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corde pour les pauvres affligés et opprimés par plus puissants qu'eux, et non des méchants et des infâmes. » Tous les jours de nouvelles plaintes s'élevaient, et le parlement ne pouvait que supplier le roi d'y porter remède. En 1659, il insista d'une manière plus pressante. Un substitut du procureur du roi, qui voulait faire saisir un meurtrier dans l'hôtel de Soissons, avait été repoussé avec insulte par les laquais. « Si on toléroit de pareils abus, disait « Omer Talon, chargé de porter la parole, cela iroit à établir de petites « Souverainetés indépendantes, lesquel<«<les étant une fois soustraites du pou« voir des juges ordinaires, ne recon<< naîtront pas longtemps la puissance « souveraine et royale. » Ces réflexions touchèrent Louis XIV; il autorisa les perquisitions, promit assistance, et en 1666, il répétait encore, après tant d'ordonnances perdues : « Faisons très<< expresses inhibitions et défenses à « tous princes, seigneurs et autres nos sujets, de donner retraite dans leurs « hotels et maisons, aux prévenus de « crimes, vagabonds et gens sans aveu,

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« etc. »>

Les asiles des nobles n'étaient pas les seuls à fomenter les abus et les crimes; il y avait aussi des asiles bourgeois, asifes que la piété du moyen age avait ouverts au sein des villes, aux pauvres, aux malheureux, et où avaient afflué les gueux de toute race; telles étaient à Paris la rue de la Truanderie; la cour des Francs-Bourgeois, fondée en 1350 pour quarantehuit pauvres, et qui, jusqu'au dix-huitième siècle, fut un repaire de brigandages; et enfin la faineuse cour des Miracles, dont M. Victor Hugo a fait dans Notre-Dame de Paris une si énergique peinture. En 1630, voulut ouvrir une large rue qui traversât ce bouge infâme; mais les misérables qui y trouvaient un refuge, battirent maçons et entrepreneurs, et purent continuer à exercer leurs brigandages et leurs escroqueries, qui, en 1653, dit Sauval, fournirent une entrée fort plaisante à un ballet de la

cour.

on

Si l'asile des nobles et des bourgeois survécut si longtemps aux ordonnances, l'asile religieux n'avait pas non plus péri tout entier. Aboli comme droit, il resta comme privilége au pardon de Saint-Romain (voy. ce mot), et à l'installation des évêques d'Orléans. (Voyez les ANNALIS, p. 144.) Six semaines à l'avance, on proclamait dans Orléans la joyeuse entrée du futur évêque. Les criminels de toute province arrivaient dans les prisons de la ville, et en 1666 il y en eut huit cent soixante-cinq qui furent tous déliyrés. Mais en 1753 Louis XV mit de justes bornes à cet abus, prenant pour lui seul le droit de grâce, et ramenant le privilége de l'évêque à l'ancien droit d'intercession (voyez ce mot). Le privilége du saint normand fut plus tenace (*); il avait bravé Louis XII, il brava François Ier, et l'année même où ce prince abolissait l'asile de l'église, un meurtrier fut délivré malgré lui. François Ier, Henri II, tous les princes, Louis XIV lui-même, le reconnurent au grand déplaisir des parlementaires, qui ne cessèrent pas de le combattre. Les gens de cour le soutinrent contre les hommes de loi, et il arriva sans encombre jusqu'à la révolution, qui l'abolit avec tant d'autres abus.

Le droit d'asile avait à peu près disparu de fait, quand la révolution vint en rendre le rétablissement impossible, en consacrant le grand principe de l'égalité civile. Appelé à une juridiction suprême, le droit d'asile ne doit venir qu'à défaut de la juridiction commune. Cette juridiction commune est acquise désormais à la France; et, il faut le dire à son grand honneur, l'égalité n'est plus une simple prescription légale, et respectée seulement à ce titre, c'est un fait accompli, radicalement accompli; elle a pris racine dans l'esprit et les mœurs de la nation à une si grande profondeur, qu'on ne pourrait l'en arracher qu'avec la vie sociale elle-même. Il n'y a plus d'asile contre

(*) Voir l'ouvrage de M. Floquet sur le privilége de Saint-Romain.

la loi, parce que la loi est l'asile de

tous.

Il est un asile qui n'a rien de commun, il est vrai, avec ceux dont nous avons parlé, et que nos lois protégent encore, mais en l'assurant à tous, c'est celui qu'offre à chaque citoyen la maison qu'il habite. La constitution du 5 fructidor an III a proclamé l'inviolabilité du domicile. Cette disposition est reproduite dans la constitution du 22 frimaire an VIII, qui est encore aujourd'hui notre loi constitutionnelle : « La maison de chaque citoyen est un « asile inviolable. Pendant la nuit, nul « n'a le droit d'y entrer, que dans le «< cas d'incendie, d'inondation ou de << réclamation venant de l'intérieur « de la maison. Pendant le jour, on « peut y exécuter les ordres des au«torités constituées. Mais aucune <«< visite domiciliaire ne peut avoir << lieu qu'en vertu d'une loi, et pour la personne ou l'objet expressé«ment désignés dans l'acte qui or<< donne la visite. >

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Cet asile du foyer domestique protége aussi et d'une manière absolue, la nuit comme le jour, le débiteur, auquel l'Église ne prêtait autrefois qu'un refuge bien moins assuré. Le progrès de l'humanité et l'adoucissement des mœurs apparaissent vivement dans notre législation sur cette matière, modifiée encore depuis 1830, dans un sens plus humain (voyez CONTRAINTE PAR CORPS). Ce n'est pas seulement dans son propre domicile que le débiteur trouve asile et sûreté, c'est dans une maison quelconque ; c'est dans le lieu et pendant les séances des autorités constituées; c'est dans tous les édifices consacrés au culte, pendant les exercices religieux; c'est enfin en quelque lieu qu'il se trouve, les jours de fête légale, et tous les jours, avant le lever et après le coucher du soleil. Bien plus, s'il est appelé comme témoin devant un tribunal, il lui est accordé un sauf-conduit, en vertu duquel il ne peut être arrêté ni le jour fixé pour sa comparution, ni pendant le temps nécessaire pour aller et pour revenir.

Il est encore un autre asile qu'on peut appeler international, c'est celui qu'un pays accorde aux étrangers que leur patrie a rejetés de son sein, ou que l'oppression et la domination étrangère en ont expulsés, ou enfin qui ont échappé à la rigueur des lois nationales. Cet asile, dont il sera parlé ailleurs sous un autre point de vue (voyez EXTRADITION et RÉFUGIÉS), cet asile, accordé à tous indistinctement, amènerait de très-graves abus, et ne serait bientôt plus qu'un échange de malfaiteurs entre nations; mais restreint à ce qu'on appelle crimes ou fautes politiques, et, pour parler plus généralement, à tous ces actes dont le simple déplacement du coupable suffit pour prévenir le retour, il n'offre plus de dangers, et mérite, au contraire, toute faveur et toute protection. Après avoir, pendant si longtemps, lutté pour conserver l'asile ecclésiastique, Rome continue sa mission en ouvrant ses murs à toutes les infortunes politiques; c'est le grand asile moderne, le rendez-vous de tous les proscrits illustres. Depuis 1830, la France est entrée assez largement dans cette voie, et bien souvent son hospitalité a été généreuse et empressée; mais tout progrès à cet égard n'est pas accompli. Espérons que, lorsqu'elle sera parvenue à se rasseoir un peu de ses agitations, lorsqu'elle aura assez conscience de sa force pour ne pas s'effrayer de quelques réclamations isolées, elle pratiquera cette hospitalité avec plus de franchise et de grandeur. Espérons aussi que les autres peuples la suivront dans cette voie de progrès, où, il faut le reconnaître, elle a été précédée par quelques-uns; l'Angleterre par exemple. Le temps n'est pas loin, cependant, où l'asile de la terre des proscrits a été violé d'une manière indigne. Lorsque, en 1815, l'homme qui tenait le monde attentif au bruit de ses pas, vint seul et sans défense, pauper et nudus, chercher un refuge sur un vaisseau anglais, ce foyer du peuple britannique, l'Angleterre, que la peur rendait lâche, lui tendit une main hospitalière; et lorsqu'il se fut livré.....

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nous savons tous ce qu'il en advint. Alors tous les subterfuges à l'aide des quels l'antiquité violait ses asiles, et que nous avons vu renouvelés dans le moyen âge; toutes ces ruses odieuses furent pratiquées de nouveau, mais en grand. L'asile, ce fut un rocher aride, perdu au milieu des mers, sous un climat brûlant. Et là, six années durant, l'homme du destin fut soumis à toutes les épreuves; les tortures physiques, les tortures morales, l'isolement, l'affront, le climat, le geôlier, tout fut mis en œuvre, jusqu'à ce qu'il s'éteignit dans une lente agonie. C'est ce qu'ils appelèrent un cancer au cœur. Le véritable cancer, ce fut Hudson Lowe, ce vautour envoyé par l'Angleterre pour ronger le cœur du nouveau Prométhée. Mais cet homme devait, par sa fin même, servir l'humanité autant qu'il l'avait servie durant toute sa vie. Comme il l'a voulu, comme il l'a écrit, l'asile du Bellerophon sera désormais aux yeux de l'histoire, un sujet de honte éternelle pour l'Angleterre, et ces mots flétriront à jamais tout acte semblable de déloyauté chez un peuple civilisé.

ASNOIS, village du département de la Nièvre, qui etait au moyen âge le chef-lieu d'une des seigneuries les plus considérables du Nivernois, et dont les habitants furent affranchis en 1304, par Regnaud de Saint-Verain, sire d'Asnois.

ASPASIE joua un rôle dans les séditions de 1795. Le 21 mai de cette année, elle se mit à la tête des femmes qui attaquèrent la Convention, et contribua à l'assassinat de Féraud. Elle voulait assassiner Camboulas et Boissy d'Anglas, qu'elle regardait comme les auteurs de la disette. Arrêtée, elle avoua ses projets, et déclara qu'elle avait été excitée par les Anglais et les royalistes; elle ajouta qu'on avait formé aussi le complot de donner le trône au fils de Louis XVI, detenu au Temple, mais elle refusa de nommer ses complices. Elle fut condamnée et exécutée le 24 prairial an IV (1796).

ASPE ('), nom d'une vallée des Basses-Pyrénées, arrondissement d'O

leron. Le 5 septembre 1792, six mille Espagnols y furent taillés en pièces par six cents Français de l'armée des Pyrénées Occidentales.

ASPREMONT ou APREMONT (pays d'), dans le duché de Bar, formant aujourd'hui le canton de Saint-Mihiel, dans le département de la Meuse. Ce lieu était autrefois le chef-lieu d'une baronnie considérable, et l'un des plus grands fiefs de l'évêché de Metz.

ASSAS (chevalier d'). — C'est dans une petite ville des Cévennes, au Vigan, que naquit l'homme qui devait renouveler de nos jours les plus beaux dévouements de la Grèce et de Rome. Quoique né catholique, et n'appartenant pas à la religion qui était proscrite alors, d'Assas avait été élevé à une dure école. Sa famille avait pris part à cette rude guerre des camisards, qui, au milieu de tant d'horreurs, produisit tant d'actions héroïques. Enrôlé de bonne heure, le chevalier d'Assas était devenu capitaine dans le régiment français d'Auvergne, quand il donna tant d'éclat à son nom, par le noble sacrifice qu'il fit à son pays. C'était dans la nuit du 15 au 16 octobre 1760. L'armée française stationnait aux environs de Gueldre, près de Closterskamp. Le chevalier d'Assas, à la tête d'une garde avancée, sort pour inspecter les postes, vers le milieu de la nuit. A peine a-t-il fait quelques pas, qu'il tombe au milieu d'une division ennemie qui allait surprendre l'armée française. Vingt baïonnettes se croisent sur la poitrine du héros; à son silence est attachée la ruine de notre armée; il tombe mort, s'il dit un mot. Mais d'Assas n'a point hésité: « A moi, Auvergne, l'ennemi est là!» s'écrie-t-il; et il meurt, percé de vingt blessures; il meurt, mais l'armée française est sauvée; et l'ennemi, par son admiration, rend le plus bel hommage à la bravoure du héros.

D'Assas n'était point marié. Une rente viagère de mille livres fut accordée aux représentants de son nom. Supprimée pendant la révolution, elle fut rétablie depuis; et une statue en bronze, élevée aujourd'hui sur une

place du Vigan, a rendu à cette ville le héros dont elle s'honore.

ASSAT, village et seigneurie du Béarn (departement des Basses-Pyrénées), à trois kilomètres est-sud-est de Pau, érigée, en 1652, en baronnie. ASSELINE (Jean-René), évêque de Boulogne avant la révolution. Il émigra en 1791, et devint, en 1807, confesseur de Louis XVIII, du duc et de la duchesse d'Angoulême. Il mourut en 1813.

ASSEMBLÉE DES ÉLECTEURS. Voyez ÉLECTEURS.

ASSEMBLÉE DES NOTABLES. Voyez NOTABLES.

ASSEMBLÉE NATIONALE et ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE. - Assemblée nationale. Quand Louis XVI succéda à son aïeul sur le trône de France, la couronne était devenue lourde à porter. Un énorme déficit dans les finances, un facile abandon de tout sentiment d'honneur dans la noblesse, une extrême inquiétude dans le peuple, un malaise général dans toutes les classes, tel était l'état du royaume en 1774. Et qui devait lutter contre ces éléments de dissolution? Un homme instruit, il est vrai, mais sans intelligence politique, un homme sans vices (il faut le reconnaître), mais sans aucune de ces vertus qui sauvent les nations et les rois.

La philosophie, après avoir démontré la vanité des privileges sur lesquels s'appuyaient la monarchie et l'aristocratie, après avoir ouvert un nouvel horizon, avait laissé au dix-huitième siècle une prédiction qui allait s'accomplir. « Nous approchons de l'état de «crise et du siècle des révolutions. Je << tiens pour impossible que les grandes « monarchies de l'Europe aient encore « longtemps à durer; toutes ont brillé, « et tout Etat qui brille est sur son « déclin. J'ai, de mon opinion, des « raisons plus particulières que cette « maxime; mais il n'est pas à propos « de les dire, et chacun ne les voit que trop. » Ainsi parlait Rousseau. Ecoutons encore Voltaire. « Tout ce que je « vois jette les semences d'une révolu<«<tion qui arrivera immanquablement,

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Le jour des révolutions était venu; les jeunes gens étaient prêts. Après avoir usé plusieurs ministres, dont un seul, Turgot, fut digne d'estime, Louis XVI, contrarié dans ses demandes d'argent par le parlement qu'il exila deux fois, et par une assemblée de notables (voyez NOTABLES) qu'il avait cru trouver plus flexible, prit un parti extrême, et convoqua les états généraux, dont la dernière réunion datait de soixante et quinze ans. Il était nécessaire de savoir d'abord quel devait être le nombre des députés par chaque ordre. L'opinion publique, guidée par les avis des publicistes les plus distingués, demandait que le tiers état devint quelque chose. La cour, cedant à ce desir national, ordonna que le nombre total des députés serait de mille au moins; qu'il serait formé en raison de la population et des contributions de chaque bailliage, et que le nombre particulier des députés du tiers état serait égal à celui des deux ordres réunis.

Mais il restait à résoudre une grave difficulté, c'était de savoir si les votes seraient comptés par ordre ou par tête dans le premier cas, le rôle du tiers état était nul, puisqu'il avait toujours contre lui la noblesse et le clergé, dont les intérêts identiques se refu saient à toute amélioration; dans la seconde hypothèse, et surtout avec l'ordonnance qui augmentait le nombre des députés, le tiers pouvait presque toujours imposer sa volonté. Il est utile d'observer que tout Français âgé de vingt-cinq ans, domicilié et compris au rôle des impositions, avait le droit de venir dans les assemblées primaires nommer des électeurs, pour lesquels, ainsi que pour les deputes, il n'y avait aucune condition de cens ou d'impot; l'assemblée des états gene raux, élue par six millions de votants,

pouvait donc se considérer comme l'expression de la volonté nationale.

Les élections commencent; toutes les assemblées primaires ont eu le soin de consigner leurs plaintes et les réformes à opérer dans des cahiers confiés à chacun de leurs mandataires. La noblesse demande le rétablissement de la constitution primitive de la monarchie; c'était une manière habile de faire renouveler ses priviléges. Le clergé, plus prévoyant ou plus libéral, tout en conservant ses prérogatives de caste distincte, veut que les trois ordres soient reconnus, et que le pouvoir législatif appartienne aux états généraux. Le tiers exige beaucoup plus; il demande une constitution écrite, la monarchie tempérée, la responsabilité des ministres, la puissance législative pour la nation avec la sanction du roi, le consentement national pour les impôts et les emprunts, les états généraux permanents ou périodiques, l'égalité, l'inviolabilité de la propriété, la liberté individuelle, la liberté de la presse, l'abolition des priviléges féodaux, la réforme des abus.

Nous avons voulu donner le résumé des demandes du tiers, afin qu'il soit bien constaté que les députés de cet ordre, élus par un nombre d'électeurs trois fois plus considérable que le nombre des électeurs qui votaient pour les deux autres ordres, exprimérent l'intention formelle de la France, puisqu'ils parlèrent au nom de la majorité.

Le peuple de Paris va au-devant de toutes les difficultés et de la résistance à laquelle il s'attend. Les électeurs arrêtent qu'ils resteront en permanence pour correspondre avec leurs mandataires; chassés de leurs districts, ils s'établissent à l'hôtel de ville, et se donnent le titre d'Assemblée générale de la commune. Le 4 mai, veille de l'ouverture des états généraux, douze ceuts députés et la cour se rendent processionnellement à l'église SaintLouis à Versailles; pendant le trajet, le tiers état, que la noblesse cherche à humilier par son luxe et son insolence, conserve une attitude fière et grave qui donne bon espoir au peuple.

Enfin, le 5, les députés se réunissent dans la grande salle des Menus-Plaisirs, qu'on appelle alors salle des TroisOrdres. Le roi, entouré de courtisans, et placé en face du tiers, prononce un discours dans lequel il demande aux états généraux leur concours pour remédier aux maux du royaume. Ensuite, le garde des sceaux, et le directeur général des finances, Necker, prennent la parole, mais ils n'annoncent pas un projet de constitution, et se déclarent pour le vote par ordre. Le soir, le tiers arrête que les pouvoirs seront vérifiés en commun; et, le lendemain, cette décision est communiquée à la noblesse et au clergé, qui refusent de se rendre à l'invitation qui leur est faite. Le tiers état, encouragé par l'assemblée des électeurs, n'entame aucune délibération, fixe aux députés des deux ordres un délai nécessaire, et décide qu'il se déclarera assemblée nationale, lors même que la noblesse et le clergé ne viendraient pas se réunir à lui. De tous côtés on le menace de lettres de cachet, de coups d'État : il ne se laisse pas effrayer; et, le 10 juin, après une sommation sans résultat faite aux ordres opposants, une commission présente au roi une adresse, dans laquelle on lui démontre combien l'obstination de la noblesse et du clergé est funeste au royaume. Louis XVI répond par des gémissements.

Le 16, une vive et brillante discussion s'élève sur le nom que doit prendre la réunion des députés; il est décidé qu'elle s'appellera Assemblée nationale. Le 17, une dernière invitation, envoyée aux deux ordres, n'est pas plus écoutée que toutes les autres; alors, considérant qu'il représente à lui seul les quatre-vingt-seizièmes de la nation, le tiers état se déclare constitué, choisit Bailly pour président, et jure de remplir avec zèle et fidélité les fonctions que le peuple lui a confiées; puis, afin de rassurer les citoyens que peut effrayer son audace, l'assemblée arrête que les impôts, quoique non votés par elle, seront perçus jusqu'à sa dissolution. La noblesse irritée entoure Louis XVI, le presse de sauver la mo

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