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je n'ai employé l'ascendant que pouvait me donner mon titre et ma place qu'à augmenter en lui son attachement aux principes éternels de la liberté, de l'égalité et de la morale, bases nécessaires de toute constitution vraiment républicaine.

Aujourd'hui que la révolution marche à grands pas vers une fin heureuse, puisqu'elle amène toutes les opinions à un seul centre politique; aujourd'hui qu'il ne doit plus y avoir d'autre culte public et national que celui de la liberté et de la sainte égalité, parce que le souverain le veut ainsi, conséquent à mes principes, je me soumets à sa volonté, et je viens vous déclarer ici hautement que dès aujourd'hui je renonce à exercer mes fonctions de ministre du culte catholique. Les citoyens mes vicaires, ici présents, se réunissent à moi. En conséquence nous vous remettons tous nos titres. Puisse cet exemple servir à consolider le règne de la liberté et de l'égalité! Vive la république!

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Signé GOBEL, DENOUX, LABOREy, DelaCROIX, LAMBERT, PRIQUELER, VOISARD, BOULLIOT, GENAIS, DESLANDES, DHERBÈS, MARTIN, dit SAINT-MARTIN.

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Le curé de Vaugirard. « Revenu des préjugés que le fanatisme avait mis dans mon cœur et dans mon esprit, je dépose mes lettres de prêtrise.

CHAUMETTE, procureur de la commune de Paris. « Le jour où la raison reprend son empire mérite une place dans les brillantes époques de la révolution française. Je fais en ce moment la pétition que la convention charge son comité d'instruction publique de donner dans le nouveau calendrier une place au jour de la raison, »

Le président de la convention aux pétitionnaires. Citoyens, parmi les droits naturels à l'homme on distingue la liberté de l'exercice des cultes. Il était essentiel qu'elle fût consacrée dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen que le peuple français vient de proclamer: ses représen

tants l'ont fait. C'est un hommage rendu à la raison pour ses efforts constants.

La constitution vous a donc garanti ce libre exercice des cultes, et sous cette garantie solennelle, éclairés par la raison, et bravant des préjugés anciens, vous venez de vous élever à cette hauteur de la révolution où la philosophie vous attendait. Citoyens, vous avez fait un grand pas vers le bonheur

commun.

Il était sans doute réservé aux habitants de Paris, de donner encore ce grand exemple à la république entière: là commencera le triomphe de la raison.

« Vous venez aussi déposer sur l'autel de la patrie ces boites gothiques que la crédulité de nos ancêtres avait consacrées à la superstition; vous abjurez des abus trop longtemps propagés au sein du meilleur des peuples.

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La récompense de ce sacrifice se retrouvera daus le bonheur pur dont vous allez jouir sous la plus belle constitution du monde, au sein d'un État libre et dégagé de préjugés.

Nous ne nous le dissimulons pas, citoyens, ces hochets insultaient à l'Etre suprême, au nom duquel on les entretenait; ils ne pouvaient servir à son culte, puisqu'il n'exige que la pratique des vertus sociales et morales; telle est sa religion; il ne veut de culte que celui de la raison; il n'en prescrit pas d'autre, et ce sera désormais la religion nationale.

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La convention accepte vos offrandes; elle applaudit aux sentiments que vous venez d'exprimer, et vous invite à assister à sa séance.

Un grand nombre de voix : « L'accolade à l'évêque de Paris! »

Le président : « D'après l'abjuration qui vient d'être faite, l'évêque de Paris est un être de raison; mais je vais embrasser Gobel,»

Le président donne l'accolade à Gobel. Les prètres quittent la barre; conduits par Chaumette, ils entrent dans la salle, le bonnet de la liberté sur la tète (nombreux et vifs applaudissements). Des prètres membres de la convention sont à la tribune, ils obtiennent successivement la parole.

Coure (de l'Oise): « Je n'ai point apporté dans l'assemblée des représentants du peuple d'autre caractère ni d'autre esprit que celui d'homme libre et de citoyen; cependant, à la vue du renoncement solennel que l'évêque de Paris et ses vicaires épiscopaux viennent de faire ici, je dois me rap

peler que j'ai aussi été curé à la campagne.

«Je me suis comporté avec probité dans une position congrue, et dans un temps où d'ailleurs toutes les lois en faisaient un état louable et bienfaisant.

« Je dois déclarer à la convention nationale que depuis quelque temps j'en ai quitté le titre et les fonctions, et que je ne suis plus qu'un simple citoyen.

« Il me reste ici une chose à faire, c'est de lui déclarer encore que je renonce à la pension que la nation nous laissait espérer.

« Quoique âgé et sans fortune, je ne veux pas être à charge à mes concitoyens : j'ai toujours vécu de mon travail, je veux continuer à plus forte raison sous la république, et donner encore cet exemple à nos successeurs lorsque je sortirai du sénat national.

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Signé J. M. Coupé (de l'Oise), ci-devant curé de Sermaire, près de Noyon. »>

Thomas LINDET: « Je n'ai point à rougir aux yeux de la nation du charlatanisme ou du fanatisme, je n'ai employé les moyens de la religion que pour contribuer au bonheur de mes concitoyens. La morale que j'ai prèchée sera celle de tous les temps. Je n'ai accepté l'évêché de l'Eure dans les moments difficiles que parce que je pouvais servir la révolution. Dès 1789, j'avais professé l'incompatibilité des fonctions du culte avec les fonctions civiles. Fidèle à mes principes, j'ai donné ma démission de cet évèché dans l'assemblée électorale qui m'a nommé à la convention nationale: on ne l'accepta pas alors. Tous les habitants de l'Eure sont témoins de ce que j'ai fait pour combattre le fanatisme, le fédéralisme, le royalisme. La seule ville d'Évreux a été ébranlée par les déclamations de quelques scélérats échappés du sein de cette assemblée. J'ai été en butte à la fureur de leurs complices; mais j'ai contribué à garantir le reste du département de la séduction. J'ai la satisfaction de pouvoir annoncer à la convention nationale que les ministres employés au culte dans la ville d'Évreux et dans tout le département ont été fidèles à maintenir les principes de la république, qu'ils ont propage les lumières de la raison, et qu'ils ont mérité la proscription des fédéralistes. La religion de la loi sera celle de tout le département de l'Eure. Depuis longtemps j'y ai dit avec succès que la cause de Dieu ne devait pas être une occasion de guerre entre les hommes, que chaque citoyen devait se

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Lorsque l'abdication des prètres avait quelque danger, les prêtres devaient s'empresser de se faire citoyens. La volonté du peuple annonce que le moment de cette abdication est arrivé. Un bon citoyen ne doit plus ètre ministre d'un culte public. J'abdique l'évêché du département de l'Eure, je renonce à l'exercice de toutes les fonctions du culte.

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et

Lorsque la raison remporte une victoire aussi éclatante sur la superstition, le législateur ne doit rien négliger pour en assurer le succès et la stabilité. Les fètes et les solennités religieuses étaient devenues des institutions publiques: mesurez le vide immense qu'opérera la désertion de ces fêtes. Remplacez ce que vous détruisez; prévenez les murmures qu'occasionneraient dans les campagnes l'ennui de la solitude, l'uniformité du travail, et la cessation de ces assemblées périodiques; que des fêtes nationales promptement instituées préparent le passage du règne de la superstition à celui de la raison. Tous les départements ne sont pas également mûrs pour cette grande révolution; les habitants des campagnes n'ont pas les mêmes moyens d'instruction qui se trouvent dans les grandes cités. Le d'acmoyen célérer le développement de l'opinion publique, c'est le prompt établissement des assemblées civiles où tous les citoyens se réuniront pour apprendre leurs droits, pour célébrer la liberté, et se former à la vertu,

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Je demande que le comité d'instruction publique soit chargé de présenter incessamment un rapport sur les fêtes nationales.

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Signé R. T. LINDET, ci-devant évèque du département de l'Eure. »

JULIEN (de Toulouse), ministre protestant.

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Je n'eus jamais d'autre ambition que celle de voir s'établir sur la terre le règne de la raison et de la philosophie. Ministre d'un culte longtemps proscrit par la barbarie de nos lois gothiques, j'ai prêché hautement les maximes de la tolérance universelle; je me suis attaché à resserrer entre tous les hommes les liens de la fraternité, et dès longtemps on m'a entendu jeter les bases d'une famille universelle.

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Né dans le département du Gard, transplanté successivement dans celui de l'Hérault et de la Haute-Garonne, les ministres alors

appelés catholiques m'ont entendu rendre hommage à la justice de l'Etre suprême, en prêchant que la même destinée attendait l'homme vertueux qui adorait le dieu de Genève, celui de Rome, de Mahomet ou de Confucius.

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Je préparais alors les approches du flambeau de la raison qui devait un jour éclairer ma patrie, et je me félicite d'avoir vu arriver ce jour où la bienfaisante philosophie, mère des vertus sociales, n'a fait de tous les Français qu'un peuple de frères, et qui les donne pour modèles an reste de l'univers, encore courbé sous les chaînes des tyrans orgueilleux et des prêtres fanatiques.

«Gobel a manifesté des sentiments qui étaient gravés dans mon âme; j'imite son exemple.

« On sait que les ministres du culte protestant n'étaient guère que des officiers de morale; cependant il faut convenir que, quoique débarrassés de l'appareil fastueux du charlatanisme, tous les cultes, tous les prètres n'étaient pas sans reproche à cet égard dans l'exercice des pratiques austères à l'aide desquelles ils prétendaient conduire les hommes à l'éternelle félicité. Il est satisfaisant de faire cette déclaration sous les auspices de la raison, de la philosophie et d'une constitution tellement populaire qu'elle annonce la chute de tous les tyrans, et qu'elle ensevelit sous les décombres des abus de toute espèce les erreurs superstitieuses du fanatisme et les brillants priviléges de la royauté anéantie.

« J'ai rempli pendant vingt ans les fonctions de ministre protestant; je déclare que dès ce jour j'en suspends l'exercice : désormais je n'aurai d'autre temple que le sanctuaire des lois, d'autre idole que la liberté, d'autre culte que celui de la patrie, d'autre évangile que la constitution républicaine que vous avez donnée à la France libre, et d'autre morale que l'égalité et la douce bienveillance.

« Telle est ma profession de foi politique et religieuse; tel est l'exemple que je crois devoir donner aux sectateurs des anciens préjugés; mais en cessant d'exercer des fonctions que j'ai tâché d'honorer par une conduite exempte de reproche, je ne cesserai pas mes devoirs d'homme et de citoyen; je ne me croirai pas moins obligé de prècher les principes de cette morale sublime que l'auteur de toutes choses a gravée dans nos âmes, d'être en bon exemple à mes con

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Signé JULIEN (de Toulouse). » GAY-VERNON. « Citoyens, j'ai toujours soupiré après le moment où nous sommes. En 1790, étant alors curé de Compreignac, je remis mes lettres de curé à mes bons paroissiens, et leur dis: Choisissez un autre pasteur si quelque autre peut vous rendre plus heureux; je ne consentirai à demeurer au milieu de vous qu'autant que vous m'élirez vous-mêmes. Toutes les places doivent étre nommées par le peuple. Ils m'élurent, je cédai à leurs instances fraternelles, et je prêtai le serment. En 1791, j'acceptai l'épiscopat pour contribuer aux progrès des lumières et håter l'empire de la raison et le regne de la liberté. Lorsque Torné, évêque du Cher, proposa l'abolition des costumes, je fus le premier à déposer ma croix sur le bureau de l'assemblée législative. Aujour d'hui, libre de suivre l'impulsion de ma conscience sans aucun danger pour ma patrie, et d'exprimer les sentiments de mon àme, j'obéis à la voix de la raison, de la philosophie et de la liberté, et je déclare à la nation, avec la joie d'un cœur pur et républicain, que je ne veux être que citoyen, et que je renonce aux fonctions ecclésiastiques.

Signé GAY-VERNON, ci-devant évèque.» VILLERS. «Citoyens, curé pendant douze ans dans une campagne, je me suis occupé à rendre mes paroissiens heureux : je ne leur ai enseigné que la vérité; je leur ai fait aimer la révolution par mes actions et par mes discours. Je déclare que j'aime ma patrie, et que je l'aimerai toujours. Je renonce à la place où l'on pourrait me soupçonner d'enseigner l'erreur; je renonce à ma qualité de prètre. Je ne puis déposer sur le bureau mes lettres de prêtrise, les bri

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Signé VILLERS, ci-devant curé. » LALANDE. « Citoyens, sans l'opinion et la confiance publique, les ministres des cultes ne sont plus que des êtres inutiles ou dangereux, et comme il paraît qu'ils ne sont plus investis ni honorés de cette confiance, il est de leur devoir de quitter leurs places.

« Voilà pourquoi je m'empresse d'annoncer à la Convention que dans ce moment je renonce pour toujours aux fonctions de l'épiscopat.

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La démarche que je fais aujourd'hui, je l'ai déjà faite il y a plus d'un an, en donnant ma démission de l'évêché du département de la Meurthe; mais les autorités constituées me pressèrent et me firent les plus vives instances pour m'engager à continuer mes fonctions, parce qu'on s'imaginait que ma présence était encore utile pour combattre l'aristocratie et les prétentions extravagantes de la cour de Rome.

« Ce motif ne subsiste pas aujourd'hui : l'aristocratie est anéantie, détruite; l'autorité du pape est réduite à sa juste valeur, et le peuple, éclairé par le génie de la liberté, n'est plus esclave de la superstition et des préjugés. Je déclare donc encore une fois à la Convention que j'abdique pour toujours les fonctions du ministère ecclésiastique, et que désormais je ne veux plus avoir d'autre titre que celui de citoyen et de républicain français: je n'en connais point qui puisse être aussi beau et aussi précieux!

Plusieurs autres députés, qui sont en même temps évêques ou curés, font des déclarations semblables, et toutes ces professions de foi sont couvertes des plus vifs applaudissements.

Cette scène allait se terminer sans avoir été troublée par la moindre opposition; Grégoire arrive, on le presse d'imiter l'exemple de Gobel; il monte à la tribune, et dit :

GRÉGOIRE, évêque de Blois. « J'entre ici n'ayant que des notions très - vagues sur ce qui s'est passé avant mon arrivée. On me parle de sacrifice à la patrie... J'y suis ha

bitué.

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S'agit-il d'attachemeut à la cause de la liberté ? mes preuves sont faites depuis longtemps.

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S'agit-il du revenu attaché aux fonctions d'évêque? je vous l'abandonne sans regret. S'agit-il de religion? cet article est hors de votre domaine, et vous n'avez pas droit

de l'attaquer.

« J'entends parler de fanatisme, de superstition... je les ai toujours combattus. Mais qu'on définisse ces mots, et l'on verra que la superstition et le fanatisme sont diametralement opposés à la religion.

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Quant à moi, catholique par conviction et par sentiment, prêtre par choix, j'ai été désigné par le peuple pour être évêque,

ne m'arrachera pas. Agissant d'après les principes sacrés qui me sont chers et que je vous défie de me ravir, j'ai tâché de faire du bien dans mon diocèse, je reste évêque pour en faire encore. J'invoque la liberté des cultes.

mais ce n'est ni de lui ni de vous que je tiens ma mission, J'ai consenti à porter le fardeau de l'épiscopat dans un temps où il était entouré d'épines; on m'a tourmenté Je déclare donc que désormais je ne pour l'accepter, on me tourmente aujourveux plus avoir d'autre objet que de répand'hui pour me forcer à une abdication qu'on dre et propager partout les vrais principes de la liberté, les dogmes éternels qui sont tracés dans le grand livre de la nature et de la raison ce livre où toutes les nations peuvent lire et apprendre leurs devoirs ; ce livre qui, bien loin d'avoir besoin d'ètre augmenté, corrigé et commenté, doit servir à abréger, corriger et augmenter les autres. Si, à l'exemple de plusieurs de mes frères, je ne remets point aujourd'hui sur le bureau mes lettres d'ordination, c'est que je les ai laissées à Nancy; mais au lieu de ces parchemins gothiques qui ne sont plus bous à rien, je vais déposer sur l'autel de la patrie mon anneau et ma croix d'or pourraisje en faire un meilleur usage que de les consacrer au bien de l'État et à l'utilité publique?

"

Signé LALANDE, ci-devant évêque du département de la Meurthe, »

Plusieurs voix : « On ne veut forcer per

sonne. »

THURIOT. « Que Grégoire consulte sa conscience pour savoir si la superstition est utile aux progrès de la liberté et de l'éga lité. C'est la superstition qui a donné naissance au despotisme. »

La noble fermeté de Grégoire, le courage avec lequel il fit une profession de foi catholique, et protesta qu'il voulait conserver son caractère d'évêque au sein d'une abjuration devenue générale chez les prêtres dits consti

tutionnels, lui attira des injures et des persécutions de la part des hébertistes. Chargé par la Convention de recueillir les annales du civisme, il écrivit à la société des jacobins le 13 novembre (23 brumaire), pour l'inviter à rassembler toutes les preuves éclatantes de dévouement à la patrie données par ses membres. Bourdon (de l'Oise) prit la parole pour s'étonner que cette demande fut faite par un homme qui avait voulu christianiser la révolution. La lettre fut néanmoins renvoyée au comité de correspondance.

Au sortir de la Convention, le cortége des prêtres défroqués se répandit dans Paris, célébrant le triomphe définitif de la raison sur le fanatisme et la superstition. Pendant tout le courant de brumaire, il ne se passa pas de jour où la tribune de la Convention ne retentît de quelque abjuration nouvelle. Le 10 novembre (20 brumaire), ce fut le tour de l'abbé Sieyès. Son discours est le dernier de ce genre que nous avons cru devoir conserver; le voici :

STEYES. « Citoyens, mes vœux appelaient depuis longtemps le triomphe de la raison sur la superstition et le fanatisme. Ce jour est arrivé, je m'en réjouis comme d'un des plus grands bienfaits de la république française. Quoique j'aie déposé depuis un grand

nombre d'années tout caractère ecclésiastique, et qu'à cet égard ma profession de foi soit ancienne et bien connue, qu'il me soit permis de profiter de la nouvelle occasion qui se présente pour déclarer encore, et cent fois s'il le faut, que je ne connais d'autre culte que celui de la liberté, de l'égalité; d'autre religion que l'amour de l'humanité et de la patrie. J'ai vécu victime de la superstition, jamais je n'en ai été l'apôtre ou l'instrument; j'ai souffert de l'erreur des autres, personne n'a souffert de la mienne; nul homme sur la terre ne peut dire avoir été trompé par moi, plusieurs m'on dû d'avoir ouvert les yeux à la vérité. Au moment où ma raison se dégagea saine des tristes préjugés dont on l'avait torturée, l'énergie de l'insurrection entra dans mon cœur; depuis cet instant, si j'ai été retenu dans les chaines sacerdotales, c'est par la mème force qui comprimait les âmes libres dans les chaînes royales, et les malheureux objets des haines

ministérielles à la Bastille le jour de la révolution a dû les faire tomber toutes.

« Je n'ai paru, on ne m'a connu que par mes efforts pour la liberté et l'égalité. C'est comme plébéien député du peuple, et non comme prêtre (je ne l'étais plus), que j'ai été appelé à l'Assemblée nationale, et il ne me souvient plus d'avoir eu un autre caractère que celui de député du peuple. Je ne puis pas, comme plusieurs de nos collègues, vous livrer les papiers ou titres de mou aucien état, depuis longtemps ils n'existent plus. Je n'ai point de démission à vous donner, parce que je n'ai aucun emploi ecclésiasti que; mais il me reste une offrande à faire à la patrie, celle de dix mille livres de rentes viagères que la loi m'avait conservées pour indemnité d'anciens bénéfices. Souffrez que je dépose sur votre bureau ma renonciation formelle à cette pension, et que j'en demande acte, ainsi que de ma déclaration. » (On applaudit).

ABLAINSEVILLE

VELLE.

ou ABLAINZE- Village de l'Artois ( département du Pas-de-Calais), à une lieue deux tiers de Bapaume. Il a donné son nom à une branche de la maison de Gantès Les chevaliers de Gantès étaient encore au dernier siècle seigneurs de Valbonnette de Rebèque, de la Pastou rel de Saint-Marcy, et de Foncqvillers.

ABLANCOURT. Paroisse à deux lieues nord de Vitry-le-Français (département de la Marne). Cette seigneu rie appartint à Nicolas Perrot, célèbre au dix-septième siècle par ses traductions d'ouvrages latins, qui se recommandent plutôt par l'élégance du style que par la fidèle reproduction des originaux.

ABLEIGES. - Village du Vexin français (département de Seine-et-Oise ). Les seigneuries d'Ableige et de Villeneuve-Saint-Martin furent unies et érigées en châtellenie en 1671, en faveur de François de Maupeou.

ABLIS. Bourg du pays chartrain dans la Beauce (département de Seineet-Oise, arrondissement de Rambouil let) sur la route de Paris à Chartres. Population, 700. Louis XIV, voulant faire un comte d'un maître de requêtes, érigea ce bourg en comté en faveur de Pierre Poncet, seigneur de la Rivière, par lettres patentes de février 1658.

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