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testants, favorisés par le nouveau gouverneur, le comte de Sault, se rendirent maîtres de Lyon; mais d'Albon ayant permuté l'archevêché d'Arles centre celui de Lyon, punit, dès son arrivée, les auteurs de la révolte, fit brûler leurs livres, et mourut le 24 septembre 1574. On cite encore Bertrand d'Albon, seigneur de SaintForgeux, qui tint constamment le parti du roi contre la ligue dans le Lyonnais, et contribua puissamment à la réduction de Lyon, en 1594.

La branche des seigneurs de SaintAndré descend de Gilles d'Albon, fils puiné de Jean de l'Espinasse, mort avant 1480. Son fils, Guichard, seigneur de Saint-André, fut envoyé en Guienne, par Anne de Beaujeu, pour réduire à l'obéissance du roi plusieurs places qui favorisaient le parti de Louis, duc d'Orléans, puis

passa en Bretagne, et se trouva à la bataille de Saint-Aubin du Cormier. Il mourut en 1502. Son fils Jean, seigneur de Saint-André, mort en 1550, fut gouverneur du Lyonnais, du Bourbonnais et de la Marche. En 1512, il suivit le sire de la Trémoille en Italie, et Bonnivet au siége de Fontarabie, en 1521. En 1523, il défendit Saint-Quentin contre les Anglais. En 1537, il fut l'un des députés chargés de traiter de la paix avec les Impériaux qui assiégeaient Thérouenne. Son fils Jacques, seigneur de Saint-André, marquis de Fronsac, maréchal de France, sous le nom de maréchal de Saint-André, fut l'un des hommes les plus importants du seizième siècle (Voyez SAINT-ANDRÉ, maréchal de.)

La branche des seigneurs de Baignols descend de Guillaume d'Albon, second fils d'André. Elle présente, jusqu'au quinzième siècle, plusieurs personnages assez remarquables, parmi lesquels nous citerons Amédée, mort à Azincourt, en 1415.

La branche des seigneurs de Pouillenai descend de Henri, troisième fils d'André. Cette branche compte parmi ses plus illustres membres Humbert, qui se trouva aux batailles de Poitiers,

de Brignais, et fut fait prisonnier dans ces deux journées.

ALBON (Claude-Camille-François d'), né à Lyon en 1753, et mort, en 1789, à Paris, a publié un assez grand nombre d'ouvrages, et fut membre de plusieurs académies. On distingue surtout parmi ses travaux ses Discours politiques, historiques et critiques sur quelques gouvernements de l'Europe, 1779, 3 vol. in-8°, qu'il publia de nouveau en 1782, sous le titre de Discours sur l'histoire, le gouvernement, les usages, la littérature de plusieurs nations de l'Europe, 4 vol. in-12. D'Albon, qui avait beaucoup voyagé, a consigné dans cet ouvrage les résultats de ses réflexions; il y decrit successivement la Hellande, l'Angleterre, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, etc. On dit que le discours sur l'Espagne est fort remarquable; ce qu'il écrivit sur l'Angleterre est très-curieux, surtout pour l'époque. L'auteur prétend, non- seulement que la constitution de ce pays tend à le corrompre, mais encore qu'elle est essentiellement mauvaise; il affirme que le peuple anglais n'est ni heureux, ni libre par ses lois, et qu'il ne peut l'être. Certes, jamais jugement plus juste n'a été prononcé sur l'organisation aristocratique de l'Angleterre.

ALDEBERT. Voyez ADALBERT.

ALEGRE (ma'son d'). — Cette ancienne et illustre famille d'Auvergne descend d'Asailli, seigneur de Tourzel, qui vivait en 1364, et servit dans les guerres de Guienne et d'Auvergne sous le maréchal de Sancerre, en 1386. Son fils Morinot, seigneur de Tourzel, baron d'Alègre, conseiller et chambellan du roi Jean le Bon, lui céda tous ses droits sur la seigneurie d'Alègre. Il alla en Allemagne avec le roi Charles VI, en 1388, et mourut en 1418. Son fils, Yves de Tourzel, baron d'Alègre, mourut, en 1442, à la bataille de Tartas, livrée contre les Anglais. Son fils Jacques, conseiller et chambellan du roi, vivait en 1508. Les fils de Jacques furent Yves II et François. Le premier accompagna

Charles VIII en Italie, et fut nommé gouverneur de la Basilicate et du Milanais sous Louis XII. Il mourut, en 1512, à la bataille de Ravenne. (Voyez l'article qui lui est consacré page 190.) François d'Alègre, comte de Joigny, baron de Viteaux, seigneur de Préci, vicomte de Beaumont-le-Roger et d'Arques, chambellan du roi, et grand maître et réforinateur général des eaux et forêts de France, se distingua à la conquête de Naples, sous Charles VIII, qui le nommia, avec son frère, gouverneur de la Basilicate; il mourut en 1525. Gabriel, baron d'Alègre, seigneur de SaintJust et de Millaut, chambellan du roi Louis XII, fut prévôt de Paris en 1513, et bailli de Caen, où il reçut François Ier en 1532. Son troisième fils était Yves III, en faveur duquel la baronnie d'Alegre fut érigée en marquisat en 1576, comme récompense des services qu'il avait rendus aux rois Henri II, Charles IX et Henri III. Ce prince l'envoya en Allemagne avec le comte d'Escars, comme otage, garantir le payement des sommes promises au comte palatin pour les troupes qu'il lui avait amenées. Il ne put partir à cause de son âge, et envoya à sa place son neveu, le baron de Millaut, qu'il institua son héritier, en 1577, à defaut d'hoirs. Il mourut la même année.

Antoine, baron de Millaut, frère du précédent, prit part aux guerres de religion contre les calvinistes; il se trouva à la bataille de Moncontour. Il fut tué en 1573.

Yves, fils du précédent, baron de Millaut, et marquis d'Alègre par l'adoption de son oncle, fut donné en otage à Jean Casimir, comte palatin, pour assurance des sommes promises aux reîtres, qui, offensés de n'être pas payés, l'emprisonnèrent au château de Heidelberg, où il resta jusqu'en 1580. Plus tard, il reçut de Henri IV le gouvernement d'Issoire, où il fut tué dans une émeute populaire en 1592.

Yves, marquis d'Alegre, prince titulaire d'Orange, baron de Flageac, Aubusson, Aurouze, comte de Cham

poix, baron de Saint-Cirgues, seigneur de Meilhaud, Tourzel, etc., maréchal de France, gouverneur de Metz, Toul et Verdun, etait colonel du régiment du roi en 1679; il assista aux batailles de Fleurus, de Steinkerque, servit en Allemagne jusqu'en 1697, se distingua à la journée de Nimègue en 1702, soutint le siége de Bonne en 1703, fut fait prisonnier, en 1705, à la déroute de Tillemont, et resta captif en Angleterre jusqu'en 1712. Il prit Douai et Bouchain la même année. En 1713, il contribua à la victoire de Fribourg, fut fait maréchal de France en 1724, gouverneur de Bretagne la même année, et mourut, en 1733, le 9 mars.

La branche des seigneurs de Viveros et de Beauvoir descend de Christophe d'Alègre, troisième fils d'Yves II.

ALES, maison ancienne et illustre de Touraine, originaire d'Irlande, descend de Hugues d'Alès, qui vivait en 978 (*). Parmi les membres de cette famille, on cite Hugues IV, baron de Saint-Christophe, l'un des barons les plus considérables de France. Il passa en Angleterre avec les troupes que Louis le Jeune, roi de France, envoyait au secours des barons d'Angleterre révoltés contre leur roi; mais leur armée, commandée par Robert, comte de Leicester, ayant été defaite en 1173, Hugues fut fait prisonnier et enfermé au château de Falaise. Après avoir payé sa rançon, il se croisa pour la terre sainte. Jean II fut l'un des principaux seigneurs du royaume, qui portaient bannières, sous le règne de Philippe-Auguste, en 1214. Hugues VI, baron de Saint-Christophe, son fils, se croisa aussi pour la terre sainte; il est le dernier måle de cette branche.

La branche d'Alès de Corbet remonte au moins au treizième siècle.

(*) « L'histoire nous apprend qu'au temps de Charles le Chauve il y avoit une grande correspondance entre les royaumes de France et d'Irlande, et que Charles le Chauve attiroit le plus qu'il pouvoit de la bonne noblesse de ce pays-là, et se l'attachoit par de grands fiefs.»> Moreri, éd. de 1759, t. I, p. 327, art. ALLS.

L'UNIVERS.

Ses membres furent tous de braves hommes d'armes. René Ier combattit pour Henri IV contre les ligueurs, et fut tué pendant la guerre. Alexandre, dit le chevalier de Corbet, servit pendant trente-trois ans dans le régiment Royal, où il fit plusieurs actions éclatantes, auxquelles le maréchal d'Alègre rendit des témoignages honorables. Jacques Ier, né en 1640, militaire brave et instruít, fut envoyé par le roi présider, en 1682, l'assemblée des calvinistes d'Orléans. Il sut convertir plusieurs membres influents de l'assemblée, par des conférences et des écrits qui lui méritèrent les éloges de Bossuet. René Alexandre, chevalier de Corbet, fut lieutenant au régiment de la Marine en 1735, puis aide-major général du corps que commandait Chevert, à la prise des îles de Sainte-Marguerite; il mourut en 1748.

La branche d'Alès, en Picardie, descend de François, fils de René Ier, et a fourni à l'armée plusieurs officiers de mérite.

ALEXANDRE, dit de Paris, trouvère du douzième siècle. Il naquit à Bernay en Normandie, et l'on trouve souvent joint à son nom celui de sa ville natale. Alexandre de Paris ou de Bernay fut un des poëtes qui brillaient à la cour de Philippe-Auguste. Il partagea avec Chrétien de Troyes et Hélinant les faveurs de ce prince, ami des arts, autant qu'on pouvait l'être dans une société encore barbare. Son principal ouvrage est l'Alexandride, sorte de roman en vers, imité de QuinteCurce, d'une Vie d'Alexandre attribuée à Callisthène, et d'un poëme en vers latins, de Gauthier de Châtillon. L'Alexandride n'est pas de lui tout entière; elle avait été commencée, comme il nous l'apprend lui-même, par un autre poéte venu un peu auparavant, par Lambert li Cors (le Court), de Châteaudun. Dans cette singulière épopée, les faits de l'histoire sont continuellement mêlés à des aventures imaginaires, qui portent le caractère des mœurs chevaleresques. Le récit contient d'ailleurs mille allusions volontaires aux événe

ments et aux personnages du siècle où vit le poëte. Alexandre, dans plusieurs passages, figure évidemment PhilippeAuguste, et l'auteur destine au roi de France les éloges qu'il prodigue au conquérant macédonien. Non content de rentrer dans son époque par l'allusion, il y revient souvent d'une manière plus directe et plus singulière, en plaçant au milieu des scènes de son roman les personnages mêmes de la cour de France. C'est ainsi que le poëte pensionné de Philippe, Hélinant, récite un chant à la table d'Alexandre; les plus belles broderies de la tente de Darius sont l'ouvrage de la reine Isabelle. Le poëme est écrit en vers de douze pieds, genre de mesure dont on a cru longtemps Alexandre de Paris inventeur; il est certain qu'il avait déjà été employé quelque temps avant lui. Mais il serait difficile de décider si ces vers ont été appelés alexandrins du nom du poëte, ou de celui du héros sur lequel le poëme a été composé. Moréri penche pour la dernière de ces deux opinions. Comme la plupart des trouvères de ce temps, Alexandre de Paris manie avec peine une langue pauvre et rude encore; il accumule les mots au hasard, et offre une incohérence choquante de tons et d'expressions. Toutefois ce récit plat et diffus est curieux comme monument de l'art et de la civilisation du douzième siècle. Le même poëte a composé d'autres ouvrages, entre autres le roman d'Elène et celui d'Atys et Prophilias. L'Alexandride, bien que formant un récit complet, n'est qu'une partie du vaste poëme que le moyen âge nous a laissé sur Alexandre. En réunissant les différentes compositions où les trouvères de la fin du douzième siècle et ceux du treizième se sont exercés sur la vie du héros macédonien, on trouve une espèce d'épopée cyclique dont l'ouvrage d'Alexandre de Paris forme un épisode.

ALEXANDRE (Noël), savant historien, ecclésiastique de l'ordre de SaintDominique, né a Rouen en 1639. Il professa pendant douze ans la philo

sophie et la théologie. Ardent jansé niste, il soutint contre les maximes ultramontaines et contre la bulle Unigenitus une lutte persévérante, qui lui valut maintes persécutions. On lui reproche de s'être laissé entraîner quelquefois à soutenir de mauvaises causes, quand l'intérêt de son ordre y était engagé. Dans ses dernières années il perdit la vue, par suite de son application au travail. Il mourut à Paris en 1724. Parmi ses ouvrages, qui à leur apparition firent beaucoup de bruit, on remarque son Histoire ecclésiastique (24 vol. in-8°); sa Théologie morale (2 vol. in-fol.); ses Commentaires sur le Nouveau Testament (2 vol. in-fol.), etc. Il a écrit en outre beaucoup de dissertations et de traités sur des matières de polémique religieuse.

ALLEMAGNE (Relations de la France avec l'). (Voyez CONFÉDÉRATION GERMANIQUE, PRUSSE, BAVIÈRE, RIVALITÉ DE LA FRANCE ET DE L'AUTRICHE.)

ALLUT (Jean), pseudonyme adopté par un écrivain fanatique du dix-huitième siècle, qui n'est pas encore bien connu; mais Barbier le bibliographe a prouvé que Jean Allut n'est autre que Élie Marion (voyez ce mot).

ALMAIN (Jacques), célèbre docteur de la faculté de théologie de Paris, naquit à Sens. Recu docteur en 1511, il mourut prématurément en 1515. Ses œuvres se composent de traités de philosophie et de scolastique, et d'écrits sur la puissance ecclésiastique. Les premiers, qui ne font que rebattre les idées de Scot, n'offrent aucun intérêt; parmi les derniers, beaucoup plus im portants, l'un, intitulé De la Puissance ecclésiastique et laïque, est un commentaire des décisions d'Olcam touchant la puissance du pape; l'autre est le fameux traité de l'Autorité de P'Eglise et des conciles. Celui-ci fixera seul notre attention, parce que, outre qu'il reproduit sous une forme nouvelle et plus vive les idées émises dans le premier, il tire une bien autre importance d'abord de la doctrine qui y est exposée et de son application; en

suite de son caractère en quelque sorte officiel, des circonstances à l'occasion desquelles il fut composé, et de sa destinée même. Almain terminait ainsi son livre « Voilà ce que j'ai écrit à

«

Paris, par la grâce de Jésus-Christ, « pour l'autorité de l'Église son épou« se, contre quelques propositions du « frère Thomas de Vio, tirées d'un a traité qu'il a composé, comme il l'as« sure, en 1511, à l'âge de quarantetrois ans. Et j'ai écrit ceci l'an de Notre-Seigneur 1512, le deuxième « mois de la première année de mon « doctorat. Je tais mon nom, pour << ne pas paraître avoir de la gloire. «S'il y a quelque erreur dans cet écrit, je proteste que je serai toujours sou« mis à la détermination de l'Église « universelle. »

«

Louis XII, dans ses démêlés avec Jules II, avait cité le pape devant le concile de Pise. A l'instigation de Jules II, Thomas de Vio, qui fut depuis le cardinal Caietano, dans un traité intitulé De la Comparaison de l'autorité du pape et du concile, reprit la vieille question tant débattue de la su prématie des papes sur les conciles ou des conciles sur les papes, et soutint de nouveau l'infaillibilité du pape, sa supériorité sur les conciles, que seul il a le droit de convoquer. Le concile de Pise envoya ce livre à la faculté de théologie de Paris, dont l'autorité était reconnue dans tout le monde chrétien, et l'invita par une lettre à exprimer son avis doctrinal sur cette question. Louis XII, de son côté, écrivit à la faculté, afin qu'elle répondit, comme il convenait, au manifeste de Jules II. La faculté n'avait pas besoin de ces invitations pour combattre une doctrine dont la première conséquence était la négation de l'indépendance du roi, du royaume et de l'Église de France à l'égard du pape, cette autre doctrine, si populaire déjà, qui formait comme le patrimoine de la théologie française. Le soin de défendre ce glorieux patrimoine fut confié à l'un des plus nouveaux membres de la faculté, mais qui avait fait ses preuves d'habile dialecticien, à Jacques Almain. Jus

qu'alors, quand les papes parlaient Écriture, les rois répondaient Digeste. Aux citations sacrées de Boniface VIII, et à son allégorie biblique des deux glaives, les jurisconsultes de Philippe le Bel avaient opposé la loi regia et les constitutions impériales de Constantin: c'était se disputer sans répondre. Almain changea le terrain de la discussion; il combattit le pape avec ses propres armes, et fixa la controverse dans les termes de l'Écriture et du droit divin. Nous ne rappellerons pas tous les arguments dont il se servit après Gerson et tant d'autres, pour prouver que la personne des papes n'est pas de droit divin, mais seulement les actes de leur autorité; qu'ils sont faillibles, par conséquent, et qu'ils doivent reconnaître la suprématie des conciles, infaillibles à l'égard des choses révélées, parce qu'ils représentent l'Église universelle; qu'on peut en appeler aux conciles des décisions du pape; que ces assemblées peuvent juger et déposer; que la puissance temporelle et la puissance spirituelle sont tout à fait distinctes; que l'obligation des lois ecclésiastiques est restreinte au for intérieur; que les princes ne reçoivent pas leur jurídiction temporelle du pape; qu'elle ne dépend pas de lui, et que le roi de France en particulier ne reconnaît aucun supérieur pour le temporel. Restait la question capitale de l'origine de la souveraineté ; et voici ce qui est propre à Almain. Avant lui, on s'accordait généralement à placer dans le ciel la source de la souveraineté; mais on ne s'accordait plus sur la direction qu'elle suivait en descendant sur la terre: les papes l'appelaient à eux pour en faire la répartition aux rois; les rois avaient la prétention de la recevoir du ciel sans intermédiaire et de régner par la grace de Dieu. Almain rejette les deux systèmes; c'est le peuple qu'il met en communication immédiate avec Ce fut seulement à la fin du dixle ciel. Selon lui, c'est le peuple qui septième siècle ou au commencement délègue sous des formes diverses la du dix-huitième, en plein despotissouveraineté aux papes et aux rois.me, que cet ouvrage commença à inCette doctrine peut se résumer ainsi : La puissance papale fondée sur le choix libre de l'Église, comme la puissance

royale sur le consentement des peuples, est de même une délégation révocable en cas d'abus. Ceci est grave et mérite réflexion; car si la puissance royale et la puissance papale sont deux choses corrélatives, ayant pour rapport commun leur commune origine, et par suite leur révocabilité, il en résulte qu'on peut changer les deux termes de place sans que le rapport soit chaugé, et ait cessé d'être applicable à tous deux; on peut donc dire que la puissance royale fondée sur le consentement des peuples, comme la puissance papale sur le choix libre de l'Eglise, est de même une délégation révocable en cas d'abus. Chose singulière cependant! ce livre fit éclat; il fut lu et approuvé, reconnu presque officiellement, et imprimé avec privilége du roi. C'est que la question ne venait pas en temps opportun. Avant qu'eile pût être posée nettement et résolue de même, il fallait résoudre définitivement l'autre question, celle de l'indépendance du roi à l'égard du pape, parce que dans son opposition à une souveraineté étrangère, le roi c'était véritablement a nation. La souveraineté nationale devait être la première manifestation de la souveraineté populaire. On ne pouvait songer sérieusement à la liberté intérieure, tant que l'indépendance extérieure ne serait pas assurée contre toute puissance temporelle ou spirituelle. Pour atteindre ce but, tous les moyens étaient bons; on ne voyait que l'objet présent, que l'intérêt du moment, et contre l'ennemi commun on employait toutes les armes qu'on avait à sa disposition, sans examiner si elles avaient deux tranchants. C'est ce qui explique comment le livre d'Almain imprimé pour la première fois en 1512, réimprimé en 1526, le fut de nouveau, et toujours avec privilége du roi, en 1606.

quiéter quelques consciences monarchiques. Une nouvelle édition de ce livre, classique pour tout bon gallican,

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