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actes manqueraient d'efficacité sans le pontificat intérieur, exercé par les saints, dont les supplications obtiennent la coopération du Saint-Esprit. Nul pouvoir efficace hors de la sainteté ; car la sainteté, c'est la santé des esprits et leur force pour faire le bien. Dieu est célébré trois fois saint. Il déclare Jésus-Christ pontife selon l'ordre de Melchisédech, c'est-à-dire selon l'ordre de la sainteté. Les saints sont pontifes selon le même ordre, mais comme créatures. Tout le bien que Dieu veut produire, il l'accorde à la prière de JésusChrist, qui lui-même l'accorde à la prière des saints.

FIN DE LA DÉFENSE DES POUVOIRS CONSTITUTIFS DE L'Église.

DEUXIÈME SECTION

DÉCADENCE DE L'ÉGLISE DANS LA GRACE

(FRAGMENTS1)

PLAN

ler LIVRE. Cause de la décadence de l'Église dans la grâce. Ile LIVRE. Résistance à la décadence de l'Église dans la grâce. Examen des erreurs reprochées à Baïus, Jansénius, Quesnel et Port-Royal.

IIIe LIVRE.

* IDÉE GÉNÉRALE DE LA DÉCADENCE DE L'ÉGLISE

DANS LA GRACE.

Si l'on considère l'Église depuis son origine jusqu'à nos jours, on voit qu'à peine établie elle commence à décliner comme pourrait le faire une institution humaine. D'abord travaillée par les hérésies, elle les

4. Je publie ces pages, seuls vestiges du plus important ouvrage, sans chercher à y introduire des subdivisions que leur état informe ne comporte pas. La suite même des morceaux n'est point marquée dans le manuscrit. A part quelques parties à peu près ébauchées, ce sont de simples notes. Mais les moindres indications d'un auteur qui avait si profondément étudié son sujet, renferment de grandes lumières et devaient être précieusement recueillies. ÉD.

rejette, mais elles lui emportent des âmes. On peut suivre son dépérissement dans le gouvernement, le culte, la morale. L'Église est si robuste cependant, qu'il fallait une institution pour la faire dépérir, comme un comité de ruine.

Si elle se trouve agonisante, c'est qu'elle a été frappée dans ce qui fait sa vigueur, que son principe de vie a éte atteint.

Or, quel est ce principe, sinon la grâce, action inté– rieure de Dieu dans les âmes pour les guérir de la chute et les relever intérieurement à lui?

Tout bien vient de la grâce, de la connaissance et de l'amour de Dieu; tout bien se termine à la grâce...

Plusieurs fois j'ai montré que l'Église s'est dénaturée sous Constantin en devenant loi de l'État, et qu'elle a contracté une décadence générale et irrésistible. Je vais exposer cette décadence dans la grâce, où je n'ai pour ainsi dire fait que l'indiquer.

Quand l'État commande, il doit pouvoir se faire obéir; autrement son ordre serait vain, et lui, ridicule. Comme il n'a prise que sur les choses qui tombent sous les sens, s'il prescrit la religion, il faut qu'elle soit tout extérieure, ou qu'il la traite comme si elle l'était, et par là qu'il la travaille, qu'il la change et qu'il l'extériore. Telle est l'opération à laquelle le christianisme est soumis depuis quinze cents ans et d'où

est sorti l'ultramontanisme, qui maintenant domine l'Église.

Il est évident que ce christianisme extérieur annule la grâce, qui est l'action de Dieu dans l'âme, pour lui faire accomplir l'Évangile.

Au Ive siècle, les pélagiens nièrent la grâce chrétienne. Mais ce fut par l'embarras de la concilier avec la liberté. Le pervertissement dont nous parlons n'y contribua en rien. Il ne faisait encore que germer. I . Pour rencontrer son influence à cet égard, il faut attendre qu'il soit développé, et arriver au moyen âge. Vers le XIIe siècle, on voit s'altérer les idées sur la création de l'homme, sur la chute originelle, sur le sort des enfants morts sans être baptisés, et par conséquent, sur la grâce. Abailard enseigne qu'elle n'est point nécessaire pour vouloir et faire le bien, que le libre arbitre suffit 1.

Cependant le christianisme extérieur prévalait de plus en plus dans la vie, ramenant le judaïsme et même le polythéisme par le culte des saints, regardés comme des divinités, et par l'adoration de leurs images.

A mesure que les lumières renaissent, ces désordres frappent les esprits, et enfin les révoltent. Ils suscitent le protestantisme, qui non-seulement les détruit et avec eux la partie extérieure du christianisme, mais ruine

1. Fleury, 1. LXVIII, art. 61.

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