie, conte de) naquit, en 1783, à Nogaro, département du Gers. Il embrassa la carrière du barreau, et devint conseiller auditeur à la cour d'appel de Paris, puis conseiller à la cour impériale de cette même ville, en 1810. Il continua d'y siéger pendant les cent jours, vota contre l'acte additionnel, et fut nommé à la présidence après la seconde restauration. Il entra, en 1819, à la chambre des pairs, et fut chargé, en 1820, d'instruire le procès de Louvel. Il déploya, dans cette affaire, autant d'intégrité que de jugement. M. Bastard d'Estang s'est toujours montré digne de la haute considération qui l'a suivi dans ses différentes fonctions. Il est mort il y a quelques années.

BASTARD (T.) était, avant 1815, professeur de botanique et directeur du jardin des plantes à Angers; il perdit ces deux places à la seconde restauration, pour avoir été membre du bureau central de la congrégation angevine, qui signa, le 7 mai 1815, le pacte fédératif du département de Maine-et-Loire en faveur de Napoléon. M. Bastard est un botaniste très recommandable; il a publié : 1o Essai sur la Flore de Maine-et

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Loire, un vol. in-12, Angers, 1807; 2o Notice sur les végétaux les plus intéressants du jardin des plantes d'Angers, in-12, Angers, 1809; 3° Supplément à la Flore de Maine-et-Loire, 1 vol. in-12. Angers, 1812. C'est une des meilleures flores locales qui aient paru en France; quelques plantes y sont décrites pour la première fois.

BASTE (Pierre), né à Bordeaux, le 21 novembre 1768, s'engagea comme simple marin en 1781, et franchit rapidement tous les grades inférieurs. Il se distingua au siége de Mantoue, où il commandait la flottille armée sur les lacs. Au siége de Malte, à la bataille d'Aboukir et à l'expédition de SaintDomingue, il donna de nouvelles preuves de son courage. En 1805, il combattit avec une rare intrépidité contre le brick le Locult. Il commandait alors un des équipages du bataillon des marins de la garde impériale. Il fit partie de la grande armée en 1807, fut chargé d'équiper, à Dantzick, une flottille pour faciliter les opérations du siége de Pillau, et s'empara d'un convoi de quarante-deux voiles, qui amenait des vivres à l'ennemi. En 1808, la guerre d'Espagne lui fournit de nouvelles occasions de se distinguer. A la tête de douze cents hommes, il conserva intactes vingt lieues de terrain, et s'empara de vive force de la ville de Jaen. En 1809, il fut élevé au grade de colonel des marins de la garde, arma une flottille sur le Danube, et fut chargé de se rendre maître de l'île de Mulheiten. Ses travaux furent exécutés avec autant d'habileté que de promptitude, et couronnés d'un plein succès. Baste revint ensuite en Espagne, et s'y rendit maître de la ville d'Almanza. Napoléon le nomma comte de l'empire le 15 août 1809, et l'éleva au grade de contre-amiral en 1811. Ce brave officier mourut en janvier 1814, des suites d'une blessure qu'il avait reçue au combat de Brienne.

BASTE (N.), caporal de grenadiers au 102 régiment, venait d'avoir l'épaule gauche enlevée par un boulet, le 26 décembre 1800, à l'assaut de la position de Vallegio. On le transpor

tait hors de la mêlée, lorsqu'il s'aperçut qu'un des porteurs, pour le soulager, lui avait enlevé son chapeau. Il se fit alors poser à terre, et sentant sa fin approcher, il dit : « Camarade, tourne moi vers l'ennemi, qui est « ébranlé, afin que j'aie la consolation « de le voir encore fuir. » Puis, montrant du doigt son plumet rouge << Mets-moi mon chapeau pour que je « meure au moins coiffé en grenadier.» En prononçant ces mots il expira.

BASTIA, ville forte et maritime, chef lieu d'une sous-préfecture du département de la Corse, bâtie vers le quatorzième siècle, par des habitants de Cardo, qui lui donnèrent le nom de Porto-Cardo. Mais elle ne prospéra qu'après la destruction d'Aleria et de Mariana. Pendant la domination génoise, elle fut la capitale de la Corse, et depuis, elle continua d'occuper ce rang parmi les villes de l'île, jusqu'à la division de la France en départements. Lors de la création du département du Golo, Bastia en devint le chef-lieu; mais en 1811, ce départe ment ayant été supprimé, Bastia fut réduite au rôle modeste de chef-lieu de sous-préfecture. Parmi les événements qui se sont passés à Bastia, on doit signaler le siége de 1745; elle fut bombardée et prise par les Anglais, qui la rendirent aux Genois la même année. Elle fut assiégée de nouveau sans succès par les troupes piémontaises en 1748. Mais de tous les siéges qu'elle soutint, le plus célebre est celui de 1794. Paoli, après avoir formé le projet de séparer la Corse de la France, résolut de s'emparer des villes qui nous étaient restées fidèles. La Convention envoya le général Lacombe contre Paoli, qui alors appela les Anglais à son secours. Ceux-ci venaient d'être chassés de Toulon, ils tournèrent toutes leurs forces contre la Corse. Bientôt le brave Lacombe ne conserva plus que Bastia et Calvi. Forcé d'abandonner cette dernière ville, il essaya de sauver Bastia; mais il fut attaqué par des forces tellement supérieures, qu'après un siége de deux mois, où il eut à souffrir la famine et

tous les maux de la guerre, voyant la ville à moitié réduite en cendres, et n'espérant plus de secours, il capitula et se rendit le 20 juillet.

BASTIDE D'IZAR (Guillaume - Auguste-Lambert) est né à Saint-Lys, près Toulouse, en 1790. Il était depuis deux ans auditeur au conseil d'État lorsqu'il fut nommé sous-préfet dans le département de l'Aveyron. Mais ayant refusé, à l'époque de la restau ration, de reconnaître Louis XVIII avant d'avoir reçu la nouvelle de l'abdication de Napoléon, il fut destitué et rentra dans la vie privée. Aux élections de 1832 et de 1835, il fut nommé député du département de la HauteGaronne. Pendant les cinq sessions législatives auxquelles il prit part, il présenta, sur l'administration des finances, sur la quotité et la répartition des impôts, plusieurs projets de réforme, où il fit preuve de connaissances très étendues en économie politique. Le ministère, inquiet de l'effet que ces propositions pouvaient produire sur l'esprit public, essaya plusieurs fois de les dénaturer dans les comptes rendus du Moniteur. M. Bastide d'Izar a cessé volontairement, en 1838, de faire partie de la chambre des députés.

BASTIDE (Jean-François de), né à Marseille, le 13 juillet 1724, fils du lieutenant criminel de cette ville, et petit-neveu de l'abbé Pellegrin, vint fort jeune à Paris, où il se lia avec Dorat, Voisenon et Crébillon fils. Sous de tels maîtres, il fit des progrès rapides. Entraîné par le torrent et encouragé par des amis complaisants, il se jeta, sans réflexion, dans le genre qui donnait des acheteurs, sans trop s'inquiéter s'il donnait aussi la réputation; alors on vit sortir de sa plume facile les Confessions d'un fat, en 1749; la Trentaine de Cythère, 1752; les Têtes folles, 1753; Aventures de Victoire Ponty, 1758. Il donna ensuite des comédies, des traités d'histoire, etc. Puis il rédigea successivement le Spectateur français, la Bibliothèque universelle des romans, le Mercure de France... Tous les ou

vrages de Bastide sont fort superficiels; ils lui attirèrent de nombreuses critiques. Voltaire, entre autres, lui adressa, en 1758, une lettre philosophique fort mordante. Quoi qu'il en soit, si les ouvrages de Bastide ne firent rien pour sa gloire, ils furent très-utiles à sa fortune. Il mourut à Milan, le 4 juillet 1798, dans une grande ai

sance.

BASTIDE (Dom Philippe), savant bénédictin de la congrégation de SaintMaur, né à Saint-Benoît-du-Sault, diocèse de Bourges, vers 1620, fut successivement prieur de Saint-Nicaise de Reims, de Corbie et d'autres grands monastères. Il mourut à l'abbaye de Saint-Denis, le 23 octobre 1690, âgé de 71 ans. Parmi les ouvrages de dom Philippe Bastide, on cite deux savantes dissertations, dont la première est intitulée: De antiqua ordinis sancti Benedicti intra Gallias propagatione, et la seconde de Decimis et earum origine apud Judæos, gentiles et christianos. Outre ces dissertations, dom Bastide a encore laissé plusieurs ouvrages manuscrits.

BASTIDE (N. dit Grammont). Voyez FUALDES.

BASTILLE. On appelait ainsi autrefois les fortifications temporaires élevées hors des murs d'une place pour l'attaque ou pour la défense. (Voyez du Cange, aux mots Bastilla, Bastillus, Bastia et Bastianus.) On á conservé le nom de. Bastille à la forteresse élevée à la fin du quatorzième siècle, sur l'emplacement de la porte Saint-Antoine, à Paris. Cette forteresse, destinée uniquement d'abord à la défense de Paris, et construite aux frais des habitants, devint bientôt, entre les mains du pouvoir, un instrument de despotisme. A peine étaitelle achevée, qu'elle était déjà transformée en prison d'État. Hugues Aubriot, prévôt des marchands, en posa la première pierre le 22 avril 1370; le monument fut terminé en 1382, et Aubriot, dénoncé à la Sorbonne comme hérétique, impie et débauché, pour avoir montré de l'impartialité envers les juifs, y fut enfermé le premier. La

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Bastille n'avait, lorsqu'elle fut construite, que deux tours, celle du Trésor et celle de la Chapelle, toutes deux isolées, et dont chacune défendait un des côtés du chemin qui conduisait à Paris. Derrière ces premières tours, on en éleva ensuite deux autres, nommées la Bertaudière et la Liberté. Pour entrer à Paris, on passait par ces quatre tours. Le nombre de ces édifices fut porté à six, en 1383, et ils furent tous réunis entre eux par des murs de huit pieds d'épaisseur. Le tout fut environné d'un fossé profond de vingt-cinq pieds, et la voie publique fut tracée au debors. Ce n'est qu'en 1553 qu'on ajouta de nouveaux ouvrages à ces fortifications. Les boulevards furent élevés en 1634; on creusa aussi, à cette époque, de nouveaux fossés.

Après cette histoire succincte de la construction de la Bastille, nous croyons devoir donner une description détaillée des différentes parties dont se composait cette forteresse, à l'époque du 14 juillet 1789.

On y entrait par une porte donnant sur la rue Saint-Antoine, en face de celle des Tournelles; au-dessus de la première porte, était un magasin d'armes; à côté de cette porte, qui conduisait à une petite cour contenant la caserne des invalides, se trouvait un corps de garde. Sur la gauche, étaient des boutiques louées par l'État, en face de la porte de l'arsenal; à côté de cette porte, des écuries et des remises; visà-vis, le premier pont-levis, et à gauche un corps de garde. Quand on avait passé ce pont-levis, on entrait dans la cour du Gouvernement; à droite était la maison du gouverneur, et en face, une terrasse; en tournant à gau che, on trouvait la véritable entrée de la prison, un énorme pont-levis, et derrière, une forte grille en fer; auprès, était un corps de garde. Tous ces obstacles franchis, on se trouvait dans une grande cour qui avait cent deux pieds de long, sur soixante et douze de large, et qui était environnée de plusieurs tours, dont trois étaient tournées du côté du faubourg Saint.

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Antoine; c'étaient: la tour la Comté, ainsi nommée du comte de Saint-Pol, décapité sous Louis XI; la tour du Trésor, dans laquelle Henri IV renfermait son trésor; la tour de la Chapelle, à laquelle attenait une chapelle. En tournant à gauche, on voyait les trois autres tours, qui regardaient Paris; c'étaient: la tour de la Liberté, la tour de la Bertaudière, la tour de la Bazinière. Ces six tours étaient réunies par des massifs. Entre les tours de la Liberté et de la Bertaudière, il y avait une chapelle neuve; entre les tours de la Bertaudière et de la Bazinière, était la galerie des archives. En 1761, M. de Sartines, lieutenant de police, avait fait construire au fond de la grande cour un bâtiment fort élégant, dont le bas était habité par les domestiques, le premier étage par l'état-major, les trois autres étages par des prisonniers distingués; en cas de besoin, tout ce bâtiment se transformait en prison; on entrait encore par le milieu de ce bâtiment dans la cour du Puits, où se trouvaient les deux tours qui avaient vue sur le boulevard l'une s'appelait la tour du Coin, l'autre la tour du Puits. Chaque tour était partagée en cinq étages; chaque chambre portait le nom de la tour et de son étage. En haut de chaque tour, étaient les calottes, dont le séjour, après celui des cachots, était le plus rigoureux, parce que la chaleur y était insupportable en été, et le froid cruel en hiver. Des créneaux surmontaient les tours on y avait posé des canons, que l'on tirait pour annoncer au peuple les grands événements. L'horloge de la Bastille, placée sur le fronton du bâtiment qui séparait la grande cour de la cour du Puits, est devenue célèbre par l'insolence des ornements qui la décoraient; nous citerons ici les paroles de Linguet, qui a le premier fait connaître cette horloge: « On y a pratiqué, dit-il, un beau cadran; mais devinera-t-on quel en est l'ornement. quelle décoration l'on y a jointe? Des fers parfaitement sculptés. Il a pour support deux figures enchaînées par le cou, par les

pieds, par le milieu du corps; les deux bouts de ces ingénieuses guirlandes, après avoir couru tout autour du cartel, reviennent sur le devant former un nœud énorme; et pour prouver qu'elles menacent également les deux âges, l'artiste, guidé par le génie du lieu ou par des ordres précis, a eu soin de modeler un homme dans la force de l'âge, un autre accablé sous le poids des années. » D'autres statues ornaient encore le dessus des portes de cette prison; notre cadre trop restreint ne nous permet pas de les décrire.

Lorsque Charles VII eut repris Paris aux Anglais, le 3 avril 1436, tous les ennemis qui se trouvaient dans la ville se réfugièrent à la Bastille. Ils étaient décidés à s'y defendre vigoureusement, mais ils étaient si nombreux que leurs provisions furent bientôt épuisées. Ils se virent forcés de capituler, et se retirèrent en payant une forte rançon.

En 1588, le duc de Guise s'empara de la Bastille, et en donna le commandement à Bussy-Leclerc. C'était un des ligueurs les plus forcenés; il fit enfermer dans la forteresse tout le parlement, parce que cette cour hésitait à obtempérer à la sommation qu'il lui avait faite de signer le pacte de la ligue. Henri IV était déjà depuis trois jours maître de Paris, lorsque Dubourg, qui avait succédé à Bussy-Leclerc, demanda à capituler.

Henri IV confia à Sully le commandement de la Bastille. Nous avons vu qu'il y fit déposer son trésor. Ce dépôt s'élevait à sa mort à la somme, énorme pour ce temps, de quinze millions huit cent soixante et dix mille livres.

Le 11 janvier 1649, la Bastille fut investie par les frondeurs, et capitula le 13, après avoir essuyé cinq ou six coups de canon. La garnison ne se composait que de vingt-deux soldats. Les frondeurs firent la paix avec la cour le 11 mars suivant; mais il fut stipulé dans le traité qu'ils garderaient la Bastille; et en effet, cette forteresse ne fut remise au roi que le 21 octobre 1651. Cette même année, eut lieu le fameux combat de la porte

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