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était devenue nécessaire; plusieurs membres éminents du clergé concurent quelques scrupules sur l'orthodoxie politique de la doctrine d'Almain, et sur la dangereuse application qu'on en pouvait faire. L'argument avait été trouvé bon contre le pape, l'était-il moins contre le roi? Après la solen nelle déclaration de 1682, on avait suspendu les hostilites: l'arme employée par Almain contre le souverain pontilicat ne pouvait-elle pas être retournée contre la royaute? Il y avait là matière à réfléchir. S'il paraissait dur de refuser le privilége du roi aux bonnes doctrines gallicanes que renfermait ce livre, il ne semblait pas moins dangereux d'accorder la sanction royale aux damnables conséquences politiques qu'on en pouvait tirer. On prit un moyen terme, et il fut résolu que le livre serait imprimé à l'étranger, à Anvers. Mais la précaution devint inutile, et le livre fut dénoncé au roi, comme renfermant une condam nable doctrine. Il paraît toutefois que cette dénonciation ne fut pas l'oeuvre de scrupules politiques, mais plutôt de rancunes ultramontaines qui voulaient se donner la joie d'une petite vengeance qui les consolât du grand triomphe encore récent de l'Église gallicane, et, qu'on nous passe l'expression, fustiger le gallican sur le dos de l'écrivain politique. Le jeu était habile en effet (ce dut être l'idée de quelque jésuite): on plaçait ainsi le roi dans l'alternative, ou de condamner le livre, et de frapper du même coup la doctrine gallicane et la doctrine politique, ou de les autoriser toutes deux en ne le condamnant pas.

Il failut que d'Aguesseau, ce grand gallican, couvrit Almain de sa protection. Dans deux mémoires qu'il écrivit à ce sujet, il priait le roi de considérer que ce qu'on attaquait dans Almain, c'était le gallican seul; qu'on voulait faire le procès à la mémoire d'un homme qui avait défendu avec honneur les libertés du royaume. Pour une opinion certainement bien condamnable, que personne ne serait tenté de justifier, mais qui se trouvait égarée la sans mauvaise intention, irait-on frapper toutes les bonnes doctrines qui sont

exposées dans ce livre et qui neutralisent ce qu'il peut y avoir de dangereux, et condamner ce livre n'était-ce pas tirer sur ses propres troupes? Donnerait-on ce sujet de triomphe aux ultramontains? Et quand ce livre était resté en possession de son état pendant plus de deux cents ans, sans qu'il fût inquiété, irait-on révéler au peuple le mystère de cette doctrine dangereuse, qu'il vaut mieux laisser ignorer que de condamner? « La question téméraire de la nation par rapport à sou roi, écrivait-il encore, n'a encore fait aucune impression sur l'esprit du peuple de ce royaume; ira-t-on la lui apprendre en la condamnant, lui faire connaître ce qu'on doit souhaiter qu'il ignore éternellement? » Qu'on s'étonne maintenant que le dogme de la souveraineté populaire ait passé inaperçu dans ce livre, quand d'Aguesseau lui-même, ce grand esprit, le regardait comme un redoutable mystère qu'il n'était pas bon d'approfondir. Et pourtant c'est au bord de la pente rapide du dix-huitième siècle qu'il exprimait cette opinion.

Nous avons insisté trop longuement peut-être sur un livre dont on peut, à bon droit, contester la valeur réelle, sur un livre qui n'eut qu'une importance assez relative, dont certainement son auteur n'eut pas lui-même conscience. Mais il était intéressant, ce nous semble, de montrer ce dogme de la souverainité populaire entrant par la théologie dans la science, de le retrouver au fond d'une des plus grandes questions qui aient agité notre patrie, de constater combien ce même dogme, avant de pouvoir dominer notre société régénérée, avait servi efficacement la cause de l'indépendance nationale, en prêtant, comme la Terre à Hercule, vie et force à ceux qui s'appuyaient sur lui pour constituer la nationalité, en attendant que la nation put être consti tuée elle-même.

ALOIGNY, maison ancienne de Poitou, remonte à Guillaume d'Aloigny, chevalier, qui vivait en 1281. Parmi les personnages célèbres de cette famille, nous mentionnerons ceux dont les noms suivent: Galehaud

d'Aloigny, seigneur de la Groye; il servit Louis XI et Charles VIII, qui l'honorèrent de plusieurs emplois, dont il s'acquitta avec honneur. En 1483, il fut envoyé en Calabre avec le prince de Tarente, pour amener en France le célèbre saint François de Paule. Pierre et Antoine servirent Henri IV contre les ligueurs. Louis d'Aloigny, marquis de Rochefort, fut surintendant des bâtiments, arts et manufactures de France, en 1621, et mourut en 1657. Henri-Louis d'Aloigny, gouverneur de Lorraine, du Barrois, de Metz, Toul et Verdun, maréchal de France, servit dès sa jeunesse, sous les ordres du prince de Condé; en Allemagne et en Hongrie, sous Coligny et la Feuillade, depuis 1659 jusqu'en 1665; en Flandre, sous Turenne, en 1608; en Lorraine, sous le maréchal de Créqui, en 1669. Il se trouvait, en 1672, au passage du Rhin et à la prise d'l trecht; en 1673, il commanda en chef dans le Barrois et la Lorraine; en 1674, il assista à la bataille de Senef; en 1675, il fut élevé à la dignité de maréchal de France, et en mars 1676, il fut choisi pour commander en chef un corps d'armée sur les rivières de Meuse et de Moselle, mais il mourut le 23 mai.

ALTENDORFF (bataille d'). — Le général Kléber, commandant une aile de l'armée de Sambre-et-Meuse, venait de prendre Bamberg, en Franconie. Il fit passer la Reidnitz à deux divisions de sa gauche, pour les diriger sur Forcheim et Ebermannstadt, tandis que les divisions de droite devaient s'établir derrière Rauh - Eberach. Ce mouvement. qui s'exécuta le 6 août 1796, donna lieu à un combat sanglant entre la cavalerie autrichienne et celle de la division du général Lefebvre. L'ennemi, qui occupait à Altendorf un camp retranché, poussait ses avantpostes jusqu'à Strullendorf, à six kilomètres de Bamberg. La plaine au delà de ce village était immense et offrait un grand avantage aux Autrichiens, dont la cavalerie était plus Lombreuse que la nôtre. Cependant la cavalerie de la division Lefebvre, après

avoir culbuté les premiers postes ennemis, vient se déployer en présence des Allemands. La charge s'engage; l'ennemi ne peut résister au premier choc; il se replie en désordre; mais bientôt, profitant de sa grande supériorité numérique, il déborde la gauche des Français, et menace leurs flanes. Le général Richepanse s'en aperçoit, et court à sa rencontre avec quelques pelotons. Le combat devient alors furieux; le général Richepanse, blessé d'un coup de sabre, est forcé de quitter le champ de bataille. Il est remplacé par le général d'Hautpoult. Cependant, chacun se rallie à la voix de ses chefs, et une seconde charge s'engage avec un nouvel acharnement. Malgré la valeur des Français, les Autrichiens, infiniment plus nombreux, allaient peut-être enfin fixer la victoire de leur côté, si le huitième régiment de cuirassiers ne s'était présenté. Il sort du village d'Hirschaid avec la rapidité de la foudre, ranime la confiance des chasseurs, fond sur l'ennemi, le repousse, le met en fuite. Aussitôt les Français reprennent l'avantage, et les Impériaux sont poursuivis de toutes parts. Pour arrêter les progrès des Français qui les pressent, les harcèlent, et sont mêlés dans leurs rangs, les généraux allemands ordonnent à leur artillerie de faire feu indistinctement sur les combattants allemands ou français. Le général Lefebvre, ayant atteint son but, fait cesser le combat, et se contente de prendre la position qu'il avait reçu l'ordre d'occuper.

ALTENHEIM (combat d'). — Depuis trois mois, Turenne fatiguait Montécuculli par des marches et contre-marches savantes; son but était de contrarier les projets du général de l'armée autrichienne, et de le forcer au combat dans un poste avantageux aux Français. Ses soldats, fatigués par des pluies continuelles, campés dans la boue, souffraient beaucoup au milieu d'un pays ruiné; les chevaux ayant consommé tous les fourrages, ne vivaient que de feuilles d'arbres. Enfin le mauvais temps cessa vers le 10 juillet 1675, et Turenne, manœuvrant pour attirer

l'ennemi dans une position favorable,
arriva le 16 du même mois au village
d'Acheren. Les Impériaux avaient pris
position dans le voisinage du bourg de
Salsbach. Près de l'endroit où se trou-
vait l'armée française, quelques haies
formaient un défilé au sortir d'Ache-
ren; le terrain s'ouvrait ensuite par
une petite plaine, à l'extrémité de la
quelle était situé Salsbach, dont la vue
était cachée par une petite hauteur.
Turenne eut d'abord quelque espérance
de s'emparer de ce bourg; il alla à la
tête d'un défilé reconnaître l'église,
mais ne jugea point qu'on la put atta-
quer. Les ennemis étaient couverts à
leur droite par des bois, des retranche-
ments et des ravins; sur leur gauche,
ils n'avaient pris aucune précaution. Le
maréchal aperçut de ce côté un défilé par
où l'on pouvait commencer l'attaque
avec avantage. Après quelques moments
de réflexion, il jugea le terrain si heureu-
sement disposé, qu'il ne put s'empêcher
de dire à quelques officiers généraux :
C'en est fait, je les tiens, ils ne pour
ront plus m'échapper, et je vais re-
cueillir le fruit d'une si pénible cam-
pagne. I continua quelque temps
à observer, et remarqua dans le gros
de l'armée ennemie beaucoup d'in-
quiétude. En effet, une grande partie
des bagages des Autrichiens passait
déjà la montagne, et leurs troupes se
disposaient à la retraite. Bientôt on
vint lui annoncer que leur infanterie
se mettait aussi en mouvement. C'est
alors que s'étant avancé pour découvrir
le but de leurs manœuvres, il fut tué
par un boulet tiré au hasard des batte-
ries autrichiennes (Voyez TURENNE).
Sa mort fit cesser les inquiétudes
des ennemis. Deux lieutenants gé-
néraux se trouvaient seulement au
camp d'Acheren, le comte de Lorges
et le marquis de Vaubrun. Vaubrun,
blessé au pied, était peu en état d'agir.
Ils délibérèrent longtemps sans pou-
voir prendre une décision; enfin l'ar-
mée française, qui eût attaqué si
Turenne eût vécu, prit le parti de la
retraite; et l'armée impériale, qui
commençait à se retirer, reprit l'offen-
sive. Les généraux français se mirent
33° Livraison. (DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE, ETC.)

en marche, le 28, pour regagner le
pont d'Altenheim. Le lendemain, les
Impériaux leur présentèrent la bataille.
Le combat fut terrible; le comte de
Lorges s'y conduisit avec toute l'habi-
leté d'un grand capitaine. Le marquis
de Vaubrun, au premier bruit de l'at-
taque, se mit à la tête de ses gendarmes
après avoir fait attacher sa jambe
blessée à l'arçon de son cheval. Il fut
tué au milieu des ennemis. Les Impé-
riaux perdirent cinq mille hommes, et
les Français trois mille.

AMALRIC (Arnaud), abbé de Cîteaux, fut nommé légat du pape Innocent III, et chargé de l'extirpation de l'hérésie des Albigeois (*). Par son fanatisme turbulent et sanguinaire, il se montra à la hauteur de cette mission. Quand une nombreuse armée de croisés marcha contre Béziers, il s'en fit le chef spirituel et ecclésiastique, comme Simon de Montfort en était le chef militaire et séculier. C'est lui qui, au sac de cette ville malheureuse, donna cet horrible conseil : « Tuezles tous, Dieu connait ceux qui sont à lui. » C'est encore lui qui, à Carcassonne, fit arrêter par trahison le vicomte Raymond Roger. Au château de Minerve, il offrait la vie aux hérétiques qui se convertiraient; un des croisés s'en indignant : « Ne craignez point, dit le légat, peu d'entre eux se convertiront. » En effet, tous les assiégés, au nombre de cent quarante, se précipitèrent dans les flammes plutôt que de se rendre. Toujours prompt à faire verser le sang et à lancer les foudres de l'Église, il se signala encore par ses violences contre le comte et les habitants de Toulouse. Mais bientôt il fut visible à tous que la religion était moins son mobile que l'ambition et la cupidité. Tandis que les moines de son ordre envahissaient tous les évêchés du Languedoc, il s'empara de l'archevêché de Narbonne, et prit le titre de duc, du vivant de Raymond (**). Le pape lui - même (*) Voyez aux ANNALES t. I, p. 65, 1 , l'Histoire de la guerre des Albigeois. (**) Voyez Histoire du Languedoc, liv. XXII, chap. 16.

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s'émut enfin des plaintes qui lui parvinrent de tous côtés, lui adressa de vifs reproches, et le remplaça dans ses fonctions de légat. Mais Amalric, poussé par un impérieux besoin d'agitation, passa en Espagne pour y faire la guerre aux Maures. Au retour de cette nouvelle croisade, il engagea la lutte contre Simon de Montfort, son ancien allié, qui lui disputait le titre de duc de Narbonne. Il l'excommunia; mais Simon s'en inquiéta peu. Alors Amalric se réconcilia avec le comte de Toulouse, et en 1224 il présidait le concile de Montpellier, assemblé pour écouter les plaintes de ce malheureux prince. Amalric mourut l'année suivante; son corps fut transporté à l'abbaye de Cîteaux, où on lui éleva un superbe mausolée.

AMAURI de Chartres, né à Bène, village du diocèse de Chartres, professa avec distinction la philosophie à Paris au commencement du treizième siècle. La métaphysique d'Aristote, dont les livres avaient été apportés depuis peu de Constantinople en France et en Allemague, le jeta dans de singulières erreurs il se fit une religion et une philosophie nouvelles, et se mit à enseigner une espèce de panthéisme mystique,emprunté vraisemblablement à J. Scott Eugène. Ses propositions principales étaient celles-ci: Dieu est tout et tout est Dieu.-Le Créateur est identique aux créatures.-Les idees créent et sont créées. Tout fidèle, pour être sauvé, doit croire fermement qu'il est membre du corps de JésusChrist. Amauri eut de nombreux disciples, parmi lesquels on distingue David, de Dinant. Ils ajoutèrent de nouveaux développements à la doctrine de leur maître; aussi, l'autorité ecclésiastique ne tarda-t-elle pas à sévir contre lui. En 1204, les docteurs de Paris condamnèrent son hérésie, et le pape Innocent III confirma leur sentence. Il fut forcé de prononcer une rétractation; mais rien ne put le décider à changer de sentiments. Il se confina à Saint-Martin-des-Champs, et y mourut de dépit et de chagrin. Sa mort cependant n'arrêta pas les ri

gueurs de l'Église. La prison et le bucher firent justice de ses principaux prosélytes. Sa mémoire fut condamnée, ses ossements furent déterrés et jetés à la voirie, et un décret de 1209 ordonna que les livres d'Aristote, à l'influence desquels on attribuait l'hérésie d'Amauri, seraient saisis et jetés au feu, avec défense, sous peine d'excommunication, de les lire ou de les copier de nouveau.

AMBIGAT (Ambigatus).-A l'époque où Tarquin l'Ancien régnait à Rome (616-678 avant Jésus-Christ), la Celtique, l'une des trois parties de la Gaule, obéissait aux Bituriges, qui lui donnaient un roi. Sous le gouvernement d'Ambigat, que ses vertus, ses richesses et la prospérité de son peuple avaient rendu tout-puissant, la Gaule reçut un tel développement par la fertilité de son sol et le nombre de ses habitants, qu'il sembla impossible de contenir le débordement de sa population. Le roi, déjà vieux, voulant débarrasser son royaume de cette multitude qui Pécrasait, engagea Bellovèse et Sigovèse, fils de sa sœur, jeunes guerriers ennemis du repos, à aller chercher un autre séjour dans les contrees que les dieux leur indiqueraient par les augures, leur permettant d'emmener avec eux autant d'hommes qu'ils voudraient, afin que nulle nation ne pût repousser les nouveaux venus. (Tite-Live, v, 34). Bellovèse et Sigovèse partirent et allèrent s'établir, le premier en Italie, le second dans la Germanie méridionale.

AMBIORIX (roi des Éburons). — A l'époque de la conquête des Gaules, les Éburons, peuple puissant de la Belgique, obéissaient à deux chefs élus par le peuple, Cativulcus et Ambiorix. « Le premier, déjà vieux et cassé, ne possédait plus rien des qualités qui l'avaient rendu jadis populaire parmi les siens; le second, jeune, actif, joignait au courage le plus déterminé un esprit opiniâtre, délié et fertile en ruses. De bonne heure, les Romains avaient distingué Ambiorix, et César fit tout pour se l'attacher. A l'issue de cette campagne où les Aduatikes

furent si cruellement traités, il rendit à Ambiorix son fils et son neveu, détenus comme otages chez ce peuple; il lui donna encore d'autres marques de sa faveur. Toutefois, cette amitié intéressée ne séduisit point le chef éburon. Plus que tous les autres chefs patriotes, plus qu'Indutiomar lui-même, au fond, il haïssait les Romains; mais, habile à dissimuler ses sentiments, il attendit avec patience l'heure favorable. L'absence de César, pendant son imprudente excursion en Bretagne, et l'incurie de Labienus, lui permirent de se concerter à son aise avec les mécontents des diverses parties de la Gaule; il le fit malgré l'opposition de son collègue Cativolke, que l'âge et la maladie rendaient timide et incertain. Déjà s'organisait par ses soins une vaste conspiration qui, ayant son foyer en Belgique, s'étendait de là dans les cités du centre et de l'ouest, lorsque le retour de César en arrêta les progrès. Tout fut conduit avec tant de mystère, que non-seulement les Romains, mais encore celles des nations gauloises qu'on savait dévouées aux Romains, n'en concurent aucun soupçon. Le Trévire Indutiomar, rentré dans ses foyers après l'expédition de Bretagne, mit au service d'Ambiorix son credit et son infatigable activité; il alla trouver Cativolke, l'aiguillonna, finit par entraîner ce vieillard indécis, et obtint de lui qu'il ne s'opposerait pas à l'armement en masse des Éburons, et qu'il aiderait même son collègue dans toutes les occasions importantes. Il fut convenu entre les conjurés belges et armoricains qu'on attendrait l'arrivée de César en Italie, et la dispersion des troupes romaines dans les quartiers, pour donner le signal de la guerre et assaillir en même temps sur tous les points (*). »

Cette vaste conjuration nationale, dont Ambiorix était en droit d'espérer la délivrance de la Gaule, échoua par la précipitation des Carnutes. Leurs mouvements donnèrent l'alarme à Cé

(*) Amédée Thierry, Histoire des Gaulois, t. III, p. 40.

sar, qui resta dans les Gaules et envoya deux de ses lieutenants, T. Saburius et A. Cotta, prendre leurs quartiers d'hiver dans le fort d'Aduatuca, sur le territoire même des Éburons. Ambiorix, sans se déconcerter, arriva auprès d'eux, les assura de son amitié, et leur fournit des vivres; mais dès qu'il apprit le soulèvement des Carnutes, il tomba sur les Romains qui étaient sortis pour couper du bois, les battit et les poursuivit jusque dans leurs retranchements, qu'il investit; il ne put toutefois triompher du courage des légionnaires. Mais il tenta un autre moyen il fit crier aux Romains « qu'il avait à communiquer à leurs généraux des choses du plus haut intérêt, concernant leur vie et le salut de leur armée. »> On lui adressa aussitôt deux parlementaires auxquels il déclara qu'il était dévoué à César, que les Éburons faisaient la guerre aux Romains, parce qu'ils y étaient forcés par tous les autres Gaulois; qu'il croyait que son amitié pour César l'obligeait à prévenir les Romains qu'une armée nombreuse de Germains venait de passer le Rhin et arriverait dans deux jours, qu'alors les Romains seraient écrasés. Il les engageait à évacuer le fort d'Aduatuca, leur_promettant de leur livrer le passage. Les lieutenants de César effrayés acceptèrent l'avis du Gaulois, et sortirent de leur camp sans précaution. Mais quand ils furent au milieu des bois, Ambiorix tomba sur eux et les tailla en pièces (*). Après cette victoire, il souleva tous les peuples voisins, et alla attaquer le camp de Q. Cicéron; mais César arriva à temps pour sauver son lieutenant. Ambiorix marcha à sa rencontre avec soixante mille hommes. Le général romain n'avait que deux légions incomplètes, et qui ne formaient pas sept mille hommes; il eut recours à la ruse, affecta d'avoir peur, et se renferma dans ses retranchements. Ambiorix les fit attaquer; mais les Romains, sortant tout à coup, tombèrent sur les Gaulois surpris, les défirent, en massacrèrent un grand nombre, et aussitôt opérèrent

(*) Voir César, v, 34-36.

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