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DE L'HISTOIRE DE FRANCE.

épurée et perfectionnée: le Sic et Non est l'antécédent du livre des Sentences. Voila pour la théologie. En philosophie, l'ecole que fonda Abailard eut un succès presque universel, par le moyen terme commode qu'elle avait l'air de présenter à toutes les opinions. Chose assez rare, la modération du conceptualisme fit sa fortune. Toute son originalité consistait peut-être à ne point aller jusqu'au bout de ses principes: cette retenue lui conquit les esprits prudents, et l'autorité de Boèce lui donna la foule. Il resta bien encore quelques nominalistes, mais sans aucun crédit; le réalisme se soutint honorablement, mais les esprits les plus distingués passèrent sous les drapeaux d'Abailard. Le conceptualisme est en dehors du sceptre des écoles; il joue le principal rôle dans le curieux et frappant tableau que Jean de Salisbury nous trace du mouvement des études et des luttes des écoles à Paris au milieu du douzième siècle. Jean de Salisbury, sans contredit le plus bel esprit de son temps, libre penseur, élégant écrivain, est un disciple fidèle d'Abailard; et partout, dans le Polycraticus et dans le Metalogicus, il expose ouvertement son opinion sur les universaux, et cette opinion est celle d'Abailard, c'est-à-dire, le conceptualisme.

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A l'exception des Epistolæ mutuæ, les ouvrages d'Abailard n'ont été imprimés qu'une seule fois en 1616; mais il en existe plusieurs éditions avec un frontispice différent. L'éditeur est Duchesne (Quercetanus). Quelques traités d'Abailard ont été insérés dans la Collection de Martens et dans le Thesaurus de Pez. M. Cousin a publié, en 1838, un volume in-4° qui contient le Sic et Non, et des traités philosophiques. M. Rheinwald a fait paraître vers la même époque, à Berlin, deux traités d'Abailard, l'un intitule De Theologia, l'autre de Summo bono. Ce dernier surtout est très-important, et écrit d'une manière remarquable. C'est un dialogue entre un philosophe païen, un chretien et un juif. L'auteur n'y *ire aucune conclusion. Le manuscrit serait-il resté incomplet?

ABBADIE.-Théologien protestant, né à Nay, dans le Béarn, de parents indigents, mais qui, avec l'aide des seigneurs du pays, instruits des heureuses dispositions de l'enfant, purent l'envoyer étudier aux écoles protestantes de Puy-Laurens, de Saumur et de Sedan. Après avoir pris le grade de docteur en théologie, il fut successivement ministre des protestants français réfugiés à Berlin, doyen de Killalow en Irlande, où il avait suivi le maréchal de Schomberg en 1689; enfin ministre de l'Église de Savoie à Londres, où il mourut en 1727. Mais, plus fait pour les travaux du cabinet que pour la prédication, Abbadie quitta la chaire pour la composition écrite, et publia de nombreux ouvrages de controverse, de philosophie chrétienne et même de politique; ainsi l'on a de lui une Défense de la nation britannique au sujet de la révolution de 1688, où les droits de Dieu, de la nature et de la société sont établis. Mais de tous ses écrits celui qui fit sa réputation parmi les catholiques eux-mêmes, ce fut son Traité de la divinité de JésusChrist, qui réunit tous les suffrages et qui est encore aujourd'hui un excellent livre.

ABBATUCCI.-Jacques-Pierre Abbatucci naquit en 1726, dans l'île de Corse, alors soumise à la domination génoise. Après avoir fait de bonnes études à l'université de Padoue, il revint dans sa patrie où il se montra l'un des plus zelés partisans de l'indépendance nationale. Soumise à l'oligarchie faible et oppressive qui régnait à Gênes, la Corse cherchait depuis longtemps à se soustraire à ce joug odieux. Une première insurrection avait été comprimée par la France au profit des Génois (1739); mais aussitôt que les troupes du général de Maillebois eurent quitté l'île, les troubles recommencèrent, et bientôt Paoli (voyez ce nom) leur donna par son habileté une gravité qui annoncait le succès. Abbatucci, dont la famille jouissait d'une grande réputation dans la Corse, balança quelque temps l'influence politique de Paoli et commanda une partie des insurgés ;

mais l'ascendant croissant de Paoli et la crainte d'affaiblir les forces de ses compatriotes en les divisant le décidè rent à se rallier au général libérateur et à devenir son lieutenant. Lorsqu'en 1768 le sénat de Gênes, incapable de ressaisir une souveraineté qu'il avait perdue, céda à la France ses droits sur la Corse, Abbatucci combattit les prétentions du cabinet de Versailles, et seconda vaillamment Paoli dans sa lutte contre l'incapable marquis de Chauvelin. La honte dont ce général ternit les armes françaises par ses défaites multipliées rendit la guerre sérieuse, et le ministère dut envoyer une nouvelle armee et un autre général, le comte de Vaux, qui, à la tête de vingt-deux mille hommes, eut bientôt raison des troupes indisciplinées de Paoli et d'Abbatucci. Le premier s'enfuit en Angleterre; le second fit sa soumission, et reçut de Louis XV le titre de lieutenant-colonel. Cependant il n'abdiqua point ses sentiments d'indépendance, et ses regrets le firent impliquer, sous l'administration du comte de Marboeuf, dans un procès politique intenté aux patriotes de la Corse. Les juges le condamnèrent à une peine infamante; mais les états provinciaux réunis dans l'île, et dont il faisait partie, firent des remontrances énergiques et obtinrent la cassation de l'arrêt. Renvoyé pour un plus ample informé par-devant le parlement de Provence, il fut acquitte; Louis XVI lui rendit son grade, et y ajouta même la croix de Saint-Louis; plus tard il fut encore élevé par le même prince au grade de maréchal de camp. Dès lors la Corse devint une possession française; en 1789 l'assemblée constituante l'associa aux bénéfices des lois françaises, et Paoli, rappelé d'Angleterre, fut même renvové dans l'île avec le titre de lieutenant général. D'abord il servit fidèlement les intérêts de la France; mais, en 1793, il prit de nouveau les armes, chassa les Français de l'île et y appela les Anglais. Abbatucci ne suivit pas son ancien compagnon d'armes dans sa révolte, ni surtout dans ses nouvelles amitiés politiques; et ses

efforts pour maintenir dans l'île la domination française lui valurent, quand il fut contraint de l'abandonner' pour se retirer sur le continent, le grade de général de division à l'armée du Rhin et de Moselle. Après l'expulsion des Anglais en 1796, Abbatucci, âgé de soixante-dix ans, revint achever dans sa patrie sa longue carrière; il mourut

en 1812.

Abbatucci appartient à peine à l'histoire de France, mais les services et la gloire de l'un de ses trois fils, Charles ABBATUCCI, ont naturalisé toute cette famille. Élevé à l'école militaire de Metz, il en sortit en 1787, à l'âge de seize ans, avec le grade de lieutenant. Au commencement de la campagne de 1792, il n'était encore que capitaine d'artillerie; mais sa brillante conduite le fit arriver avant la fin de cette année au grade de lieutenant-colonel. En 1794, Pichegru le choisit pour aide de camp. Nommé général de brigade après le premier passage du Rhin où il avait montré le plus grand courage, il fut chargé plus tard par Moreau de préparer le passage du Rhin à Kehl. Celui du Lech, qu'il effectua le 27 juin 1796, signala de nouveau son intrépidité. Il fallait franchir devant l'ennemi ce fleuve large et rapide: un premier bataillon qu'il envoya fut englouti dans les eaux du fleuve; aussitôt, se précipitant à la tête d'un second bataillon, il anime les siens de son exemple et de ses paroles, soutient ceux qui chancellent, sauve ceux que le courant entraîne, et les conduit enfin sur les bords opposés, où il culbute les. Autrichiens qu'il avait déjà vaincus une première fois dans cette journée. Ce double succès lui valut les épaulettes de général de division, et bientôt après l'important commandement de la place d'Huningue. Cette forteresse qui couvrait la haute Alsace devint d'une grande importance lorsque Moreau eut repassé le Rhin après les désastres de Jourdan en Franconie; aussi ne voulut-il en confier la défense qu'à des mains habiles, et il plaça Abbatucci dans Huningue, que les Autrichiens vinrent bientôt attaquer en même temps

et 151 des Annales de l'Histoire de France, qui sont le complément de ce dictionnaire, combien chaque siècle vit s'élever en France de monastères nouveaux, et les réflexions que ces chiffres nous inspiraient; il nous suffira d'y renvoyer le lecteur. Ajoutons ici qu'au dernier siècle, avant la révo

qu'ils assiégeaient Kehl, cette autre porte de la France où Desaix et Lecourbe s'étaient renfermés. Moins heureux que ses jeunes frères d'armes, Abbatucci fut tout à coup arrêté dans la carrière qui s'ouvrait si brillante devant lui: il fut tué le 2 décembre, dans une sortie qu'il fit pour déblayer les abords de la place; il était alors âgé de vingt-lution, les abbayes étaient ou en règle, cinq ans. Moreau, juste appréciateur de son courage, lui fit élever un monument au lieu où il avait succombé. Quand les Autrichiens pénétrèrent, en 1815, sur notre territoire, ils ne voulurent pas laisser subsister ce modeste souvenir; mais, en 1819, le général Rapp ouvrit une souscription pour le rétablir. Ce n'est cependant que depuis la révolution de juillet que le monument d'Abbatucci a été reconstruit. Huningue, qui ne peut relever ses murailles, a voulu du moins rappeler, en consacrant la mémoire de l'un de ses défenseurs, que si elle est aujourd'hui ouverte et démantelée, pour obéir aux malheureux traités de 1815, que e gouvernement français execute seul aujourd'hui, elle a été cependant autrefois, et pourra devenir encore l'un des boulevards de la France. (Voy. HUNINGUE.)

ABBAYE.-On désigne sous ce nom les maisons religieuses d'hommes ou de femmes dont les chefs portaient le titre d'abbés ou d'abbesses; le nom de monastère était généralement réservé aux maisons moins riches et d'un rang moins élevé. Fondées primitivement pour servir de retraite à des hommes pieux qui fuvaient le monde et cherchaient la paix dans la solitude et les travaux du cloître, les abbayes devinrent au quatrième siècle les seminaires d'où sortirent d'illustres docteurs; au cinquième et au sixième, elles envoyèrent au loin de hardis missionnaires qui prêchèrent la foi chrétienne aux païens; mais, du huitième au dixième siècle, la grossièreté des mœurs, les ravages des Normands et des Sarrasins diminuèrent considérablement leur nombre, jusqu'à ce que la foi, renaissante au dixième et au onzième siècle, les multiplia plus que jamais. Nous avons dit, pag. 150

ou en commende séculière, ou sécularisées, ou laïques. Les premieres étaient électives, comme Cluny et Cîteaux; les secondes étaient à la nomination du roi. Les abbayes sécularisées étaient celles qui avaient été converties en collégiales de chanoines, comme Vézelay en Bourgogne, Saint-Sernin de Toulouse, Saint-Victor de Paris, etc.; d'autres enfin étaient possédées par des laïques. L'usurpation des biens de l'Eglise par les laïques datait de loin: Charles le Chauve, au neuvième siècle, possédait les abbayes de Saint-Denis, de Saint-Quentin et de Saint-Waast 'Arras. Salomon, duc de Bretagne, retenait celle de Saint-Aubin d'Angers, et en fit hommage au roi comme d'un autre fief. Valdrade, maîtresse du roi de Lorraine Lothaire II, en avait plusieurs, même d'hommes, comme celle de Saint-Dies. Hugues Capet en possédait un grand nombre lorsqu'il monta sur le trône, etc. Ces abbayes, usurpées par les seigneurs, se transmettaient héréditairement dans leurs familles : ainsi, lorsque Roger, comte de Carcassonne, partagea ses domaines entre ses trois fils, en 1002, il joignit à la part de l'aîné deux abbayes, et, à celle du troisième, tous les monastères de son comté de Carcassonne. Durant les guerres religieuses, les protestants s'emparèrent d'une foule d'abbayes, qui, après la paix, restèrent entre leurs mains, ou passèrent même à celles des catholiques. Ainsi la princesse de Conti posséda longtemps la célebre abbaye de SaintGermain. Au dernier siècle on comptait en France six cent trente et une abbayes d'hommes en commende, à la nomination du roi; quinze abbayes chefs d'ordres ou de congrégations, dont une de filles, celle de Fontevrault;

cent neuf abbayes régulières d'hommes et deux cent cinquante - trois abbayes régulières de filles, sans compter les abbayes et chapitres nobles de filles, comme Remiremont, Andelau, etc., ni les abbayes réunies à des colléges, à des hôpitaux et à d'autres établissements pieux. Toutes les abbayes de filles etaient électives, bien que les abbesses en fussent presque toutes nommées par le roi; mais les bulles qu'elles obtenaient en cour de Rome portaient toujours qu'elles avaient été élues par leurs communautés, parce que les abbayes de filles n'avaient pas été comprises dans le concordat passé entre Léon X et François Ier. Le nombre approximatif d'individus renfermés dans les monastères d'hommes en commende était d'environ six mille; les abbayes régulières en contenaient douze cents; les abbayes de filles renfermaient dix mille cent vingt individus; mais dans ces chiffres ne sont pas comprises environ cent mille personnes des deux sexes vivant dans les couvents. Disons dès ce moment qu'il existait cette différence entre les abbayes et les couvents, que les premieres, ordinairement de fondation royale ou seigneuriale, avaient pour chefs des abbés ou des abbesses, et les seconds seulement des prieurs ou prieures. Aujourd'hui, il existe en France environ trois mille congrégations religieuses de femmes, dont deux mille sept cent quatre-vingts sont vouées à l'enseignement et au soulagement des malades.

....

Le revenu annuel des 625 abbayes d'hommes en commende montait, d'après les pouillés du milieu du dernier siècle, a.. 5,109,1001. Le revenu annuel des 15 abbayes chefs d'ordre à.. Le revenu annuel des 115 abbayes régulières d'hommes, à.

650,000 1.

1,410,000 l.

Le revenu annuel des 253 abbayes de filles, non compris les revenus des abbayes et chapitres nobles de filles à 2,654,000 1.

9,823,100 l.

A ce chiffre il faut joindre les sommes énormes que les ordres mendiants prélevaient sur la charité publique.

ABBÉ. Ce mot vient de l'hébreu ab, qui signifie père. Il fut donné aux supérieurs des communautés de moines. Autrefois ceux-là seulement qui possédaient des abbayes ou le chef de tout un ordre portaient ce titre : ainsi l'ordre de Cluny (bénédictins) n'avait qu'un abbé, chef des prieurs de tous les couvents de l'ordre; chaque couvent de l'ordre de Citeaux avait au contraire son abbé. Aujourd'hui on donne par politesse le titre d'abbé à tous les ecclésiatiques. Les abbés étaient ou mitrés, ou crosses, ou mitrés et crossés à lá fois, c'est-à-dire, qu'ils avaient le droit de porter l'un ou l'autre de ces insignes de l'autorité épiscopale, ou tous les deux ensemble, avec le pouvoir de conférer la tonsure et tous les ordres mineurs. Il y avait encore les abbés réguliers et les abbés commendataires les premiers devaient être des religieux; les autres de simples ecclésiastiques, ou même des laïques. Cette distinction permettait aux membres du clergé séculier de jouir des immenses revenus des monastères, en faisant nommer quelques-uns de leurs membres abbés commendataires. La noblesse profita beaucoup aussi du droit que les rois s'attribuèrent peu à peu, surtout depuis le concordat de Leon X et de François Ier, de nommer à presque toutes les abbayes du royaume (excepté Cluny, Citeaux, Prémontré, Grandmont, etc.), pour faire obtenir à leurs cadets la dignité d'abbé commendataire. Pour le devenir, il suffisait de se faire tonsurer, de porter un habit élégant qui n'était ni celui des nobles ni celui des prêtres, et de promettre qu'on recevrait dans l'année les ordres et la bénédiction épiscopale, promesse qui n'était presque jamais réalisée. Ces abbés administraient les fonds de la communauté, s'attribuaient un tiers de ses revenus, et vivaient à ses dépens a la cour et dans le monde où ils étaient fort recherches. Au dernier siècle, les petits abbés disputèrent la vogue aux philosophes. Ainsi tout

ce qui venait du passé se réduisait à de mesquines proportions, et de ridicules personnages étaient les héritiers et les représentants de ces abbés du moyen âge, grands par l'autorité de leur parole et la sainteté de leur vie, et dont l'importance, comme celle des abbés de Citeaux, de Cluny, de Saint-Denis, par exemple, était bien supérieure à celle de la plupart des évêques (*). A cette époque, lorsqu'un abbé de Saint-Denis sortait de son monastère, il était accompagné d'un bouteiller, d'un chambellan et d'un maréchal, qui tenaient leurs offices en fief. L'abbé de Saint-Riquier avait pour vassaux cent dix-sept nobles qui tenaient en fief des terres du monastère. Chaque jour il nourrissait trois cents pauvres, cent cinquante veuves et trois cents religieux. La ville de Saint-Riquier, qui lui appartenait, contenait, au temps de Charlemagne, deux mille cinq cents maisons, et chacune d'elles devait annuellement à l'abbé quatre deniers (plus de trente sous d'aujourd'hui), plus quatre poules, quatre chapons et trente œufs, en tout dix mille poules, dix mille chapons et soixante-quinze mille œufs. Enfin tout le peuple était partagé en quatre classes, devant chacune à l'abbé cent livres de cire et trois livres d'encens.

Dans l'intérieur de leurs monastères les abbés possédaient une autorité tantôt souveraine et tantôt limitée; parfois le prieur ou doyen l'assistait de ses conseils, inais on ne saurait rien dire de général à ce sujet.

Les seigneurs qui possédaient des abbayes etaient appelés abbés-comtes ou abbés séculiers. (Voyez les Annales,

(*) Cependant ceux-ci eurent toujours le pas sur les abbés, et furent chargés de leur donner la bénédiction ou consécration spirituelle qui était pour eux comme la cérémonie d'investiture de leurs abbayes. Les évêques jaloux de leurs prérogatives même les plus futiles, laissèrent bien aux abbés le droit de porter la mitre et la crosse, mais à la condition qu'elles ne seraient décorées que d'ornements d'or sans jamais avoir de pierres précieuses.

p. 127 et suiv., où nous avons nommé les plus importants monastères, et les

mots ORDRES RELIGIEUX, MOINES. etc.)

Abbé de Sainte-Espérance ou de Sainte-Elpide, se disait proverbialement d'Un homme qui prenait la qualité d'abbé sans en avoir le titre; et Se promettre la vigne de l'abbé, pour Se promettre une vie de délices. Les meilleurs crus dans toutes les provinces étaient en effet entrés les uns après les autres dans les domaines des monastères. « Quand Château-Châlons, dit M. L. Leclerc, un de nos économistes les plus distingués, appartenait à une respectable abbesse qui faisait garder son beau vignoble jour et nuit, qui vendangeait tard, qui confiait le soin des celliers aux membres de son chapitre les plus exercés par une longue expérience, la renommée du vin de Château-Châlons n'était point supérieure à son mérite. Avec les riches chapitres et les opulents monastères, beaucoup de vins de France s'en sont allés, qui ne reviendront plus avec les droits réunis et les bans de vendange (*).

Abbé régulier, supérieur de religieux, qui était religieux lui-même et portait l'habit de son ordre.

Abbé en second, prieur d'un mo

nastere.

Abbé des abbés, titre qu'on donnait à l'abbé du Mont-Cassin, parce que tous les moines de l'Occident avaient d'abord reçu leur règle dans cette abbave.

Abbé œcuménique ou universel, titre que plusieurs moines grecs ont pris à l'imitation du patriarche de Constantinople.

Abbé-cardinal, titre honorifique, accordé par le pape. Il se disait particulièrement Des abbés en chef, lorsque des abbayes qui avaient été réunies venaient à être séparées.

Abbé, se disait, selon du Cange, de Ceux qu'on appelait de son temps Curés primitifs. Voy. PRIMITIF.

(*) Aperçu statistique de la France dans le Guide pittoresque, t. V, p. 52.

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