Pour chercher à régulariser les nombres, en nous écartant le moins possible des On trouvera, dans cette table, que le nombre des femmes, sur 100,000 nais- La table de mortalité, pour l'année 1856, que nous venons de présenter, donne les nombres tels qu'ils ont été obtenus par le recensement. On verra sans peine combien ces nombres sont défectueux, surtout pour les âges inférieurs. Un autre défaut qu'on trouve dans tous les dénombrements, provient de ce que les valeurs, telles que vingt, trente, quarante ans, sont surchargées, comme nous l'avons fait observer déjà, par l'ignorance où se trouve le déclarant, qui se borne à donner un nombre rond; et, d'un autre côté, par le désir, surtout chez les femmes, de rabaisser leur âge, et de dire, par exemple, qu'elles ont 50 ans au lieu de 31 ou quelquefois davantage. Il a donc fallu remédier à ces deux inconvénients, et le faire avec toute la prudence nécessaire : c'est une des parties difficiles de la statistique et dont on n'apprécie pas assez les difficultés. Voici la marche suivie dans les calculs. Pour les premières années de l'homme, où les mutations de pays n'ont pas encore d'influence, et où les nombres sont généralement donnés avec une exactitude qu'on peut regarder comme extrême, il est préférable d'adopter les chiffres des registres de l'état civil. On prendra le nombre annuel des naissances, et l'on en retranchera celui des décès qui ont eu lieu pendant l'année. L'on connaîtra de cette manière le nombre initial de la table, et ce qu'il est devenu après une année. Or, en prenant la valeur moyenne de toutes les naissances des dix années de 1847 à 1856, qui séparent les deux recensements décennaux, on trouve 135,095, et ce nombre diminué de 19,291, après une année, est devenu 115,802. On retranche ensuite de ce dernier nombre les décès survenus pendant la seconde année, puis ceux de la troisième année, et ainsi de suite. On en déduit facilement le tableau pour les dix premières années, qui se formera spécialement d'après les valeurs annuelles des naissances et des décès. Ce procédé, du reste, ne peut être mis en usage que pour le temps où l'homme n'est pas encore sujet à se déplacer : c'est la méthode des listes mortuaires. Nous n'avons cru pouvoir l'employer que pour la première période décennale; heureusement on voit ensuite que les valeurs s'accordent avec les résultats du recensement. Pour ce qui concerne les excès habituels portés sur les époques de trente, quarante, cinquante ans, on doit chercher à rétablir les véritables valeurs par le moyen d'interpolations : il devient nécessaire pour cela d'avoir recours aux nombres donnés par le recensement qu'il s'agit de rectifier. En ayant égard à ces deux sources principales d'erreur, nous avons calculé directement, comme pour 1846, la mortalité de chaque âge, en faisant usage de la population et de la mortalité correspondante, puis, par forme de vérification, nous avons calculé la table de mortalité, en admettant l'hypothèse d'une population uniformément croissante. On ne pourrait dire quel a été le commencement AGES. et quel sera le terme de cet accroissement : il est probable, au surplus, qu'il ne demeure pas le même en passant d'une époque à une autre; on peut admettre cependant une valeur moyenne se rapprochant le plus possible des résultats observés. Nous ne possédons pas de chiffres exacts pour nous guider dans le XVIIIme siècle, et le commencement du siècle actuel laisse la question plus ou moins douteuse. Il faut donc se régler d'après les recensements modernes, qui ne remontent pas au delà d'une trentaine d'années, et encore convient-il de ne les employer qu'avec circonspection. Nous avions, d'après nos calculs sur l'état de la population en 1846, établi un accroissement que nous avons lieu de croire assez exact : cet accroissement s'est montré à peu près le même pendant la période décennale suivante. Le rapport que nous avons déduit de nos différentes recherches s'élève, en moyenne, à une augmentation d'un tiers environ pour l'étendue d'un siècle. Nous regardons ce chiffre comme s'accordant généralement bien avec les valeurs calculées à la suite du recensement de 1846, et comme se vérifiant encore par le recensement de 1856. C'est-à-dire que, dans l'espace d'un siècle, la population, en augmentant d'un tiers, est actuellement, en moyenne, de 4,600,000, tandis qu'elle n'était que de 3,450,000 seulement. Voici maintenant quelle est la loi de mortalité, en dirigeant cette fois nos calculs d'après la double appréciation que nous venons d'indiquer : La première table de mortalité que présente notre tableau, concerne les hommes et les femmes; elle est rédigée d'après les documents du dernier recensement de 1856. On peut la comparer à la table de mortalité que nous avons calculée pour 1846, et qui concerne également les deux sexes 1. Les nombres donnés dans l'une de ces tables confirment assez généralement ceux qu'on trouve dans l'autre : les petites différences tiennent à des causes purement accidentelles; aussi la table moyenne qu'on en déduit, et qui se trouve classée la cinquième dans notre tableau, peut-elle être regardée comme représentant assez exactement la mortalité de la Belgique. Les tables 2 et 3, pour les hommes et les femmes considérés séparément, font connaître la mortalité des deux sexes 2. On voit successivement, d'âge en âge, ce que deviennent 1,000 enfants nés dans l'un ou l'autre sexe : la figure jointe à ce mémoire fait mieux apercevoir à l'œil les points où nos tables s'écartent le plus. On reconnaîtra facilement qu'en partant de 1,000 naissances masculines et de 1,000 naissances féminines, le nombre des hommes, toujours moindre que celui des femmes, à partir de ce premier instant, commence surtout à présenter de notables différences vers l'âge de 60 ans : l'inégalité alors ne fait qu'augmenter jusqu'à la fin de la vie. 1 Bulletin de statistique, tome V, in-4°; 1850. • Généralement on ne fait guère cette distinction, qui est assez importante cependant, surtout pour le calcul des sociétés d'assurances. En la présentant ici, nous répondons à la demande qui nous a été faite par plusieurs savants, et particulièrement par M. le Dr J.-E. Wappäus de Göttingue, dans son ouvrage Allgemeine Bevölkerungsstatistik, 1er vol. Leipsig, 1859. |