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la cour, et même de la conduite personnelle du roi. Telle est du moins l'opinion des savants bénédictins. Je serais plus enclin à penser que ce poëme appartient au temps où Adalbéron était brouillé avec le roi Robert, et peut-être même ne fut pas étranger à sa disgrâce momentanée. A travers la censure générale des vices du temps, on démêle sans peine que l'auteur dirige surtout ses attaques contre Odilon, abbé de Cluny, à qui Robert portait une affection particulière; et malgré les éloges qu'il donne au roi, il est difficile de croire que Robert n'en ait pas pris quelque humeur. Quoi qu'il en soit, ce petit ouvrage, dont l'obscurité a désespéré les plus habiles érudits, nous donne sur l'état de la société, du gouvernement et des ordres monastiques au onzième siècle, quelques renseignements curieux. Adalberon mourut le 19 juillet 1030, après un épiscopat de cinquante-trois ans, dont la fin ne fut pas moins agitée que tout le cours de sa vie. Il prétendait choisir lui-même son successeur, et l'avait déjà désigné ; mais, sur les représentations de quel ques évêques, l'archevêque de Reims, Ebble, son métropolitain, s'y opposa, et Adalbéron vit en mourant échouer son dernier dessein. Deux autres ouvrages qui portent son nom, un poëme sur la sainte Trinité et un traité de dialectique, n'ont jamais été publiés (*). » ADALBERT OU ADELBERT, imposteur du huitième siècle, qui prétendait être en relation habituelle avec les anges, et disait avoir reçu de JésusChrist lui-même une lettre apportée du ciel par saint Michel, et trouvée à Jérusalem près d'une des portes de la ville. Baluze l'a publiée dans son appendice aux capitulaires des rois de la seconde race, où, quoique mutilée, elle occupe encore près de trois colonnes in-folio. Cet artifice était commun à cette époque, et un pape même envoya au roi de France une lettre

(*) M. Guizot, Notice sur Adalberon, dans sa collection de mémoires relatifs à J'histoire de France, t. VI, p. 417 et suiv.

écrite par saint Pierre lui-même et trouvée à Rome sur son autel. Au reste, Adalbert, condamné en 744 au concile de Soissons, paraît avoir fini ses jours en prison.ADAM.

Jean Adam, jésuite, natif du Limousin, connu par son zèle contre les jansénistes, qui le porta jusqu'à attaquer saint Augustin lui-même, qu'il appelait l'Africain échauffé, et par ses sermons durant le carême de 1656, qu'il prêcha devant la cour. Dans l'un de ses discours, il compara le cardinal Mazarin, précurseur du messie royal, à saint Jean l'Évangéliste, et la reine à la sainte Vierge; quant aux Parisiens qui venaient tout récemment de faire la Fronde, il les assimilait aux juifs, etc.

Pour maître ADAM, le menuisier de Nevers, voy. BILLAUD.

-Ilyeut, au dix-huitième siècle, toute une famille de sculpteurs du nom d'Adam, et originaire de Nancy. Le père (Jacob-Sigisbert) ne sortit point de sa ville natale, mais ses trois fils allèrent tous trois à Paris et à Rome, et se firent une brillante réputation. Deux d'entre eux (Lambert-Sigisbert et Nicolas-Sébastien) furent membres de l'Académie des beaux-arts (*), et le troisième travailla, pendant plusieurs années, à Berlin, pour le roi de Prusse. Leurs ouvrages, où le talent du statuaire se montre souvent, se ressentent cependant du goût maniéré de l'époque, qui demandait à la sculpture de produire les mêmes effets que la peinture.

ADAM, carabinier au premier bataillon de la vingtième demi-brigade d'infanterie légère; au passage du Pô, le 8 mai 1796, il résista avec sept de ses camarades à quatre-vingts hussards autrichiens, qui chargerent vainement plusieurs fois, et qui furent contraints de tourner bride après avoir perdu plusieurs des leurs.

ADANSON. Né à Aix en 1727, fut un botaniste distingué et un voyageur intrépide. Poussé par l'amour de la

(*) Voyez la liste, p. 74 et 75, années 1737 et 1762.

science, il abandonna à vingt et un ans l'état ecclésiastique et s'embarqua pour le Sénégal, espérant que la réputation de ce climat malsain en aurait éloigné les botanistes, et qu'il pourrait y faire une riche moisson. Son espérance ne fut pas trompée : durant les cinq années qu'il y passa, il y recueillit un nombre considérable de plantes nouvelles; c'est lui qui fit connaître à l'Europe le boabah qui porte aujourd'hui son nom, Adansonia digitata. Cet arbre gigantesque, le plus colossal des végétaux connus, a quelquefois jusqu'à 75 pieds de circonférence. Sa croissance, d'abord très rapide, ne tarde pas à devenir insensible; et, d'après des calculs ingénieux d'Adanson et de M. de Humboldt, il y a tel de ces arbres qui peut être contemporain du déluge. D'après M. de Humboldt, un boabah, ayant 10 pieds de diamètre et 73 pieds de haut, aurait 5150 ans d'existence. Quelque temps après son retour, en 1757, Adanson publia son histoire naturelle du Sénégal, qui lui mérita deux ans plus tard un fauteuil à l'Académie des sciences. Dans un grand ouvrage postérieur de quatre années, Famille des plantes, 1763, Adanson essaya de renverser le système de Linné et d'établir une classification nouvelle. Plus tard, il conçut l'idée d'une encyclopédie et en rédigea le plan; mais la révolution et les faibles ressources dont il disposait l'empêchèrent de remplir le vaste programme qu'il s'était tracé. Lorsque l'Institut national fut réorganisé, Adanson ne put s'y rendre faute de souliers. Cependant le ministre de l'intérieur lui accorda une pension; mais il mourut en 1806, en laissant derrière lui une masse considérable de manuscrits et de matériaux.

ADDA. Cette rivière de Lombardie, dont le cours est de quarante-huit lieues environ, descend de la Valteline, traverse les lacs de Como et de Secco, baigne Lodi, Pizzighettone, et se jette dans le Pô à deux lieues de Crémone. Dans toutes les guerres des Français et des Autrichiens en Italie, cette rivière a joué un grand rôle.

Ainsi, ce fut sur ses bords que le prince Eugène et Vendôme se livrèrent, en 1706, la sanglante bataille de Cassano (voyez ce mot), au lieu même où, le 27 avril 1799, Moreau essuya un échec fatal. Le passage de l'Adda par Bonaparte, dans la campagne de 1796, fut signalé par la brillante affaire du pont de Lodi (voyez ce mot).

ADELANGE OU EDELINGEN. - Hameau dépendant autrefois de la seigneurie de Faulquemont en Lorraine. (Département de la Moselle, arrondissement de Metz.)

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ADHÉMAR. Adémar, Adhémar ou Avmar. On connaît de ce nom plusieurs personnages appartenant à la même famille, et inégalement célèbres. Le premier Adhemar de Monteil, prince d'Orange, fut fait duc de Gênes par Charlemagne : il chassa les Sarrasins de la rivière de Gênes, les poursuivit jusque dans la Corse, et leur enleva cette île; mais trois de ses neveux périrent dans les combats qu'il livra aux infidèles. Le second Adhemar de Monteil, évêque du Puy en Velay, joua un rôle important durant la première croisade. Ayant un des premiers pris la croix au concile de Clermont, il se réunit avec un corps nombreux à Ray. mond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, et se signala par son courage et ses conseils dans toutes les circonstances; mais il ne put voir Jérusalem: la mort l'enleva quelque temps après la bataille d'Antioche, au gain de laquelle il avait puissamment contribué. Le Tasse en a fait un des héros de son poëme. Le troisième fut évêque de Metz en 1327; les riches domaines attachés à l'évêché faisaient du titulaire un prince temporel puissant et redouté; Adhemar profita de ces richesses pour étendre son influence, et se montra un des évêques les plus turbulents de l'époque. Pendant presque toute la durée de son épiscopat, il fut en guerre avec les ducs de Lorraine, dont l'un, Raoul, était célèbre dans toute la chrétienté, par son courage et ses exploits; et avec les ducs de Bar, qui perdirent la ville de Conflans. A la fin de cette longue lutte, marquée par des avan

tages et des revers, Adhémar fut vainqueur Château-Salins et d'autres forteresses appartenant au duc de Lorraine furent pris et démantelés. Mais, pour trouver des ressources et se mettre en état de soutenir les frais de tant de guerres, il avait été contraint d'aliéner les villes de Neuviller et de Sarrebourg, la châtellenie de Turquestein, etc. Adhémar mourut en 1361. Durant une de ses guerres avec le duc Raoul, il l'avait personnellement défié à un combat singulier.

ADIGE (campagne des Français sur 1'). Ce fleuve, le plus grand de l'Italie après le Pô, descend des Alpes suisses, baigne Bolzano et Trente dans le Tyrol, traverse Vérone et Legnago, et se jette à Porto-Fossone dans le golfe de Venise. Son cours, de quatre-vingt-dix lieues, est large et rapide, et forme une barrière redoutable entre la Lombardie et les anciens États de Venise. Ce fleuve a donné son nom à une partie de la mémorable campagne de Bonaparte en Italie, durant laquelle il offrit tant de preuves de la rapidité et de l'audace de ses conceptions stratégiques. En moins de quinze jours, avec une armée découragée, sans discipline, sans ressources, sans solde, sans fournitures assurées, sans grosse artillerie, et moitié moins nombreuse que l'armée ennemie, Bonaparte avait tourné les Alpes malgré les Autrichiens et les Piémontais réunis, remporté six victoires (Montenotte, 12 avril 1796; Millesimo, 14 avril; double combat de Dego, 15 avril; Saint-Michel, 20 avril; Mondovi, 22 avril); pris vingt et un drapeaux, cinquante pièces de canon, plusieurs places fortes, fait quinze mille prisonniers, tué ou blessé dix mille hommes, et contraint enfin le roi de Piémont à se détacher de la coalition. Le général autrichien Beaulieu, rejeté successivement au delà du Pô, de l'Adda et du Mincio, par ses combats de Fombio, du pont de Lodi et de celui de Borghetto (voyez tous ces mots), avait abandonné aux Français toute la Lombardie. Réfugié dans le Tyrol, il écrivait au conseil aulique: « Je vous avais demandé un général,

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« et vous m'avez envoyé Argenteau (qui avait été battu à Montenotte). « Je sais qu'il est grand seigneur, et

qu'en récompense des arrêts que je « lui ai ordonnés, on va le faire feld« maréchal de l'empire. Mais je vous

préviens que je n'ai plus que vingt « mille hommes et que les Français en << ont soixante mille; que je fuirai de« main, après-demain, tous les jours, «jusqu'en Sibérie, s'il prend envie à « ces diables de m'y poursuivre. » Bonaparte ne pouvait pas aller si vite. Deux mois lui avaient suffi pour conquérir toute la plaine du Pô jusqu'à l'Adige; mais il s'arrêta sur les bords de ce fleuve, et se décida à en faire sa ligne de défense contre les nombreuses armées que l'Autriche, effrayée par les désastres et les dépêches de Beaulieu, allait précipiter sur lui pour ressaisir la riche proie qu'il venait de lui enlever.. « La meilleure ligne de défense, dit-il lui-même dans ses mémoires, pour une armée française contre des armées autrichiennes débouchant du Tyrol et du Frioul, c'est l'Adige elle couvre toutes les vallées du Pô; elle intercepte la moyenne et la basse Italie; elle isole la place de Mantoue... C'est pour avoir méconnu ce principe que le maréchal de Villars manqua tout le but de la guerre en 1733. Il était à la tête de cinquante mille hommes réunis au camp de Vigevano en octobre; n'ayant pas d'armée devant lui, il pouvait se porter où il voulait. Il se borna à se tenir en observation sur l'Oglio, à cheval sur le Pô; ayant ainsi perdu l'occasion, il ne la retrouva plus: trois mois après, Mercy arriva dans le Serraglio avec une armée. Le maréchal de Coigny, quoiqu'à la tête d'une armée très-supérieure pendant toute la campagne de 1734, et victorieuse dans deux batailles rangées, celles de Parme et de Guastalla, ne sut tirer aucun parti de tant d'avantages; il manoeuvra alternativement sur les deux rives du Pô. Si ces généraux avaient bien connu la topographie de l'Italie, dès le mois de novembre, Villars eût pris position sur l'Adige, interceptant ainsi toute l'Italie, et Coigny eût profité de ses vic

toires pour s'y porter à tire d'aile (*). »

« Cette rivière, dit-il ailleurs, est large, rapide et profonde, jamais guéable; elle a soixante toises de largeur à Vérone... En occupant le lac de Garda par quelques chaloupes canonnières, et la chaussée de la Chiese par le fort de la Rocca d'Anfo, la ligne de l'Adige couvre parfaitement le reste de l'Italie. Les montagnes du Brescian, du Bergamasque, du Milanais, sont impraticables; l'ennemi ne pourrait pénétrer que par le Simplon, s'il était maître de la Suisse. Cette ligne se divise en trois parties: la première, entre le lac de Garda et le plateau de Rivoli; la deuxième, depuis Rivoli jusqu'à Legnago; la troisième, depuis Legnago jusqu'à la mer. La première est défendue par les hauteurs de Montebado et la position de la Corona; l'ennemi ne peut y pénétrer avec de l'artillerie; il faut qu'il soit maître du plateau de Rivoli pour pouvoir recevoir son artillerie, que, dans ce cas, il ferait descendre par la chaussée qui longe la rive gauche de l'Adige. Depuis Roverdo, les forts de Vérone et la partie de la ville sur la rive gauche doivent nécessairement être occupés comme têtes de pont. La petite place de Legnago sert de tête de pont au centre de la ligne. De Legnago à la mer, il y a beaucoup de marais; on peut, en profitant des eaux de l'Adige, de la Brenta et du Pô, se ménager un moyen de communiquer avec la place de Venise. En coupant une digue de l'Adige, plus bas que Porto-Legnago, on inonde tout le terrain entre cette rivière et le Pô; on réunit leurs eaux à celles de la Moli

(*) On a prétendu que Bonaparte n'avait jamais fait dans toute sa vie qu'un seul calembour dont le général Sébastiani fut la victime: « Il me fait, disait-il, marcher de surprise en surprise. » Ce général en effet s'était plusieurs fois laissé surprendre par l'ennemi. Nous pouvons en ajouter un second: Bonaparte, durant cette campagne de 1796, interrogé sur son âge par une dame qui s'étonnait que si jeune il eût montré déjà tant de talent : « Eh! madame, lui répondit-il, j'aurai Milan (mille ans) dans dix jours. »

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L'Adige était sans doute une excellente barrière, mais il ne fallait pas avoir derrière soi Mantoue (voyez ce mot) et sa garnison de douze mille Autrichiens; les rois de Sardaigne, les ducs de Modène et de Plaisance, qui, sans doute, avaient posé les armes, mais qui n'attendaient que l'occasion de les reprendre; la cour de Rome qui s'agitait, celle de Naples, qui, en quelques marches, pouvait amener trente mille hommes sur le théâtre de la guerre ; les Anglais qui avaient une armée toute prête débarquer à Livourne, et la haine enfin de tous les prêtres et de tous les nobles de la Lombardie. Pour contenir tant d'ennemis, et faire face à ceux qui allaient se présenter, Bonaparte n'avait que quarante-cinq mille hommes, dont quinze mille étaient encore employés à la garde des forteresses et au blocus de Mantoue. C'était donc avec trente mille hommes seulement qu'il allait avoir à combattre les soixante mille soldats que Wurmser (*) réunissait dans le Tyrol italien.

Dans les derniers jours de juillet, le général autrichien débouche du Tyrol; son lieutenant Quasdanowich se porte avec vingt-cinq mille hommes, par la rive droite du lac de Garda, sur Salo et Brescia, pour tourner l'armée française, qui, séparée de Milan, aurait ainsi sa retraite coupée et serait attaquée sur ses derrières, tandis que le général en chef, descendant, avec trente-cinq mille hommes formés en trois divisions, la vallée de l'Adige, l'attaquerait de front et l'acculerait à Mantoue, où, cernée par soixante et douze mille hommes, elle serait détruite ou forcée de mettre bas les armes. Comptant sur une victoire assurée, grâce à sa grande supériorité numérique, Wurmser semblait n'avoir craint qu'une chose, que l'armée française ne lui échappât.

La position de celle-ci était des plus critiques; de tous les généraux assem

(*) Wurmser était né en Alsace, mais il servait depuis cinquante ans la maison d'Autriche.

blés en conseil de guerre, Augereau seul croyait qu'on pouvait tenter encore quelque coup de main avant de battre en retraite; mais Bonaparte avait saisi le plan de Wurmser. Celui-ci le croyait encore sous Mantoue, et résolu à se tenir sur une prudente défensive; Bonaparte songe, au contraire, à l'attaquer lui-même, à prévenir la réunion de ses colonnes dispersées et à les accabler l'une après l'autre. Mais il fallait pour réussir des prodiges d'activité; il fallait surtout se résoudre au douloureux sacrifice du siége de Mantoue, qu'il avait eu tant de peine à former. Il s'y résigne. La division Serrurier, chargée du siége, reçoit l'ordre de brûler ses affûts, ses plates-formes, de jeter ses poudres à l'eau, d'enterrer ses projectiles, et d'enclouer les pièces. Augereau qui était à Legnago, Masséna à Vérone et à Rivoli, Serrurier qui arrivait de Mantoue, la réserve, toutes les divisions enfin se portent à la pointe du lac de Garda, au lieu où devait s'opérer la jonction de Quasdanowich et de Wurmser, arrivés, le premier, le long du Mincio, le second, le long de l'Adige.

Le 31 juillet, les combats commencèrent les divisions de Quasdanowich, accablées par la supériorité du nombre et de la valeur, fùrent battues à Lonato, à Brescia, à Salo, et contraintes de se replier sur Gavardo.

Tandis que son lieutenant reculait devant le choc des troupes françaises, Wurmser, au lieu de chercher à le rejoindre, allait faire son entrée dans Mantoue, au son de toutes les cloches, et visitait la tranchée où les traces du départ précipité des Français le comblaient de joie et d'espérance. Ce ne fut que le 2 août au soir qu'il passa le Mincio à Goëto, pour se diriger sur Castiglione; mais, pendant ce temps, Bonaparte, moins pressé par Quasdanowich qu'il avait repoussé dans les montagnes, accourait au-devant du général autrichien. Son armée, massée entre Castiglione et Ponte di San Marco, était en position de faire face à Quasdanowich s'il tentait un nouvel effort, et à Wurmser, s'il attaquait

du côté de Castiglione. Le 3 août, en effet, une nouvelle bataille fut livrée, les divisions de Wurmser s'avancèrent cette fois jusqu'à Lonato, au nombre de trente mille hommes; Bonaparte n'en avait que vingt mille, le reste de ses troupes étant occupé à contenir Quasdanowich ou à précipiter sa retraite, en menaçant de couper ses communications avec le Tyrol. Néanmoins, le succès ne fut pas douteux : l'avantgarde de Masséna, qui gardait Lonato par où les Autrichiens espéraient opérer leur jonction avec le second corps déjà en retraite et sur lequel ils commençaient à concevoir des inquiétudes, fut, il est vrai, enfoncée et chassée de Lonato; mais Bonaparte, qui était à Ponte di San Marco, se mit luimême à la tête des troupes, et le général ennemi, ayant trop étendu sa ligne dans l'espérance d'ouvrir quelque communication avec Salo, où il croyait Quasdanowich, fut coupé par son centre, et vit bientôt son armée rompue, forcée de se replier partie sur le Mincio, partie du côté de Salo, où rencontrant une division francaise et cernée de toutes parts, elle fut contrainte de mettre bas les armes; l'autre corps, rejeté sur Castiglione, put même se maintenir dans cette position et en fut chassé par la division Augereau. Wurmser n'avait pas assisté à la bataille de Lonato, livrée par ses lieutenants, et dont le résultat rendait définitivement impossible la jonction des deux armées autrichiennes'; mais en réunissant aux troupes qu'il avait près de lui les débris de celles qui s'étaient battues à Lonato, il se trouva encore à la tête de vingtcinq ou trente mille hommes. Bonaparte résolut de l'attaquer. Campé sur les hauteurs de Castiglione, dans une excellente position, il attendit, pour engager l'action, que la division Serrurier, qui était partie de Marcaria le 4 au soir et avait marché toute la nuit, parût sur les derrières de l'ennemi. Aussitôt qu'il entendit son canon, il engagea lui-même l'action avec vigueur, et, au bout de quelques heures, toute l'armée ennemie était en

ne

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