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pleine retraite. Mais les troupes françaises, excédées de tant de combats et de marches forcées, ne purent le poursuivre vivement dans sa retraite sur le Mincio. Cependant Augereau marcha sur Borghetto et Masséna sur Peschiera, deux villes situées sur ce fleuve. Le temps qu'il fallut perdre à chasser les Autrichiens qui bloquaient Peschiéra, et la résistance éprouvée par Augereau à Borghetto, donnèrent le temps à Wurmser de gagner Vérone. Le 7, Bonaparte parut devant cette ville, et s'en empara; il ne restait plus au général autrichien d'autre parti à prendre que celui de remonter la vallée de l'Adige, qu'il avait naguère des cendue avec tant de confiance. Les troupes françaises reprirent leurs anciennes positions, et chassèrent les arrière-gardes démoralisées de Quasdanowich et de Wurmser de tout le pays compris entre les lacs d'Ydro et de Garda, et, dans la vallée de l'Adige, jusqu'à l'entrée du Tyrol. Wurmser avait, il est vrai, ravitaillé la garnison de Mantoue, mais il ne ramenait à Trente que la moitié de sa belle armée. Aux combats et aux batailles qui furent livrés du 29 juillet au 12 août, l'armée française avait fait quinze mille prisonniers, pris soixantedix pièces de canon et neuf drapeaux, tué ou blessé vingt-cinq mille hommes; la perte de l'armée française avait été de sept mille hommes, dont quatorze cents prisonniers.

Cependant Wurmser, retiré dans le Tyrol, y reçut bientôt des secours qui le mirent en état de recommencer la campagne, pour délivrer Mantoue bloqué de nouveau. Renonçant cette fois à marcher droit aux Français par la vallée du haut Adige, le long du Montébaldo où se trouvaient les formidables positions de la Corona et de Rivoli, et où il avait été si malheureux au mois d'août, il se décida à laisser Davidowich dans le Tyrol, avec vingt mille hommes pour le garder; tandis que lui-même, à la tête de trente mille, déboucherait par les gorges de la Brenta et de Bassano sur le bas Adige, où il comptait enlever Porto-Legnago

sur les derrières de l'armée française, délivrer Mantoue, et forcer ainsi sans combat Bonaparte à abandonner l'Adige et à se retirer derrière le Mincio. Mais c'était croire que Bonaparte le laisserait opérer sans faire un seul mouvement. A peine les troupes autrichiennes eurent-elles été mises en mouvement, que Bonaparte, comprenant le projet de Wurmser, résolut de prendre l'offensive, et, comme il le dit lui-même, de battre Wurmser en détail en le surprenant en flagrant délit, afin d'achever la destruction de cette armée qui lui avait donné tant de soucis qu'elle n'avait pas suffisamment expiés par ses désastres de Lonato et de Castiglione. Le général Sahuguet fut chargé du blocus de Mantoue, et Kilmaine, avec trois mille hommes, garda l'Adige et couvrit le siége; le reste de l'armée se mit en marche pour pénétrer dans le Tyrol, Vaubois par la rive occidentale du lac de Garda, Masséna et Augereau par la vallée de l'Adige; Davidowich occupait Rovérédo sur le même fleuve. Le 4 septembre, tous ses avant-postes, ses camps retran chés du Pont de la Sarca, de Mori, de Saint-Marc, furent attaqués et forcés de se replier sur le quartier général. Les deux armées se trouvèrent alors réunies et en présence au-dessus du lac de Garda, et à cheval sur l'Adige. L'attaque fut impétueuse et la résistance opiniâtre; une charge, exécutée avec intrépidité par le général Dubois avec cinq cents chevaux, ébranla la ligne ennemie, qui bientôt se mit en retraite vers Rovérédo où les Français entrèrent pêle-mêle avec les fuyards. Les Autrichiens ne purent se rallier que derrière la ville, dans l'excellente position de Calliano. « L'Adige y est encaissée entre des montagnes à pic. Le defilé n'a pas quatre cents toises de largeur; des fortifications et une muraille soutenue par plusieurs batteries en barraient l'entrée. Le général Davidowich y était en position avec une réserve. Le général Dommartin plaça une batterie d'artillerie légère, qui prenait la gorge en écharpe; les tirailleurs s'engagèrent, et obtinrent

quelques avantages sur les montagnes. Neuf bataillons en colonne serrée se précipitèrent dans le defilé, abordèrent l'ennemi, le cu butèrent: artillerie, cavalerie, infanterie, tout se trouva pêle-mêle. Quinze pièces de canon, sept drapeaux, sept çents hommes furent pris (*). » Le lendemain, l'armée entra dans la ville de Trente. Davidowich avait rallié ses débris derrière le Lavis, à trois lieues de Trente; Vaubois l'attaqua, et les Autrichiens furent encore rejetés sur Salurn et Neumarck.

La perte de la bataille de Rovérédo, l'occupation de Trente et du Tyrol italien, enfin les désastres de Davidowich compromettaient singulièrement la position de Wurmser. Maître de Trente, Bonaparte l'était aussi de la vallée supérieure de la Brenta (**), par laquelle Wurmser descendait sur Bassano; il lui coupait donc toutes ses communications, et, en le suivant par cette route, il pouvait, si Kilmaine et Sahuguet gardaient bien la ligne de l'Adige, l'enfermer entre ce fleuve et la Brenta. La journée et la nuit du 5 au 6 septembre furent employées par Bonaparte à organiser l'administration du pays et à recevoir des nouvelles; le 6, à la pointe du jour, il se mit en marche, avec les divisions Augereau et Masséna, par les gorges de la Brenta, laissant Vaubois sur le Lavis pour contenir Davidowich, couvrir Trente, et être en position d'avancer jusqu'au Brenner, si Moreau, qui était alors en Bavière, pouvait pousser jusque-là sa droite. Il fallait faire avec la plus grande rapidité trente lieues d'un chemin difficile, en tournant les montagnes impénétrables de Malara et des Sette-Communi qui séparent la vallée de l'Adige de celle de la Brenta, pour atteindre Bassano et Wurmser. Le soir du 6 on campa à Borgo-val-Sugagna; le 7, on rencontra l'arrièregarde de Wurmser en position derrière Primolano. Forcée, après une

(*) Mémoires de Napoléon.

action assez vive, cette arrière-garde mit bas les armes; des parcs de caissons, douze pièces de canon, cinq drapeaux, quatre mille cinq cents hommes, furent pris. A la nuit, l'armée qui avait fait vingt lieues en deux jours, bivouaqua au village de Cismone: Bonaparte y établit son quartier général sans suite, sans bagages, et mourant lui-même de faim et de lassitude. Un soldat, qui l'en fit ressouvenir au camp de Boulogne en 1805, partagea avec lui sa ration de pain.

Ce même soir, une division autrichienne, inutilement détachée du reste de l'armée, paraissait devant Véronc pour passer l'Adige; mais la place était à l'abri d'un coup de main, et la colonne, mitraillée par trente bouches à feu, se repliait à Saint-Michel, en attendant de Wurmser un équipage de pont, lorsqu'elle fut rappelée en toute hâte par celui-ci, menacé dans Bassano même par l'armée française qui descendait là Brenta. Mais elle n'eut pas le temps d'arriver. Le 8, l'avantgarde autrichienne qui couvrait Bassano fut rejetée sur cette ville; le corps de bataille, attaqué à son tour, fit peu de résistance, et Wurmser eut à peine le temps de se sauver sur la route de Vicence, favorisé dans sa fuite par le dévouement de quelques vieux grenadiers autrichiens qui se sacrifièrent pour arrêter la poursuite. Ce fut

seulement à Vicence que le généralissime put rallier ses troupes; il se trouvait ainsi coupé des États héréditaires et sans communications avec l'Autriche; un de ses lieutenants, Quasdanowich, qui commandait la droite à Bassano, ayant été coupé de la Brenta, avait été contraint de se replier sur le Frioul.

Battue à Rovérédo, dans les gorges de la Brenta, et à Bassano, chassée du Tyrol italien et repoussée de Verone, l'armée autrichienne, forte de soixante mille hommes à l'ouverture de la campagne, avait perdu toute sa droite (le corps de Davidowich), et ce qui restait sous les ordres immédiats du

(**) Cette riviere a sa source dans un petit vieux maréchal ne s'elevait pas à plus lac à trois lieues de Trente,

de seize mille hommes, jetés dans un

pays dont les Français occupaient toutes les issues. Jamais position n'avait été plus critique; à chaque instant le généralissime autrichien pouvait être entouré et contraint de poser les armes. Bonaparte manoeuvra pour arriver à ce but, que recherchait son ambition. Augereau marcha sur Padoue, Masséna sur Vicence; et le général Sahuguet, qui commandait le blocus de Mantoue, reçut l'ordre de profiter de la topographie difficile du pays entre Legnago et Mantoue, pour empêcher Wurmser d'approcher de cette dernière place.

Des seize mille hommes de Wurmser, six mille étaient de bonne cavalerie, qui, n'ayant point éprouvé de pertes et n'ayant pas été battue, n'était pas démoralisée comme le reste de l'armée; elle se répandit dans tout le bas Vicentin, pour chercher un passage sur l'Adige. Deux escadrons découvrirent ainsi le bac d'Albarédo et passèrent sur la rive droite; en courant la campagne, ils rencontrèrent quelques soldats de la garnison de Legnago, qui furent sabrés; leur chef croyant que toute l'armée autrichienne était audelà de l'Adige, perdit la tête, et, dans la crainte d'être coupé de Mantoue, évacua Legnago sans rompre le pont. Wurmser profita de cette faute, et s'empara aussitôt de cette ville. Il ne croyait pas que les troupes, qui étaient naguère encore derrière lui dans la vallée supérieure de la Brenta, fussent en mesure de lui couper la retraite de Legnago sur Mantoue. Des marches aussi rapides, aussi gigantesques dépassaient la portée des connaissances stratégiques du vieux maréchal, accoutumé aux formes lentes et méthodiques de l'armée autrichienne; aussi, maître maintenant de passer l'Adige à volonté, crut-il pouvoir donner un jour de repos à ses troupes harassées. Cependant, Bonaparte arrivait au même moment à Arcole avec Masséna, tandis que les coureurs d'Augereau, qui s'avançait sur la route de Padoue, se montraient déjà à Montagnana, à trois lieues de Legnago. A la fâcheuse nouvelle de l'occupation de

Legnago par les Autrichiens, Bonaparte fit passer l'Adige à la division Masséna, au bac de Ronco, espérant pouvoir cerner encore le maréchal, s'il arrivait à temps pour le prévenir sur la Molinella. Kilmaine, auquel Bonaparte avait laissé, avant de marcher contre Davidowich à Rovérédo, des instructions dans lesquelles tous les événements de cette campagne avaient été prévus avec une merveilleuse habileté, avait réuni derrière la Molinella tout ce qu'il avait pu trouver de troupes, et couvrait ainsi la route de Mantoue. Mais il était trop faible pour résister au choc de toute l'armée autrichienne; aussi Bonaparte s'avança sur lui à marches forcées; malheureusement trompées par un guide, ses colonnes, au lieu d'arriver à Sanguinetto, point intermédiaire entre Legnago, d'où partait Wurmser, et la Molinella où il voulait arriver, furent conduites à Céréa elles y trouvèrent Wurmser qui, plus nombreux, ramena avec perte l'avant-garde française, et put continuer sans obstacle sa route sur la chaussée de Sanguinetto. Ce fut à l'échauffourée de Céréa que Bonaparte, accourant au galop dans le village au moment où son avant-garde était mise en déroute, n'eut que le temps de tourner bride et de se sauver en toute hâte. Wurmser arriva quelques minutes après, à la place même où il s'était trouvé; instruit de cette circonstance par une vieille femme, il le fit poursuivre dans toutes les directions, recommandant surtout qu'on l'amenât vivant.

L'échec de Céréa ne changeait rien à la situation des choses; Wurmser n'en était pas moins cerné de toutes parts, car Sahuguet l'attendant à Castellaro, au débouché de la route de Sanguinetto, avait eu l'ordre trèsprécis de couper tous les ponts de la Molinella; mais il oublia celui de Villa-Impenta, et Wurmser, qui en fut bientôt instruit par sa cavalerie, se dirigea aussitôt vers ce point, pour échapper à la ruine certaine qui l'attendait. Le général Charton, qui accourut du blocus de Mantoue avec

cinq cents hommes pour défendre ce pont, arriva trop tard. Il se plaça alors en carré sur le chemin, et lit une vigoureuse résistance; mais il fut sabré par les cuirassiers autrichiens et resta mort sur le champ de bataille. Ce détachement fut perdu. Le 14, à DueCastelli, un autre succès semblable à ceux de Céréa et de Villa-Impenta vint jeter quelque adoucissement sur les désastres du vieux maréchal, qui se jeta dans Mantoue avec douze mille hommes, vaincus et exténués. Avec la garnison de Mantoue, Wurmser avait encore une armée; mais le combat de Saint-George le renferma étroitement dans la forteresse, où huit mille hommes suffirent pour le bloquer (voyez MANTOUE); le reste de l'armée française alla se remettre en observation devant le Tyrol. Le 15 septembre, cette nouvelle campagne fut terminée: c'était la troisième de l'année 1796 (*).

Pendant ces glorieux travaux de l'armée d'Italie, l'Allemagne voyait se succéder nos désastres, et l'Autriche, délivrée par les succès du prince Charles des craintes que lui inspiraient les armées du Rhin et de Sambre-et-Meuse, songeait à envoyer une quatrième armée en Italie. Le maréchal Alvinzi fut chargé d'aller délivrer Mantoue et Wurmser; deux armées réunies, l'une dans le Frioul, et l'autre dans le Tyrol, furent mises sous ses ordres; Davidowich resta à la tête de la première, qui comptait dix-huit miile hommes; Alvinzi se chargea de conduire la seconde, forte de quarante mille hommes. A la fin d'octobre, son quartier général fut porté de l'Isonzo sur la Piave, sur laquelle il jeta deux ponts le 1er novembre. Son dessein était de franchir encore la Brenta et de se réunir à Davidowich dans Vérone, pour marcher ensemble sur Mantoue. Bonaparte, de son côté, se décida « à répéter de droite à gauche la manoeuvre qui, contre Wurmser, lui

(*) Beaulieu, du 12 avril au 4 juin; Wurmser et Quasdanowich, du 31 juillet au 12 août; Wurmser et Davidowich, du 4 au 15 septembre.

avait réussi de gauche à droite, c'està-dire, qu'après avoir cherché d'abord à battre Alvinzi et à le rejeter derrière la Piave, il projetait de remonter la Brenta pour venir assaillir en queue Davidowich (*). » Mais pour que ce projet réussit, il fallait que Vaubois, posté sur le haut Adige dans la position du Lavis, fermât à Davidowich l'entrée de cette vallée et donnât le temps à son chef de venir le soutenir.

Le 6 novembre, les divisions Masséna et Augereau attaquèrent en avant de Bassano Alvinzi, qui s'était avancé déjà au delà de la Brenta. Il fut rejeté sur Bassano; mais l'arrivée inattendue d'un renfort empêcha les Français de passer le pont de cette ville et de rendre leur succès décisif; d'ailleurs la nouvelle des progrès de Davidowich les obligea bientôt à se replier en toute hâte sur Vérone et l'Adige, pour couvrir cette ligne. A deux heures du matin, Napoléon apprit, en effet, que Vaubois, accablé par des forces supérieures, avait reculé du Lavis sur Calliano, et que, menacé d'être tourné dans cette position, il allait être contraint de descendre encore le fleuve pour chercher à arrêter l'ennemi sur le Montébaldo, à la Corona et à Rivoli, s'il en était temps encore. Aussitôt Bonaparte lève son camp, traverse Vicence au moment où Alvinzi commençait déjà sa retraite sur la Piave, et fait filer son armée sur l'Adige. Un officier de confiance, le colonel de Vignoles, le précède; il court à Vérone, y prend un bataillon qui arrivait de la Vendée, et le porte au pas de course sur la Corona. Déjà les tirailleurs ennemis abordaient cette position; Vignoles les contint jusqu'au lendemain matin, où Joubert vint le soutenir avec un régiment tiré du blocus de Mantoue; peu après Vaubois parut lui-même avec toutes ses forces. Ainsi l'armée reculait, mais, en reculant, elle se concentrait et tenait toujours ses adversaires divisés; aussi Bonaparte allait bientôt reprendre l'offensive

(*) Jomini.

«

contre Alvinzi. Auparavant, il se porta vers la division Vaubois, la fit réu nir sur le plateau de Rivoli, et lui dit : « Soldats, je ne suis pas content de << vous; vous n'avez montré ni disci« pline, ni constance, ni bravoure; au«cune position n'a pu vous rallier; vous « vous êtes abandonnés à une terreur « panique. Vous vous êtes laissé chas« ser de positions où une poignée de « braves devait arrêter une armée. « Soldats de la 39° et de la 85°, vous « n'êtes pas des soldats français. Ge«néral chef d'état-major, faites écrire << sur les drapeaux : Ils ne sont plus « de l'armée d'Italie! » Cette harangue, prononcée d'un ton sévère, arracha des larmes à ces vieux soldats; les lois de la discipline ne purent étouffer les accents de leur douleur; plusieurs grenadiers, qui avaient des armes d'honneur, s'écrièrent : « Général, on « nous a calomniés; mettez-nous à l'avant-garde, et vous verrez si la « 39 et la 85 sont de l'armée d'Ita« lie.» Ayant ainsi produit l'effet qu'il voulait, il leur adressa quelques paroles de consolation. Ces deux régiments, quelques jours après, se couvrirent de gloire (*). »

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De retour à Vérone, Bonaparte voulut se dégager d'Alvinzi; mais celui-ci occupait les formidables positions de Caldiéro une pluie congelée, qu'un vent violent du nord-est chassait dans la figure des soldats, et les fortes positions des Autrichiens rendirent tous les efforts inutiles, il fallut rentrer dans le camp de Vérone. La situation des Français devenait vraiment critique. Vaubois n'avait plus que huit mille hommes. Les deux autres divisions Augereau et Masséna, après s'être vailTamment battues sur la Brenta et avoir manque leur opération sur Caldiéro, ne comptaient plus que treize mille combattants. « Le sentiment des forces de l'ennemi était dans toutes les têtes. Les soldats de Vaubois, pour justifier leur retraite, disaient s'être battus un contre tro's. L'ennemi avait perdu aussi sans doute, mais il était

(*) Mémoires de Napoléon, t. III, p. 291.

plus nombreux, mais il avait gagné beaucoup de pays. Il avait compte à son aise le petit nombre de Français; aussi ne doutait-il plus de la délivrance de Mantoue, ni de la conquête de l'Italie. Dans son délire, il réunit et fit fabriquer avec ostentation une grande quantité d'échelles, menaçant d'enlever Vérone d'assaut. La garnison de Mantoue s'était réveillée; elle faisait de fréquentes sorties, harcelait sans cesse les assiégeants, qui n'étaient que huit à neuf mille, pour contenir une garnison de vingt-cinq mille, dont dix à douze mille, il est vrai, étaient malades. Les Français n'étaient plus en position de prendre l'offensive nulle part; ils étaient contenus d'un côté par la position de Caldiéro, de l'autre par les gorges du Tyrol. Mais quand même les positions de l'ennemi eussent permis de l'attaquer, sa supériorité numérique était trop connue; il fallait lui laisser prendre l'initiative, et attendre patiemment ce qu'il voudrait entreprendre. La saison était extrêmement mauvaise; tous les mouvements se faisaient dans la boue. L'affaire de Caldiéro, celle du Tyrol, avaient sensiblement baissé le moral du soldat français; il avait bien encore le sentiment de sa supériorité à nombre égal, mais il ne croyait pas pouvoir résister à un nombre si supérieur. Un grand nombre de braves avaient été blessés deux ou trois fois à différentes batailles, depuis l'entrée en Italie. La mauvaise humeur s'en mêlait : « Nous ne « pouvons pas seuls, disaient-ils, rem

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plir la tâche de tous. L'armée d'Al« vinzi qui se trouve ici est celle devant laquelle les armées du Rhin et de «Sambre-et-Meuse se sont retirées, « et elles sont oisives dans ce moment: « pourquoi est-ce à nous à remplir leur « tâche? Si nous sommes battus, nous « regagnerons les Alpes en fuyards et « sans honneur; si, au contraire, nous

sommes vainqueurs, à quoi abou<< tira cette nouvelle victoire? On nous « opposera une autre armée semblable « à celle d'Aivinzi, comme Alvinzi lui« même a succéde à Wurmser, comme « Wurmser a succédé à Beaulieu, et,

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