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ABLON. - Village du département de Seine-et-Oise, arrondissement de Corbeil, à trois lieues de cette ville et à cinq de Versailles. Ce village, situé au bord de la Seine au-dessous d'Atis, eut autrefois pour seigneur Pierre Grassin, conseiller au parlement. C'est à Ablon que Henri IV avait permis aux protestants d'établir un prêche qui fut ensuite transféré à Charenton. « En ce mois d'aoust 1606 et le dimanche 27 d'icelui on commença à prescher à Saint-Maurice près le pont Charenton, l'exercice de la religion qui se souloit faire à Ablon, aiant esté rapproché de deux lieues... Sa Majesté y envoia des archers et un exempt des gardes afin de contenir le peuple en son devoir. L'assemblée estoit de trois mille personnes ou environ (*). »

ABOLITION (terme de l'ancienne législation). Amnistie. — Lettres d'abolition, lettres par lesquelles le roi défendait la poursuite d'un crime, et déclarait, avant tout jugement, que le fait lui était connu, et qu'il pardonnait à l'impétrant. Celui-ci dès lors ne pouvait plus à raison du même crime ni être mis en jugement, ni être entaché d'infamie. Voy. les Annales, p. 63.

ABONNÉS. - Abonnati désignait au moyen âge les serfs qui, par privilege ou par achat, avaient obtenu que leurs prestations, tailles et servitudes de tous genres fussent modérées, et souvent même changées en une somme fixe d'argent. Ils cessaient alors d'être les hommes de corps de leurs seigneurs. Une charte du vicomte de Thouars, accordée en 1269 à ses serfs, porte: « Cest establissement est entendu des rachats qui estoient à mercy; car cil qui sont abonni demeurent en leur estat. » Les abonnements, en se multipliant, préparèrent l'émancipation générale des serfs, car par l'abonnement les gens taillables et corvéables à merci sortaient du régime du bon plaisir pour entrer dans celui du contrat réciproque.

ABORDAGE. L'abordage est une manœuvre difficile et dangereuse, qui

(*) L'Estoile.

a pour but de changer un combat naval en un combat corps à corps. D'ordinaire lorsqu'une action languit, ou bien quand un capitaine se sent inférieur à son adversaire sous le rapport de la manœuvre, de la force de son bâtiment, etc., il tente l'attaque périlleuse de l'abordage, qui consiste à jeter des grapins en fer dans le gréement du navire ennemi pour le forcer de recevoir l'abordage aussitôt les hommes les plus hardis et les plus lestes sautent sur le pont du navire abordé; on se bat à coup de piques, de pistolets, de haches d'armes. Quelquefois les assaillants, après un combat meurtrier, sont rejetés sur leur navire, précipités à la mer ou écrasés entre les deux bâtiments; mais plus souvent le pont du vaisseau attaqué est nettoyé, et l'équipage, forcé de se réfugier dans les entre-ponts, est bientôt contraint d'amener le pavillon. Les Français, renommés pour leur ardeur bouillante, ont toujours recherché l'abordage. Les fastes de notre marine sont remplis d'exploits de ce genre.

ABOUKIR. C'est le nom d'un hameau de la côte d'Egypte habité par une centaine d'Arabes, sur le bord oriental d'un large golfe parsemé de petits ilots, et à quatre lieues à l'est d'Alexandrie. Ce misérable village a donné son nom à deux batailles également célèbres, l'une sur mer perdue par la France, le 19 août 1798, l'autre sur terre gagnée par Bonaparte, le 25 juillet 1799, toutes deux livrées durant la mémorable expédition d'Égypte.

Combat naval du 1er août 1798. Lorsque Bonaparte, maître d'Alexandrie, quitta cette place pour s'enfoncer dans l'intérieur de l'Égypte, il enjoignit à l'amiral Brueys, commandant supérieur de la flotte qui avait transporté l'armée française, de quitter la rade d'Aboukir où elle n'était pas en sûreté, pour chercher un asile soit à Corfou, soit dans le port d'Alexandrie; mais pour entrer dans le port peu profond de cette ville il aurait fallu désarmer les vaisseaux de quatrevingts et de cent vingt canons. Aussi l'amiral, craignant alors de ne pas

avoir la sortie libre en présence d'une flotte ennemie, se décida pour Corfou. Avant de s'éloigner il voulut avoir des nouvelles certaines de l'entrée des Français au Caire, et tandis qu'il les attendait Nelson parut. Cet amiral, chargé de surveiller la flotte de Toulon dont on ignorait la destination, avait appris à la fois qu'elle avait quitté cette ville et s'était déjà emparée de Malte. Ne doutant plus que l'Egypte ne fût le but de ce formidable armement, il s'était dirigé vers la côte d'Afrique, s'était montré devant Alexandrie le 28 juin, deux jours avant l'arrivée des Français; ne les y trouvant pas, il avait cru qu'ils s'étaient dirigés vers les Dardanelles, et avait parcouru les côtes de Caramanie, de la Morée, tout l'Archipel, et s'était décidé à retourner enfin vers l'Égypte, résolu, écrivait-il au lord Saint-Vincent, à ne prendre de repos, dût-il aller chercher l'armée française aux antipodes, que lorsqu'il l'aurait rencontrée et qu'il lui aurait livré bataille. Enfin le 1er août il reparut devant Alexandrie, et laissa éclater toute sa joie à la vue des dispositions prises par l'amiral français. Brueys avait établi sa ligne d'embossage dans la rade d'Aboukir de manière à former un demi-cercle parallèle au rivage. Sa gauche était défendue par un îlot où il avait établi une batterie de douze; sa droite, où étaient placés ses meilleurs vaisseaux, devait être protégée par le peu de profondeur de la mer. Comme il avait renvoyé toutes ses frégates dans le port d'Ălexandrie, il n'avait aucun bâtiment à la voile, et put laisser ainsi les Anglais examiner à loisir sa ligne de bataille. Nelson conçut de suite un plan audacieux : « Demain, dit-il à ses officiers, j'aurai mérité la pairie ou Westminster. » L'un d'eux, étonné de la hardiesse des dispositions, doutait du succès. « Si, nous réussirons, répliqua Nelson, bien certainement! mais lequel de nous survivra pour raconter la chose, c'est une autre question. » Les deux armées étaient d'égale force; chacune avait treize vaisseaux de haut bord. Mais Brueys comptait si peu être attaqué

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quand les Anglais arrivèrent, que le branle-bas de combat n'était fait sur aucun vaisseau, et qu'une partie des équipages était à terre. Enfin, dans la pensée que l'on n'avait rien à craindre du rivage, les batteries du côté de terre n'avaient pas été démasquées.

Le combat commença à huit heures du soir. Six vaisseaux anglais furent dirigés sur la gauche pour passer entre l'ilot et le vaisseau de tête de la ligne française. Le premier qui s'aventura dans cette manoeuvre périlleuse échoua sur un bas-fond, mais les cinq autres furent plus heureux; ayant doublé la tête de la flotte française, ils allèrent se placer entre elle et la terre, et prirent ainsi à revers les cinq premiers vaisseaux de notre gauche. Aussitôt que l'action se trouva engagée de part et d'autre, Nelson, laissant arriver en dehors avec le reste de sa flotte, jeta l'ancre à une portée de pistolet et mit toute notre gauche et notre centre entre deux feux. Malgré cette position périlleuse, le combat fut soutenu avec vigueur; nos deux premiers vaisseaux attaqués à l'improviste avaient été, l'un désemparé, le second démâté; mais les autres faisaient un feu terrible. Le Bellérophon, l'un des principaux vaisseaux de Nelson, fut démâté et obligé d'amener; deux autres vaisseaux avaient été si maltraités, qu'ils avaient été contraints de s'éloigner du champ de bataille; entin, un quatrième, le Culloden, avait échoué au commencement de la bataille. La victoire était donc indécise et Brueys aurait pu la fixer si les signaux qu'il fit pour appeler à son aide les cinq vaisseaux de la droite, ses meilleurs et ses plus forts bâtiments, avaient été aperçus; la ligne anglaise aurait été à son tour prise entre deux feux, et comme notre artillerie était supérieure, leur position aurait été critique. Mais le contre-amiral Villeneuve, qui devait attacher son nom aux deux plus grands désastres maritimes des temps modernes, Aboukir et Trafalgar, resta spectateur de la lutte et attendit les ordres plutôt que de courir au secours de son chef. Celui-ci

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DE L'HISTOIRE DE FRANCE.

effaçait son imprévoyance par son intrépidité; blessé, il refusa de quitter le pont de son vaisseau jusqu'au moment où il fut emporté par un boulet. Peu après, son vaisseau amiral, l'Orient, prit feu et sauta en l'air. De ses mille hommes d'équipage, soixantedix à peine purent être sauvés. Cette épouvantable explosion, cet effrayant spectacle de l'incendie d'un magnifique bâtiment de cent vingt canons brû lant au milieu des ténèbres, suspendit un moment la lutte. Villeneuve pouvait encore arriver avec la droite, nos vaisseaux de gauche et du centre se battaient avec le courage du désespoir; du Petit Thouars, capitaine du Tonnant, qui avait voulu lever l'an cre à l'approche des Anglais, et avait dit à l'amiral: « Une fois l'action commencée, mon pavillon sera cloué au grand mat, tenait parole, et foudroyait tout ce qui l'approchait; couvert de blessures, avant deux membres emportés, il resta sur son banc de quart jusqu'à ce qu'un boulet le renversa comme Brueys. Le combat se soutint pendant toute la nuit, et dura quinze heures. Quand vint le jour la rade d'Aboukir était couverte de nos débris; toute l'escadre française, excepté deux vaisseaux et deux frégates emmenées par Villeneuve qui n'avait levé l'ancre que pour fuir et se réfugier à Malte, était détruite ou prise. Neuf vaisseaux de ligne étaient tombés au pouvoir des Anglais, un dixième avait sauté, un autre était enseveli dans les sables, un autre enfin avait été brûlé par les Français eux-mêmes. Ainsi toutes nos forces maritimes dans la Méditerranée étaient anéanties, les communications entre la France et l'armée d'Égypte coupées, et Bonaparte privé de l'appui que la flotte devait lui donner dans ses opérations sur les côtes de Syrie. L'expédition d'Égypte perdait dès ce moment une partie de son importance, il fallait reet immenses noncer aux vagues espérances que l'on avait conçues, oublier Constantinople et l'Inde, rester renfermés en Égypte, et se contenter d'en assurer la possession à la

France par des efforts gigantesques.

Les funestes résultats de cette bataille se firent surtout sentir, lorsque Bonaparte envahit la Syrie et attaqua Saint-Jean d'Acre. Dépourvu de grosse artillerie et de tout le matériel de siége que la flotte de Brueys lui aurait fourni, obligé de combattre contre les Anglais qui, maîtres de la mer, purent ravitailler la place et en renouveler la garnison, Bonaparte échoua et fut bientôt rappelé en Egypte par une armée turque, que la flotte anglaise y avait transportée.

Bataille du 25 juillet 1799. - C'est dans la rade d'Aboukir, que l'armée turque était venue débarquer, à l'extrémité de la presqu'île du même nom. Cette langue de terre fort étroite était défendue par un fort qu'entourait le village d'Aboukir. Bonaparte avait donné l'ordre à Marmont, chargé du commandement d'Alexandrie, de faire exécuter au fort des travaux qui pussent rendre cette position tenable en cas d'attaque. Marmont s'était contenté, au lieu de détruire le village qui gênait la défense de la place, de l'entourer d'une simple redoute. Aussi, quand les Turcs débarquèrent, ils s'emparèrent aisément du village, et forcérent le fort à se rendre. Ils étaient au nombre de dix-huit mille. C'étaient de braves soldats, des janissaires, que dirigeaient des officiers anglais, et qui avaient une artillerie nombreuse et bien servie. Le danger était grand, car, au moment où les Turcs débarquaient ainsi auprès d'Alexandrie, le chef des mameluks, Mourad - Bey, descendait de la haute Égypte, et les Français allaient se trouver entourés d'ennemis; mais Murat rejeta dans le désert l'intrépide chef des mamelucks, et Bonaparte accourut à Alexandrie. « Son projet était d'abord d'enfermer l'armée turque par des retranchements, et d'attendre, pour attaquer, l'arrivée de toutes ses divisions, car il n'avait sous la main que les divisions Lannes, Bon, Murat, environ six mille hommes. Mais à la vue des dispositions faites par les Turcs, il changea d'avis, et résolut de les attaquer sur-le-champ,

espérant les renfermer dans le village d'Aboukir, et les accabler d'obus et de bombes.

« Les Turcs occupaient le fond de la presqu'île, qui est fort étroite. Ils étaient couverts par deux lignes de retranchements. A une demi-lieue en avant du village d'Aboukir, où était leur camp, ils avaient occupé deux mamelons de sables, appuyant l'un à la mer, l'autre au lac de Madieh, et formant ainsi leur droite et leur gauche. Au centre de ces deux mamelons était un village, qu'ils gardaient aussi. Ils avaient mille hommes au mamelon de droite, deux mille à celui de gauche, et trois à quatre mille hommes dans le village. Telle était leur première ligne. La seconde était au village même d'Aboukir. Elle se composait de la redoute construite par les Français, et se joignait à la mer par deux boyaux. Ils avaient placé là leur camp principal et le gros de leurs forces.

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sur le derrière du village, sabre cette colonne et la repousse dans Aboukir. L'infanterie de Destaing et celle de Lannes entrent au pas de charge dans le village, en chassent les Turcs qu'on pousse dans toutes les directions, et qui, s'obstinant toujours à ne pas se rendre, n'ont pour retraite que la mer, où ils se noient.

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Déjà quatre à cinq mille avaient péri de cette manière; la première ligne était emportée; le but de Bonaparte était rempli, et il pouvait, resserrant les Turcs dans Aboukir, les bombarder, en attendant l'arrivée de Kléber et de Régnier. Mais il veut profiter de son succès et achever sa victoire à l'instant même. Après avoir laissé reprendre haleine à ses troupes, il marche sur la seconde ligne. La division Lanusse, restée en réserve, appuie Lannes et Destaing. La redoute qui couvrait Aboukir était difficile à emporter; elle renfermait neuf à dix mille Turcs. Vers la droite, un boyau la

Bonaparte fit ses dispositions avec sa promptitude et sa précision accou-joignait à la mer; vers la gauche, un tumées. Il ordonna au général Destaing de marcher avec quelques bataillons sur le mamelon de gauche où étaient les mille Turcs; à Lannes, de marcher sur le mamelon de droite où étaient les deux mille autres; et à Murat, qui était au centre, de faire filer la cavalerie sur les derrières des deux mamelons. Ces dispositions sont exécutées avec une grande précision: Destaing marche sur le mamelon de gauche, et le gravit hardiment; Murat le fait tourner par un escadron. Les Turcs, à cette vue, abandonnent leur poste, rencontrent la cavalerie qui les sabre et les pousse dans la mer, où ils aiment mieux se jeter que de se rendre. Vers la droite, la même opération s'exécute. Lannes aborde les deux mille mameJuks; Murat les tourne; ils sont également sabrés et jetés dans la mer. Destaing et Lannes se portent ensuite vers le centre, formé par un village, et l'attaquent de front. Les Turcs s'y défendent bravement, comptant sur un secours de la seconde ligne. Une colonne, en effet, se détache du camp d'Aboukir; mais Murat, qui a déjà filé

autre boyau la prolongeait, mais sans joindre tout à fait le lac Madieh. L'espace ouvert était occupé par l'ennemi et balayé par de nombreuses canonnières. Bonaparte, habitué à porter ses soldats sur les plus formidables obstacles, les dirige sur la position ennemie. Les divisions d'infanterie marchent sur le front et la droite de la redoute. La cavalerie, cachée dans un bois de palmiers, doit l'attaquer par la gauche, et traverser, sous le feu des canonnières, l'espace laissé ouvert entre la redoute et le lac Madieh. La charge s'exécute: Lannes et Destaing poussent leur brave infanterie en avant; la 32 marche l'arme au bras sur les retranchements, la 18 les tourne par l'extrême droite. L'ennemi, sans les attendre, s'avance à leur rencontre. On se joint corps à corps. Les soldats tures, après avoir tiré leur coup de fusil et leurs deux coups de pistolet font étinceler leur sabre. Ils veulent saisir les baïonnettes avec leurs mains; mais ils les reçoivent dans les flancs avant d'avoir pu les saisir. On s'égorge ainsi sur les retranchements. Déjà la 18° est

près d'arriver dans la redoute, mais un feu terrible d'artillerie la repousse et la ramène au pied des ouvrages. Le brave Leturcq est tué glorieusement en voulant se retirer le dernier; Fugières perd un bras. Murat, de son côté, s'était avancé avec sa cavalerie pour franchir l'espace compris entre la redoute et le lac Madieh. Plusieurs fois il s'était élancé, et avait refoulé l'ennemi; mais, pris entre les feux de la redoute et des canonnières, il avait été obligé de se reployer en arrière. Quelques-uns de ses cavaliers s'étaient même avancés jusqu'aux fossés de la redoute; les efforts de tant de braves paraissaient être impuissants. Bonaparte contemplait ce carnage, attendant le moment favorable pour revenir à la charge. Heureusement les Tures, suivant leur usage, sortent des retranchements pour venir couper les têtes des morts. Bonaparte saisit cet instant, lance deux bataillons, l'un de la 22, l'autre de la 69°, qui marchent sur les retranchements et s'en emparent. A la droite, la 18 profite aussi de l'occasion et entre dans la redoute. Murat, de son côté, ordonne une nouvelle charge. L'un de ses escadrons traverse cet espace si redoutable qui règne entre les retranchements et le lac, et pénètre dans le village d'Abou kir. Alors les Turcs effrayés fuient de toutes parts; on en fait un carnage épouvantable. On les pousse la baïonnette dans les reins, et on les précipite dans la mer. Murat, à la tête de ses cavaliers, pénètre dans le camp de Mustapha-Pacha. Celui-ci, saisi de désespoir, prend un pistolet, et le tire sur Murat qu'il blesse légèrement. Murat lui coupe deux doigts d'un coup de sabre, et l'envoie prisonnier à Bonaparte. Les Turcs qui ne sont ni tués ni noyés se retirent dans le fort d'Aboukir.

« Plus de douze mille cadavres flottaient sur cette mer d'Aboukir, qui naguère avait été couverte des corps de nos marins: deux ou trois mille avaient péri par le feu ou le fer. Les autres, enfermés dans le fort, n'avaient plus d'autre ressource que la clémence

du vainqueur. Telle est cette extraordinaire bataille, où, pour la première fois peut-être, dans l'histoire de la guerre, l'armée ennemie fut détruite tout entière. C'est dans cette occasion que Kléber, arrivant à la fin du jour, saisit Bonaparte au milieu du corps. et s'écria: Général, vous êtes grand comme le monde (*). »

Bataille du 21 mars 1801.- Cette plage d'Aboukir fut encore une fois ensanglantée dans cette guerre. Le 7 mars 1801, une armée anglaise, forte de seize mille hommes et commandée par le général Abercromby, débarqua dans la presqu'ile, théâtre de la victoire de Bonaparte, et s'empara du fort. Les Français, réduits à un petit nombre de soldats, et conduits par le général Menou, essayèrent de renouveler les prodiges de la journée du 26 juillet 1799; mais la discipline et les précautions extrêmes prises par le général anglais qui, dans sa marche sur Alexandrie, ne faisait point un pas sans se couvrir à l'instant par des ouvrages et des lignes de défense, déjouèrent tous les efforts de leur courage. Le 21 mars, Aber-' cromby fut attaqué dans ses retranchements avec une vigueur qui fit pencher un instant la victoire du côté du petit nombre; la cavalerie pénétra jusqu'à la seconde ligne de l'infanterie anglaise et de la réserve, et il fallut qu'Abercromby et son état-major payassent de leur personne ; il y fut blessé mortellement; mais les Français, accablés par la multitude de leurs ennemis, furent enfin rejetés dans Alexandrie. Ce fut la dernière bataille de cette immortelle campagne, qui renouvela, dans tout l'Orient, le renom du courage des Francs.

ABOVILLE. Ce nom est celui d'une famille noble originaire de Normandie, mais qui se trouvait établie au dixhuitième siècle en Bretagne. Cette maison fournit à la France plusieurs officiers qui servirent avec distinction dans l'artillerie.

(*) Thiers, Histoire de la révolution française, t. X, p. 416 et suiv.

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